LA RÉSISTANCE RÉPUBLICAINE EN AVEYRON

LA RÉSISTANCE RÉPUBLICAINE AU COUP D’ÉTAT DU 2 DÉCEMBRE 1851 EN AVEYRON

Mémoire de maîtrise présenté par GRÉGORY POUGET 

sous la direction de JEAN-CLAUDE SANGOÏ et JEAN RIVES 

septembre 2002

Première partie : LA RÉSISTANCE RÉPUBLICAINE

Chapitre III : L’organisation départementale de la résistance

A  –  Le plan d’insurrection :

Le 1er décembre 1851, profitant de la foire, de nombreux démocrates venant des divers points du département se réunissent à Rodez à partir de huit heures du soir dans les bureaux de L’Aveyron Républicain. On y discute de nombreuses questions concernant l’activité des républicains et des prochaines élections. Fort tard dans la nuit, Caussanel déclare : « Au lieu de nous occuper d’élections futures, il faut dès à présent nous concerter pour organiser la résistance en cas de nécessité ». Un comité de résistance est finalement créé. Il compte 11 membres qui choisissent Caussanel comme président.

Les « onze » décident de s’organiser en Comité de Résistance. La stratégie définie consiste à se rendre maître de la préfecture. Pour ce faire, à l’annonce du coup d’Etat, ils décident d’appeler aux armes tous les « frères » et « amis » et de les concentrer sur Rodez. Après s’être rendues maîtres de la mairie de leur cité, toutes les forces républicaines doivent converger vers le chef-lieu selon un itinéraire préalablement défini. Ceux de Millau vont passer par Séverac et Laissac et recruter sur leur passage toutes les forces disponibles. Ceux de Saint Affrique, vont remonter par Saint Rome de Tarn et Salles-Curan. Ceux de Villefranche doivent se diviser en deux groupes : l’un prenant la direction de Rignac, doit rassembler les forces de Montbazens et Rignac ; tandis que l’autre, passant par Aubin et Decazeville, doit aller chercher les ouvriers du bassin minier.

Dans son éditorial de L’Aveyron Républicain du 3 décembre, Louis Oustry écrit : « Il y a dans l’air je ne sais quelles sinistres lueurs, quels bruits sourds et répétés de conspirations qui se trament, de coups d’Etat qui se montent, de dictatures qui se tiennent prêtes au premier signal pour étouffer la souveraineté du peuple [1]. » Dans un autre article, il alerte ses compagnons de combat et appelle à « l’Union ». A l’heure où il écrit cet article, le combat est déjà engagé. Oustry n’en sait rien encore. A Paris, la police a déjà arrêté les principaux opposants. Le combat pressenti par Caussanel et Oustry a déjà commencé.

 

La Commission de Rodez met en place la stratégie qui a été définie dans la nuit du 1er au 2 décembre, même si les républicains n’ont pas pu se rendre maître de la préfecture. Il est convenu que les colonnes doivent arriver près de Rodez le 4 décembre à deux heures du matin et attendre les ordres à une certaine distance de la cité.

Le mot de passe est : « Au nom des Onze ». Le comité insurrectionnel de Rodez estime que les autorités ruthénoises, préfet et maire en tête, encerclées de toutes parts, et face à la menace de bandes armées prêtes à se battre, n’auront d’autre choix que de se rendre. L’encerclement du chef-lieu doit également entraîner un soulèvement de la population ruthénoise notamment des ouvriers encore réticents. Pour assurer le succès de leur plan, les leaders aveyronnais comptent sur deux atouts.

D’une part, ils espèrent que les forces dont dispose la ville de Rodez sont insuffisantes pour assurer efficacement sa défense. Les insurgés savent que le chef-lieu possède six cents hommes dans la caserne pour contrer l’offensive républicaine, mais ils estiment pouvoir en rassembler plusieurs milliers.

D’autre part, les membres du comité de résistance comptent sur l’effet que produirait l’arrivée de la colonne de Marcillac. Ce groupe arrivant par les quartiers du Monastère, où le parti démocrate-socialiste compte bon nombre d’adhérents et où se concentrent de nombreux ouvriers, envahirait sans difficulté la ville.

Les insurgés savent que le plan d’insurrection est à mettre immédiatement à exécution pour ne pas laisser le temps aux autorités municipales de s’organiser. Lors de la réunion, il est arrêté que des émissaires doivent battre la campagne en annonçant que Louis Napoléon Bonaparte est aux arrêts à Vincennes, qu’il faut s’armer et marcher sur Rodez. Dans l’esprit des chefs insurrectionnels, le poids du nombre est indispensable pour que leur entreprise soit couronnée de succès. Les délégués du comité savent qu’ils doivent au besoin menacer et contraindre ceux qui ne viennent pas au rendez-vous prévu en rappelant leur engagement à ceux qui montrent de l’hésitation.

Sept hommes ont tenu ce rôle. Sylvain Galtié, aubergiste de Cransac, est envoyé au nom de la Commission auprès de Moins à Villefranche pour alerter la population de cet arrondissement. A Aubin, le 3 décembre Cabantous ingénieur arrivant de Rodez, se met en rapport avec Boisse, médecin, lui annonce l’organisation d’une Commission de Résistance et donne des instructions pour le départ des recrues qu’on peut y faire.

