Notes et souvenirs sur Aups

Publié en feuilleton en 1890 par le journal réactionnaire dracénois L’Indépendant du Var, ce texte a en fait été écrit en septembre 1881, quelques semaines après l’inauguration, le 31 juillet, du monument à la mémoire des citoyens tombés à Aups pour la défense de la Constitution. Son auteur, Pierre-Germain Escolle, est un avocat et notaire aupsois, né le 1er mai 1827 à Correns, membre d’une famille de riches propriétaires de la région. Dans son ouvrage sur la résistance varoise[1], Noël Blache lui prête un rôle dans une tentative de médiation entre le préfet Pastoureau et les républicains le 9 décembre.  Élu conseiller général du canton d’Aups en juillet 1889, il devient maire de la ville en 1896. Connu sous la Seconde République pour ses opinions légitimistes, les services préfectoraux le classent parmi les royalistes en 1889 et les ralliés en 1896.

Ce texte est donc un spécimen unique d’une vision légitimiste des années 1880 de la résistance varoise au coup d’Etat du 2 décembre 1851.

 

Sauf mention contraire, les notes ont été établies par nos soins afin de renvoyer le lecteur aux études publiées sur les faits relatés par Pierre Escolle.

 

L’Indépendant du Var, 6 juillet au 14 septembre 1890

 

Notes et souvenirs sur l’insurrection de 1851 à Aups (Var)

par Pierre Escolle

deuxième partie

La Marianne de la fontaine d'Aups - photo Gilbert Suzan

Délibération nocturne de la commission municipale – Propos menaçants contre les otages

Quelque répugnance que j’éprouve à me mettre en scène, je dois maintenant parler de moi, pour rendre hommage à la vérité et redresser certaines erreurs commises par ceux qui ont écrit sur ce sujet. Je vais le faire froidement, impartialement, me basant sur des souvenirs et sur des notes prises aussitôt après les événements.

Dans la nuit du mardi au mercredi, vers une heure du matin, on vint me prier de me rendre à la mairie.

« Vous monterez la garde à la porte de l’hôtel de ville, me dit le messager, quand le factionnaire que vous voyez devra être relevé, on vous préviendra. Après votre faction, vous suivrez le citoyen charger de vous faire pénétrer dans la grande salle de la mairie. En attendant, entrez dans la salle d’école. »

Pour arriver à un banc à moitié inoccupé, il me fallut enjamber je ne sais combien d’hommes endormis. A la lueur d’une chandelle, un jeune insurgé écrivait. A travers l’immonde buée qui remplissait la salle, on pouvait voir cependant quelques individus mangeant, discourant, chantant, pendant que leurs camarades, jetés pêle-mêle sur les carreaux et sur les bancs, dormaient bruyamment ou fumaient un tabac acre qui vous prenait à la gorge, et qui me força du reste à vider bientôt les lieux.

Il m’est difficile de répéter textuellement ce que j’ai entendu ; mais je ne crains pas de dire que j’étais au milieu de ce qu’il y a de pire dans la colonne insurrectionnelle, et que les propos horribles tenus par ces gens-là suffiraient à déshonorer tout parti qui voudrait les couvrir de son drapeau. Si M. Ténot et M. Blache, le préfet M. Rey[1] et les personnages qui ont assisté à la fête du 31 juillet 1881, avaient passé avec moi un quart d’heure dans ce milieu dégoûtant, il est probable que l’on n’aurait jamais inauguré le monument élevé en l’honneur des victimes de l’insurrection à Aups.

Au moment où l’on vint prévenir de prendre ma faction, arrivèrent deux charrettes bondées d’hommes et de femmes, de femmes surtout ; l’une de celles-ci interpellée par un ami répondit hardiment : foou ben qué venguen faire la soupo à nouastreis hommés, et montrant un sac, elle ajouta : et puis aduan dé sacs per pendré nouastro part. J’ai vu et entendu moi-même !

Pendant ma faction, Beuf, mon brave maître d’armes, transformé le matin en chef de bataillon, s’approcha de moi, et tout ému me dit :

« Tout va mal ; il ne s’agit plus ici de politique, partez, sauvez-vous… »

Il ne put en dire davantage, car on vint me prendre pour m’introduire dans la salle du Conseil. Il était trois heures du matin. Par ordre supérieur, deux hommes furent placés à la porte avec la consigne de ne laisser entrer personne sous aucun prétexte.

Ces préliminaires et l’aveu du maître d’armes ne pouvaient que redoubler les craintes qu’avaient fait naître en moi les propos entendus dans la salle d’école, et pendant le temps de ma faction. Aussi ce fut avec une poignante émotion que je franchis le seuil de la mairie, dont la porte fut immédiatement fermée derrière moi. Sept hommes m’attendaient debout, pâles et frémissants. Cinq d’entr’eux comptaient parmi les membres les plus marquants de la commission municipale et du parti militant d’Aups, le sixième était le chef des forces de Bauduen, le septième m’était inconnu. J’ai su depuis que c’était un des chefs de St-Tropez.

C’étaient : Isoard, Marcelin Gibelin, Eugène Roux[2], Fabre[3], Tassy[4], Desbans et Martel[5], je crois.

