Les Pégot-Ogier au XIXe siècle
article publié dans la Revue du Comminges, tome CXXV, 2, juillet-décembre 2009 Les Pégot-Ogier au 19ème siècle, une famille méconnue de Saint-Gaudens
par Renée COURTIADE
Et pourtant…
Chargée par Éric Anceau, professeur à la Sorbonne et spécialiste de l’histoire de la France au XIXéme siècle[1], de faire des recherches sur le Gers[2], je découvris un Saint-Gaudinois totalement inconnu : Jean-Baptiste Pégot-Ogier.
Le rôle de Jean-Baptiste Pégot-Ogier s’est avéré important pendant la Seconde République dans le Gers et en Haute-Garonne dont il fut député. A Saint-Gaudens œuvrait, à la même période, son frère, Jean-Marie. Tous deux subirent la répression engendrée par le coup d’état.
Sur l’Internet je découvris le petit-fils de Jean-Baptiste, un peintre assez connu en Bretagne. Puis ce fut le téléphone qui me révéla que je n’étais pas la seule à m’intéresser à cette famille : à Hennebont un travail avait été fait sur la vie et l’œuvre du peintre ; aux Canaries un professeur d’université traduisait en espagnol un écrit du fils de Jean-Baptiste. Ainsi nous étions trois à nous passionner pour les Pégot-Ogier ; le petit-fils, Jean-Bertrand, est la spécialité de M Guilchet, ancien bibliothécaire-archiviste d’Hennebont ; le fils, Eugène, celle de Jorge Juan Vega y Vega professeur d’Université à Séville. Quant a moi c’est toute la famille qui m’occupe.[3]
Tous nous voulions les faire connaître ; d’où l’idée de cet article a trois mains.
La Seconde République est passée trop souvent aux oubliettes de l’histoire. Si elle a duré moins de quatre ans, elle a apporté de profonds changements[4] dans notre pays et, a une échelle plus petite, elle a permis à des familles de se révéler ; ainsi les Pégot-Ogier. C’est donc par cette période que je vais commencer. Puis, je serai relayée par Jorge Juan Vega y Vega pour Eugène et son parcours. M Guilchet entrera en scène avec Jean-Bertrand. Les Pégot-Ogier du XIXeme siècle campés, je pourrai essayer de remonter dans l’histoire de cette famille et de celle des généraux Pégot, vraisemblablement apparentés.
I) Les Pégot-Ogier, acteurs de la Seconde République
1) Jean-Baptiste
Qui est Jean-Baptiste Pégot-Ogier ?
En 1848 ce n’est pas un inconnu à Toulouse. Il est né à Saint-Gaudens le 28 thermidor an III (15 août 1795)[5], dans une famille de la classe moyenne, dirions-nous aujourd’hui. Son père, Jean-Pierre Pégot-Ogier est dit tantôt propriétaire, tantôt greffier au tribunal ordinaire des douanes[6], tantôt militaire retraité et en 1832 chef des bureaux de la direction des impôts indirects. Sa mère s’appelle Jeanne Dufour. Ils habitent rue du Barry à Saint-Gaudens (Haute-Garonne). Ce n’est plus la famille de notables aisés des siècles précédents ; les 8 enfants, garçons et filles, vont certes à l’école et font même des études mais ils doivent tous travailler : la sœur de Jean-Baptiste est dite débitance de tabac sur son acte de décès en 1830.
Jean-Baptiste, comme son père, changera souvent de profession et y rajoutera une instabilité de domicile, à Toulouse le plus souvent.
Il est qualifié selon les documents et selon les dates de cultivateur, propriétaire[7]; de greffier assermenté à la cour royale de Toulouse en 1823 ; puis négociant en sel à Toulouse dans le faubourg St Etienne[8] ; rentier à sa mort.
Il habite Toulouse avenue Saint Michel, puis faubourg Saint Etienne, puis 3 rue Guilhemery en 1857. Et à Saint-Lys. En Algérie. A Saint-Gaudens.
Dans sa jeunesse, il a suivi le parcours des garçons de familles républicaines : il s’est engagé comme volontaire à moins de 17 ans, le 10 mars 1812, et a fait les campagnes de Saxe et de France ; à Waterloo, il est lieutenant des grenadiers. Mis en demi-solde à la Deuxième Restauration, il démissionne. Il prend part aux complots contre les Bourbons et Louis Philippe ; placé sous surveillance spéciale de la police, il est même condamné à quelques mois de prison. [9]
Nous connaissons un peu sa vie grâce à la surveillance policière dont il fut l’objet.
Le premier document de ce type est une lettre du Ministère de l’Intérieur datée du 22 mars 1841[10] : elle fait référence à une lettre cryptée ( en caractère de convention ) adressée à J-B Pégot-Ogier et interceptée ; le Ministre s’inquiète du fait qu’elle donne des indications précises ne pouvant émaner que des policiers.
Un rapport du 4 février 1843 du Commissariat central de police de Toulouse[11] indique que la surveillance est constante : Le Sieur Pégot-Ogier chez qui nous avons recherché des armes le 3 courant a pris un passeport pour Paris le samedi 4. Le lendemain un rapport précise que c’est le fils, 18 ans, qui est parti pour poursuivre ses études de mathématiques à Paris.
A Toulouse, comme dans toutes les grandes villes, la police surveille de très près les opposants politiques, et pour cause. Comme l’écrit Jeanne Gilmore [12], les républicains s’activent et se préparent à prendre le pouvoir, échaudés par l’échec de 1830. Ils s’organisent en réseau à différents niveaux géographiques et restent en relation avec les « partis » républicains nationaux. Au niveau régional, les républicains se réunissaient régulièrement au « Capoul » ou à « La comédie » place Lafayette (actuelle place Wilson) à Toulouse ; les républicains toulousains se retrouvent souvent à Saint-Cyprien au café Durand. Ces rencontres se font parfois sous le label de la loge maçonnique, ce qui ne trompait pas toujours les policiers.[13]
Les républicains, que, en 1848, l’on appellera républicains de la veille, pour les différencier des opportunistes ou des récemment convertis, sont assez nombreux dans le Sud-Ouest à partir de 1840. Mais peu organisés et divisés en « républicains socialistes » ; « communistes » ; « radicaux socialistes » ; « radicaux socialistes politiques » dont les chefs sont Joly, Bernard Mulé, Pégot-Ogier, Gatien-Arnoult, Roquelaine.[14] Ils ont même un journal à Toulouse, journal qu’ils réussissent à maintenir à flot du 1er janvier 1837 au 6 décembre 1851, L’Émancipation[15] qui a un très faible tirage comme pratiquement tous les journaux de l’époque ; mais, surtout grâce aux articles de Rebeyrolle, ce journal a une réelle audience dans les milieux “radicaux” selon la terminologie de l’époque ( le mot “républicain” est interdit en 1837). Le directeur en a été Paya, remplacé plus tard par l’avocat Jacques Joly puis par Armand Duportal. Il reste modéré, réclamant une réforme électorale et parlementaire et des réformes sociales ; il soutient la libération des peuples en Italie, Pologne, Allemagne, Suisse, Canada et, à partir de 1847 il essaie d’organiser des banquets.
La société toulousaine est alors agitée de soubresauts très étroitement surveillés. La venue de Flora Tristan, si elle ne provoque pas de troubles, permet des contacts avec le milieu ouvrier parisien. Mais les ouvriers sont peu nombreux à Toulouse et taxés de « communistes ». Le pouvoir se ridiculise lors d’un procès contre « un complot communiste » en 1843 avec pour seule accusation des propos tenus au cours d’un banquet, le 15 janvier : des républicains avancent l’idée de s’emparer de l’arsenal et de postes militaires ; ils sont immédiatement arrêtés et traduits en justice le 21 août. A toutes les questions, les jurés répondent non ; les inculpés sont libérés aussitôt et acclamés par une foule énorme. En fait, il n’y a jamais eu de complot mais seulement des paroles en l’air.
