Draguignan et le coup d’Etat

communication à la Société d’études de Draguignan, 12 décembre 2001

 

DRAGUIGNAN ET LE COUP D’ÉTAT DE 1851

 

 par Georges Gayol

 

 

Draguignan a été un des centres de la confrontation politique sous la IIe République, non pas en raison de l’action menée par ses habitants pendant les quelques jours  qu’a duré l’insurrection de Décembre 1851, mais par le rôle de la ville, préfecture du Var qu’il fallait investir pour destituer le préfet. On y trouvait aussi des personnalités dont l’avocat républicain Honoré Pastoret qui fut l’un des membres les plus influents du parti républicain sur place et peut-être même dans le Var. Jusque là, actif et résolu, il avait su conquérir une place prépondérante et méritée parmi ses compatriotes. Il fut l’inspirateur du comité dont l’action dominait à Draguignan.

 

 

Le contexte historique.

 

 

Un rapport de gendarmerie du 5 septembre 1848 précise que la ville comptait alors 35 sociétés secrètes et plus de 900[1] membres. La réputation des membres de ces sociétés allait de «  très modérés » à « très exaltés ». Ces chambrées qui s’étaient multipliées après les journées de Février 1848 prirent officiellement le nom de « Club ». À Draguignan, l’avocat Honoré Pastoret présidait le « Club des Allées »[2],  plus tard du Jeu de Paume. Un Club qui restait dynamique malgré les lois de juillet 1848 et de juillet 49 qui restreignaient leurs activités. Il réunit jusqu’à 450 membres présents lors d’une réunion de novembre 48. La préfecture estimait qu’il rassemblait 800 personnes. Ce Club affichait un républicanisme prononcé [3]: pour l’élection présidentielle, il appela à voter Ledru-Rollin. Cette activité fit du « Jeu de Paume » et d’H. Pastoret les cibles privilégiées des préfets, et notamment de Georges Haussman qui les poursuivit plusieurs fois, sans grand succès. Les séances étaient très rapprochées, ainsi pour le mois de septembre 1848 nous notons le 2, le 9, le 18, le 21, le 23, et le 30. A chaque séance le commissaire de police, qui assistait aux réunions en vertu de la loi de juillet 1848 sur les Clubs, établissait un rapport qu’il transmettait au préfet[4].

 

 

Citons également la société de secours mutuel Saint-Hermentaire[5], alors totalement laïcisée ou encore le café de Charles Bertrand[6] où le 25 février 49 un banquet réunit, dans l’enclos, 350 à 400 personnes qui chantèrent des refrains patriotiques dont La Marseillaise alors considérée comme chant séditieux. Cette foule se rendit après le repas devant l’arbre de Liberté, planté un an plutôt sur l’Esplanade, devant la préfecture. Ces manifestations autour de l’arbre de la Liberté étaient relativement fréquentes. Elles partaient généralement d’un autre café, le café Alter[7], véritable quartier général des républicains de la ville mais aussi lieu de rencontre des émissaires politiques du département.

 

 

D’autres manifestations émaillèrent la vie dracénoise sous la IIe République : En  septembre 1848 on manifesta contre l’impôt sur les boissons. Quelques jours plus tard se sont 4 chanteurs de Marseillaise qui furent arrêtés au Théâtre. Dans son rapport N° 14, le commissaire de police relate la séance du 5 octobre 1848 : « La séance a été ouverte par le citoyen Cartier, vice-président. Il annonce que les 4 chanteurs de la Marseillaise ont été libérés sous caution, 100 f pour le premier, 50 pour le second, 25 pour le troisième ; à ce moment entre le président Pastoret, l’Assemblée se découvre et crie : Vive la République. Le citoyen Arnaud prend alors la parole […] la séance a été close à 9 h ¾. Près de 400 individus étaient présents[8] ».

 

 

Un autre rapport nous éclaire sur les relations qu’entretenaient certains membres de ce Club avec les autorités préfectorales. Dans la séance du 8 novembre 1848, l’instituteur Laroque indiqua qu’il avait, quelque temps auparavant, informé l’Assemblée des événements de Vienne en Autriche où les démocrates s’étaient battus durant 4 jours comme des héros contre les impériaux. Mais, malheureusement Vienne avait été obligée de capituler devant une masse considérable de Croates. Il avait conclu en ces termes : «  Cela n’empêchera pas l’Autriche de succomber et la République démocratique de faire le tour du monde. » Suite à ce rapport, le préfet avait demandé le renvoi de ce professeur. Le commissaire poursuit en citant Laroque parlant du préfet : « C’est un Degeorge[9] qui a fait le voyage à Paris pour ôter le pain à un malheureux, c’est un lâche et un malheureux lui-même ». A la réception de ce compte rendu le préfet demanda la traduction de Laroque devant la Cour et le procureur demanda son incarcération. Le procès a lieu le 31 janvier 1849. Laroque fut acquitté[10].