« Monsieur, me dit Isoard, l’épicier et maire provisoire, la politique n’est plus en jeu à cette heure, il ne s’agit plus de venger la Constitution violée et de sauver la République ; nous sommes perdus. Nous avons ici des misérables qui ne rêvent que pillage et assassinat, déshonorant la République pour laquelle nous donnerions notre vie. Nous ne voulons pas nous associer à leurs crimes… ; voilà pourquoi nous vous avons appelé… prévenez vos amis… partez. Ce matin on doit fusiller les otages… ces otages sont de trop, dit-on, ils gênent les mouvements de la colonne… et après eux, gare à vous… sauvez-vous… – Pourquoi ne pas résister, répondis-je, la majorité ne doit pas partager ces idées malsaines, ne pourrions-nous pas empêcher le mal ? – Si vous voulez résister, ajouta Isoard, nous résisterons avec vous et vos amis. Nous aurons avec nous les habitants d’Aups, les gens de Salernes, de Villecroze, de Bauduen. Qu’il soit convenu qu’à un coup de trompette donné par le manchot nous nous réunirons tous à l’hôtel de ville pour défendre le pays et l’honneur de la République !… »

Nous allions nous séparer lorsqu’un des sept déclara qu’une estafette avait annoncé l’arrivée de la troupe régulière à Flayosc. Je fis aussitôt et spontanément la proposition de partir pour Draguignan, afin de prévenir l’autorité de la misérable situation que nous faisaient quelques exaltés. Ma proposition acceptée d’abord, puis combattue, reçut pourtant un commencement d’exécution. Sous la conduite de l’un de mes interlocuteurs qui se chargeait de me faire passer les lignes de sentinelles, je me dirigeai vers le cours St-Sébastien lorsque l’on vint nous donner contre ordre.

 

(à suivre)

 

Les chefs enfermés dans l’hôtel de ville se disaient sur l’opportunité de mon départ. L’un craignait que le préfet ne put détacher à notre secours un seul soldat ; un autre craignait de passer pour traître ; un autre tremblait pour mes jours ; un enfin avait des doutes sur la véracité des propos que l’on prêtait à certains insurgés : « Es-tu sûr, disait celui-ci, s’adressant à son collègue, qui s’était l’écho de ces propos au sein de la commission municipale, es-tu sûr que certains insurgés étrangers aient l’intention de commettre des crimes ? – Oui, j’en suis sûr, répondit l’autre, j’ai entendu ces étrangers lorsqu’ils ont dit que les prisonniers les embarrassaient, et qu’il ne saurait traîner longtemps encore après eux cette guesalle… je vous le répète, agissons contre ces hommes qui nous déshonorent, séparons-nous de ceux qui, sous le couvert de la République, ne rêvent que de violences, et n’appartiennent par conséquent qu’au parti du mal… »

Mon projet fut abandonné, et nous nous arrêtâmes à l’idée d’accourir tous en armes à l’hôtel de ville aussitôt que le manchot Marcelin Gibelin montant à cheval donnerait le signal convenu. Je rentrais chez moi pour faire mes préparatifs, et déterrait les armes que mon père, mon frère et moi avions cachées et soustraites aux réquisitions des insurgés.

Vers sept heures, un homme de la commission que j’avais vu pendant la nuit, Tassy, vint m’annoncer qu’une nouvelle estafette arrivée à l’instant, leur avait appris que la troupe était à Montfort. Nouvelle proposition de ma part d’aller chercher des secours ; nouveau refus de la commission. J’insiste beaucoup sur ces faits parce que, sur quelque mot mal compris, l’on a accusé de trahison le manchot, en disant qu’honoré de confiance des insurgés, il avait proposé lui-même d’envoyer au préfet un émissaire. J’espère que justice sera enfin rendue à ce citoyen qui n’a eu d’autres torts dans cette affaire que d’avoir exprimé trop bruyamment peut-être, d’excellents sentiments d’honneur et de républicanisme.

Mais est-il vrai que ces propos de massacre aient été tenus, et qu’ils aient eu la signification qu’on leur a donnée au sein de la commission ?

Nul doute sur la réalité du fait : c’est au café du Cours qu’on a parlé du massacre des otages. Je serai personnellement moins affirmatif sur la signification, sur la portée de ces propos.

Il y a loin de la coupe aux lèvres, et, pour moi provençal, connaissant l’exubérance des expressions provençales, l’hyperbole des termes dans les plus simples affaires, la fanfaronnade de certains individus sans éducation qui parlent à tout propos, de tuer celui-ci, de manger le foie de celui-là, je suis porté à croire que le bavard qui avait la parole au café, parlait pour son propre compte, et qu’il était bien loin de vouloir tremper ses mains dans le sang des otages. Mais il n’est pas moins vrai qu’en ces jours néfastes, on était imprudent et coupable de surexciter ainsi les mauvaises passions, et que la commission municipale de la ville d’Aups avait eu raison de s’en montrer émue.

 

Abus et fin des réquisitions 

Cependant les réquisitions continuaient. On avait forcé à nouveau la boutique de M. Raynaud, serrurier, et installé sous la direction d’un insurgé, serrurier de Salernes[6], une fabrique de piques, de lances et de balles de tout calibre. On fut plus loin encore. On crocheta les portes de la maison de M. de Calvi, et on établit dans le salon de cette maison le magasin général des munitions de guerre.