En 1846, viennent aussi à Toulouse, Arago, en juillet, à l’hôtel du « Grand soleil » et quelques jours après Louis Blanc qui réunit les ouvriers au « Café de l’Europe » place du Capitole.[16]
Les banquets, à Toulouse, subissent des interdictions de dernier moment. En 1947 Joly et les républicains contournent l’interdiction en organisant des banquets de 20 personnes un peu partout dans la ville[17]. Puis ils bravent l’interdit et, le 9 janvier 1848, 750 républicains se retrouvent dans le calme route de Paris dans l’ancien couvent des Minimes.
Février-mars 1848 à Toulouse
Les 22, 23 et 24 février 1848 : lors de ces 3 journées révolutionnaires, la monarchie s’effondre, un gouvernement provisoire est constitué, dirigé de fait par Lamartine, avec Ledru-Rollin au ministère de l’Intérieur. La nouvelle a été envoyée en province par le télégraphe Chappe[18] ; mais, à Toulouse, le préfet attend qu’elle arrive par la malle poste, le 25 février, pour afficher la proclamation. C’est aussitôt l’effervescence ; le chef du parti républicain, l’ancien député de l’Ariège l’avocat Jacques Joly, est en train de plaider dans un procès retentissant ; on va le chercher et une foule enthousiaste quitte le palais de justice pour se rendre au Capitole : du balcon, Joly proclame la République. Pégot-Ogier Jean-Baptiste est un des signataires de la proclamation : La révolution qui vient de s’accomplir nous a placés à la tête de la population toulousaine qui nous a confié les fonctionnements municipaux et départementaux.[19]
Très rapidement se met en place un pouvoir provisoire sous la houlette de Jacques Joly[20]. Jean-Baptiste Pégot-Ogier est membre de la « Commission municipale et départementale de la Haute-Garonne ». Puis, Joly, qui vient d’être nommé par Ledru-Rollin « Commissaire de la République pour les départements de la Haute-Garonne et du Gers », crée une commission départementale, le 1er mars 1848, dont Pégot-Ogier fait partie. Un peu plus tard, un arrêté de Joly du 12 mars créant un conseil de discipline provisoire de la Garde nationale de Toulouse, stipule : Pégot-Ogier chef de bataillon, Président[21]. C’est dans cette tenue qu’il se fait portraitiser[22].
A Toulouse, la République s’installe dans le calme, sans démagogie[23] et dans une atmosphère de fête républicaine, comme partout[24]. Le peuple n’intervient pas ; de fait les socialistes qui s’appuient sur les ouvriers, peu nombreux dans la ville, restent faiblement influents. La nouvelle administration est homogène et formée de « républicains de la veille ».
Jean-Baptiste Pégot-Ogier, Commissaire de la République dans le Gers[25]
Un arrêté de Joly du 6 avril[26] délègue le citoyen Pégot-Ogier membre de la commission départementale de la Haute-Garonne pour remplir les fonctions de commissaire provisoire du gouvernement dans le Gers. Dans leur dictionnaire des préfets, ses collègues avancent sa nomination : Commissaire du gouvernement du Gers nommé par le commissaire général Joly du 29 février au 5 mars.[27]
En fait, il exerçait cette fonction début mars comme le prouvent ses lettres sur papier à en-tête du Commissaire de la République du Gers, lettres adressées à Joly[28] : le 9 mars, il vient d’arriver (le 7 précise-t-il) et découvre les coteries à Auch et dans le département. Dès ce premier jour il nomme des sous-commissaires : Lamarque à Condom, Carbonneau à Lectoure, Sahuqué à Lombez (celui-ci a été proposé par Joly et Pégot-Ogier commente : votre choix n’est pas heureux), Ducos à Mirande. Il demande l’autorisation de créer un journal organe de l’administration.
Une autre lettre, du même jour, relate un incident à propos du colonel du 2ème Hussards, Gagnon, mal accueilli à Auch : Pégot-Ogier cède aux mutins et, par un arrêté du 10 mars, lui demande de quitter la ville. Mais il est inquiet de son départ et écrit le 12 avril : le départ des hussards a laissé le Gers dépourvu de troupes. Les élections approchent. Elles peuvent dans l’irritation actuelle des esprits[29] amener des collisions qu’il serait impossible de réprimer. Le ministère envoie un escadron du 2ème Chasseurs.
Pégot-Ogier organise lui-même l’administration du département dévolue à une Commission départementale de 3 membres ; les sous-commissaires lui font des rapports quotidiens ; chacun veille de très près au déroulement des élections municipales et nomme les maires.
Ledru-Rollin insiste pour que tous les responsables administratifs et juridiques soient changés ; Pégot-Ogier s’y emploie mais échoue en ce qui concerne la justice à Condom, épuration demandée par le Ministre de la Justice Crémieux mais contestée par le Procureur général d’Agen qui n’a pas été consulté : celui-ci interdit aux tribunaux du Gers de recevoir les commissaires du gouvernement, de leur prêter serment et de les installer.[30]
Pégot-Ogier essaie d’agir par la persuasion et non par la force. Il ne réussit pas toujours : à Auch, pour dénouer la crise de la commission municipale, il impose Alem-Rousseau comme maire provisoire, ce qui ne fera qu’envenimer durablement les relations entre les républicains modérés de la ville tel qu’Alem-Rousseau et ceux que l’on appellera les « rouges » autour du maire blackboulé Canteloup. Il est vrai qu’il lui était difficile de faire autrement si on en croit la lettre de la 13ème légion[31] de gendarmerie d’Auch à Joly : M Pégot-Ogier trouve peu d’hommes et d’idées politiques à Auch mais beaucoup d’ambition et de haine de famille.
Ainsi la République s’installe sans grandes difficultés sauf dans l’Est du département où un aristocrate grand propriétaire, le marquis de Panat, est toujours influent et reprendra très vite la main ; en ce mois de mars le sous-commissaire Belliard, homme sûr choisi par
Pégot-Ogier, ne peut que déplorer cette influence légitimiste et constater qu’il y a peu de républicains purs ; en conséquence, il s’inquiète de ne pouvoir bien préparer les élections, faute de temps, et il se plaint de la multiplication des listes républicaines.
Pégot-Ogier signale aussi le 30 mars[32], la grève des quelques ouvriers du département : ceux qui ont été embauchés pour creuser le canal de la Baïse dont les travaux sont interrompus.
Les élections s’annoncent sous de mauvais auspices : dans sa détresse financière, le gouvernement provisoire avait décrété, le 16 mars, une contribution extraordinaire de 45 centimes par franc sur les 4 contributions directes, les patentes, les impositions locales. Cette contribution supplémentaire frappe surtout les petits cultivateurs. Le maire ou le percepteur est chargé de dresser la liste des contribuables exemptés, sans aucune consigne définissant les critères ; l’arbitraire peut donc régner ou être soupçonné. Les paysans attendaient de la République un allégement fiscal et elle les frappe d’un impôt supplémentaire ! Leur déception est d’autant plus rude qu’une série de mauvaises récoltes, la dépréciation des produits agricoles, la rareté du numéraire ont entraîné une gêne cruelle et générale. Ajoutons que, dans cet été de 1848, la grêle ravage la moitié des communes du département et que le vin se vend mal ou à bas prix. Le décret du 5 avril, qui prévoit des dégrèvements, incite les contribuables à retarder le paiement dans l’espoir d’une suppression de l’impôt. Les maires refusent de collaborer et, finalement, les percepteurs sont chargés d’établir seuls les listes de dégrèvement mais les contribuables résistent.