 

 

L’activisme des Dracénois ne se limitait pas à leur ville, Fabien Hauteville, tailleur de la place du Marché, un des fondateurs du « Jeu de paume », fut arrêté en septembre 1848 pour avoir organisé une manifestation contre l’impôt sur les boissons. Le 11 novembre 1850 il fut à nouveau arrêté car suspecté d’être envoyé par Toulon pour parcourir l’arrondissement de Brignoles. Il fut soupçonné, le 28 avril 1851, par le préfet des Bouches-du-Rhône d’être le correspondant pour le Var des sociétés secrètes de Marseille et des Basses Alpes. Il parcourait le département en diffusant les journaux républicains et la nouvelle forme d’organisation du parti à laquelle les lois répressives avaient conduit les démocrates : les sociétés secrètes de « la Jeune Montagne ». Car les Dracénois avaient voulu participer à la mise en place d’un parti légal, la « Solidarité Républicaine », lancée en novembre 1848 par Delescluzes, Ledru-Rollin et Mathieu de la Drôme. Cette organisation nationale fut rapidement déclarée hors la loi.

 

Jean Paul Vassal, un taillandier dracénois parcourut le haut var en 1850 pour inciter les villageois au vote démocrate.

 

H. Pastoret animait de nombreux banquets[11] dans les cantons alentours, en particulier ceux de Callas et de Fayence. Parallèlement, ses activités professionnelles lui permettaient d’avoir quelque influence sur certains villages. Le cas le mieux connu, grâce à l’historien Maurice Agulhon, est celui de Baudinard, où la communauté villageoise était en procès depuis plusieurs années contre son ancien seigneur, le duc de Sabran, au sujet des droits d’usage dans la forêt. Ainsi, sous l’influence de leur avocat, les Baudinardais étaient-ils devenus des électeurs « rouges »,  votant quasi unanimement pour Ledru-Rollin en 1848 et pour la liste démocrate socialiste aux législatives de 1849.

 

 

Dans les villages, les émissaires venus de Draguignan entraient en contact avec les chambrées très répandues. Outre les villages, les républicains dracénois étaient aussi en contact avec d’autres villes. Nous savons qu’H Pastoret participa à une réunion électorale à Toulon en mars 1849, que Pierre Arambide, qui diffusait le journal toulonnais « Le Démocrate du Var », fut arrêté au café Alter le 13 novembre 1850[12],  qu’Étienne Achard fut un toulonnais arrêté avec Augustin Daumas en 1850, à l’occasion de l’affaire du complot de Lyon et, après 6 mois de prison s’installa à Draguignan. Jean François Cartier, un formier dracénois (fabricant de formes pour chaussures), un autre fondateur du « Jeu de paume », était à la fin de 1851 représentant de commerce pour l’association ouvrière de la Garde-Freinet. Enfin, Camille Duteil, rédacteur de « La Voix du Peuple » de Marseille, et surtout futur général, de la colonne républicaine, était venu à Draguignan en septembre 1851.

 

 

Draguignan était donc un maillon du réseau que les républicains, malgré les tracasseries policières, avaient mis en place dans le département. Ce réseau, on le sait, n’a pas pleinement fonctionné au moment où survint le coup de force césariste[13] du Prince Louis Napoléon.

 

 

Pour commenter les  événements de décembre 1851 relatifs à Draguignan, nous nous sommes inspirés du récit qu’en a fait Noël Blache dans son ouvrage de 1869[14].

 

 

Mercredi 3 décembre. 5 heures du matin. la dépêche de Paris annonçant la dissolution de l’Assemblée Nationale arrive à Draguignan. Le Ministre de l’intérieur accorde des pouvoirs exceptionnels au préfet, Monsieur Joseph Dubois  De Romand, qui reçoit l’ordre de différer son départ (il venait d’être nommé préfet de Saône-et-Loire). Le coup d’état est aussitôt annoncé par voie d’affiches en ville. Louis Pascal, d’Aix, ancien représentant du peuple, avocat au barreau de Draguignan, alla immédiatement trouver le substitut Léopold Niepce, seul présent au parquet et lui demande «vous savez Monsieur, ce qui se passe : la Constitution est violée et comme ancien Membre de la Constituante, je dois me préoccuper d’un fait aussi grave. Aussi je viens savoir si le parquet a donné des ordres pour que M. le préfet soit arrêté sur-le-champ, comme complice des actes du gouvernement, en faisant afficher les proclamations du Président ». Il fut éconduit.[15]

 

Un grand nombre de démocrates se réunirent au café Alter. On forma un comité de 9 membres qui désigna 3 délégués chargés de contacter H Pastoret, alors introuvable. Dès son retour au café Alter, Pastoret hésita à s’engager, il voulut attendre des nouvelles de Paris,  Marseille et des autres villes de la France. Il croyait peu à la réussite de l’initiative départementale, si elle n’était pas soutenue par un mouvement insurrectionnel à Paris. Pour lui une prise d’armes trop précipitée pouvait avoir des conséquences funestes pour les populations du Var, en les entraînant à jouer une partie perdue d’avance.