Ramond de Sauveterre porte une lettre au docteur Garrigues de Marcillac. L’expert géomètre Rozier et le limonadier Charles Caussanel, eux aussi de Sauveterre, se rendent dans cette localité afin de mettre en mouvement le canton. Le 3 décembre, Rozier se trouve à Rodez au moment où la dépêche télégraphique y arrive. Dès qu’il en prend connaissance, il part à Sauveterre avec son ami Caussanel pour en informer la population. Se rendant auprès du maire Magne, il lui rend compte du déroulement de la journée. Magne fait battre le rappel à sept heures du soir et informe la population des évènements qui viennent de se produire.

Flottes, agent voyer et Grand, tous deux habitants St Affrique vont porter la nouvelle à St Rome de Tarn.

Il n’y a pas eu d’émissaire venu depuis Rodez dans l’arrondissement d’Espalion. Le plan d’insurrection ne prévoit pas l’arrivée d’une colonne en provenance d’Espalion, ni d’une quelconque localité de cet arrondissement. Mais si les insurgés ruthénois n’ont pas envoyé de messages en cette direction, il est probable que les membres du Comité ont confié cette mission au maire de Villecomtal qui se trouvait à Rodez au moment de l’annonce du coup d’Etat et qui a été dépêché auprès de ses concitoyens.

Dans la soirée du 3 décembre, Caussanel quitte Rodez et se rend avec plusieurs membres de la « Commission Constitutionnelle » au Monastère pour en soulever la population. Puis, accompagné d’une dizaine d’hommes, il prend la direction de la Primaube, où il arrête, vers les dix heures du soir, le courrier de Millau. Il saisit les dépêches, les lit puis les redonne au porteur qui peut poursuivre sa route. Dans la même soirée, François Mazenc à la tête d’une bande d’une dizaine d’hommes du Monastère se rend à La Mouline et envahit Castel-Gaillard. La bande s’empare d’une quinzaine de fusils[2].

Le 4 décembre, vers 5 heures du matin, une douzaine de républicains se saisit du courrier de Villefranche lorsqu’il arrive au Faubourg. Ils prennent les dépêches, les décachètent, les lisent puis les restituent au porteur. Celui-ci est reconduit sur la route à une certaine distance de la ville puis est remis en liberté.

Carte n°1 : Le plan d’insurrection.

 

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B  –  De l’attente des colonnes à l’échec du mouvement

Dans la matinée du 4 décembre, l’autorité fait fermer deux cafés sur la place de la Cité, qu’elle considère comme le quartier général des insurgés. Le préfet, en uniforme et accompagné de plusieurs fonctionnaires, préside à leurs fermetures. Il envoie également une dépêche au sous-préfet d’Espalion pour le charger de faire saisir les presses de l’imprimeur de L’Aveyron Républicain. La troupe reste un long moment sur la place de la Cité. Le préfet entend ainsi montrer au peuple que l’autorité est maîtresse de la situation. Il entend aussi faire face à la troupe de gens armés venus de Marcillac.

 

Schéma n° 1 : Le trajet de la colonne de Marcillac 

 

L’arrivée des hommes de Marcillac :

Tôt dans la matinée, une quarantaine de paysans conduits par le « commissaire délégué » Garrigues fait son entrée à Rodez via le faubourg Saint – Cyrice. Les hommes vont se loger chez le bourrelier Lacombe.

Pendant la matinée la troupe se concerte avec les émissaires de la Commission de Rodez pour savoir quels sont les moyens dont dispose le mouvement républicain. Après divers pourparlers, et alors que les autres colonnes se sont pas encore arrivées, elle se décide à organiser une manifestation pacifique.

A deux heures de l’après midi, alors qu’une partie de la garnison de Rodez part en direction de La Mouline, les hommes de Marcillac, précédés de leur commissaire, défilent sans arme du Faubourg Saint – Cyrice à la place de la Cité. La foule accompagne cette manifestation pacifique. La bande parcourt la place en faisant entendre les cris de : « Vive la République Rouge ! Vive la Constitution ! » La manifestation est interrompue par l’arrivée d’une compagnie de soldats en armes. Elle se déploie rapidement et tente d’encercler les vignerons. Ceux-ci désarmés et quelque peu désappointés par ce face à face, refluent en désordre. Deux d’entre – eux sont arrêtés.

L’arrivée de la colonne de Marcillac, par les quartiers du Monastère où se concentrent de nombreux ouvriers, n’a pas produit l’effet escompté.

 

La colonne de Sauveterre :

Dans l’après-midi du 4 décembre, des bruits annoncent l’arrivée d’une autre colonne de paysans armés venant de Sauveterre. Plusieurs centaines de paysans marchent sur Rodez. Face à cette mobilisation, le préfet fait établir un poste de volontaires au Palais de justice pour préserver la ville face à cette nouvelle menace. Un détachement de troupe vient bientôt doubler ce poste.

