Récit de six jours de prison par un ôtage de La Garde-Freinet
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Nous transcrivons ici le récit d’un notable de La Garde-Freinet (Var), prisonnier de la colonne républicaine, publié en janvier 1852 dans la presse conservatrice.
Nous nous contentons d’y adjoindre quelques notes et renvoyons nos lecteurs vers les articles sur le Var mis en ligne sur ce site ainsi que vers notre bibliographie consacrée à ce département qui propose de nombreux ouvrages et études en texte intégral.
Alphonse Voiron[1],
« Récit de six jours de prison par un ôtage de la Garde-Freinet »,
Le Toulonnais, 11 et 12 janvier 1852 (repris de l’Union du Var[2])
A la nouvelle que le prince Louis-Napoléon venait de dissoudre la chambre, le parti anarchique, fort nombreux dans la commune de la Garde-Freinet (Var), s’ébranla comme un seul homme[3].
Le 4 décembre, vers les huit heures du soir, une foule de 300 hommes environ, se dirigea sur l’Hôtel-de-Ville, tambours en tête et au chant de la Marseillaise, jetant la terreur sur son passage. Ils en prirent possession au nom du peuple souverain.
Peu de temps après leur installation, les délégués du soi-disant peuple souverain mandèrent au maire de se rendre sur-le-champ à la mairie afin d’y déposer son écharpe entre leurs mains.
Ce magistrat[4] qui, en ce moment, se trouvait avec nous au café Alexandre, où nous délibérions sur les moyens à prendre pour assurer le repos public, fut forcé de se rendre à cette injonction, escorté par plusieurs individus armés.
Arrivé à la mairie, M. le maire voulut par de sages paroles ramener à de bons sentiments cette foule égarée ; mais tout fut inutile, et on le força même à appeler auprès de lui le brigadier de gendarmerie[5].
Cet ordre fut aussitôt porté à ce sous-officier par plusieurs individus armés qui ne tardèrent pas de l’emmener, on le désarma et il fut mis au pouvoir du peuple souverain ; on força alors ce brave militaire à faire venir à l’Hôtel-de-Ville, l’un après l’autre, les dix gendarmes qu’il avait sous son commandement.
Ainsi, dans la soirée du 4, tous ces braves soldats furent désarmés et emprisonnées.
Aussitôt que les insurgés furent en possession des gendarmes, ils cernèrent le pays. Dans la matinée du 5, on publia que tous les habitants qui avaient des armes et des munitions, voulussent bien les porter à la mairie, sous peine d’y être contraints par la force.
Les hommes d’ordre ne se pressant pas trop d’obéir à cet acte arbitraire, on opéra des visites domiciliaires, comme ces honnêtes citoyens seuls savent le faire, c’est-à-dire, que toutes les maisons désignées à leur vengeance furent mises sens dessus dessous, et cela à plusieurs reprises différentes, et toujours la menace à la bouche.
J’attendais avec anxiété la visite annoncée, lorsque vers les trois heures de l’après-midi de la journée du 5, j’entends frapper rudement à la porte d’entrée, je m’empresse d’aller ouvrir et j’aperçois une douzaine de baïonnettes.
Le sergent de l’escouade me présente un billet portant le sceau de la mairie, mais sans signature, et sur lequel je lis : « Le citoyen Voiron Alphonse est prié (sic) de se rendre à la mairie avec ses armes et ses munitions. »
Je fis observer à ces individus qu’il était prudent de décharger mon fusil, et les priai d’attendre quelques instants ; l’un d’eux me répondit brusquement : c’est qu’il faut se dépêcher. Cette opération faite, ils s’emparent de mon fusil et de toutes mes munitions ; mais tout ne se bornait pas là, il fallut aller à la mairie escorté de douze citoyens armés.
J’arrive à la mairie à travers une haie de baïonnettes et au milieu de figures qui respiraient la haine et la vengeance, et l’on m’introduit dans la salle du conseil où se trouvait réunie la Commission municipale de par le peuple souverain ; un membre s’empare de mon fusil, l’examine et en prend le signalement par écrit, mais cela pour la forme, car mon pauvre fusil ne devait plus m’être rendu et devait même servir peut-être à me mettre à mort.
Cette opération terminée, le même membre qui avait pris le signalement de mon arme, m’invite à me retirer et ajoute : le citoyen Jaume a une mission pour vous. Je vis en effet un individu qui m’invite à le suivre, je descends l’escalier avec lui, il ouvre la porte de la salle d’école, me prie d’y entrer et d’attendre quelques instants, et aussitôt il referme la porte sur moi.