Les insurgés mettaient à sac la cité. De tous côtés les plaintes affluaient à la mairie. L’un des membres les plus actifs de la commission, le manchot, perdit patience ; il chassa du cabinet du secrétariat les chefs qui s’y trouvaient occupés à signer des bons de réquisitions, menaça de brûler la cervelle à Duteil lui-même, et mit ainsi un terme au pillage dont se plaignaient les habitants de la ville.

Entre temps, on demanda des tailleuses et des couturières à l’hospice pour raccommoder les vêtements des insurgés. Les femmes de bonne volonté étant rares, on fit publier l’ordre à toutes les ouvrières de se rendre en toute hâte à l’hospice, où, sous la direction d’un insurgé[7], elles commencèrent à travailler. Je suis heureux de rendre ici hommage à la convenance et à l’urbanité dont fit preuve cet homme que je ne connais pas. Il en fut du reste récompensé à l’arrivée des troupes. Surpris par cette arrivée dans l’atelier, amé d’un pistolet, il put, grâce aux religieuses, cacher son arme et se blottir dans les galetas jusqu’au départ des soldats. Ni ouvrières, ni religieuses ne songèrent à le signaler à l’autorité.

 

(à suivre)

 

Contributions de guerre 

Parmi les chefs des insurgés se trouvait un médecin de Baudinard, M. Monges[8], accompagné de sa femme[9]. Celle-ci trouvait bon que le menu peuple se pourvut de bas, blouses, chaussures et vestes dans les magasins de la ville ; mais pensant et disant très haut que l’argent est toujours le nerf de la guerre, on ne pouvait aller loin sans lui, elle suggéra à son mari de faire un emprunt de 100.000 fr.

Cette idée lumineuse convint à quelques-uns uns, et M. Monges ayant pour secrétaire le bouillant Brunet, fit aussitôt assembler les chefs des communes voisines, et on procéda ainsi qu’il suit :

Baudinard est bien misérable, dit Monges, mais Sabran[10] est riche, Sabran paiera 10.000 francs.

Bauduen ne peut rien, dit le capitaine Desbans, mais Gassier[11] paiera pour la commune, ajoute Monges. Desbans résiste, mais battu il se retire, et Gassier est imposé à 10.000 francs.

Artignosc est mis de côté ; on y reviendra après renseignements pris.

Aups n’est pas riche, disent Monges et Brunet, mais on prendra dans les caisses particulières de Calvi, Layet[12], le juge Girard, Roubaud, donneront 5.000 francs chacun.

Brue, imposez 10.000 sur la caisse de M. Clappier.

Fox-Amphoux renvoyé comme Artignosc après examen à faire des ressources particulières.

Taxer les gens ne suffisait pas ; il fallait surtout encaisser, et encaisser de suite, car l’heure du dénouement était proche ; Monges, Brunet et leurs collègues savaient parfaitement par la lecture des pièces saisies sur les courriers ainsi que par les estafettes qu’ils avaient reçues que le coup d’Etat avait réussi, que la France était calme, que la troupe régulière était à la poursuite des bandes insurrectionnelles, et que bientôt cernés par les colonnes parties de Draguignan et de Brignoles, les hommes qu’ils commandaient ne résisteraient pas un quart d’heure. Aussi s’empressèrent-ils de mander à l’hôtel de ville M. de Gassier d’abord, M. Layet ensuite. M. de Gassier le premier prévenu, se mit en devoir de faire ouvrir son coffre par le serrurier, ne le pouvant lui-même, puisqu’il avait jeté la clef dans un puits ; et Madame Layet, en l’absence de son mari, mandée à l’hôtel de ville, recevait les ordres de Brunet et Cie, lorsque l’on signala l’arrivée des soldats.

 

Mesures militaires prises par Duteil 

Si la commission financière songeait au nerf de la guerre, les hommes chargés spécialement de la question militaire, ne restaient pas inactifs.

Ordre était donné à M. Paul Cotte[13] de se diriger avec son contingent salernais vers les Basses-Alpes et d’occuper le pont d’Aiguines, et 200 hommes se rendaient à Vérignon pour s’emparer des armes de M. de Blacas.

M. Cotte partit malgré lui sur un cheval réquisitionné, qu’il s’empressa d’abandonner bientôt, aux premiers coups de feu, et qu’il a eu pourtant la délicatesse de payer depuis à son propriétaire. On l’envoyait à la conquête d’un pont entouré de communs favorables à l’insurrection, et que personne ne songeait à occuper ou à défendre. Nous avons cru que l’on voulait éloigner un citoyen profondément honnête dont la présence à un moment donné pourrait être un embarras pour les chefs de l’insurrection, et sur lequel on l’a vu ci-dessus comptaient les Aupsois.

Ces ordres donnés et exécutés, le général Duteil fit battre le rappel, et fit placer toutes ses troupes en bataille sur l’esplanade du cours.