 

 

Des émissaires des villages vinrent chez lui chercher les mots d’ordre et connaître la conduite à tenir : on arrivait de la Garde-Freinet, de Vidauban, du haut Var. Malgré les pressions des délégations et de Pascal d’Aix, Pastoret refusa d’appeler aux armes et ne cessait de répéter : «attendons ».  Les hésitations imprévues de Pastoret déconcertaient les patriotes. Amalric lui rappela sa promesse de seconder l’insurrection dans le cas où la Constitution serait foulée au pied. Les instances des patriotes redoublèrent. Les avocats Louis Pascal et Gustave Pellicot venus sur ces entrefaites, joignirent les leurs à celles des délégués… Pastoret céda et les trois amis allaient rédiger et signer un appel aux armes, lorsque survint Madame Pastoret[16]. Cette jeune femme, affolée de terreur, supplia son mari de résister aux entraînements de la passion politique. Cette intervention suprême, plus puissante que les prières des républicains, détermina Pastoret à garder une neutralité absolue.

 

 

Face aux 2 à 400 républicains armés, la préfecture disposait de 80 gendarmes et de 700 soldats (jeunes recrues pour la plupart).

 

 

Jeudi 4 décembre. Les républicains se portèrent en masse sur l’Esplanade. Ils déléguèrent auprès du préfet le cordonnier Augustin Lazerne pour avoir communication des dépêches arrivées de Paris. La présence des troupes empêcha de plus amples mouvements. Les réunions se succédaient au café Alter. César Nicolas, professeur à l’École Normale, assisté du charron François Imbert et du coiffeur Auguste Eyriès, envoya  le liquoriste Pierre Belioud à Marseille pour prendre des ordres et se mettre en rapport avec les Bouches du Rhône. Il en revint avec le conseil de ne pas bouger. Dans la journée, le préfet De Romand reçut une dépêche officielle du Luc, lui annonçant la mise en place d’une nouvelle équipe municipale et républicaine. Cette ville, composée d’une population presque entièrement républicaine, était un lieu stratégique sur les routes Marseille-Nice et Draguignan-Toulon. Les démocrates lucquois n’avaient pas attendu le signal des comités directeurs de Toulon ou Draguignan. Persuadés que chacun ferait son devoir, une commission extraordinaire fut mise en place et procès verbal adressé au préfet. A la réception de ce courrier, le préfet De Romand voulut marcher sur Le Luc. On l’en dissuada pour ne pas dégarnir le chef lieu. Les femmes des fonctionnaires cherchaient refuge dans la demeure du préfet, amenant quantité de provisions pour faire face à un éventuel siège.

 

 

Vendredi 5 décembre. Il y eut de nouveaux rassemblements sur l’Esplanade. A 9 heures du soir Joseph Louis Brunet, un clerc d’avoué,  harangua la foule. Le commandant Rigal, commandant le 50e de ligne à la tête d’un escadron de gendarmerie à cheval et le commissaire Joseph Laugier arrivèrent. Un dialogue s’instaura  « Pour quel motif, commandant, faites-vous évacuer l’Esplanade ?» – « Monsieur, je n’ai pas de compte à vous rendre. Je suis ici pour faire exécuter les lois ». Brunet répondit au commandant : « La mesure que vous prenez n’est pas populaire, vous, vous voulez faire usage des armes, eh bien, nous aussi ». Le commandant ordonna alors d’arrêter Brunet, celui-ci s’enfuit en criant « aux armes ». Le commissaire et le commandant s’élancèrent vers lui mais les chevaux de la gendarmerie empêchèrent les deux militaires de l’atteindre[17].

 

Ce vendredi 5 également, le conseiller général de Salernes, Ignace Renoux, vint au Café Alter à la rencontre du comité démocratique. Honoré Pastoret continuait à prêcher le calme. Mais les arguments en faveur du soulèvement devaient alors être les plus forts. La lettre que Renoux ramena à Salernes appelait aux armes et à la marche sur Draguignan.

 

Les nouvelles de Paris, de Marseille et du Vaucluse apportées par un marchand d’huile salernois au café Alter n’étaient pas bonnes et ne furent pas divulguées.

 

 

Samedi 6 décembre. on apprit qu’une colonne de résistants (partie de Vidauban, commandée par C. Duteil) marchait sur la ville. Le préfet fit alors afficher un arrêté selon lequel tout individu saisi les armes à la main serait immédiatement fusillé. La préfecture ordonna la fermeture du café Alter. Le préfet trouva des volontaires acquis au coup d’état à la société Saint-Martin qu’il installa dans la salle du conseil général. La société Saint-Martin était une société réactionnaire, elle recevait son impulsion du docteur Honoré Théüs, maire de Draguignan, mis en place par le gouvernement et de M. Cavalier, directeur des postes.

