Les monuments à la résistance de 1851
Les monuments commémoratifs de la résistance de 1851
Voir également l’article de Maurice Agulhon et les photos de tombes prises par Jean-Marie Guillon
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Le tombeau d’Alphonse Baudin, Paris (1872)
Le député du département de l’Ain, tué sur une barricade parisienne le 3 décembre, est la victime la plus célèbre parmi les résistants au coup d’Etat. En 1868, après une manifestation qui a rassemblé de nombreux républicains au cimetière Montmartre de Paris autour de la tombe presque anonyme de Baudin, Charles Delescluze lance dans l’Avenir national une souscription afin que « la Démocratie puisse honorer d’un monument ce représentant héroïque ». C’est en fait plus que les démocrates qui le feront, puisque plusieurs orléanistes et même l’ancien leader légitimiste Berryer y participent. Au-delà du camp républicain, c’est bien l’ensemble de la résistance au coup d’Etat qui se manifeste là. Cette initiative, et la manifestation qui l’a précédée, valent à Delescluze et à ses amis d’être poursuivis au titre de la loi de sûreté générale de 1858. Et c’est ce procès à fort retentissement qui se transformera en procès du 2 décembre et du nouveau régime qu’il a imposé, en particulier grâce aux plaidoiries de Léon Gambetta (encore inconnu) et qui permettra la reconstruction du camp républicain. (Delescluze condamné à 6 mois fermes et son journal, Le Réveil, interdit). Notons que si le tombeau de Baudin, finalement érigé en 1872, est toujours visible au cimetière Montmartre de Paris, la dépouille du député rejoint Victor Hugo au Panthéon en 1889 dans le cadre du Centenaire de la Révolution. Victor Schœlcher, un autre député résistant, les retrouvera en 1949. Le Panthéon est donc, aussi, d’une certaine manière, un monument à la gloire de la résistance de 1851.
En 1901, non loin de la rue du Faubourg-St Antoine où Baudin est mort, est érigée une statue en pied du député sur cette barricade. Elle n’y restera que jusqu’en 1942, déposée puis fondue, officiellement au titre de la récupération des métaux non ferreux, mais plus certainement dans le but de détruire ce symbole républicain, politique avouée du gouvernement de Philippe Pétain : une juste et salutaire révision de nos gloires, de façon qu’il n’y ait plus d’intrus ni d’indignes dans ce peuple peu nombreux des statues. Baudin et Hugo font parties de ces intrus et indignes et partent à la refonte.
A la Libération, la statue de Victor Hugo sera rétablie, mais pas celle de Baudin.
On pourra lire : Alain Garrigou, Mourir pour ses idées. La vie posthume d’Alphonse Baudin, Les Belles Lettres, 2010, 310 p. (présentation) (note de lecture de Raymond Huard, L’Humanité du 23 juin 2010)
La pyramide d’Aups, Var (1881)
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On pourra lire
une série de documents sur l’inauguration du monument
l’article de Maurice Agulhon, « Mémoire et tourisme. Les monuments provençaux de 1851« , Revue d’histoire du XX siècle, « Autour de décembre 1851 », sous la direction de Raymond Huard », n° 22, 2001/1, pp. 121-126
Le monument de Roujan, Hérault (1883)
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On pourra lire un article de Midi-Libre sur la restauration de ce monument à la mémoire de Jules Roucayrol.
Le monument de Clamecy, Nièvre (1884)
On pourra lire Bernard Stainmesse, « La Colonne, l’Insurgé et la Cité », dans Coup d’Etat du 2 décembre 1851, les insurgés de Clamecy et de la Nièvre, Actes du colloque tenu à Clamecy le 24 mai 1997, Clamecy, Société scientifique et littéraire de Clamecy, 1999
Le mausolée d’Aups, Var (1885)
angelot | couronne | couronne Aubin | couronne Bargemon |
couronne Barjols | couronne Entrecasteaux | couronne Salernes | couronne Vidauban |
On pourra lire l’article de René Merle, « Le Petit Var, la souscription de 1883 et le statut ambigu des victimes de 1851 »
La pierre tombale de Joseph Gaubert, Mallefougasse, Alpes-de-Haute-Provence (1888)
On pourra lire une brève présentation ici.
La statue d’Alphonse Baudin à Nantua, Ain (1888)
La statue en bronze, inauguré le 22 septembre 1888, a été fondue sous le régime de Vichy en 1942. Elle a été remplacée le 7 juin 1953 par une statue en pierre.
La tombe d’Alfred Saison à Saints-en-Puisaye, Yonne (1889)
Le monument à Wladimir Gagneur, Poligny, Jura (1890)
Sur ce monument, voir le site petit-patrimoine.com
La pyramide de Neuvy-sur-Loire, Nièvre (1902)
Cosne-sur-Loire, Nièvre (1902)
La colonne, élevée à la gloire des victimes du 2 décembre 1851 (c’est l’inscription qu’elle porte), tout en rendant hommage à Baudin (puisqu’un portrait du député est inséré dans sa base), porte plus précisément les noms de quatre des républicains de la région tués par la troupe.
Le monument de Neffiès, Hérault (1902)
Les inscriptions du monument s’étaient effacées, si bien que la plupart des locaux ignoraient la signification de cette colonne. Il a fallu qu’un de nos amis (Jean Piacère) interroge un ancien du village qui en avait un vague souvenir et retrouve son origine (1902) dans les archives communales. C’est ainsi qu’en 1988, le monument est rendu à sa destination, d’abord en hommage à une victime tuée le 16 décembre à Neffiès (Bernard Granier), puis, lors de sa rénovation en 2001 pour le Cent-cinquantenaire, à toutes celles du village.