 

Schéma n° 2 : Le trajet de la colonne de Sauveterre

 

En effet, le 4 décembre à l’appel de Rozier et de Charles Caussanel aîné, une troupe de 40 gardes nationaux se réunit place de la mairie et quitte Sauveterre. Parent et Magne sont en tête à cheval, Caussanel est à pied. Derrière les gardes nationaux viennent quelques volontaires moins organisés, tel Flottes « dit le Ratou » qui porte la poudre. Au son du tambour et aux cris de « Vive la République ! » « Vive la Constitution ! [3] » la troupe se met en marche.

A 1 heure de l’après midi, la troupe fait halte à La Primaube, à huit kilomètres de Rodez. Grâce à des appoints venus de Jouëls et surtout de la Baraque de Fraysse (aujourd’hui Baraqueville), elle regroupe environ 200 hommes.

D’autres détachements venus de Castanet et des environs (près de 150 personnes !) complètent ces forces. A Castanet, un grand nombre d’hommes se met en marche car les républicains ont su les convaincre d’aller manifester au chef-lieu et de demander le retour du curé et le maintien de la Constitution ![4]

Les hommes de Rozier, Magne et Caussanel reçoivent divers messages de Rodez et du Monastère. L’attaque générale est prévue pour quatre heures. Mais parvenus en haut de la côte de La Mouline, un contrordre les oblige à modifier leurs plans. Plusieurs détachements de troupes et de volontaires sont aperçus aux abords de Rodez. Déjà l’opinion est plus calme. La petite armée craint un échec. Les émissaires de Rodez venus à sa rencontre lui demandent d’attendre. Les chefs modifiant les premières dispositions stratégiques vont mettre leurs hommes à l’abri. La troupe continue donc en bon ordre sa marche sur Rodez et va camper près du pont de l’Aveyron au Monastère.

Après un jour de route, les hommes de Sauveterre entrent dans Rodez. La ville semble vide de troupes. C’est à Rodez que doit avoir lieu la concentration de toutes les forces républicaines. Mais la troupe la plus importante partie de Villefranche n’est pas encore arrivée. Retardés à leur départ et manquant d’armes, les villefranchois ont dû faire le coup de feu à Rignac. Les hommes de Sauveterre ne peuvent donc compter sur eux. Les vrais chefs, Caussanel de Villefranche ou Durand de Gros, sont absents. Mazenc tente bien de prendre les choses en main, en vain. Il excite le courage. Palous veut faire une proclamation. Buisson se retire à l’Hôtel du Cheval Noir où sont descendus Magne et Parent. Ceux-là manquent d’initiative et refusent de passer à l’offensive.

Ils décident de passer la nuit et d’attendre les renforts de Villefranche et les vrais chefs. Les hommes sont rassemblés sur l’esplanade de la Briane vers sept heures et demi du soir.

Là les hommes se restaurent. Du pain et du fromage leur sont apportés. Ils reçoivent également des armes et des munitions[5]. Ils passent la nuit dans les auberges du Monastère[6].

Les républicains mettent en place des postes de surveillance. Les voyageurs sont arrêtés et interrogés. Un service d’estafettes échelonnées dans la côte du Monastère permet de contrôler les évènements de Rodez.

Le lendemain, les renforts n’arrivent toujours pas. Les meneurs sont toujours sans chef et sans ordre. Ils préparent leurs hommes au combat et observent la ville. Les préparatifs sont arrêtés par l’arrivée d’un messager, Armand fils, qui vient annoncer la capture des principaux leaders et l’arrivée prochaine de la troupe.

Le préfet n’a pas été aussi attentiste que les républicains. Il a envoyé des estafettes pour demander des renforts. Si l’estafette envoyée vers Albi a été interceptée près de la Baraque du Fraysse par l’arrière garde de Sauveterre, celle envoyée à Millau arrive à destination. Il fait procéder à l’arrestation des principaux chefs du Comité de résistance de Rodez. Il donne également l’ordre à la troupe de se mettre en marche et d’aller à la rencontre des colonnes.

La troupe approchant, la colonne se disloque, sans qu’aucun affrontement ne se produise. Les chefs de Sauveterre prennent les dispositions nécessaires au retour. Ils règlent les aubergistes au moyen de bons émis par la Commission Constitutionnelle[7]. La troupe prend le chemin du retour. A son passage à la Baraque de Fraysse, près de 300 hommes sont aperçus. Certains décident de suivre Magne et de rentrer directement au village. D’autres s’enfuient. D’autres se cachent. A 10 heures du soir, les hommes de Sauveterre font leur retour au village. Là ils font deux fois le tour de la place publique, en battant le tambour et en criant : « Vive la Constitution ! Vive la République ! » puis ils se séparent et chacun rentre chez soi.

Le préfet a repris les choses en main. Il a fait fermer les lieux de réunions des républicains et fait procéder à l’arrestation des principaux chefs du Comité de résistance de Rodez. Il restaure son autorité et entend empêcher les républicains d’avoir des points d’appuis. Il connaît le plan que les républicains ont mis en place et profite du retard de la colonne de Villefranche pour mener une action ferme et décidée. Les républicains manquant d’organisation et de relais, la colonne de Villefranche est retardée. Comment s’explique ce retard ?