Le 20 avril, Pégot-Ogier informe le ministre des difficultés du recouvrement des 45 centimes. La rébellion gagne. Le procureur général écrit que, de Mirande et Nogaro aux Pyrénées, dans le Gers, les Hautes et les Basses-Pyrénées, plus de 100 communes se sont liguées contre les 45 centimes. A l’appel du tocsin les insurgés se portent en masse aux lieux où opéreront les agents du fisc.[33]
Dans le Gers de véritables émeutes se propagent pendant tout l’été et l’agitation dure pendant une année.
La dernière lettre de Pégot-Ogier à en-tête de la Préfecture du Gers date du 14 mai, alors qu’il n’est plus préfet et que Prosper Barousse est arrivé et fait un rapport sur le département ce même 14 mai.[34]
La préparation des élections
Par décret, le gouvernement provisoire a décidé d’un scrutin de liste départemental ouvert et à un seul tour, au suffrage universel (masculin).
Pour préparer les élections Pégot-Ogier crée et soutien financièrement un journal Le Républicain du Gers qui monte une liste de candidats, le premier étant Ledru-Rollin. Canteloup en crée un autre, le Franc-Républicain, qui soutient une autre liste. Certains candidats se retrouvent sur les deux listes ce qui favorisera leur élection. L’Opinion, journal d’opposition, propose une liste de monarchistes.
Jean-Baptiste ne néglige pas sa propre candidature dans la Haute-Garonne. Il est sur la liste du « Comité central républicain de la Haute-Garonne », soutenue par l’Émancipation, qui comprend 14 candidats pour 12 sièges :
Joly ancien député ; Arnaud Marrast rédacteur en chef du « National » ; Mulé aîné négociant ; Vivent minotier ; Pagés ancien député ; Pégot-Ogier cultivateur ; Bonnet fondeur ; Jannot rédacteur en chef de « l’Émancipation » ; Azerm agriculteur ; Gatien-Arnoult professeur de philosophie ; Sauriac Commissaire du gouvernement à Montauban ; Calez docteur en médecine ; Soulès propriétaire ; Jallier propriétaire.[35]
Pégot-Ogier prépare donc les élections dans les deux départements et plus particulièrement dans l’arrondissement de Saint-Gaudens où coexistent deux comités électoraux : le « Comité Radical Républicain » présidé par Adolphe Pelleport et le « Comité Républicain » avec Pégot-Ogier aîné, Commissaire du Gers[36] ; ils décident de fusionner dans le « Comité Républicain National »[37].
Sa profession de foi est imprimée et envoyée depuis Auch[38] à un de ses amis de Saint-Gaudens :
Peuple par la naissance, par l’éducation toute militaire de mon enfance, par mes mœurs, j’ai eu ma part de toutes les misères qui affligent le prolétaire ; ma vie n’a été qu’une exposition publique, manifeste, de mes opinions démocratiques. […] Je veux le triomphe complet, absolu, de la République ! […] Je veux protection à toutes les opinions qui ne se traduiront pas par une révolte contre elle ; je veux la protection de la famille sans laquelle il n’y a pas de patrie ; je veux la protection des propriétés, des opinions religieuses, des personnes.
[…] Je veux que l’on s’occupe immédiatement du sort des travailleurs. […] Dans cette désignation générale de travailleurs, ma première pensée se tourne vers cette classe la plus intéressante, la plus abandonnée, les travailleurs de la terre, pères nourriciers de la patrie. […]
Ce que je sais, c’est que j’idolâtre ma patrie, c’est que je la veux grande, puissante, glorieuse, unie par ce triple lien de l’Égalité, de la Liberté, de la Fraternité !
Signé : SALUT et FRATERNITÉ, Jean PÉGOT-OGIER, AINÉ
Représentant du peuple
Il est élu le 23 avril en Haute-Garonne (6ème sur 12 avec 51063 voix). Marrast, aussi élu de la Haute-Garonne, choisit Paris[39]. 8 républicains élus sur 12 mais très peu de démocrates. Cet échec relatif s’explique en partie par le décret du gouvernement provisoire sur les 45c.
Les travaux de l’Assemblée constituante débutent le 4 mai. La composition de l’Assemblée constituante fait débat parmi les historiens : certains comptent, sur les 851 élus, près de 500 républicains, en y incluant les « républicains du lendemain », et 300 monarchistes déclarés. Pour d’autres historiens l’assemblée est beaucoup plus conservatrice : il n’y aurait que 230 républicains modérés et 60 avancés.
La grande caractéristique de cette assemblée est le fort pourcentage de notables : aristocrates, grands propriétaires pour les conservateurs, avocats pour les républicains et seulement 20 députés issus des couches populaires et pas un seul paysan !
Pégot-Ogier est membre de la commission des affaires étrangères.
L’Assemblée constituante travaille sous la pression du peuple parisien ; les élus sont hantés par le souvenir des massacres de 1793 et louvoient pour ne pas donner trop au peuple et pour sortir de la crise économique. Lamartine propose, en vain, de nationaliser les chemins de fer pour employer les hommes qui sont dans les ateliers nationaux créés par décret. La fermeture de ces ateliers est l’occasion de confrontations et l’invasion de l’assemblée le 15 mai par les ouvriers et artisans de Paris (ils demandent que la France soutienne la révolution polonaise) va précipiter la majorité des élus dans les bras des conservateurs. Les chefs, ou supposés tels, de cette manifestation sont emprisonnés. Devant les troubles des 22 et 23 juin et les affrontements sanglants, l’Assemblée constituante donne les pleins pouvoir à Cavaignac. Les barricades sont prises l’une après l’autre, 3000 Parisiens massacrés et 11 000 arrêtés. Lamartine, qui voulait éviter que l’on tire sur le peuple, a échoué.
Le 28 juin l’assemblée nomme Cavaignac président du Conseil des ministres. Il est contraint d’adopter la politique du « parti de l’ordre »[40] et organise la répression ; les libertés accordées en mars sont supprimées malgré l’opposition virulente de Lamartine, de Victor Hugo (qui a été élu député le 4 juin) et d’une minorité de républicains dont Jean-Baptiste Pégot-Ogier : ensemble ils votent le 26 août contre l’autorisation de poursuites à l’encontre de Caussidière et Louis Blanc accusés d’être les meneurs des journées de juin. Toujours avec les minoritaires, le député de la Haute-Garonne vote[41] par exemple pour un impôt progressif, (3 juillet) ; pour le bannissement des Orléans…
La répression touche l’administration : le Préfet de la Haute-Garonne est déplacé pour avoir participé le 21 septembre à un banquet commémorant l’avènement de la Première République, au cours duquel des cris en faveur de Barbès et Blanqui avaient retentis ; le maire de Toulouse doit démissionner pour la même raison.
L’Assemblée constituante continue de travailler. Une commission (comprenant Marrast) prépare la Constitution dont les points litigieux donnent lieu à des débats passionnés. Le droit du travail est rejeté par 596 voix. De même la séparation de l’Église et de l’État. Victor Hugo demande que l’abolition de la peine de mort soit inscrite dans la constitution ; Jean-Baptiste vote comme lui ; ils sont 30 !