 

La troupe se disposa autour de la préfecture. Après une fausse alerte, l’armée érigea des barricades aux abords de la préfecture et de la caserne. On matelassa les fenêtres et on amassa des vivres pour tenir un siège. La cavalerie se massa derrière les grilles, prête à balayer les avenues par les quelles les insurgés pouvaient déboucher. Des groupes de soldats stationnèrent sur les places et les carrefours, ils étaient postés de manière « à pouvoir fusiller immédiatement tout individu sortant armé sur la voie publique ». Pendant que ces dispositions étaient prises par l’autorité militaire, l’autorité judiciaire ne restait pas inactive. Pour diminuer les chances de succès des patriotes, le procureur impérial François Bigore-Laschamps procédait à de nombreuses arrestations.

 

 Catherine Truc épouse Ronin se rendit à Montauroux pour sensibiliser les habitants, sans grand effet.

 

Antoine Pellicot partit mobiliser Grasse, également sans grand succès. Jean David Alter prit la direction d’Aups pour soulever les villages de l’ouest du Haut Var. Il y arriva vers 14 heures et y rencontra Jean Baptiste Isoard, président de la société secrète locale. Il partit ensuite pour Moissac. Il exhorta au départ sur Draguignan et fut entendu. En quittant Moissac, il rencontra une colonne formée par les républicains d’Artignosc et de Baudinard qui marchaient vers Aups. Soucieux d’établir un lien avec les Basses Alpes, il dépêcha une estafette baudinardaise vers Riez pour avertir que le Var était soulevé. Son message fut transmis.

 

Sans ordre précis de leurs chefs, les Dracénois en étaient réduits à attendre une éventuelle arrivée de la colonne des insurgés ou à aller rejoindre cette colonne individuellement. Ce fut le cas pour François Imbert et Etienne Achard qui se rendirent à Vidauban, donnant toutefois à Camille Duteil et à son état-major des avis différents.  Imbert pensait que ce serait folie de tenter le siège de la préfecture, alors qu’ Achard prônait la marche sur Draguignan. Selon lui, les démocrates dracénois donneraient infailliblement la main à la colonne, en faisant à l’intérieur de la ville une puissante diversion aux efforts de la troupe. Les communes alentours viendraient certainement au secours des patriotes. Duteil, déclara partager l’opinion d’ Imbert. On connaissait d’ailleurs les préparatifs de l’autorité grâce à une lettre  du maire de Draguignan saisie sur un gendarme. Mais Achard réussit à convaincre la foule de marcher sur Draguignan.

 

 

 

Dimanche 7 décembre. Retournement de situation. Partie de Vidauban à 4 heures du matin, la colonne des insurgés commandée par Duteil arriva aux Arcs. Nouvelle réunion des chefs qui décidèrent de se diviser en deux colonnes : une devant aller sur Le Muy et rejoindre la route de Grasse, l’autre sur Salernes, afin de rallier la masse. Les deux colonnes devaient ensuite marcher sur Draguignan et prendre la ville en tenaille. Imbert et Achard partirent vers la ville prévenir de l’arrivée des colonnes. Entre temps, Duteil fut informé que les militaires et le préfet Daniel Pastoureau étaient au Luc et se rendaient à Draguignan.

 

Le plan des 2 colonnes marchant sur la préfecture fut abandonné et la colonne prit  la direction de Salernes en passant par Lorgues. A Draguignan, le préfet apprit, avec le soulagement que l’on devine, le changement de stratégie des insurgés. Sans perdre de temps, l’autorité judiciaire put procéder, tout à son aise, aux arrestations et investigations nécessaires.

 

 

Lundi 8 décembre. Alors que la colonne républicaine passait la journée à Salernes, les arrestations des républicains dracénois continuèrent. Dans la soirée, les militaires du 50e de ligne, commandés par le colonel Travers, avec à leur tête, le nouveau préfet Pastoureau, arrivèrent à Draguignan. Dans l’après midi, Alter et le clerc d’avoué Brunet, à la tête de l’avant-garde de la colonne républicaine constituée des détachements des Arcs et d’Entrecasteaux, firent leur entrée à Aups.

 

 

 

Mardi 9 décembre. La colonne militaire se reposa. Le nouveau préfet prit ses fonctions et M. Dubois De Romand put partir rejoindre son nouveau poste à Macon. Les républicains se regroupèrent à Aups. Le tailleur d’habit vidaubannais Jean Baptiste Maurel fit confectionner des blouses uniformes.

 

Pierre Arambide, à la tête d’une troupe de 900 hommes se posta à Tourtour.

 

 

Mercredi 10 décembre. À 4 heures du matin, départ de la colonne militaire pour Aups, via Tourtour : 11 compagnies d’infanterie formant un effectif de 550 hommes, 10 soldats du train  et 45 gendarmes à cheval.[18]

 

 

Dans cette étude ne sera pas développé la bataille d’Aups.