 

La colonne de Villefranche :

A Villefranche la petite troupe se rassemble dans la soirée du 3 décembre sur la place du Marché[8] puis se met en marche en direction de Rodez.

 

Schéma n° 3 : Le trajet de la colonne de Villefranche

 

Vers minuit la colonne arrive à Maleville au son du tambour, frappant à toutes les portes pour faire des recrues, criant « aux armes ! » et chantant La Marseillaise. Mais déjà, un certain nombre de ceux qui se sont mis en marche, « passé le premier moment d’enthousiasme [9]» et « mesurant les risques de l’expédition[10] » s’en sont retournés chez eux.

L’adjoint au maire de Maleville qui n’est pas encore couché va prévenir le maire qui lui fait dire de se tenir caché. La bande arrive bientôt. Elle enfonce le portail de la cour de l’habitation du maire et appelle celui-ci. Il paraît à la fenêtre et demande ce qui se passe. Moins répond : « Une estafette qui vient d’arriver [à Villefranche] a annoncé que Louis-Napoléon a dissous l’Assemblée. Il a violé la Constitution. Il s’est proclamé Empereur. Nous marchons sur Rodez pour défendre la République et comme il nous faut des armes nous venons en prendre[11] . » A ces mots l’adjoint quitte sa cachette et va encore offrir ses services au maire. Il répond qu’il n’est pas en force pour résister et ouvre la porte. Les insurgés entrent. « Le premier ceint d’une écharpe rouge, et un poignard à la main. Le second [c’est] Moins armé d’un sabre nu ; le 4ème ou le 5ème [est] Mouly originaire de Maleville qui [connaît] les lieux. Aussi sans demander d’indication [montent-ils] au Galetas où sont les armes. Ils [enlèvent] 51 fusils[12], un drapeau, un tambour. Moins [dit] qu’il [répond] de tout [13]. »

Lors de la distribution des fusils, le prêtre Dausse engage les habitants de Maleville à demander des armes en disant qu’ils veulent suivre les insurgés. Ils l’écoutent et une fois armés, ils rentrent chez eux, à l’exception du seul Jean Baptiste Alet qui rejoint la troupe.

Le départ a lieu vers 2 heures du matin. Faurès est chargé de battre la caisse en remplacement d’Orcibal et la bande part pour Lanuéjouls. La bande, qui compte dans ses rangs, des jeunes gens si déguenillés que l’aubergiste de Lanuéjouls les prend pour des décrotteurs, est diminuée par la désertion. Elle n’est plus que d’une trentaine d’individus.

A tous ceux qu’ils rencontrent sur leur route, les insurgés de Villefranche répètent, sans obtenir le résultat espéré, que les populations rurales sont en train de se lever en masse pour défendre Rodez, que 50 hommes les précédent au Baldrac, que 100 autres sont à Lanuéjouls, sans compter les 300 déjà passés à Rieupeyroux ! Malheureusement pour eux la réalité est bien plus cruelle, et rare sont les recrues qui se lèvent pour défendre la République et qui acceptent de les suivre à travers la nuit et le froid.

La troupe arrive vers 3 heures à Lanuéjouls. Moins entre dans l’auberge d’Antoine Roux[14] et demande de quoi nourrir ses hommes. Pain, fromage et vin sont servis à 39 hommes. Pendant ce temps, Galtié parcourt le village, en tous sens, pour ameuter la population, et tenter d’obtenir de nouvelles recrues. Il rentre seul. Vers 6 heures du matin, Moins règle la note s’élevant à 24 francs et donne l’ordre du départ.

Galtié qui a des connaissances à Privezac et qui espère y faire des recrues fait passer la bande par ce village où elle arrive vers les 7 heures du matin avec deux tambours et un drapeau. Il dit à ses amis que « Caussanel est préfet de l’Aveyron, qu’il faut aller à Rodez prendre part aux réjouissances, que l’argent ne manquera pas […] [15]. » Marty aubergiste et plusieurs autres se laissent persuader et suivent. « Du reste ces mensonges étaient employés avec d’autres pour soulever et entraîner les populations dans tous les villages où la bande passait [16]. »

A leur départ de Privezac les insurgés, en nombre d’une cinquantaine, ayant à leur tête Lacout, tambour-major de la garde nationale, se dirigent sur Rignac sous le commandement de Moins et de Galtié. A l’approche de chaque hameau, les chefs recommandent à leur suite de crier : « Aux armes ! Vive la République ! » Près de Rignac, ils vont loger chez l’aubergiste Bros. La journée se passe sans aucune manifestation. Ce temps n’est pas complètement perdu. Galtié repart en effet avec Marty pour Privezac où ils recrutent 7 à 8 individus avec les tambours de la garde nationale. Il écrit également à sa soeur pour lui demander de lui envoyer des munitions et des recrues [17]. Mouly repart pour Villefranche afin de déterminer à partir ceux qui n’ont pas voulu se décider la veille[18] . Repassant par Lanuéjouls, il recommande à Roux de conserver les neufs fusils abandonnés par ses hommes, pour armer une partie des hommes qu’il lui ramènera.