La radicalisation droite/gauche est patente. Et Louis-Napoléon Bonaparte saura en profiter ; il est élu député de Paris en septembre. Par son éditorial (non signé), le journal républicain modéré du Gers, Le pays, réagit : Républicains ! Prenez garde à vous ! Les élections de Paris ont donné la victoire au « citoyen » prince Louis-Napoléon Bonaparte […]. Il peut se créer un parti puissant, ne pas limiter son ambition aux vulgaires honneurs de la tribune, et escalader l’un après l’autre le consulat, la présidence et l’empire.[42]
C’est le pouvoir exécutif qui donne lieu aux débats les plus vifs : le Président doit-il être élu au suffrage universel ? Certains républicains pensent qu’il y a danger de dérive monarchique et l’expriment. L’Émancipation écrit dans son éditorial du 11 octobre :
Pourquoi déposer enfin aux pieds d’un président cette couronne qu’on vient d’arracher à un roi ? Une telle élection est un sacre bien autrement divin que l’huile de Reims et le sang de Saint-Louis.[…] En choisissant un président nous allons entrer plus avant dans la politique personnelle. […] Et puis, nous l’avons déjà dit, le suffrage universel de la France entière nous alarme et nous épouvante, parce qu’il profite à une seule personne.[43]
Pour faire face à ce risque, Jules Grévy propose un amendement, voté par Jean-Baptiste, qui ne ne recueille que 158 voix.
L’ensemble de la Constitution est soumis au vote le 4 novembre : Jean-Batiste s’abstient ; Victor Hugo et 29 autres votent contre. Elle obtient 730 voix et est promulguée le 21 novembre. Elle prévoit un président élu au suffrage universel avec des pouvoirs considérables.
Élections présidentielles
Dans la foulée les élections présidentielles sont fixées aux 9 et 10 décembre. A Saint-Gaudens se constitue un Comité central électoral présidé par le général Pégot ; à l’unanimité ces républicains choisissent de soutenir la candidature de Cavaignac.[44] Le résultat est conforme à celui de l’ensemble du pays : la ville de Saint-Gaudens a donné 2774 voix à Bonaparte ; 525 à Cavaignac et 135 à Ledru-Rollin[45].
L’Assemblée constituante dans l’opposition
A l’Assemblée constituante, Jean-Baptiste participe par ses votes à la résistance contre la montée en puissance du pouvoir du Président : il vote contre l’interdiction des clubs le 29 janvier, avec la majorité de l’assemblée, mais un coup de force de l’armée l’impose ainsi que la dissolution de l’Assemblée. C’est la majorité encore, et Jean-Baptiste avec eux, qui se rebiffe à l’annonce de l’envoi de troupes à Rome contre les républicains italiens.[46] Par 328 voix contre 241 les députés blâment le pouvoir exécutif. La gauche, dont Jean-Baptiste, demande le 11 mai la mise en accusation du président de la République qui a soutenu l’expédition romaine.
C’est trop tard. A partir du 13 mai on vote partout en France pour élire une assemblée législative. La bipolarisation marque ce scrutin : « blancs » contre « rouges » ; c’est à dire : parti de l’ordre (hétéroclite : bonapartistes, légitimistes, orléanistes, catholiques) contre républicains organisés dans le « Comite socialiste démocratique », d’où leur nom de démoc-soc avec pour chef Ledru-Rollin. Les républicains modérés n’ont aucune chance de se faire entendre.
Élections législatives
Dans la Haute-Garonne, tous les élus sont à droite ; c’est le seul département du Sud-Ouest : dans la Haute-Garonne, où la population n’a pas trop souffert de la crise et où l’organisation rurale est peu propice aux hostilités internes, tous les élus appartiennent au parti de l’ordre malgré les succès appréciables des rouges ( 30 a 40 pour cent)[47]
Une étude plus minutieuse des résultats serait nécessaire pour appréhender cette accentuation de la bipolarisation dans le département.
Un avis autorisé est cité par Maurice Agulhon[48], celui de Charles de Rémusat, élu de la Haute-Garonne, orléaniste libéral qui rejoindra les républicains modérés par crainte du pouvoir personnel : J’ai dû dire que nulle partie de la France n’était moins politique que l’arrondissement de Muret. La composition de la société, toute de petits propriétaires, bourgeois, campagnards ou paysans, les occupations strictement agricoles et casanières, les habitudes d’étroite économie, le défaut presque absolu de culture d’esprit, tout y préservait les gens des lumières comme des préjugés de la politique. Depuis quinze ans mon élection à peu près incontestée, le pays livré à lui-même par la préfecture qui renonçait à me le disputer, enfin mon caractère ou mes calculs personnels avaient contribué à la maintenir dans une ignorante indifférence.
Survient le 24 février : nos communes rurales tout en restant paisibles, n’étaient pas cependant absolument étrangères au mouvement général. Sans y être préparés, sans y rien comprendre, les paysans savaient fort bien que l’événement qui venait de s’accomplir intéressait les pauvres, qu’ils allaient compter pour quelque chose et que leur condition devait être modifiée. Je trouvais ces idées à Lafitte même où tout le monde cependant se prononçait pour moi. On y venait chanter La Marseillaise dans mon jardin, et mes relations avec mes ouvriers restaient bonnes, mais ce n’étaient plus les mêmes . Leur ton et le mien avaient changé.
Implicitement Rémusat reconnaît que le malaise social conduit à l’émergence d’une conscience politique ; que le suffrage universel, par son rôle éducatif, fait entrevoir la possibilité d’une action contre les possédants. C’est pour cela que les paysans les plus pauvres se tournent vers la république sociale.
À Saint-Gaudens les républicains avancés se sont activés si l’on en croit le sous-préfet qui décrit le 25 avril 1849[49] une réunion électorale composée des plus avancés en opinions violentes et subversives sous la présidence d’un sieur Pégot-Ogier parent du représentant.
Non loin de là, en avril toujours, le sous-préfet de Muret signale[50] que « la brigade de gendarmerie de Saint-Élix a saisi le 19 du courant dans la commune de Mondavezan plusieurs feuilles imprimées avec des caricatures injurieuses dirigées contre M le Président de la République. J’ai eu sous les yeux ces imprimés, ils paraissent remonter à l’époque de l’Élection du Président de la République et ne pas être récents. Le procès verbal de gendarmerie n° 120 du 22 avril précise que c’est M Auguère maire qui a fait distribuer par son fils Léon une grande quantité de caricatures. Il en reste beaucoup. 24 exemplaires ont été saisis.