Quoique en ait dit mon honorable ami M. Blache, Duteil n’avait pas oublié Arrambide[14] à qui il venait d’envoyer par Martin, dit Bidouret[15], l’ordre de se replier sur Aups ; il n’avait pas retirer les avant-postes ni les sentinelles ; ses mesures étaient bien prises. Il n’avait pas cessé un instant d’être en communication avec Tourtour, Salernes, Fox-Amphoux, Moissac et les abords de la ville continuaient à être gardés. Il est vrai que l’on avait confié ces postes à des lâches et des imbéciles.

 

(à suivre)

 

Tout le mouvement était concentré sur le cours, les femmes même assistaient à la revue que le général voulait passer avant de prendre ou exécuter une suprême résolution. On écoutait au milieu d’un silence de mort, le général Duteil qui haranguait ses troupes, lorsque le cri de Voici les soldats ! se fit entendre dans un groupe de femmes stationnant près de l’hospice.

 

Départ de la troupe de Draguignan. Arrambide, Martin (dit Bidouret). Arrivée à Aups. Fuite et massacre des insurgés[16]. 

Après quelques heures de repos à Draguignan, le colonel du 50e, M. Trauers[17], à la tête de ses troupes et d’une cinquantaine de gendarmes, avait quitté le chef-lieu se dirigeant sur Aups, vers 4 ou 5 heures du matin, mercredi 10 décembre. Avec ces troupes marchaient le préfet, M. Pastoureau[18], M. de Colbert, fils d’un otage[19] et M. Devaux, percepteur à Lorgues.

Arrivé près de Tourtour, le colonel aperçut l’avant-garde d’Arrambide, ouvrier de l’arsenal de Toulon, disait-on, nommé colonel par Duteil, chargé de surveiller la route de Draguignan, et de couvrir toute l’armée insurrectionnelle campée à Aups. Sans tirer un coup de fusil cette avant-garde tourna les talons à la vue des soldats et se précipita sur le village Tourtour, jetant ses armes, criant sauve qui peut et entraînant (Arrambide en tête) toute la colonne forte de 7 à 800 hommes.

Le colonel Trauers, prenant à gauche de la route, se lança avec l’infanterie à la poursuite des fuyards, sans faire feu pourtant ; et donna l’ordre à la gendarmerie de couper par la droite la retraite aux insurgés dans le cas où ceux-ci auraient voulu gagner la montagne en se dissimulant dans les gorges et ravins de la Baume.

Arrivés presque au gravier et les Molières, les gendarmes voyant que les insurgés continuaient à descendre au lieu de remonter vers la montagne, s’arrêtèrent sur le plateau, et se formant en bataille, attendirent l’infanterie, après avoir poussé les insurgés dans les vallées et les bois de la Baume, revenaient prendre la grande route.

Martin Bidouret, envoyé par Duteil à Arrambide, venait de gravir à cheval une forte côte de gravier. Il arrivait au petit trot. Un gros pistolet d’arçon dépassait de ses fontes et attirait les regards. Il passait à 40 mètres environ des gendarmes. Sur l’ordre de leur chef, deux de ces hommes se portèrent sur Bidouret, l’arrêtèrent et le conduisirent au milieu de la colonne.

–         Où allez-vous ? lui demanda le brigadier.

–         A Tourtour.

–         Qu’allez-vous faire ?

–         Porter un ordre.

–         Quel ordre ?

–         Voici.

Et Bidouret tranquillement remit de bonne grâce l’ordre par lequel Duteil enjoignait à Arrambide de se replier sur Aups.

Peu après arrivèrent avec l’infanterie le préfet et le colonel. Ceux-ci, après s’être fait rendre compte de ce qui c’était passé, et vu le billet de Duteil, donnèrent l’ordre à un gendarme de tuer le malheureux émissaire. L’exécuteur de cet ordre prit un pistolet et fit feu. Martin Bidouret tomba : l’autorité venait de faire la première application de la loi martiale, et de l’arrêté du préfet, M. Romand, qui ordonnait de fusiller tout individu pris les armes à la main.

Martin tombant, la légende de Bidouret prenait naissance.

La troupe continua sa route sur Aups en défilant à côté du pauvre émissaire, et vers les 10 heures arriva en vue d’Aups au moment où Duteil haranguait ses hommes.

Le scintillement des baïonnettes au soleil, à mesure que les soldats descendaient vers le cours St-Sébastien révélait leur présence. De là les cris perçants poussés par quelques femmes moins absorbées que les insurgés par la revue et la harangue du général. Celui-ci, surpris parce qu’il n’était venu à l’esprit d’aucun des fuyards de Tourtour de venir annoncer la panique et parce que la première sentinelle, gardant l’entrée de la ville, s’étant sauvée sans faire feu dans sa propre maison, après avoir excité l’hilarité des soldats par son fameux cri légendaire : troupe passe pas, chercha en vain à faire bonne contenance. Les soldats déployés en tirailleurs dans les prairies au-dessous de l’esplanade du cours bordé par un grand parapet, avancèrent rapidement et commencèrent le feu qui ne porta que sur le sommet des trembles.