Moins veut s’assurer de l’état de Rignac avant d’y pénétrer. Le notaire Brunet vient le renseigner. La troupe entre à Rignac à 10 heures du soir. Les hommes se dispersent dans les auberges et principalement dans l’auberge de Bros, dit Banard.

Quelques heures auparavant, Caussanel venant de Rodez, est arrivé en compagnie de l’huissier Brunet. Ils sont tous deux allés chez le frère de celui-ci et se sont entretenus avec les principaux démocrates villefranchois dont le gros des troupes est déjà arrivé. Rignac est le lieu de rendez-vous des leaders républicains de l’arrondissement de Villefranche. S’y retrouvent réunis le citoyen Rouch, ancien juge de paix, Mandagot, vétérinaire à Montbazens, Boisse, Descrozailles et Cabantous, respectivement médecin, notaire et ingénieur des mines à Aubin, et Henri Galtié, médecin à Cransac, qui accueille son frère à la tête des renforts.

L’objectif est clair : il faut s’emparer des armes détenues chez le maire. Les républicains espèrent soumettre facilement Rignac et pouvoir, ainsi armés, aller s’emparer de Rodez.

La multiplicité des chefs semble alors préjudiciable au mouvement. Des divergences de vue apparaissent. Le notaire Brunet, inquiet des préparatifs de guerre qu’il voit se mettre en place sous ses yeux, prend peur et insiste pour que l’on consulte la Commission centrale avant de s’engager plus en avant. Un courrier est envoyé à Rodez pour aller prendre les mots d’ordre. Il est de retour juste avant l’aube et apporte l’ordre formel d’attaquer la mairie de Rignac, d’enlever les armes et de marcher sur Rodez.

Un premier mouvement d’intimidation s’effectue vers 11 heures et ½ du soir. Au son du tambour, la troupe se met en marche en direction de la maison du maire. Réveillé par le bruit ce magistrat accueille chez lui le brigadier de gendarmerie qui vient l’informer que des renforts insurgés sont arrivés. Il lui annonce qu’une « nouvelle bande à la tête de laquelle [se trouve] Galtié Sylvain et forte d’environ 25 hommes [19] [a fait] son entrée à Rignac[20] » et « que cette bande [est] dans l’intention ; en se réunissant à celle arrivée [plus tôt], de venir s’emparer des armes de la garde nationale de Rignac déposées chez [lui] [21] .»

Face au rassemblement des insurgés, le maire de Rignac ne reste pas inactif. Il donne l’ordre au brigadier de venir en arme avec ses hommes pour repousser l’attaque qu’il sent imminente. Le brigadier et ses quatre gendarmes, après avoir patrouillé dans le village, arrivent avec armes et munitions. Le maire envoie également un de ses domestiques avertir « les gens de la campagne » de la situation inconfortable dans laquelle il se trouve et les appeler à venir à son secours. Environ une heure après une cinquantaine d’hommes viennent lui porter soutien.

Les membres de l’autorité attendent l’attaque toute la nuit, en vain. De temps en temps, les gendarmes sortent et  vont faire un tour dans les rues du village.

Au petit matin, vers 5H ½, le notaire Casimir Brunet se présente à la grille du docteur Colomb et demande à pouvoir s’entretenir avec lui et avec le brigadier. Le gendarme rapporte ainsi les propos tenus par cet émissaire: « Comme vous le savez, un détachement de garde nationale est arrivé hier à Rignac, Caussanel de Villefranche est à sa tête, et il demande que vous lui délivriez les armes de la mairie ; ces gens là n’ont rien à perdre, c’est de la canaille […] [22] ».  Le maire rapporte de cette entrevue quelques propos de Brunet qui disait : « …qu’il avait cru bon de [le] prévenir, et qu’il y avait parmi ces gens des hommes capables de tout, et qui pourraient même sur [son] refus de les livrer, mettre le feu à la maison [23] ». Bien loin d’être un médiateur, comme on aurait pu le croire au premier abord, le notaire Brunet critique violemment les insurgés et se place délibérément du côté des autorités. Il finit d’ailleurs, en disant :  «  si on veut faire usage de la force, je me mettrai de votre côté [24] .» 

Le maire lui répond qu’il n’a nullement l’intention de lui remettre les armes, lui annonce sa volonté de se défendre et lui fait observer son dispositif défensif. Brunet s’en retourne donc auprès de Caussanel pour l’informer puis revient avec celui-ci qui veut personnellement négocier avec le maire. Une discussion animée s’en suit. Caussanel veut éviter autant que possible l’épreuve de force, mais il dit très clairement à ceux qui lui font face que s’il doit employer la force, il n’hésitera pas à le faire.

Caussanel dit au maire que la Constitution a été violée, que Louis Napoléon est hors la loi, que tous les fonctionnaires sont tenus à peine de forfaiture de refuser obéissance à l’usurpateur et que s’étant armé pour défendre la Constitution, il espère bien que le maire va accepter de le suivre à Rodez, ou que au moins, il lui remettra ses fusils. Pour appuyer ses propos, il lui présente une pièce émanant du Comité Constitutionnel de Rodez, signé par ses membres, et portant ordre à tout fonctionnaire d’avoir à remettre au porteur du présent acte les armes qu’il peut avoir à sa disposition.