C’est que partout des colporteurs[51] diffusent des pamphlets, des caricatures, des textes, républicains ou contre le régime présidentiel. Les associations de métiers, autorisées depuis le printemps 1848, sont des lieux d’éducation populaire ; elles se multiplient avec le soutien des journaux républicains. Parallèlement à cette propagande souterraine, les contrôles se renforcent, la surveillance s’inscrit dans la vie sociale. À Toulouse, sont l’objet de toutes les attentions policières les journaux comme L’Émancipation ; les cafés (place Lafayette le « café de la Comédie » fréquenté par un grand nombre de révolutionnaires ; l’ « Hôtel de l’Europe » place Lafayette ; le « Café européen » place du Capitole…), les colporteurs et tous les voyageurs, les instituteurs… Par lettre, le Ministre de l’Intérieur s’inquiète des désordres qui ont eu lieu dans la ville à l’occasion de la représentation de la pièce La propriété c’est le vol .[52] Le 10 juin 1849 les Montagnards sont à nouveau dans la rue pour s’opposer à l’aide militaire accordée par Louis-Napoléon Bonaparte au pape contre la jeune République italienne. Le pouvoir affirme qu’il s’agit d’un « complot » orchestré par les « rouges ». Des enquêtes sont menées partout avec perquisition à la recherche d’armes. Le résultat est quasiment nul : quelques vieilles armes et surtout des cris séditieux» ( Vive Ledru-Rollin, à bas Bonaparte …), des chants… La répression sévit partout en France, les montagnards sont arrêtés s’ils n’ont pas choisi l’exil et, symboliquement, les arbres de la liberté plantés en février 1848 sont arrachés[53]. A Toulouse les journalistes de L’émancipation et de La civilisation sont arrêtés : Armand Duportal rédacteur du premier ; Pégot-Ogier qui y écrivait souvent… Le procès a lieu le 10 octobre : ils sont tous acquittés par le jury.[54]
1849-1851
Durant l’année 1849 la France est balayée par un terrible épidémie de choléra. Les républicains se mobilisent ; les médecins démocrates qui étaient souvent des esprits novateurs, pionniers de l’homéopathie, se distinguent en créant des ambulances avec l’aide des militants de leur parti[55] . A Paris un Pégot-Ogier, docteur en médecine dans le Cinquième arrondissement, se dépense sans compter ce qui lui vaut une médaille.[56]
Dans le Gers, en juin 1849, un élu du parti de l’ordre, Lacave-Laplagne meurt peu après son élection. Le parti de l’ordre choisit comme candidat à l’élection partielle Lagrange propriétaire de la verrerie Saint-Joseph à Lectoure. Pour éviter les dissensions locales, les « rouges » choisissent un candidat étranger au département : Pégot-Ogier. Les comités montagnards de 17 cantons se rallient à cette candidature lancée par le comité démocratique-socialiste de Fleurance. Mais le 23 juin 1849 Pégot-Ogier, comme nous l’avons vu, est écroué à Toulouse sous prétexte de complot ; il ne sera relâché qu’en août ; instruit de son arrestation, le « Comité démocratique central du Gers » adopte à l’unanimité sa candidature et rejette celle d’Alem-Rousseau.
Le programme de Pégot-Ogier est celui des candidats montagnards aux élections du 13 mai. Le 29 juin L’Opinion [57] fait rage contre Pégot-Ogier : montagnard pur sang. Pégot-Ogier est en prison et se défend par sa propre nullité. Ce prévenu on va le chercher dans un cachot pour en faire un martyr. Aucun lien ne vous attache à lui. Un montagnard, voyez-vous, c’est un sectaire affilié à une hideuse franc-maçonnerie qui a juré de courber la France sous son abominable dictature…Au scrutin du 8 juillet il obtient 13 897 voix derrière Lagrange, élu avec 23 703 voix[58].
En septembre 1850 les républicains de Toulouse créent un nouveau journal La commune de Toulouse dont Pégot-Ogier est directeur ; il annonce 660 adhérents et 269 actionnaires qui ont pu rassembler 408 francs. J-B Pégot-Ogier a donné 10,15 francs ; d’autres beaucoup moins. Le journal a du avoir une vie très courte : je n’en ai trouvé qu’une mention[59]. Mais il témoigne de cet « activisme » des républicains, conscients que le salut n’était que dans l’éducation populaire.
Le pouvoir se radicalise : il restreint le suffrage par la loi du 31 mai 1850 et renforce le contrôle sur la presse. La surveillance s’intensifie de mois en mois dans tout le pays.
Face à une opposition qui tente de s’organiser en multipliant les réunions dans les bureaux du journal Civilisation (5 rue Lafayette), le pouvoir établit le 30 juillet 1851 en Haute-Garonne, une Liste des démagogues propagandistes, confidentielle[60]. Parmi les bourgeois on peut citer en première ligne :
Roquelaine, propriétaire – Mulé, négociant place Dupuy (Ces deux hommes sont les principaux acteurs de la scène démagogique ) – Pégot-Ogier, négociant ex représentant correspondant avec la montagne – Barousse « Civilisation ».
L’avocat Prosper Barousse, originaire d’Auzas (en Comminges), a été nommé par Joly Sous-commissaire de la République dans l’arrondissement de Muret où il a appliqué avec zèle les consignes de Ledru-Rollin. Puis il a remplacé Pégot-Ogier à la tête du Gers du 6 mai au 3 juin 1848. Il est rédacteur de La civilisation journal concurrent de L’émancipation mais plus radical. En 1851 il parcourt le Comminges pour annoncer qu’il a fondé un journal, Le travail, qu’il veut distribuer gratuitement pour populariser dans les campagnes le principe de la démocratie. Il demande à Fonquières de Montréjeau d’être son correspondant.[61] Puis on n’entend plus parler de lui ; il ne signe pas la proclamation du 4 décembre 1851 : en 1852 il est installé à La Nouvelle-Orléans[62].
La liste des démagogues du 30 juillet 1851 est en fait un ensemble de listes de personnes classées par métiers. Le sous-préfet de Saint-Gaudens signale Julien Bougues négociant qui professe des opinions politiques avancées sans compter pourtant parmi les démagogues exaltés. C’est le beau-frère de Jean-Baptiste.
Les emprisonnements se multiplient. C’est que le pouvoir prépare le coup d’état ; en effet, d’après la Constitution, Louis-Napoléon Bonaparte ne peut pas se représenter et les élections présidentielles sont prévues pour le printemps 1852. Il va tenter de faire voter un amendement à la constitution mais il n’y croit pas. Pour lui, le coup d’état est la seule solution. Les républicains le voient venir et se préparent. Un banquet monstre est organisé le 22 septembre au Grand Rond à Toulouse. La chasse aux républicains s’intensifie.
Les journaux républicains préviennent leurs lecteurs. Si les grands ténors sont en prison ou en exil, dans les villes et les bourgs de province se sont multipliées les sociétés secrètes pourtant interdites ou les loges, tolérées ; s’y activent essentiellement des hommes qui du fait de leur métier se déplacent : médecins, vétérinaires, garçons meuniers, colporteurs, métiers de la forêt … mais aussi les instituteurs, les cabaretiers, les hommes de loi, les artisans…[63]
Dans l’arrondissement de Saint-Gaudens le journal L’Émancipation est distribué gratuitement d’après le sous-préfet et il cite ceux qui travaillent avec une ardeur nouvelle à la propagande révolutionnaire : Dubernat, ancien sous-commissaire, dans le canton de Boulogne ; Pointis membre du Conseil général dans celui de Montréjeau ; Manent dans celui de Saint-Bertrand de Comminges, Jean-Marie Pégot-Ogier dans l’ensemble de l’arrondissement ; Milhan, instituteur révoqué, dans le canton de Salies.[64]. Des fonds sont collectés pour diffuser des feuilles gratuites.
Des rumeurs courent : la police prétend que se prépare une invasion de la France par le Val d’Aran[65]. Les opposants croient en l’assassinat de Louis-Napoléon Bonaparte ou à son emprisonnement. Beaucoup d’hommes circulent, s’agitent, discutent.
2) Jean-Marie Pégot-Ogier et la République en Comminges
Il est le frère cadet de Jean-Baptiste. Jean Marie, né le 7 novembre 1799 à Saint-Gaudens, est pharmacien d’abord au sein de l’hospice puis, après sa révocation due à ses idées politiques, il ouvre une officine rue du Barry (actuelle rue Victor Hugo). En 1843 il est élu conseiller municipal[66]. Il meurt le 27 septembre 1871, à 72 ans, dans sa maison rue du Barry, très pauvre.[67]
Pendant toute sa vie il s’est engagé ce qui explique en partie son appauvrissement. Un certificat de la commission municipale de Saint-Gaudens, daté du 3 août 1848, atteste que Pégot-Ogier Jean-Marie a toujours été républicain ; qu’il a fait partie des sociétés secrètes sous la monarchie de juillet, que dès février il a arboré le drapeau tricolore auquel, guidé par les traditions de sa famille, il avait, dès son enfance, voué un culte intime et ardent.[68]
En 1836 le sous-préfet raconte [69] un charivari, à l’occasion d’un banquet en l’honneur d’Amilhat, député conservateur, charivari organisé contre Pelleport, Pégot-Ogier pharmacien et Bougues fils.