Ne se fiant pas à la position inexpugnable pourtant qu’ils occupaient, les insurgés firent immédiatement volte-face, et se précipitèrent tous pêle-mêle dans les premières voies qui s’offrirent à eux.[20]

Les uns rapprochés de l’hôtel de ville coururent éperdus sur le chemin de Ste-Catherine et du cimetière. Les compagnies du Luc, postées près le chemin neuf, mal inspirées, se lancèrent sur la route de Sillans vers les plaines d’Uchanne. Le contingent de La Garde-Freinet, sous la conduite de Duteil, conservant tout d’abord un peu d’ordre dans ses rangs, se dirigea, tambour battant, vers le portail des aires, traversant toute la ville par la rue St-Pancrace, la place du marché et la rue des aires.

 

(à suivre)

 

Il est vrai que les tambours cessèrent de battre au bout de la rue St-Pancrace, que le pas accéléré devint bientôt précipité et désordonné, et que dans la rue des Aires, fort montante, les hommes courraient baissant la tête au point que le front des uns touchaient les semelles des souliers des autres. Avec cette allure affolée, les hommes traversèrent les aires, et se placèrent en embuscade, comme le dit M. Blache, derrière les oliviers et les murs qui s’élèvent en amphithéâtre entre les aires et la chapelle Notre-Dame.

Après avoir déterré nos armes et fait connaître à plusieurs de nos amis les résolutions auxquelles nous étions arrêtés, pendant la nuit, d’accord avec la commission municipale, nous attendions le signal du Manchot ; accoudés à une fenêtre, nous assistions de loin à la revue du général, avec mon père, mon frère et un ami.

Tout à coup, avant même d’entendre un coup de feu, nous vîmes l’armée insurrectionnelle se débander, et une partie s’engouffrer dans la rue des Tanneries. Cinq minutes après, nous étions sur le cours ; et tel était le désordre et l’effroi des fuyards que nous pûmes remonter le courant de ce torrent humain, sans qu’un seul citoyen nous demandât pourquoi nous nous dirigions sur le cours, alors que tout le monde le quittait.

En débouchant sur l’esplanade nous ne vîmes pas un seul insurgé. La cavalerie prenait la route de Sillans. Un brigadier de gendarmerie se détacha de la colonne et fondit sur nous sabre en main. Mon père, renversé, ne dut la vie qu’aux cris poussés par le brigadier Boniface[21], resté à la caserne auprès de sa femme malade. Amenés immédiatement auprès du préfet et du colonel qui débouchaient à côté de la fontaine, nous fûmes reçus par ces mots : « Messieurs, où sont les otages ? – A l’hôtel Crouzet[22], répondîmes-nous. – Eh bien, conduisez ces soldats à l’hôtel. »

Nous parcourûmes en courant et sans tirer les cinquante mètres qui nous séparaient de l’hôtel Crouzet. J’affirme, contrairement à l’assertion de M. Ténot et de M. Blache, qu’il n’y avait aucun insurgé sur la petite place comprise entre l’hôtel et la gendarmerie, pas plus que sur le cours et par suite que nous ne nous heurtâmes à aucune résistance. J’affirme aussi que les soldats, avant d’arriver devant la porte de l’hôtel, ne tirèrent pas un seul coup de fusil sur les maisons voisines de l’hôtel de ville, et sur cet hôtel, contrairement à ce que disait naguère le journal Le Petit Var, de Toulon. Malheureusement, au moment où les soldats cherchaient à briser la porte de l’hôtel Crouzet, quelques coups de feu partis soit des fenêtres, soit des toits, soit du chemin Ste-Catherine, firent craindre aux soldats un guet-apens, et la fusillade commença.

 

L’un des otages, M. Andéol de Laval[23], ne se rendant pas compte de la situation, ouvrit la fenêtre de la chambre au 2° étage dans laquelle il était enfermé, et se laissa tomber sur une terrasse, offrant aux soldats à 5, 10 et 30 pas au plus, une cible de grande surface. Un feu terrible fut dirigé contre lui. Il se releva sans blessure, se suspendit à nouveau à la crête du mur de la terrasse, et se laissa choir sur la place, échappant encore miraculeusement à une seconde décharge non moins serrée et aussi maladroite que la première. Et cependant, au milieu des soldats, mon père, mon frère et moi ne cessions de crier : « ne tirez pas, ce sont des prisonniers. » Les soldats croyant avoir affaire à un insurgé, n’entendaient, n’écoutaient rien. Ils rechargeaient leurs armes et tiraient à tort et à travers sur l’hôtel, ainsi que sur M. de Laval. Celui-ci, touchant le sol, se faufila derrière une charrette, essuya de nouveaux coups de feu, et, blessé au pied, vint tomber à côte de moi sur un tas de fumier sur lequel il était impitoyablement cloué par la baïonnette d’un soldat, lorsque je fus assez heureux pour me faire enfin entendre.

M. Maquan termine le récit de cette scène dramatique en disant :

« Un officier presse M. de Laval dans ses bras. Sauvez mes camarades, s’écrie notre sublime compagnon d’infortune ; quant à moi, je suis blessé, mais qu’importe ! Vive la ligne ! »

C’est fort beau en vérité, mais ce n’est point exact. M. de Laval était muet et atterré ! On pouvait l’être à moins. Il aurait du être tué cent fois, il n’était que blessé que légèrement, et ne songeait certainement pas à faire du sublime. Il se laissa emporter sans mot dire.

M. Panescorse[24], otage de La Garde-Freinet, fut moins heureux. Grièvement blessé par une balle qui l’atteignit dans le flanc, il succomba bientôt chez un parent qui l’avait réclamé.