M. Colomb refuse de lui remettre les armes. Caussanel se retire, en indiquant que la réaction du maire l’engage personnellement, et que face à son refus, il se trouve obligé de faire usage de la force. Il lui fait remarquer qu’il le tient pour responsable du sang qui risque de couler. « Puisqu’il en est ainsi, je vais faire cerner votre maison et mettre le feu aux quatre coins . Eh bien ! Faites ! [25]» répond le maire. Mme Colomb, présente depuis le début de la discussion, s’écrie alors : « Comment vous voudriez donc M. Caussanel, brûler notre maison et faire brûler nos enfants, réfléchissez, rentrez en vous-même ! Résigné, Caussanel répond sans animosité : « Oui Madame [26]».

Caussanel se dirige vers ses hommes. Raccompagné par le brigadier de gendarmerie, il invite à se retirer ainsi que ces hommes : « il pourrait vous arriver du mal, nous sommes les maîtres, demain le maire ne sera plus rien [27]», mais celui-ci refuse en disant qu’il ne lui reconnaît pas le droit de le commander. Le brigadier fait ouvrir la porte.

C’est à cet instant que, selon un plan concerté à l’avance, l’attaque se produit. Il a en effet été convenu que si, comme cela était prévisible, le maire refusait de livrer les armes, les républicains devaient entrer en force au moment ou leur chef franchirait la grille. Caussanel doit faire opposition avec son corps pour éviter que les défenseurs ne puissent refermer la grille. Les attaquants doivent se servir de sa position pour pénétrer à sa suite dans la maison du maire. L’effet de surprise doit permettre aux attaquants de mener à bien leur projet. La bande armée attend le signal de son chef. Celui-ci s’arrête alors que la porte est ouverte et fait un signe de la main. La bande tente de s’engouffrer aux cris de « Vive la République ! » mais les défenseurs ferment précipitamment la grille. Il s’en suit une vive échauffourée au cours de laquelle les deux camps s’arqueboutent contre la grille. Les défenseurs réussissent à repousser l’attaque. Les coups de baïonnettes fusent des deux côtés. Un gendarme voit ses habits déchiré. Caussanel n’a pas la même chance. Coincé par la grille et ne pouvant ni entrer ni sortir, il est atteint d’un coup de baïonnette.

Blessé, Caussanel s’effondre, laissant ses camarades désemparés. Ils finissent par se retirer. L’un des insurgés se met à crier : « Caussanel est mort ! [28]». Le maire, va précipitamment auprès du blessé. Voyant son état, il donne l’ordre de le faire emmener chez lui pour pouvoir lui administrer les premiers soins. Transporté à l’intérieur, Caussanel tente encore d’obtenir la moitié des armes, en vain.

Les attaquants tentent une dernière fois le coup de force. Certains tentent de faire irruption dans la cour, les gendarmes les mettent en joue, comme les défenseurs dans la maison. L’irritation est à son comble. Les républicains sont furieux. Ils demandent que leur chef leur soit rendu « mort ou vif [29]».

Le curé de Rignac[30] assiste de son cabinet aux mouvements de troupes. Voyant les hommes s’apprêter à en découdre, il ouvre ses volets et crie : « Voulez vous vous égorger, n’êtes-vous pas frères ? Ne tirez pas, ne tirez pas ! [31]. » Voyant que ses paroles ne suffisent pas, il sort et va se placer entre les deux troupes afin d’éviter un affrontement sanglant[32] et crie « Ne tirez pas, ne tirez pas ! »[33] Aux républicains qui lui font remarquer les armes pointées sur eux, il leur répond : « ne craignez pas : on ne tuera point le curé, je vous couvre de mon corps [34]. » Sur ses paroles, les insurgés se relèvent, se reculent et reforment leurs rangs. L’homme d’Eglise les suit et les incite « au calme et à l’ordre[35]. » Dans les deux camps, l’ordre est donné de ne pas tirer mais seulement de riposter[36]. Aucun coup de feu n’est tiré. Les insurgés demandent à voir leur chef. Un homme est conduit à l’intérieur. Caussanel lui donne l’ordre de se retirer et de marcher sur Rodez.

Les ordres sont exécutés. La bande rentre chez Bros, se rafraîchit puis se met en route sous le commandement de Moins, précédée par trois tambours, d’un drapeau et « d’une avant-garde de bon tireurs arrivés d’Aubin et de Decazeville [37]. » Elle se compose alors de 70 à 80 individus. Elle arrive au Pas où elle s’arrête. Lakowsky polonais réfugié, demeurant à Villefranche, vient se joindre à elle. Mirabel, domestique de Galtié, y vient aussi accompagné de 4 ou 5 individus, dont deux ou trois armés de fusils de chasse.