Déjà trois honorables concitoyens m’avaient précédé dans cette prison improvisée, et bientôt après le nombre de prisonniers civils était de onze : de sorte que voilà 22 victimes y compris les onze gendarmes que ces nouveaux barbares voulaient immoler sur les marches du socialisme.
Voici les noms des onze prisonniers civils de La Garde-Freinet.
MM.
Courchet, Charles, avocat, ancien juge de paix[6].
Guillabert, Hippolyte, propriétaire.
Courchet, Désiré, directeur de la poste.
Courchet Alix, fils.
Tournel, percepteur.
Guillabert, Ambroise, négociant.
Dubois, César, fils, négociant.
Panescorce, Eugène, propriétaire.
Olivier, François, facteur rural.
Pie, Brunô, garde-champêtre.
Voiron, Alphonse, propriétaire.
Vers les 4 heures de la même journée, on nous fit venir sur la place où, disaient-ils, le peuple souverain nous demandait, mais c’était le départ pour Draguignan qui devait avoir lieu. Arrivés sur la place, nous fûmes entourés d’une populace furieuse. Ne sachant ce que nous allions devenir, je me penche à l’oreille du citoyen Almaric cadet, et le prie de me laisser voir avant de partir ma femme et mes enfants, il me répond d’un ton sec : non monsieur ; je fus glacé. Un moment après madame Tournel s’avance vers son mari pour l’embrasser, aussitôt elle fut repoussée par plusieurs baïonnettes, et plusieurs individus se mirent à hurler : assez, assez, pas tant de raisonnements, qu’on écarte cette femme.
Au milieu de tout ce vacarme, un estafette arrive avec ordre de ne partir que le lendemain, et aussitôt on nous fait retourner à la mairie, où l’on nous constitue de nouveau prisonniers.
La nuit venue on nous enferme dans la salle du conseil, et on eût soin de mettre des sentinelles à toutes les issues ; les misérables eurent encore la précaution de nous prévenir de ne pas ouvrir les croisées, parce que l’ordre avait été donné de faire feu sur nous au moindre mouvement.
Nous passâmes donc la nuit au coin du feu et dans les plus terribles angoisses.
La journée du 6 ne fut pas plus agréable pour nous ; nos parents ne pouvaient pas nous voir et à peine s’ils pouvaient nous faire parvenir quelques vivres ; enfin il me serait impossible de peindre toutes les humiliations et les injures que nos pauvres parents ont eu à souffrir pendant tout le temps de notre captivité ; les femmes surtout ressemblaient à des furies.
Le peuple souverain avait envahi le bureau de la poste dont le directeur avait été fait prisonnier, et par conséquent aucune nouvelle ne parvenait plus pour rassurer nos familles.
Dans l’après-midi du même jour, arriva l’ordre de partir pour Draguignan, afin de s’emparer de la préfecture ; aussitôt un frémissement d’impatience s’empara de cette foule.
Notre geôlier, un fusil double de chasse en bandoulière et une grande écharpe autour du cou, vint nous avertir que nous eussions à le suivre.
A la sortie de notre prison nous nous trouvâmes entourés d’une forêt de baïonnettes et d’une foule de véritables sans-culotte.
Aussitôt l’on se mit en marche et en peu de temps nous eûmes rejoint à l’entrée du village, le fort de la colonne qui se composait de 500 hommes environ.
Au moment où nous rejoignîmes cette masse d’hommes armés jusques aux dents, je ne puis laisser passer sous silence un épisode qui me déchira l’âme et me fit comprendre à quels dangers nous étions exposés ; je me trouvais alors en face de notre maison et je jetai un dernier regard vers l’asile qui renfermait ce que j’ai de plus cher au monde ; mon pauvre père que j’aperçus m’arracha une larme, lorsqu’un monstre me dit d’une voix altérée de sang, « marche brigand, ton heure a sonné, je te remarquerai à tes lunettes. » Je laisse à penser si ces paroles me firent frissonner, je crus ma dernière heure sonnée.
Notre sortie du village fut signalée par les clameurs des femmes qui criaient comme des possédées « bon voyage, citoyens, revenez bientôt avec la bonne, vive la rouge. »
Nous fîmes ainsi environ deux kilomètres, au milieu de ces cris, au son du tambour et au bruit de chansons plus ou moins démocratiques ; on nous permit ensuite de monter en voiture en nous mettant au milieu de la colonne.
Dire tout ce que j’ai souffert durant la route, la nuit, au milieu de cette bande de forcenés, me serait impossible, il faudrait une plume plus habile que la mienne pour peindre toutes mes impressions.