 

 

A la suite de cet échec pour les Républicains, de nombreux hommes et 16 femmes furent emprisonnés. Tous n’étaient pas partis à Aups avec la colonne des insurgés mais avaient été répertoriés, soit pour leur passé, soit pour leurs actions les 6 et 7 décembre. La prison de Draguignan était pleine. Les salles de 9 mètres de long sur 6 de large contenaient de 70 à 80 prisonniers. Un d’entre eux mourut asphyxié. La veille de Noël on en plaça  250 dans la cour de la prison.

 

 

Jugements et condamnations

 

 

 

Le 25 janvier 1852, 4 hommes et 14 femmes furent remis en liberté[19].

 

Soixante et dix sept dracénois passèrent en jugement fin février 1852, ceux qui  n’étaient pas emprisonnés furent jugés par contumace. La commission était composée du préfet Daniel Pastoureau, du général Le Vaillant, commandant militaire du département et du procureur de la république François Bigorre-Laschamps. Les prévenus n’assistèrent pas à leur procès, ils furent jugés sur pièce d’après les rapports de gendarmerie [20]:

 

 

– 5 furent condamnés à l’internement :

 

Esminjaud Alphonse, 33 ans, menuisier, internement à Arles

 

Icard François, sellier

 

Moutet François dit le Réparateur, 37 ans, cultivateur

 

Perrin Jean Marie, tourneur sur bois

 

Reboul Toussaint, 26 ans, maçon[21]

 

– 10 à l’expulsion du territoire, dont 3 par contumace :

 

Ardisson Jean Pierre, 30 ans, cordonnier

 

Dalmas Jacques, 39 ans, cordonnier

 

Lieutaud Hercule, menuisier  – par contumace –

 

Marquisan Calixte, 30ans, maçon

 

Maurel Paulin, 51 ans, ménager

 

Philip François, 30 ans, ancien marin, expulsé 3 ans.

 

René Valentin dit Jouffret, 44 ans, expulsé 5 ans – par contumace –

 

Roubaud Charles, 55 ans, colporteur, expulsé 5 ans

 

Truc Honoré dit Basset, 25 ans, menuisier, expulsé 5 ans

 

Valentin Joseph, 34 ans, bourrelier, expulsé 5 ans – par contumace –

 

 

– 1 traduit devant le tribunal de police  correctionnelle ;

 

Francon François, 38 ans, ouvrier mécanicien. Motif : Outrage par gestes et menace en paroles sur agent de la force publique dans l’exercice de ses fonctions.

 

 

– 14 à l’Algérie plus (transfert en Algérie pour une période de10 ans avec internement dans une enceinte fortifiée) dont 9 par contumace

 

Icard Césarine épouse Ferrier – la « Déesse Liberté » âgée de 21 ans, (née à Draguignan le19 juin 1830) arrêtée à Riez. Condamnée à 10 ans d’Algérie. Elle ne traversa pas la Méditerranée, sa  peine fut réduite assez rapidement et elle fut placée sous surveillance. Elle s’évada, passa en Italie rejoindre son mari  (charron, né lui aussi à Draguignan, le 22 novembre 1826). Ils partirent ensuite aux Etats-Unis, le mari devint officier dans l’armée fédérale américaine. Cette dracénoise de naissance n’habitait plus Draguignan, mais Grimaud avec son mari, nommé maire insurrectionnel.

 

Motif de la condamnation : « Elle était habillée en Déesse de la Liberté. Était armée d’un sabre et d’un poignard. Tenait des propos incendiaires invitant les autres à marcher. »

 

Achard Étienne, 46 ans, sellier – par contumace

 

Alleman Jean Pierre, chapelier – par contumace –

 

Alter Jean David, 46 ans, cafetier – par contumace –

 

Brunet, Joseph Henri, 28 ans, clerc de notaire – par contumace –

 

Caussemille Antoine, 50 ans, cultivateur

 

Cyrille François, 34 ans, conducteur de diligence – par contumace –

 

Eyriès Auguste, 30 ans, perruquier

 

Icard Emmanuel, 43 ans, instituteur – par contumace –

 

Maurel François, 28 ans, maçon

 

Paban Philippe dit Capitaine, 29 ans, menuisier – par contumace

 

Pastoret Honoré, 40 ans, avocat – par contumace –

 

Pellicot Gustave, 34 ans, avocat – par contumace –

 

Raphar Blaise dit Carrot, 40 ans, cultivateur

 

 

– 18 à l’Algérie moins (transfert en Algérie pour une période de 5 ans avec un certaine liberté dans le choix de leur résidence) dont 4 par contumace;

 