 

(à suivre)

 

M. Panescorse a-t-il été tué par les soldats ou par les insurgés ? Deux versions ont toujours circulé. Les uns prétendent que la balle d’un soldat, après avoir ricoché sur une espagnolette, s’enfonça déformée dans le corps de la victime. Les autres assurent, et le docteur qui l’a extraite ne cesse de l’affirmer, que le lingot de plomb trouvé lors de l’autopsie sortait d’un fusil de chasse. C’était une petite balle, m’a dit à moi-même le docteur, M. Jean, ancien chirurgien de marine, qu’il était impossible de confondre avec une balle réglementaire. Ainsi d’un côté, des suppositions basées, je le veux bien, sur quelques vraisemblances, car si les soldats n’ont pas tué M. Panescorse, ils ont fait tout ce qu’ils ont pu pour le tuer en tirant à diverses reprises sur l’hôtel Crouzet ; de l’autre, la science du docteur, d’accord avec le témoignage des amis et parents de la victime qui ont vu le projectile. De plus, M. Tournel, un des compagnons d’infortune de M. Panescorse qui se trouvait à côté de celui-ci et le reçut dans ses bras quand il tomba, a déclaré que le coup de feu a précédé l’arrivée des soldats devant l’hôtel et que M. Panescorse apercevant un grand mouvement sur le cours, s’était approché de la fenêtre et avait été aussitôt frappé.

Le lecteur jugera.

Tout en nous demandant où étaient les otages, le Préfet et le colonel donnèrent devant moi ordre à un capitaine de courir avec sa compagnie au portail des Aires, et à un autre officier de suivre la cavalerie galopant sur la route de Sillans.

La compagnie destinée à opérer au nord de la ville partit au pas de course, mais en débouchant sur les aires publiques, elle fut reçue par une fusillade qui lui tua un homme[25] et blessa le capitaine[26] et le lieutenant[27] marchant en tête. Comme les soldats devant l’hôtel Crouzet, les insurgés, aux aires, n’avaient pas leurs coups assurés. S’il en eut été autrement, pas un soldat n’eut pu se sauver. Arrivant en masse dans un terrain complètement découvert, ils se trouvaient exposés en sortant serrés par le portail, au tir d’hommes cachés derrière les oliviers à cent mètres tout au plus. Après une seconde d’hésitation, la compagnie traversa rapidement les aires, et profitant à son tour de l’abri d’un mur, dirigea un feu nourri contre les insurgés. Ceux-ci se hâtèrent de remonter vers la chapelle Notre-Dame, et de se mettre complètement à l’abri sur la plate-forme entourée de murs et de cyprès, derrière la chapelle et sur un chemin creux, où les balles ne pouvaient les atteindre.

Les soldats ne tentèrent pas le moindre assaut, la résistance et le feu des insurgés ayant cessé, et si ces insurgés purent, comme le dit M. Blache, se ménager seuls une retraite assurée, c’est que mieux inspirés ou plus habiles que le contingent du Luc, ils se jetèrent tout d’abord dans les oliviers et de là dans les montagnes où la troupe ne songea pas un instant à les poursuivre. Ils ne se débandèrent pas moins, passant les uns par Moissac, les autres par les chemins des Gipières, Bauduen, les Salles et Vérignon. J’étais encore avec le préfet et le colonel lorsque le capitaine blessé se présenta ; voyez colonel, dit-il à son chef, voyez comment ces brigands m’ont arrangé. Ils ont failli m’emporter mon épaulette. Son épaulette droite était effrangée et pendait en lambeaux. Le soldat oubliait que son sang coulait pour ne songer qu’à ses insignes.

Pendant qu’une compagnie du 50e perdait aux aires un soldat et avait 2 officiers et un soldat[28] blessés, les insurgés étaient massacrés au sud dans les plaines d’Uchanne. La cavalerie avait fait son entrée en ville par le cours St-Sébastien et la rue des Jardins. Elle arriva sur l’esplanade du cours où elle ne trouva absolument personne, les insurgés à la vue des pantalons rouges dans les prairies s’étaient hâtés de vider les lieux. Mais en apercevant les fuyards dans la rue du chemin neuf, sur la route de Barjols, les gendarmes se précipitèrent à leur poursuite, et c’est dans cette avenue et dans les plaines d’Uchanne que le massacre eut lieu.

Les insurgés fuyaient éperdus, cherchant à s’abriter derrière les arbres, les murs et les vieilles masures assez nombreuses dans cette plaine. Les gendarmes se lancèrent sur eux ne se laissant arrêter par aucun obstacle, et comme le disent MM. Ténot et Blache, irrités par le désarmement général de leurs camarades dans les communes soulevées, (je puis ajouter comme le tenant d’un des auteurs de ce drame, irrités par l’assassinat à Cuers du brigadier Lambert) ils sabrèrent sans merci. Une vingtaine d’hommes resta ainsi sur le carreau[29]. Il en fut resté bien davantage, hélas ! si comme le disent les historiens précités, il y avait eu résistance même de la part de quelques groupes. Je veux bien croire au courage de M. Alix Jeoffroy[30], mais s’il a réellement commandé le feu, s’il a reproché à ses compagnons leur lâcheté en leur criant : Que faîtes-vous ? vous vous déshonorez… il est certain que sa voix n’a pas rallié les fuyards, et qu’il n’a jamais eu à ses côtés une vingtaine de combattants. Pour qui a visité la plaine d’Uchanne, compté et relevé les morts, nul doute possible à cet égard. L’on n’a vu nulle part de grappes de cadavres ; et si M. Alix Jeoffroy, à la tête même de 20 hommes, comme le dit M. Blache, avait voulu, sur une éminence non loin de la chapelle d’Uchanne résister aux soldats, il aurait été impitoyablement massacré avec ses compagnons ; car il aurait nécessairement attiré sur lui et son groupe l’attention des soldats fantassins et cavaliers acharnés à la poursuite des insurgés et frappant sans merci.