Nous arrivâmes ainsi à Vidauban vers les huit heures du soir, après une marche de quatre heures ; à l’entrée de ce village, on nous apprit que la colonne insurrectionnelle du Luc venait d’arriver, emmenant avec elle trente-deux prisonniers, parmi lesquels se trouvaient le curé des Mayons[7] (le Luc), M. de Colbert père, le neveu, Amalric, directeur de la poste, Porre, receveur de l’enregistrement, et plusieurs autres dont le nom m’échappe[8].
La nuit que nous avons passée à Vidauban, couchés sur les bancs de la salle d’école où l’on nous avait enfermés, fut pour moi la nuit la plus terrible, elle laissera dans mon esprit un souvenir qui ne s’effacera jamais.
Cette petite localité avait alors dans son sein environ 2.000 insurgés. Toute la nuit nous n’entendions que le bruit des armes, des tambours battant la générale et le son de la cloche, appelant aux armes les habitants des campagnes.
Pour montrer les égards que nos geôliers avaient pour nous, je dirai que peu après notre incarcération à Vidauban, l’on nous apporta pour notre souper du pain et un pot de terre rempli d’eau ; nous avons appris depuis, que quelques amis étaient venus nous apporter des vivres, mais que ces honnêtes citoyens avaient jugé à propos de les garder pour eux.
Le lendemain dimanche, à cinq heures du matin, on nous fit sortir de notre prison pour marcher sur Draguignan ; toute une armée alors d’insurgés nous attendait à la porte ; on se mit en marche à la lueur des torches, au chant de la Marseillaise et du ça ira à la lanterne, c’était à faire frémir.
Le jour nous trouva à environ trois kilomètres de Vidauban, mon cœur se dilata alors un moment, je me sentais revenir à la vie.
Nous arrivâmes aux Arcs vers les huit heures du matin, la colonne fit halte, pour laisser le temps à cette bande de vandales, le temps, sans doute, de faire main-basse sur cette localité.
(Union du Var)
La suite au prochain numéro
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Après une heure d’attente, l’ordre vint de rebrousser chemin, et de se diriger sur Salernes ; c’est qu’une estafette venait d’arriver apportant la nouvelle que Draguignan était en état de siège et préparait une formidable défense ; nos courageux vainqueurs eurent peu, il fallait à leur courage des citoyens sans défense.
Pendant le peu de temps que nous restâmes aux Arcs, renfermés dans une chambre, nous eûmes la visite du citoyen Camille Duteil, rédacteur du Peuple de Marseille, qui se faisait appeler général ; il venait s’informer de notre position et nous apporter quelques paroles de consolation.
Voici ces expressions que je crois avoir très-bien retenues :
« Citoyens, je ferai tout mon possible pour alléger votre position, l’humanité est l’arme de la démocratie, nous avons les dépêches qui nous annoncent que Paris est au pouvoir des ouvriers, Napoléon à Vincennes ; rassurez-vous, nous penserons bientôt à votre délivrance. » C’est probablement de la vie qu’il voulait dire qu’on nous délivrerait ![9]
Peu d’instant après on nous annonça de nouveau que nous allions partir pour Salernes, ce qui eut lieu en effet ; mais arrivés à un kilomètre des Arcs, on nous fit revenir sur nos pas en nous annonçant qu’une partie de la colonne à la tête de laquelle se trouvait Camille Duteil, était réellement partie pour cette localité, mais que le reste des insurgés resterait aux Arcs avec les prisonniers, pour attendre les événements.
Le général, qui d’ailleurs paraissait déjà fort embarrassé de sa troupe, changeait souvent d’avis, car aussitôt réintégrés dans notre position, un nouvel ordre arriva de nous diriger définitivement sur Salernes en passant par Lorgues.
Nous repartîmes aussitôt et nous arrivâmes dans cette dernière localité vers les quatre heures du soir, sans aucun événement qui mérite d’être rapporté. Je dois rappeler cependant que la phalange révolutionnaire s’arrêta un moment au petit village de Taradeau, où la maison de M. Reynier, maire de l’endroit, que l’on avait déjà fait prisonnier aux Arcs, fut pour ainsi dire mise au pillage.
Suivent quelques détails sur l’entrée des prisonniers à Lorgues, que nous croyons pouvoir supprimer, cette partie du récit ayant déjà été relatée dans notre journal[10].
La colonne emmenant les prisonniers de la Garde arriva à Lorgues vers la fin de la journée et les prisonniers enfermés dans le café Brisse ne purent assister aux événements dont la ville de Lorgues a été le théâtre.