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En 2023, les noms des victimes (sauf celui de Bernard Granier, qui a sa propre plaque) sont à nouveau presque effacés.
On peut tout de même y lire (assez nettement) : Pierre Rouzière et Henri Henri.
On les retrouvera sur cette page
Le monument à Martin Bidouré, Barjols, Var (1906)
Ferdinand Martin, dit Bidouré, est le symbole du martyre de la résistance, non seulement varoise, mais aussi nationale. Le récit de sa mort, publié par Eugène Ténot en 1868 dans La Province en 1851, déclenche une polémique qui débouchera sur la manifestation Baudin (cf. supra, le tombeau de Baudin). Le monument dressé sur le foirail en 1906, après 5 années de souscriptions, représente le personnage de Bidouré, au pied d’une allégorie féminine de la République.
Le 1er mai 1944, les résistants barjolais manifestèrent devant le monument à Martin Bidouré, celui qui a été fusillé deux fois par l’armée du coup d’Etat.
La stèle de Riols, Hérault (1906)
La stèle, plantée en 1906 sur les lieux d’une réunion de la société secrète, a longtemps été recouverte par la végétation. Elle a été récemment dégagée. Le « souvenir à notre ami Sparcel », gravé au sommet de la colonne, fait certainement référence à Joseph Esparcel, marchand chapelier de la commune voisine de St Pons, décédé en déportation à l’hôpital de Bône le 31 janvier 1853.
Le monument à Casimir Péret, Béziers, Hérault (1907)
La statue de Casimir Péret, maire de Béziers, mort en transportation à Cayenne, a été déboulonnée et fondue durant l’occupation. Sur le monument, érigé en 1907 à l’initiative d’un comité présidé par le père de Jean Moulin, une statue représentant la ville de Béziers était adossée à une colonne surmontée d’un buste de la République avec en médaillon le portrait de Casimir Péret. La colonne, sans la statue, a été remontée en 1978 avec une plaque en hommage à Péret.
L’insurgé de Crest, Drôme (1910)
Inauguré en 1910, après quatre ans de souscriptions, la statue de bronze a elle aussi été déboulonnée par les complices des nazis pour être fondue. Ce n’est qu’en 1991 qu’une nouvelle souscription a permis d’en ériger une neuve. Là encore, le démontage participait de la politique de Vichy d’autant plus que la résistance locale avait manifesté devant cette statue représentant un jeune paysan, le fusil à la main, tête haute, tournée vers la tour de Crest qui avait 90 ans auparavant était la prison des résistants républicains.
La fontaine des Mées, Alpes-de-Haute-Provence (1913)
On pourra lire
sur le site des Amis des Mées, la page consacrée à la Fontaine devant laquelle François Mitterand fit une halte en septembre 1967.
le poème dit par Henri Bérard lors de l’inauguration, sur le même site.
Marmande, Lot-et-Garonne (1913)
Le monument est inauguré le 28 septembre 1913 par Armand Fallières (qui n’est plus président depuis 9 mois), monument dit du devoir civique, statue de la Liberté.
Le monument aux frères Bourrachot, Droiturier, Allier (après 1905)
Le monument est érigé dans le cimetière de la petite commune de Droiturier, à quelques kilomètres au sud-est de Lapalisse. Le monument porte l’inscription suivante :
AUX FRERES BOURRACHOT VICTIMES DU 2 DECEMBRE 1851 ADOLPHE EDMOND 1824 – 1888 1827 – 1905
photographie aimablement communiquée par Marcel Dereure
La pyramide de Lapalisse, Allier (1913)
Le monument a été utilisé en 1934 par les anti-fascistes comme point de ralliement contre la montée de l’extrême-droite. Le projet de monument fut adopté par la municipalité en 1907, il fut achevé en 1913, mais il ne fut inauguré qu’en 1922. Sa stèle renferme un parchemin sur lequel sont inscrits les noms de 140 républicains qui livrèrent bataille en décembre 1851.
La stèle de Saou, Drôme (2001)
On pourra lire la présentation de cette stèle sur notre site.
La pyramide de Lardiers, Alpes-de-Haute-Provence (2002)
Les monuments « blancs » à Aups, Var
Notre-Dame de Délivrance (1853)
La première pierre de cette chapelle fut posée le 12 septembre 1852. Elle fut livrée au culte le 6 août 1854. Hippolyte Maquan a dédié un poème à ce sanctuaire élevé en ex-voto pour remercier la Vierge d’avoir épargné la ville du massacre.
La stèle au soldat Trunde
« T. [Trunde] du 50ème de ligne mort à Aups le 10 décembre 1851 pour la défense de l’ordre. Priez pour lui » cimetière d’Aups
La tombe du brigadier Lambert, à Cuers
L’Association des collectionneurs pour la sauvegarde du patrimoine de la Maréchaussée à la Gendarmerie (ACSPMG) a rénové en 2021 la tombe d’Augustin Lambert, brigadier de gendarmerie, originaire de la Meuse, tué le 5 décembre lors de l’insurrection de Cuers (Var). Le Conseil municipal lui avait attribué une concession à perpétuité le 8 février 1852.