Dès qu’il connaît la révolution de février, Jean Marie Pégot-Ogier s’empare, au nom du peuple, de l’hôtel de la sous-préfecture.[70]
Joly a nommé sous-commissaire de la République Bernard Debernat médecin à Cardeilhac[71] puis Bergounioux (avant le 26 avril) ; celui-ci reste en poste jusqu’en août.[72] Comme tous les sous-commissaires, ils écrivent régulièrement au préfet. Dès sa nomination Debernat donne son sentiment sur la Révolution : Dans cet immense arrondissement, la population s’agite comme pour chercher un bonheur dont elle n’a qu’une idée vague. Ce qu’on appelle la bourgeoisie et que la révolution vient de confondre avec le peuple est animée des meilleurs sentiments pour les principes démocratiques, qu’elle accepte sans réserve, à l’exception pourtant de quelques ambitieux, qui courent après les révolutionnaires pour les tourner à leur profit[73].
Jean Marie Pégot-Ogier est président de la commission d’arrondissement. Ses titres restent confus et variables ; en ces temps d’intense bouillonnement, les ambitions se heurtent les unes aux autres et les dénigrements sont légion ; il est difficile de démêler le vrai du faux, le transitoire du durable. A Saint-Gaudens depuis longtemps la guerre est ouverte entre les Pelleport et les Pégot-Ogier ; elle s’exacerbe pendant ces mois de 1848. Depuis 1847 Maxime Pelleport est maire par interim. Joly essaie de satisfaire les deux parties[74] ; en vain. Ses sous-commissaires successifs présentent Pelleport comme un trublion[75]. Peut-être sont-ils partisans ; néanmoins il semble que Pelleport soit un républicain opportuniste alors que les Pégot-Ogier ont fait leurs preuves. Les maires défilent à Saint-Gaudens : l’avocat François Dabeaux en mars ; puis le général Pégot. Mais celui-ci, républicain convaincu et général d’Empire, est âgé. Son remplacement est difficile d’après une lettre du Sous-commissaire : le général Pégot a donné depuis plusieurs jours sa démission de Président de la Commission municipale de Saint-Gaudens. J’éprouve beaucoup de difficultés à le remplacer. Tatareau aîné propriétaire, d’un républicanisme jusqu’ici peu connu, se propose mais il impose trois hommes qui ont le tort grave d’avoir été jusqu’ici des républicains douteux. Je suis fort embarrassé.[76]
Les troubles dans la vallée de la Barousse
Ce ne sont pas les seuls soucis du sous-préfet qui doit faire face à une crise majeure très vite présentée comme une jacquerie : l’agitation dans la Barousse débute dès l’annonce de la proclamation de la République. Du 29 février au 3 mars, des bandes de villageois attaquent, pillent, rançonnent les villages de la vallée et du nord du Luchonais, puis menacent Saint-Bertrand-de-Comminges[77].
Si cette explosion de colère est une réponse à la loi votée le 27 mai 1827 et au Code forestier qui lui fait suite[78], elle a des causes beaucoup plus profondes et plus anciennes. La vallée est trop peuplée pour le peu de terres utiles, les pâturages et les estives peu étendus ; sur ces montagnes d’altitude moyenne la forêt monte pratiquement jusqu’au sommet. Pendant des siècles les Valléens ont profité de droits d’usage de la part de leur seigneur (coutume du 7 juin 1300) puis du roi qui confirme la coutume à chaque avènement[79]. Mais au 17ème siècle la propriété de la forêt étant reconnue en indivis entre le roi et le seigneur de Mauléon, le baron commence à contester les droits des communautés. De son côté la Maîtrise des eaux et forêts, établie à Saint-Gaudens, essaie d’empêcher les coupes de bois qui s’intensifient avec la pression démographique au 18ème siècle. La seigneurie est vendue vers 1760 aux Luscan, particulièrement intransigeants. Les procès se succèdent, endettant de plus en plus les communautés qui les perdent les uns après les autres. Les conflits locaux se multiplient, les Baroussais s’appauvrissent et s’endettent. Au 19ème siècle, la situation s’envenime encore avec le retour de Luscan qui, grâce à la loi de 1814 permettant aux émigrés de reprendre leurs biens, veut rentrer en possession de ses terres, forêts et châteaux avec tous les droits afférents. Un nouveau procès le 30 août 1834 confirme : les dites montagnes, forêts et vacants appartiennent par indivis et en toute propriété au Domaine de l’État et aux héritiers du Sieur de Luscan. Après appel de la part des communes, un nouvel arrêté, le 18 juin 1840, reconnaît la propriété des vacants aux communes. Ce droit continuera à être contesté par l’État comme par les héritiers de Luscan.[80]
L’annonce de la Révolution de 1848, comme l’avait fait celle de 1830, redonne espoir aux villageois qui tentent le tout pour le tout. L’avocat Vaysse, maire de Saléchan témoigne : au premier bruit de la révolution de février, Sost s’ébranle la première, et le drapeau noir en tête. Ce sont eux qui vont saccager le Bureau de l’Enregistrement[81]. Ils attaquent l’administration forestière et ses agents, et, s’ils en profitent pour piller et rançonner, ils exigent avant tout qu’on leur remette les registres forestiers, les documents relatifs aux condamnations pour délits à l’encontre de la forêt, les titres sur la forêt et même les insignes. Et ils brûlent le tout. Chez le percepteur ce sont les rôles des impôts qu’ils obtiennent. Il s’agit bien pour eux de tenter d’effacer les procès verbaux dressés par les agents forestiers ainsi que les rôles des impôts ; de contrôler la propriété de la forêt et son usage… Aux marchands de grains et à des usuriers ils extorquent des quittances pour les emprunts qu’ils ont contractés. Dans leur folle entreprise ils n’oublient pas l’intraitable propriétaire terrien, et usurier, et mettent à sac le château de Luscan qui appartenait alors à M de Goulard, ancien député, considéré comme très riche.[82]
Le préfet nommé en juillet a conscience de la dimension sociale de ces troubles. Il écrit[83] qu’à peine arrivé, il se trouve confronté à une agitation endémique et analyse la situation ainsi : J’étais à peine installé dans le département dont l’administration m’a été confiée que des rapports du sous préfet ont appelé mon attention sur l’arrondissement de Saint-Gaudens où des troubles graves se sont déjà manifestés et n’ont pas été complètement réprimés. Des renseignements que j’ai recueillis, il résulte que la population des montagnes de cet arrondissement, dont les plus faibles délits ont été punis avec trop de sévérité par l’administration des forêts, est animée des sentiments les plus hostiles contre les employés de cette administration et, aussi ignorante que coupable, croit se venger de ceux qu’elle appelle des persécuteurs en dévastant les forêts domaniales et communales.[…] Vous penserez comme moi, citoyen ministre, qu’il y a urgence à mettre un terme à cet état de choses ; voici les mesures que j’ai l’honneur de vous proposer pour arriver à ce résultat. Je suis bien convaincu que les plaintes des habitants des montagnes contre les agents de l’administration forestière ne pourraient être justifiées en tous points. Pourtant il me paraît vrai de dire que cette population pauvre a été traitée très sévèrement par les agents forestiers surtout dans les derniers mois du régime déchu. Aussi j’ai de fortes raisons pour croire que le changement de résidence d’un certain nombre de gardes serait d’un très bon effet et contribuerait puissamment au rétablissement de l’ordre, surtout si à côté de cette mesure, l’autorité agissait avec énergie pour arrêter et mettre sous la main de la justice les principaux coupables.