Ils ont fait environ un quart de lieue, lorsque Moins et Galtié discutent avec un individu venant à leur rencontre en char à bancs. Il leur annonce que le coup préparé sur Rodez est manqué, que les insurgés de Sauveterre et de Millau ont battu en retraite. Ils reviennent alors sur leurs pas, et repoussent la proposition qui leur est faite de se replier sur Figeac, pour aller prêter main-forte aux démocrates lotois.

 

 

                            



[1] Arch. dép. Aveyron : PER 180 L’Aveyron Républicain dernier numéro en date du 3 décembre 1851.

[2] Arch. dép. Aveyron : 4 M1-18 (7) 831. Témoignage n° 182 et 182 bis, de Jacques Hyppolite Picou, âgé de 28 ans mégissier, demeurant au Monastère. « Un jour avant l’arrivée des gens de Sauveterre, vers les 10 ou 11 heures du soir nous partîmes au nombre de 10 ou 12 du Monastère, ayant à notre tête M.Mazenc, ancien agent-voyer, en nous dirigeant du côté du faubourg, de là nous allâmes à la Mouline et ensuite à Castelgaillard […] De quelle manière vous réunîtes-vous dans la soirée au sieur Mazenc, et avec vos camarades ? Sortant de chez Vital Beaumevielle où je venais de boire, je rencontrais dans la rue 4 ou 5 individus, parmi lesquels se trouvait les dits Mazenc, Glauzy et Dalous qui m’entraînèrent à les suivre. Ce fut ensuite en cheminant avec eux que j’appris qu’il était question d’aller enlever les fusils de la mairie d’Olemps déposés à Castelgaillard. […] « Après avoir recueilli mes souvenirs, je déclare que les deux frères Salgues, Glauzy fils, Dalous, Daudé tisserand, Paul Bousquet fils cadet, Dalquier fils, Beaumevielle fils, Blanc fils, Cadet de la barraque de Flavin, Cabaniols, Mazenc et moi ; nous sommes rendus dans la soirée du 3 décembre dernier, vers les 11h à Castelgaillard, où les fusils de la mairie d’Olemps furent enlevés. Je ne me rappelle pas s’il y avait d’autres individus que ceux que je viens de nommer. Tous les individus habitent le Monastère, à l’exception de Blanc, fils cadet, demeurant à la barraque de Flavin, de Salgues, frère de Salgues, boucher et de M.Mazenc qui habite Rodez. C’est Mazenc qui a tout dirigé, et qui a déclaré, qu’il répondait de tout. […] ».

[3] Arch. dép. Aveyron : 4 M1-17 (5) : le juge de paix de Sauveterre dans une lettre adressée au Procureur de la République rapporte que la colonne menée par le maire laissa à Sauveterre le drapeau de la commune mais prit la route derrière le signe de ralliement « d’une écharpe rouge qui fut placée au bout d’un fusil ».

[4] Curieuse mobilisation que celle de Castanet ! L’abbé de Castanet ayant été changé par l’évêque de Rodez, cette décision fut rejetée par la population qui ne la comprit pas et fit pression sur l’évêque pour conserver son curé. L’affaire fit beaucoup de bruit. Des habitants de ce village allèrent jusqu’à Rome pour obtenir la « révocation de la mesure épiscopale » ! En décembre 1851, ils marchent donc sur Rodez pour s’expliquer avec l’évêque. En 1852, un nouveau curé est finalement nommé. Explication fournie par De Barrau F., Galerie des préfets de l’Aveyron, t. IV, Rodez, E.Carrère éditeur, p 205-208.

[5] Arch. dép. Aveyron : 4 M1-18 (7) 831. Témoignage n°148 de Jean Hibral, âgé de 56 ans, ancien gendarme, demeurant au Monastère.  « Le 3 décembre dernier je vis beaucoup d’individus monter et descendre la côte qui du Monastère conduit à Rodez, mais je ne remarquai pas qui étaient ces individus […] Vers les 7 h du soir de cette même journée une charrette chargée de fusils, de munitions et de fusils de chasse, venant part le chemin de la Mouline, s’arrêta devant la maison de M Serre. […] Je dois vous faire observer que la même charrette qui portait les fusils portait également des vivres consistant en pain et en fromage, je présume que ce fut ce pain et ce fromage qui fut distribué de l’autre côté du pont.

[6] Ibid. « Plusieurs des gardes nationaux de Sauveterre étant venus cherché du tabac dans mon bureau, je leur demandai s’ils étaient nombreux et ce qu’ils étaient venus faire à Rodez ; ils me dirent qu’ils étaient 250 à 300 environ, qu’on payait leur repas à raison de 25 sols par repas pour chacun d’eux ; l’un d’eux me déclara qu’ils étaient venus pour reprendre leur drapeau qu’on leur avait enlevé ».

[7] Un de ces bons appelés bon au porteur est placé dans l’annexe n° 6.

[8] Autrement appelé le Couvert.

[9] Ancourt A., op.cit., p 23.

[10] Ibid.

[11] Arch. dép. Aveyron : 4 M1-18 (7) 831. Déclaration du maire Jean Antoine Barnabé.