Catherine Truc épouse Jean Baptiste Ronin, 45 ans, cordonnière. Elle aussi graciée, fut placée sous surveillance. Motif de la condamnation : « S’est fait remarquer depuis quelques années par l’exaltation de ses opinions démagogiques. Que dans maintes circonstances elle a montré à la nommée Claire Magnan un portrait de Ledru-Rollin en lui disant « C’est notre idole », c’est lui qui fera notre fortune. Il faut qu’en 1852 les riches soient détruits, nous commencerons par M. Théus, maire et M. Cavallier directeur des postes, nous jouerons aux boules avec leurs têtes. Que de pareils propos proférés contre deux fonctionnaires aussi recommandables méritent une sévère punition. Considérant au surplus que le samedi douze décembre 1851 la dite épouse Ronin se rendit à Montauroux pour soulever la population. »

 

Bounin Jacques, 40 ans, tailleur d’habits

 

Cartier Joseph, 17 ans, cultivateur

 

Clément Pierre dit Farinier, 44 ans, fabricant de chaux – par contumace –

 

Escallenc Pierre, 25 ans, forgeron

 

Espitalier Honoré dit Couisson, 38 ans, cultivateur

 

Garcin André 50 ans

 

Girard Hugues, 25 ans, tanneur

 

Imbert François, 34 ans, charron

 

Lazerne Augustin, 50 ans, cordonnier

 

Martel Joseph, 46 ans, tailleur de pierres

 

Nicolas César, 40 ans, professeur au collège[22]

 

Pascal Louis Jean François, avocat, Dracénois depuis 2 ans – par contumace –

 

Pellicot Antoine, perruquier – par contumace –

 

Pons Jean, 27 ans, maçon

 

Ronin Jean Baptiste, 43 ans, cordonnier (le mari de Catherine Truc)

 

Sastron François, 33 ans, cultivateur – par contumace –

 

Vidal Jean, 38 ans, cordonnier

 

 

– 8 à être éloignés momentanément du territoire, dont 1 par contumace;

 

Aubin Joseph, cordonnier – par contumace –

 

Bellioud Pierre, 28 ans, liquoriste

 

Castellan Élisée, 22 ans, chapelier

 

Chabrier Nicolas, 38 ans, sans profession

 

Gal Joseph, 27 ans, tonnelier, pour une durée de 3 ans

 

Mouton Louis, 18 ans, commis, pour une durée de 3 ans

 

Olivier Barthélémy, 35 ans, menuisier, pour une durée de 3 ans

 

Pinoncelly François, 30 ans, serrurier

 

Les condamnés ont été dirigés sur la Belgique

 

 

– 21 furent placés sous surveillance de la police nationale

 

Astier Antoine, chapelier

 

Bourrillon Romain, 34 ans, boulanger

 

Bourrillon Nicolas, 30 ans, bourrelier

 

Bus Alphonse, 46 ans, instituteur

 

Bus Félix 19 ans, musicien

 

Bellieu Joseph, 29 ans, bouchonnier

 

Burles Joseph, 47 ans, négociant

 

Cartier Jacques, cultivateur

 

Cartier Jean dit Jacquette, cultivateur

 

Cartier Joseph, cultivateur

 

Cauvin Jean dit Tête Galine, cultivateur

 

Cavallier Jean, valet de ferme

 

Guisol François, 51 ans, cultivateur

 

Icard Honoré, tuilier

 

Jauffret Louis, 31 ans, maçon

 

Laborde Etienne, 34 ans, tailleur d’habits

 

Lies Antoine, 31 ans, maçon

 

Rodeillac Antoine, cultivateur

 

Serraillier Toussaint, 18 ans, cultivateur

 

Senglar Marius, ex cafetier

 

Vial Pascal dit teto Buou, revendeur.

 

 

 Deux départs pour l’Algérie relevés aux Archives: [23]

 

Le 9 mars 1852 sur le navire Labrador, sans Dracénois

 

Le 23 avril 1852, sur le navire Pluton avec 7 Dracénois : Nicolas César, 40 ans – Martel Joseph 25, Girard Auguste 25, Escallenc Pierre 25 – Eyriès Auguste 30 – Vidal Jean 38 – Imbert François 34.

 

 

 

 

Un état récapitulatif par profession permet de mieux cerner l’impact qu’a eu ce Coup d’État sur l’ensemble de la population Dracénoise.

 

 

3 avocats – 1 bouchonnier – 1 boulanger – 2 bourreliers – 2 cafetiers – 3 chapeliers – 1 charron – 1 clerc de notaire – 1 colporteur – 1 conducteur de diligence – 1 commis – 6 cordonniers – 1 cordonnière – 13 cultivateurs – 1 fabricant de chaux – 1 forgeron – 2 instituteurs – 1 liquoriste – 5 maçons – 1 ancien marin – 1 ouvrier mécanicien  – 1 ménager – 5 menuisiers –1 musicien – 1 négociant – 2 perruquiers – 1 professeur de collège – 1 revendeur – 2 selliers – 1 serrurier – 3 tailleurs d’habits – 1 tailleur de pierres – 1 tanneur – 1 tonnelier – 1 tourneur sur bois – 1 tuilier – 1 valet de ferme –

 

Sans profession : 2, dont Madame Ferrier, la « Déesse Liberté »

 

Non renseigné : 2

 

 

 

Brèves bibliographies des deux personnages centraux de cette étude.