Il est une seconde mesure plus efficace assurément que la première et qui vous a été proposée par mon prédécesseur ; c’est celle de mettre à néant tous les procès verbaux dressés jusqu’au 28 février et sur lesquels il n’avait pas été statué à cette époque. Il est regrettable que vous n’ayez pas jugé convenable de prendre cette mesure lorsqu’elle vous a été proposée par le citoyen Joly. Elle aurait épargné beaucoup de dévastations et de dégâts.
Cette prise de position on ne peut plus claire était donc celle de Joly dès mars. De fait tous les ingrédients étaient rassemblés pour que l’annonce de la République libère l’explosion. Les autorités de Saint-Gaudens écrivent le 2 mars au Commissaire général Joly : Depuis 4 jours, nous avons écrit pour vous signaler notre position… et vous demander 2 compagnies de ligne pour nous aider à rétablir l’ordre horriblement compromis… Point de réponse. Votre silence nous a laissés dans une incertitude grave […] les perturbateurs se livrent au vol, au pillage, à l’incendie. Leur nombre s’accroît à chaque instant. […] Au nom de la République, répondez à notre appel ![84]
Au début, Joly a sous-estimé l’ampleur de l’insurrection. Le pouvoir doit faire rapidement face et protéger les biens et les personnes et par la même la République. C’est donc dans un premier temps la répression qui est organisée en utilisant les Gardes nationales, quelques soldats, et les gendarmes. Soit environ 3000 hommes divisés en deux colonnes. L’une remontant la haute vallée de la Barousse commandée par Louis Cercelet, commissaire de police à Montréjeau[85] mâte en 24 heures ces bandes de pillards qui avaient envahi les vallées de la Barousse. L’autre, formée essentiellement par les Gardes nationales de Saint-Gaudens commandées par le colonel Pégot-Ogier, ainsi que se nomme Jean-Marie lui-même[86] et le maire provisoire de Saint-Gaudens, Dabeaux, se porte au secours de Saint-Bertrand de Comminges, cible de bandes d’insurgés. La ville est sauvée, 98 attaquants faits prisonniers. Les troupes rentrent à Saint-Gaudens sous les acclamations. Et Joly se dit satisfait[87] : J’apprends avec plaisir que vous êtes parvenu à rétablir un peu d’ordre dans l’arrondissement que je vous ai chargé d’administrer et que la dévastation des forêts est maintenant arrêtée. Je compte sur votre zèle et sur votre patriotisme pour faire rentrer dans le devoir la population des communes révoltées et leur faire comprendre que le règne de la liberté tolère moins qu’un autre le pillage.
Et le sous-commissaire Bernat[88] écrit au Ministre de la guerre : Pégot-Ogier Jean-Marie, colonel de la garde nationale de l’arrondissement de Saint-Gaudens, croit devoir vous signaler la conduite tenue par le brave maréchal de logis chef de la gendarmerie de Saint-Gaudens dans la journée du 3 mars : le citoyen Coupat[89].
Cet épisode sera amplifié par les journaux, y compris parisiens, et explique peut-être les résultats des législatives de 1849. L’agitation se poursuit jusqu’à l’automne comme en témoignent les lettres des sous-préfets. Le calme ne reviendra vraiment que quand Napoléon III, très habilement, par décret du 15 janvier 1858, amnistiera les condamnations pour délits et contravention en matière de forêt. Il aura fallu 10 ans pour que la demande des préfets successifs soit enfin entendue.[90]
Pendant l’été ont lieu, par deux fois, les élections, municipales étudiées par Madame Guillaumin. Jean Marie Pégot-Ogier n’en est pas : n’était-il pas candidat ? Ou plutôt considéré comme trop radical et donc opposant à Cavaignac et à Marrast ? Son rival, Maxime Pelleport est élu maire.
3) Les autres membres de la famille
Seul le beau-frère de Jean-Batiste a joué un rôle ; Julien BOUGUES, négociant à Saint-Gaudens, est membre de la commission municipale et d’arrondissement de Saint-Gaudens dès le 26 février 1848, aux côtés de Jean-Marie. En 1851, les deux Pégot-Ogier, la femme de Jean-Baptiste, Dominiquette Mathilde BOUGUES, et son frère Julien semblent participer au mouvement d’opposition au coup d’état : Bougues Julien aurait reçu une lettre de sa sœur informant de la venue d’un homme du parti démocratique. Lors de la constitution des listes de jurés d’assise, en 1852[91], il est dit de Julien Bougues : professe des opinions politiques avancées sans compter pourtant parmi les démagogues exaltés. Il faisait partie en 1848 de la commission provisoire installée à la sous-préfecture. Il possède une fortune de plus de 200 mille francs. Dans une cause politique son vote ne serait pas favorable à l’ordre social.
Une personnalité peut-être ambiguë.
Ce qui est à remarquer dans cet épisode suspicieux envers la famille, c’est la mention d’une femme parmi les acteurs, certes secondaires. Je n’ai trouvé qu’une dizaine de femmes un peu impliquées dans la vie politique, et cela dans le Gers et dans la Haute-Garonne. Le 19ème siècle est celui qui écrase le plus les femmes ; elles sont invisibles pour l’historien dans leur immense majorité.
Dominiquette Mathilde Bougues est née à Saint-Gaudens dans le courant de janvier 1801 (acte de notoriété) de François propriétaire et de Bertrande Lesseux (ou Vesseux ). Elle mourra chez sa fille à Jurançon dans les Pyrénées Atlantiques.
4) Préparatifs de part et d’autre
Les républicains savaient que se préparait un coup d’état ; ce qui ne les empêchait pas d’espérer que l’élection présidentielle de mars 1852 changerait la donne et d’œuvrer dans ce sens ; ils oscillaient ainsi entre lucidité et confiance en leur force.
Les républicains s’efforcent de répandre leurs idées, d’éduquer le peuple, partout, dans les villes comme dans les campagnes. Cette éducation populaire s’appuie sur des journaux tenus à bout de bras par les militants. Le sous-préfet signale en juillet 1851 que des meneurs partis de Toulouse vont de village en village, demandant une aide financière pour créer une feuille de journal gratuite en vue des élections de 1852.[92]
Aux yeux du pouvoir, les cafés sont des lieux très dangereux ; le préfet et les sous-préfets dressent une liste de ces endroits subversifs à tenir à l’œil. C’est à Montréjeau le café Dulort et l’auberge « L’éclair ». A Saint-Gaudens les cafés Mézean rue de la sous-préfecture, Sabatié rue de la Trinité, Robert rue Sainte Catherine, Sabatié sur la Place, Berthe rue d’Orléans. Et des auberges et cabarets encore à Saint-Gaudens : Blanchard rue d’Orléans, Arpajou au Foirail, Montieu et Carrière rue Goumet, Barousse rue du Barry, Saux rue Simonet. Cela en fait beaucoup, peut-être la majorité d’entre eux ! A Saint-Martory les cafés Castex et Savignac.[93]
II) Les Pégot-Ogier dans la tourmente
1) Le coup d’État
Louis-Napoléon Bonaparte a choisi le 2 décembre pour un coup d’état qu’il imaginait devoir être accepté passivement. À Paris, les quelques barricades dressées à l’appel des députés républicains, comme Victor Hugo, (définitivement passé dans le camp « démoc-soc »), ou Schœlcher, sont détruites en 3 heures par 20 000 hommes ; 300 à 400 morts ; les prisonniers sont fusillés sur le Champ de Mars, les journalistes arrêtés. Quelques départements explosent dans le Sud-Ouest en particulier : le Lot et Garonne, le Lot et le Gers. Ce n’est pas le cas de la Haute-Garonne. Dans les grandes villes la présence militaire et policière est très efficace. Le 3 décembre les républicains manifestent dans les rues de Toulouse et distribuent une proclamation signée par 63 d’entre eux, dont Jean-Baptiste Pégot-Ogier ; ils se dispersent dès la première charge de cavalerie. Le 4 décembre les journaux L’émancipation et La civilisation publient la protestation et les signatures[94] :
« Habitants de la Haute-Garonne.