Nous quittâmes Lorgues à l’entrée de la nuit et nous prîmes la route de Salernes. J’ai déjà dit que le matin nous étions partis à cinq heures de Vidauban ; aussi pour des hommes peu habitués à la marche, la course était déjà un peu longue, mais contre la force pas de raisonnement, il fallut donc se résigner et partir.
Arrivés à la ferme modèle de Salgues, appartenant à M. de Gasquet, qui se trouvait parmi les prisonniers de Lorgues[11], nous eûmes une alerte : « aux armes ! aux armes », s’écrièrent quelques esprits forts de la bande ; aussitôt une panique générale s’empara de la troupe, chacun avait le doigt sur la détente de son fusil. Le calme cependant se rétablit, et nous vîmes revenir de ladite campagne plusieurs insurgés qui venaient, disaient-ils, de faire une razzia de 40 fusils.
Nous arrivâmes enfin sans autre incident remarquable au village de Salernes vers les onze heures du soir, brisés de fatigue. Là on nous entassa dans une salle étroite de l’hôtel-de-ville, et vu la grande quantité de prisonniers (nous étions plus de 80[12]) nous ne pouvions pas remuer.
Cependant au bout d’une demi heure environ, les messieurs de Lorgues et du Luc furent conduits à l’hôtel Basset, les gendarmes de la Garde-Freinet[13] restèrent dans cette salle de l’hôtel-de-ville, et nous, nous fûmes dirigés sous bonne escorte, à l’hôtel Ferrat.
Il était près de minuit lorsque nous fûmes installés dans notre nouvelle prison.
Nous restâmes deux jours à Salernes, toujours gardés à vue par deux factionnaires que l’on avait placés dans l’intérieur de la chambre que nous occupions, et afin sans doute qu’il ne s’établit pas une trop grande familiarité entre les prisonniers et les braves campagnards du pays qui nous gardaient, et dont la plupart paraissaient fort embarrassés du rôle impie qu’on leur fesait jouer, on avait ajouté une espèce de chef de poste. Cette charge fut confiée à un insurgé à jambe de bois, ouvrier tailleur, ce dont on se serait fort peu douté à en juger par son costume ; cet individu, qui se disait du département de la Nièvre, ressemblait à un vrai bandit, il avait toujours l‘air colère et le pistolet au poing au moindre mouvement.
Il avait, disait-il, perdu une jambe à Paris en défendant une barricade en 1830, il était prêt aujourd’hui à faire le sacrifice de l’autre en défendant la république rouge ; son désir a été dépassé, car le premier coup de feu tiré à Aups par nos braves soldats a été précisément à son adresse[14].
Le mardi, 9 décembre, vers les 4 heures du soir, on vint nous extraire de notre prison pour nous conduire à Aups, que l’on disait être le quartier général de l’insurrection.
Pendant toute la traversée de Salernes à Aups, par un chemin montagneux et très étroit, nous eûmes à subir toutes les tortures morales que l’on puisse imaginer. Plusieurs de ces brigands, gênés dans leur marche à cause de l’obscurité de la nuit, allaient jusqu’à dire : « Qué fen d’aquélo salouparié qué nous géno per marcha, qué lei fassoun sorti deis rangs, et men finissen. » (Que faisons-nous de cette saloperie (sic) qui gène notre marche, allons ! qu’on les fasse sortir des rangs, et finissons-en.)
Je laisse à penser combien nous devions souffrir en entendant de pareilles atrocités.
Oh ! combien mon cœur se serra en entrant dans l’hôtel Crouzet, où, quelques années auparavant, j’étais venu célébrer, avec quelques amis de collège, le plaisir que nous éprouvions de nous revoir : hélas ! ce même lieu allait peut-être devenir mon tombeau quelques heures plus tard.
Cette nuit passée à Aups fut, comme les précédentes, triste et longue.
Le lendemain matin nous discourions comme d’habitude sur notre position, nos regards étaient souvent portés sur la place, lorsque vers les onze heures nous voyons courir dans toutes les directions une foule d’individus, et au même instant des coups de feu retentissent. C’était la troupe qui venait de tomber à l’improviste sur cette bande de pillards, et les avait dispersés dans tous les sens.
Aussitôt après la déroute des insurgés, la troupe et la cavalerie se portèrent sur l’hôtel qu’on leur avait sans doute désigné comme étant leur repaire ; en ce moment un prisonnier se précipitait par la croisée ; mos libérateurs, croyant que c’était un de ces individus qui cherchait à se sauver, firent feu et l’appartement que nous occupions fut criblé de balles. Heureusement la méprise ne dura pas longtemps, car un gendarme prisonnier agita son bonnet de police, et le feu cessa aussitôt, mais hélas, il fallait une victime, et ce fut mon pauvre ami Panescorce qui paya de son sang ; il fut blessé mortellement à mes côtés par une balle qui lui traversa le corps.