 

 

 

 Jean-David Alter. Né en 1806 en Bavière de parents français. Père de 5 enfants, il était veuf depuis l’été 48. Négociant en antiquités avant 1848, il se déclara ensuite peintre et cafetier. Il était déjà sur les tablettes préfectorales lorsqu’il refusa en novembre 1848, de payer les droits sur les boissons. Des tablettes sur lesquelles il prit d’ailleurs rapidement du galon. Non seulement à cause des réunions et des manifestations qui avaient lieu dans son café, mais aussi pour un voyage qu’il effectua à Londres en juillet 1851, pour y vendre des tableaux dira-t-il mais plutôt pour y rencontrer Ledru-Rollin pensera la police. D’ailleurs en octobre 51, on le soupçonna d’être un des correspondants pour le Var du comité central de résistance, l’organisation Montagnarde dirigée par Michel de Bourges. J.D. Alter fut jugé par contumace à 10 ans de déportation en Algérie. Il se réfugia, comme de très nombreux proscrits, à Nice, où il devint propriétaire du « Café-Concert ». Il fut gracié en 1856.

 

 

Honoré Pastoret. (1814-1889).Ce « Coryphée du parti rouge entouré de 800 garnements à sa dévotion » d’après le préfet Georges  Hausmann, était  né à Seillans. Avocat de grande compétence et habile homme d’affaires, il habitait un modeste appartement dans la maison Delfau (angle de la place du Marché et rue Frédéric Mireur). Il s’était déjà fait remarquer au barreau lorsque éclata la révolution de février. Leader du parti démocratique toujours sur la brèche, il était très habile à porter les coups droits et plus encore à les parer. Condamné à 10 ans de déportation en Algérie, il resta caché quelques temps à Draguignan avant de gagner Nice où l’annexion le trouva avocat consultant. Durant son absence le conseil de l’ordre le maintint dans ses effectifs. Anticlérical implacable, il avait toutefois réclamé en 1848 « les bienfaits d’une instruction religieuse et nationale » pour « développer le sentiment moral de l’homme par les bienfaits d’une instruction religieuse et nationale, gratuite et obligatoire pour tous les citoyens » (profession de foi collective d’Honoré Bonnet et Honoré Senglar[24], professeur, du 25 mars 1848).

 

Pastoret jouissait particulièrement de l’estime la plus probante, celle de ses confrères  même les plus opposés à ses doctrines politiques. Poursuivi en juin 1850 devant la cour d’assises d’Aix (saisie pour cause de suspicion légitime de la Cour d’assises du Var) sous l’inculpation de propos séditieux tenus en séance du club du Jeu de paume, trois avocats dracénois, qui pourtant ne partageaient pas ses idées vinrent lui apporter l’appui de leur très honorable et décisif témoignage. Il fut acquitté.

 

La chute de l’Empire réveilla les ardeurs de sa jeunesse militante et, en 1871, il  fut élu conseiller général du canton de Fayence. Très vite Président il dirigea pendant 9 ans les délibérations, transformant le bureau de la présidence en tribune : « en volcan à jet continu de flammes et de laves explosives, de tonitruantes sorties ». Les préfets, assis à ses côté, se retranchaient, tant bien que mal derrière leurs dossiers et les réserves d’usage. «  Ils  se demandaient parfois, écrivait au lendemain de sa mort le préfet Félix Anglès, s’ils allaient sortir sains et saufs des colères de Pastoret ». Il fit députés et sénateurs mais refusa obstinément un mandat pour lui-même. Il se retira de la politique en 1882, continuant à se consacrer à ses affaires. Un client exaspéré par la perte imprévue d’un procès l’assaillit dans la rue et lui creva un œil.

 

Pastoret  se retira alors définitivement de toute activité et mourut en 1889.[25]

 

 

 

 

 CONCLUSION

Les évènements de Draguignan n’eurent aucun caractère exceptionnel, les forces républicaines et celles du Coup d’État s’étant neutralisées. Néanmoins, on peut dire que les Dracénois jouèrent un rôle actif dans la résistance varoise, par leur engagement individuel dans la colonne résistante mais aussi, auparavant, par leur constant effort de propagande. ceci fut un des éléments qui permirent aux ruraux varois d’acquérir suffisamment de conscience républicaine pour résister au 2 Décembre.

 

 

Bibliographie :

 

 

– Documentation personnelle de Frédéric Négrel, membre de l’Association  « 1851-2001, Association pour le 150e anniversaire de la résistance au coup d’État du 2 décembre 1851 ».

 

– Michel Bellenfant. « Le coup d’état du 2 décembre 1851 dans le département du Var ».