 

(à suivre)

 

Or, au lieu indiqué par M. Blache, nous n’avons trouvé aucun cadavre. Les deux morts les plus rapprochés étaient à 200 et 500 mètres au moins de cette éminence, l’un dans un labour formant vallée, l’autre au bas d’un escalier extérieur d’une maison de campagne, tous deux à droite de la route d’Aups à Sillans.

J’aurais trop à dire si j’avais à relever toutes les erreurs commises par ceux qui ont écrit sur ces tristes événements. Le colonel Trauers, lui-même n’est pas exact dans son rapport officiel[31]. D’après ce rapport une quarantaine d’insurgés environ auraient été tués dans l’intérieur de la ville. D’après M. Blache les pertes des insurgés étaient énormes. Il cite le rapport du colonel Trauers et ajoute qu’après la déroute, la gendarmerie en avait sabré plus d’une trentaine, et que sur les routes de Salernes à Tourtour, de Sillans et d’Aups gisaient de nombreux cadavres d’insurgés.

D’après M. Alexandre Gariel[32], 50 ou 60 cadavres restèrent étendus sur la place, et les autres combattants bientôt dispersés dans les champs furent poursuivis par les gendarmes à cheval qui accomplirent le massacre de la loi (sic).

D’après M. Ténot, le massacre du contingent du Luc, dans la plaine d’Uchanne avait été précédé d’un autre massacre du même contingent sur l’esplanade du cours.

Ces historiens ont tous été induits en erreur. Pas un mort, pas un seul blessé dans l’intérieur de la ville et sur l’esplanade du cours, à l’exception de M. Panescorse, de M. de Laval, les deux otages, du soldat et des deux officiers du 50e, dont j’ai raconté la mort et les blessures. Le premier insurgé tué a été l’homme à la jambe de bois[33]. Il l’a été à 200 mètres de l’esplanade au pied d’une tour servant de pigeonnier. A son sujet, j’ai entendu le 30 juillet, lors de l’inauguration du monument élevé en l’honneur des victimes du 2 décembre, M. Viort[34] du Luc, dans un mouvement vraiment éloquent, entourer la mort de l’homme à la jambe de bois, d’une auréole poétique. Ce Lyonnais voulut sauver une jeune fille de 18 ans qui allait être, malgré un officier, fusillée par les soldats, et aurait ainsi attiré sur lui seul la fureur de ces hommes qui l’auraient assassiné !

Il m’en coûte d’enlever à M. Viort ses illusions. L’insurgé est mort courageusement, je le veux bien ; mais sa mort, hélas ! n’a rien de poétique. Comme les Lucquois, cet homme se mit à fuir à la vue des soldats ; comme eux, il prit malheureusement la voie du chemin Neuf, la plus rapprochée de lui, mais son infirmité ne lui permettant pas de courir, il se vit forcé de s’arrêter. Bientôt abandonné par tous ses compagnons plus agiles, il allait probablement chercher un abri dans la tour, lorsqu’il fut atteint par la troupe. Et, ici, je cite M. Blache qui est dans le vrai : « Rendez-vous, crièrent les soldats. Me rendre ! répondit-il, j’ai laissé ma jambe aux barricades de Lyon, je laisserai ma peau ici… » et il fit feu sur les soldats, qui ripostant l’étendirent raide mort.

Telle fut la fin de cet insurgé. Quand je me suis approché moi-même de lui quelques heures après, il avait encore à ses côtés son arme déchargée.

Les autres victimes de la fureur des troupes s’échelonnaient de 500 en 500 mètres environ. La 2e fut frappée à 600 mètres du cours, la 3e à 1500 mètres. Elles étaient toutes isolées, et, il faut le dire, horriblement défigurées, ce qui corrobore ce que j’ai dit, sur le défaut de résistance d’une masse quelconque d’insurgés. Les malheureux ont dû mourir, là même où ils ont été frappés.

                                     



[1] Alexandre Rey, ancien proscrit pour sa résistance parisienne.

[2] Vice-président de la société secrète.

[3] Alexandre Fabre, charpentier natif de Cotignac.

[4] Emmanuel Tassy, cordonnier.

[5] Lazare Martel, maître serrurier à St Tropez, natif de la Côte-d’Or, membre du conseil de guerre républicain, exilé à Nice.

[6] Lambert, chaudronnier à Salernes.

[7] Un tailleur de Draguignan.