Alph. Voiron
(Union du Var)
[1] Pons Alphonse Voiron est né le 4 octobre 1818 à La Garde-Freinet. Il sera maire de sa commune de 1855 à 1860. Il est décédé le 6 octobre 1889 à La Garde-Freinet. Le Mémorial d’Aix, indique qu’il est le gendre de M. Roure-Gaubert, « parfaitement connu dans cette cité ». Il s’est en effet marié à Aix le 6 juin 1843 à Jeanne Marie Euphrasie Roure, fille d’un commissionnaire en roulage.
[2] Le Mémorial d’Aix du 11 janvier 1852 en donne « les passages les plus intéressants ». Le numéro du 18 janvier en publie la suite.
[3] Sur la Seconde République à La Garde-Freinet, lire René Merle, « La Garde Freinet (Var) – Les chemins de la conscientisation, 1848-1851 », Bulletin de l’Association 1851-2001, 19, 2001
[4] Jacques Colle, nommé par le préfet, en remplacement de Joseph Gastinel, révoqué en mai 1851.
[5] Massiou.
[6] Charles François Courchet avait été juge de paix du canton de Grimaud de 1845 à 1850. (Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, Annuaire rétrospectif de la magistrature xixe-xxe siècles, Centre Georges Chevrier – (Université de Bourgogne/CNRS)
[7] Rouvier.
[8] Parmi ceux-ci : Désiré Martel, facteur rural, les Mayons, Eustache Peirier, garde champêtre, les Mayons, Ferdinand Clavel, les Mayons, Rastoin, employé des droits réunis, Louis Giraud, Caors.
[9] Voici le récit que Camille Duteil fait de cette entrevue :
« On s’arrêta aux Arcs pour déjeuner et pour y recruter une nouvelle compagnie. — Pendant ce temps je fus voir les prisonniers du Luc et de La Garde-Freinet. C’étaient des gendarmes et des bourgeois réactionnaires qui, par une série de vexations continues, avaient allumé contre eux une haine dont j’avais bien peur de ne pas être maître. On les conservait, comme ôtages, prêts à les fusiller si on apprenait la moindre arrestation de patriotes au Luc ou à La Garde-Freinet. Dans le plan d’attaque de Draguignan, on se proposait, avant mon arrivée, de les attacher les uns aux autres et de s’en servir comme parapet pour tirailler contre la troupe. — Quoique mon autorité fut encore bien chancellante, je les rassurai en déclarant devant leurs gardiens que je les prenais sous ma protection. — Ils me reçurent comme un sauveur — et ils avaient raison […] »
Camille Duteil, Trois jours de généralat ou un épisode de la guerre civile dans le Var (décembre 1851), Savone, Félix Rossi, 1852.
[10] Qui a écrit ce paragraphe ? La typographie utilisée par le Toulonnais ne permet pas de répondre. Ce journal n’a en tout cas pas publié de récit précis sur l’entrée des prisonniers à Lorgues. Ce serait donc soit l’auteur lui-même soit la rédaction de l’Union du Var, journal ayant publié la version originelle. La même mention apparaît dans la publication qu’en a faite le Mémorial d’Aix.
[11] Louis Courdouan, maire ; Joseph Courdouan, son frère, juge de paix ; Charles de Gasquet, directeur de la ferme école de Salgues ; son frère Jules de Gasquet ; de Combaud ; Crouet, propriétaire ; Eugène Boyer ; Layet, propriétaire ; Jean Vacquier ; Andéol de Rasque de Laval ; Emile Perreymond ; Jacques Gasquet ; Oscar Ganzin ; Peissel, instituteur ; Hippolyte Maquan, l’auteur de L’Insurrection de décembre 1851 dans le Var. Trois jours au pouvoir des insurgés. Pensées d’un prisonnier, Draguignan, Bernard, 1853, 279 p.
[12] Vingt-deux prisonniers de La Garde-Freinet, 32 du Luc et des Mayons, 16 de Lorgues, le maire de Taradeau et l’adjoint des Arcs.
[13] Massiou, brigadier et les gendarmes de la brigade locale : Pascal, Richard, Ragnès, Perraud, plus des gendarmes détachés : Marchetti et Chabaud (de Salernes), Gras et Danis (de St Tropez), Thomas et Arène (de Callas).
[14] Il s’agit de François Goigoux dit Jambe de bois, né à Nevers, 43 ans, ouvrier tailleur au Luc. Lire Frédéric Negrel, « Morts pour la République », Bulletin de l’Association 1851, 24, juillet 2003