[12] Arch. dép. Aveyron : 4 M1-18 (7) 831. D’autres déclarations font état de 52 fusils. 51 ou 52, peu importe, surtout que tous ne sont pas pris et que lors de la distribution, certains échappent à la troupe de Villefranche. 15 ou 16 fusils retournent d’ailleurs rapidement là où ils ont été pris, à cause de leur mauvais état. Un des insurgés dit en avoir reçu un sans pierre, donc inutilisable.

[13]  Arch. dép. Aveyron :  4 M1-18 (7) 831. Déclaration du maire, op. cit.

[14] Arch. dép. Aveyron :  4 M1-18 (7) 831. Le postillon d’Antoine Roux, aubergiste et maître de poste, dira avoir entendu un roulement de tambour venant de la direction de Villefranche, alors qu’il s’apprêtait à porter une dépêche de la sous-préfecture au relais de Rignac. Il dira également en accord avec son patron que le dit Galtié, dont il aurait reçu la visite dans l’après-midi, disait à qui voulait l’entendre qu’il allait au chef-lieu pour recruter « 600 hommes pour marcher sur Rodez » et qu’ « il fallait que tout le monde marchât ».

[15] Arch. dép. Aveyron : 4 M1-18 (7) 831. Déclaration de l’adjoint au maire, op.cit.

[16] Arch. dép. Aveyron : 4 M1-18 (7) 831. Déclaration de l’adjoint au maire, op.cit.. Tous n’avaient point conscience que ces choses étaient de pieux mensonges, mais peut on vraiment leur jeter la pierre ! Les chefs pouvaient-ils faire autrement s’ils ne voulaient décourager leur troupes déjà fort peu nombreuses.

[17] Preuve de l’importance du caractère familial dans la résistance au coup d’Etat du 2 décembre.

[18] Arch. dép. Aveyron : 1 M 826. A ce propos le sous-préfet de Villefranche dit dans son rapport au préfet de Rodez : «  Je dois seulement ajouter pour compléter ce qui est relatif aux faits accomplis à Villefranche que le sieur Mouly serrurier revint de Rignac pour faire de nouvelles recrues ; après beaucoup de mouvement on parvient à mettre en marche un nouveau détachement qui passa par Villeneuve où il comptait s’augmenter sans doute. Mais il n’y prit qu’un tambour et n’y recruta qu’un soldat : une cravate rouge attachée au bout d’une perche était le drapeau sous lequel il marchait. Les mauvaises nouvelles de leurs amis arrêtèrent ces malheureux à Lanuéjouls ».

[19] Arch. dép. Aveyron :  4 M1-18 (7) 831. Témoignage n°124, de Louis Trouban, âgé de 38 ans, brigadier de gendarmerie, demeurant à Rignac. Un gendarme parle quand à lui de 35 à 40 hommes « dont 5 ou 6 seulement armés de fusils ».

[20] Ibid.

[21] Ibid.

[22] Arch. dép. Aveyron : 4 M1-18 (7) 831. Témoignage de Louis Trouban, brigadier de gendarmerie, op.cit.

[23] Arch. dép. Aveyron : 4 M1-18 (7) 831. Témoignage n°123, d’Adrien Colomb, âgé de 35 ans, maire et médecin, demeurant à Rignac.

[24] C’est du moins ce que rapporte le brigadier dans son rapport sur les évènements survenus à Rignac.

[25] Arch. dép. Aveyron : 4 M1-18 (7) 831. Témoignage de Louis Trouban, brigadier de gendarmerie, op.cit.

[26] Ibid.

[27]Arch. dép. Aveyron : 4 M1-18 (7) 831. Témoignage de Louis Trouban, brigadier de gendarmerie, op.cit.

[28] Ibid.

[29] Ibid.

[30] Arch. dép. Aveyron :  4 M1-18 (7) 831. Témoignage n° 125, d’Achille Gabriel Moulines, âgé de 51 ans, curé de Rignac, demeurant à Rignac.

[31] Ibid.

[32] L’action dont se prévaut ici le curé Moulines ressemble à celle d’un autre berger, Mgr Affre mort sur une barricade en 1848, en allant tenter « de calmer ses brebis partagées entre forces de l’ordre et émeutiers ».

[33]Arch. dép. Aveyron :  4 M1-18 (7) 831. Témoignage n° 125, d’Achille Gabriel Moulines, op.cit.

[34] Ce geste héroïque dans la présentation qu’en fait le curé n’est point mentionné dans ces termes dans les témoignages des gendarmes, du maire ou du notaire Brunet mais tous font mention de sa présence et de sa témérité. La véracité de son intervention semble être également attestée par la demande faite par le maire de Rignac, quelques temps plus tard, d’une récompense pour le curé de sa paroisse en reconnaissance de son action passée lors du coup d’Etat. Une demande qui est satisfaite.

[35] Arch. dép. Aveyron : 4 M1-18 (7) 831. Témoignage n° 125, d’Achille Gabriel Moulines, op.cit.

[36] Les exhortations à la retenue se retrouvent dans de nombreux témoignages. Ainsi dans ceux du maire, du brigadier et du curé déjà cités mais également dans ceux des gendarmes, dans celui du notaire Brunet et dans les propos que ceux-ci rapportent concernant les assaillants.

[37] Ancourt A., op.cit., p 29.