 

Imprimerie du C.R.D.P. Nice – année 1978. Bibliothèque de la Société d’Études de Draguignan.

 

– Noël Blache. « L’insurrection du Var de 1851 »  Réédition de 1983. Préface de Charles Galfré. Édition de la Table Rase.

 

– Victor Fournier. « Le Coup d’État de 1851 dans le Var »  Imprimerie Olivier-Joulian – Draguignan 1928.

 

– Archives du Var, séries M.

 

– Frédéric Mireur, – « Les rues de Draguignan ». (1921-1931) Tome VIII..

 

– J.- F. Brunel. Monographies des villes et villages de France. Promenades descriptives et historiques dans le Var – Arrondissement de Draguignan – Édition Res universis.

 

– Georges Gayol. « Vidauban et le coup d’état de 1851 »  Bulletin de la Société d’Études 1998.

 

 


[1] ADVar 4M16.Le nombre d’inscrits n’est pas indiqué pour la société « Bienfaisance des clubs »  seulement « très nombreux ».

[2] Local situé au N°15 Allées d’Azémar.

 

[3] Vice-président : le bottier Cartier ; secrétaire : l’instituteur Laroque ; secrétaire adjoint : l’avocat Rebuffat. Société d’Études Draguignan 1948-1949 « Les Clubs démocratiques dans le Var ».

[4] ADV 4/M/16.1 où figurent une trentaine de ces rapports.

[5] « La Société de Prévoyance et de Secours Mutuels sous la protection spéciale de Saint Hermentaire » était, le 27 juin 1832, « officiellement » composée de 4 divisions : La première division avait 16 adhérents, la seconde 15, la troisième 15 et la quatrième 14.  La liste était visée par un représentant de la Mairie. ADV 4M20.2

[6] Non présent dans le recensement de 1846, ce café figure dans celui de 1851 et est situé sur l’Esplanade. Très certainement l’actuel « Grand Café ».

[7]  Le café Alter se trouvait sur la place du Marché, actuels Etablissements Gravier. Une plaque commémorative a été apposée le 2 décembre 2000.

[8] ADV 4M.16/1

[9] Degeorge : Ayraud-Degeorge, Pierre Alexandre, préfet du Var du 9/7/1848 au 22/7/1848, bref passage dont les prises de position n’ont pas dû être très appréciées.

[10]  ADVar 2 U 400

[11] Le prix de ces repas était fixé à 0,75 frs.  » Les Clubs Démocratiques dans le Var ». Bulletin de la Société d’Études 1948-1949″

[12] Pierre Arambide, était âgé de 40 ans, il mesurait 1m64 et portait une barbe brune. Cet ancien ouvrier serrurier de l’arsenal était arrivé de Fayence la veille et avait sur lui une liste des abonnements souscrits au « Démocrate du Var » :103 Membres et 20 sociétés, soit pour Draguignan :François  Héraud, café de l’Union – Adolphe Angelier, bijoutier –J.D Alter, cafetier – André André, jardinier –François Imbert, charron –Ibrahim, coiffeur – Pierre Joseph Jouffret, limonadier –

[13]  Le césarisme est un système de gouvernement dans lequel un homme se trouve être l’unique dépositaire du pouvoir.

[14] Réédition de 1983, préface de Charles Galfré.- Éditions de la Table rase.

[15] Citation extraite d’Henri Maquan  « Trois jours au pouvoir des insurgés » H.Bernard, Imprimeur éditeur à Draguignan – 1853

[16] Baptistine Pellicot née en 1821.

[17] ADVar 4M/20.2

[18] Promenades pittoresques descriptives et historiques dans le Var par J.- F.Brunel. Éditeur : Res Universis

[19] ADVar 4M.27/1

 

[20] ADVar 4M-20.2

[21] Les rapports étaient parfois incomplets .L’âge ou la profession n’étaient pas toujours renseignés.

[22] Il est porté professeur d’École Normale sur le recensement de 1851.

[23]  ADVar 4M.24/1

 

 

 [24] Cet enseignant, aussi appelé Senglar aîné, est très certainement le frère de Marius Senglar, cafetier aux Allées d’Azémar suivant le relevé du recensement de 1846. Condamné et mis sous surveillance en février 1852. Au recensement de 1851, Marius Senglar n’est plus cafetier mais regrattier et demeure, avec sa femme et ses 4 enfants, dans la maison du cafetier Charles Bertrand, située sur l’Esplanade. Or dans ce recensement il n’y a que 5 immeubles situés sur l’Esplanade et il n’y en avait point au recensement de 1846. Il s’agit très certainement de l’actuel « Grand Café », faisant angle entre Esplanade et Allées d’Azémar, qui  possède deux entrées. En 1846 il a dû être enregistré sur les Allées et en 1852 sur l’Esplanade.

[25] Frédéric Mireur. Les Rues de Draguignan, tome VIII, pages 19-21.