[8] Hyacinthe Monges : docteur en médecine, né le 17 fructidor an IX à Baudinard. Il a été le médecin d’Albert Laponneraye, rédacteur en chef de La Voix du Peuple à Marseille. Il est arrêté à Gréolières. Condamné à l’Algérie pour 10 ans, il embarque sur le Pluton, et est placé au camp de Sidi Bel Abbes, interné en Algérie le 13 avril 1853, puis en France le 16 août 1853 (il a été gracié le 27 juillet), le 8 mars 1856, il est encore en Algérie et refuse la commutation. Gracié le 23 juin 1856. Noté sur un état des hommes dangereux du Second Empire comme socialiste, ex-président d’un club à Marseille.

[9] Céline Poirson : née vers 1824 dans la Meurthe. Condamnée à l’Algérie, peine commuée en surveillance le 16 avril 1852. Le journaliste conservateur Hyppolite Maquan l’a surnommée la Dame rouge de Baudinard.

[10] Elzéard Louis Zozime duc de Sabran, pair de France, réside à Marseille, propriétaire de plus de la moitié de la superficie de la commune de Baudinard.

[11] François Louis Pierre Marie Gassier

[12] Victor Jean François Layet, né le 25 mars 1809, notaire à Aups, propriétaire à Montméyan, conseiller général et conseiller d’arrondissement.

[13] Paul Cotte : fabricant de faïence de Salernes, né le 15 janvier 1825. Il a probablement fait du droit, puis va à Paris où il suit les cours de la Sorbonne et du Collège de France. Président de la société secrète. Condamné par contumace à 10 ans d’Algérie. Il se réfugie à Nice. En 1854, le maire de Salernes et le préfet s’opposent à son retour, et le 25 octobre sa peine est commuée en internement en Isère. Il préfère rester à Nice. Arrêté à Marseille le 10 juillet 1855, et de nouveau expulsé, il aurait séjourné quelques temps à Tunis avant de se réfugier en Espagne. Gracié le 7 juillet 1856. Il est nommé préfet du Var le 5 septembre 1870. Démis par Thiers, il tente en mars 1871 de former une « préfecture insurrectionnelle ». Il est élu vice-président du conseil général en 1871 et député de 1872 à 1881. Maire de Salernes de 1885 à 1888. Il décède le 2 janvier 1907. Voir Constant Emilien, « De la Seconde à Troisième République, le parcours d’un Varois rebelle et politique, Paul Cotte« , in Provence 1851. Une insurrection pour la République, Actes des journées d’étude de 1997 à Château-Arnoux et de 1998 à Toulon, Association pour 150ème anniversaire de la résistance au coup d’Etat du 2 décembre 1851, Les Mées, 2000.

[14] Pierre Arrambide, né vers 1811 dans les Pyrénées Atlantiques. Contremaître serrurier à l’arsenal de Toulon, conseiller municipal de Toulon, révoqué de l’arsenal pour militantisme démocrate au printemps 1849, il devient alors salarié du journal démocrate socialiste Le Démocrate du Var, dont il est « voyageur », c’est-à-dire collecteur d’abonnements. Il parcourt ainsi le département, et est pour cela suspecté d’organiser les sociétés secrètes. À la disparition du journal, il trouve un emploi de contremaître dans la mine de plomb argentifère de Cogolin.

[15] Ferdinand Martin, dit Bidouret. Voir Merle René, « Martin Bidouré, fusillé deux fois », in Bulletin de l’Association 1851-2001, n° 12, octobre/novembre 2000

[16] voir le rapport du colonel Trauers sur la bataille d’Aups.

[17] Théodore Auguste Trauers, né le 25 avril 1799 à Paris.

[18] Théodore Pastoureau, depuis 1850 successivement sous-préfet d’Ussel, d’Avranches, puis préfet du Var, plus tard préfet du Lot.

[19] Le comte de Colbert, propriétaire au Cannet.

[20] Voir le croquis de la bataille d’Aups.

[21] Pierre Boniface. Voir sa déposition.

[22] Aujourd’hui le Grand Hôtel.

[23] Andéol de Rasque de Laval, propriétaire lorguais. Il a exposé en ex-voto dans la chapelle de l’Ermitage St Ferréol à Lorgues les vêtements qu’il portait ce jour-là. Voir le récit de cet épisode par Victor Scholcher.

[24] Eugène Panescorse, propriétaire de La Garde-Freinet, natif de Fréjus, décédé à Aups le 19 décembre 1851.

[25] Le voltigeur Trunde, originaire de la Creuse.

[26] Dominique Guichard.

[27] Louis Antoine Poireau.

[28] Raymond Perbos, fusiller.

[29] Sur les victimes du combat, voir Négrel Frédéric, « Morts pour la République », Bulletin de l’Association 1851, n°24, juillet 2003

[30] Alix Geoffroy, chef du bataillon du Luc. Sur son action lors du combat, voir l’interrogatoire d’Adolphe Vignetti.

[31] Disponible sur ce site.

[32] Gariel Alexandre, Le coup d’Etat de décembre 1851 dans le Var, Draguignan, 1878 (les deux premiers chapitres)

[33] François Goigoux, ouvrier tailleur du Luc, natif de Nevers.

[34] Paulin Viort, bouchonnier, résistant de Décembre.