CITOYENS ,
La Constitution de la République solennellement proclamée par les mandataires du peuple dispose :
. Art. 68. Toute mesure par laquelle le président de la République dissout l’Assemblée nationale, la proroge ou met obstacle à l’exercice de son mandat, est un crime de haute trahison. Par ce seul fait le président est déchu de ses fonctions ; les citoyens sont tenus de lui refuser obéissance ; le pouvoir exécutif passe de plein droit à l’Assemblée nationale.
. Art. 110. L’Assemblée nationale confie le dépôt de la présente Constitution et des droits qu’elle consacre à la garde et au patriotisme de tous les Français.
Il n’y a plus de Constitution !
M. Bonaparte qui avait juré devant Dieu et devant les hommes de lui rester fidèle, l’a déchirée de ses propres mains.
Il n’y a plus d’Assemblée nationale !
M. Bonaparte qui devait la respecter et la défendre comme l’expression de la souveraineté populaire, l’a dissoute et dispersée par la force.
Il n’y a plus de République !
M. Bonaparte, sous prétexte de salut public, concentre provisoirement en lui seul tous les pouvoirs, en promettant de restituer au peuple convoqué dans les comices et appelé à sanctionner d’abord l’usurpation commise puis à statuer sur lui.
Il n’y a plus de président !
M. Bonaparte, traître et parjure, n’est plus qu’un criminel d’État justiciable de la Haute-Cour nationale ; les citoyens sont tenus de lui refuser obéissance et quiconque, oserait lui prêter assistance deviendrait son complice.
Et ces horribles attentats, s’il faut en croire un placard officiel, signé d’un nom d’un préfet de la République, M. Bonaparte les aurait accomplis ave le concours de l’armée et aux applaudissements de la population de Paris ?
Mensonge ! Calomnie !
Les soldats de la République ne prostituent pas au service d’un César les armes que la patrie leur a confiées pour la protection de ses frontières et pour l’honneur de son drapeau.
Citoyens, le moment est venu où la France doit montrer au monde si elle est digne de la République et de la Liberté, ou si, abâtardie par la corruption et l’égoïsme elle doit se résigner à courber sa tête esclave sous le joug d’un traître.
Quand le pacte social est brisé, quand l’autorité légale a disparu pour faire place à un pouvoir de fait c’est au peuple seul qu’appartient le plein et entier exercice de la souveraineté, à lui de faire respecter son droit imprescriptible et inaliénable que ses mandataires ont déserté ou trahi.
Que les hommes de cœur avisent donc sans retard et que les bons citoyens leur viennent en aide ! Que partout les gardes nationales s’arment pour la punition des coupables et la défense de la Constitution, que dans chaque commune les comités révolutionnaires soient institués par acclamation, avec mandat d’organiser partout la résistance et au besoin la lutte contre l’usurpation, de suspendre provisoirement les fonctionnaires d’un pouvoir rebelle et de pourvoir à la sûreté publique.
Citoyens, il n’y a pas d’obstacle pour celui qui veut : que chacun fasse son devoir.
CRUBAILHES, rédacteur de la Civilisation ; Marie ACHARD, rédacteur de la Civilisation ; Isidore JANOT, rédacteur de l’Émancipation ; Armand DUPORTAL, rédacteur de l’Émancipation ; CAZENEUVE, rédacteur de l’Émancipation ; LUCER, avocat, rédacteur de l’Émancipation ; N. TACHOIRES, rédacteur de l’Émancipation ; St GRESSE, avocat ; DEBERNAT, rédacteur de l’Émancipation ; BAUGUEL, ancien Préfet de la République ; MULET, ex-constituant ; CAROLIS, mécanicien ; : F. MONDOUIS ; VIVENT, minotier ; F. MONNIE, ancien juge au tribunal de commerce ; ISTENAVE ex-sous commissaire.
Jean BAUX, ouvrier ajusteur ; TROY, menuisier ; J.-M. MERIC fils, négociant ; Frédéric DOSSET ; COUDOM, horloger ; BAILAND fils aîné ; Aristide BAUDEAN ; BOE, typographe ; FOX, fondeur en caractères ; Jean GRILLOU, boucher ; BÉGUÉ ; PRATVIEL-LANGE.
BÉNI-BARDE, membre du conseil général ; FABRE, avocat; Armand LEYGUE, ex-sous-commissaire du gouvernement provisoire ; RICHE, membre du conseil d’arrondissement de Narbonne ; BESAUCELLE ; Émile GRIMAILH, ancien officier ; Léopold CASSAGNE, typographe.
Le Préfet Piétri fait arrêter les signataires sous l’inculpation de complot contre la sûreté de l’État. Les journaux sont suspendus ou saisis : c’est la fin de L’Émancipation, et de La civilisation.
Saint-Gaudens n’échappe pas à l’émotion suscitée par le coup d’état. Le 4 décembre Jean-Marie Pégot-Ogier distribue, d’après l’accusation, la proclamation signée par son frère et apportée à Saint-Gaudens par la malle-poste ; elle a été envoyée par Madame Bougues à Julien Bougues qui la montre à Jean-Marie. Celui-ci dans une lettre au préfet reconnaît avoir lu à haute voix cette proclamation mais, d’après lui, sans en mesurer les conséquences. Il semble bien pourtant présider la réunion tenue au café Sabatier à Saint-Gaudens et dans laquelle furent votées par les démagogues l’appel aux armes et la dépossession des autorités.[95]
Le 5 décembre perquisition de sa maison ; le 6, mandat d’amener contre lui mais il a disparu. Il sera pris début janvier. De nombreux témoignages en sa faveur, dont celui du général Pégot, sont recueillis : ils minimisent son rôle dans la réaction au coup d’état. Cet épisode nous permet de connaître le « signalement » de Jean-Marie : 52 ans ; 1m80 ; front découvert ; yeux châtains ; nez droit ; bouche moyenne ; menton rond ; figure allongée ; teint pâle ; cheveux gris ; moustache blonde ; pas de signe particulier. Il souffre de rhumatismes.[96]
Toutes les réunions sont interdites et 200 hommes arrêtés ; quelques-uns ont réussi à fuir en Espagne dont Jean-Baptiste Pégot-Ogier. L’état de siège est proclamé dans 32 départements dont le Gers mais pas dans la Haute-Garonne.
2) La répression antirépublicaine
Les commissions mixtes
Partout en France, la répression est immédiate, spontanée au tout début puis organisée par les services de l’État qui créent une juridiction exceptionnelle connue sous le nom de commission mixte chargée de juger dans un laps de temps très court tous les républicains actifs. Ces Commissions mixtes sont formées du préfet, des autorités judiciaires et des autorités militaires. Elles ont un pouvoir discrétionnaire
Elles statuent très vite et choisissent une peine parmi celles prévues :
-pour les républicains repris de justice c’est Cayenne
-pour les républicains les plus avancés, c’est Algérie plus c’est à dire une prison en Algérie (en fait les travaux forcés)
-pour les modérés, c’est Algérie moins, c’est à dire l’Algérie où ils seront libres de travailler mais sous surveillance
-pour ceux qui ont joué un rôle moindre, c’est le bannissement à l’étranger ou dans un autre département.
Les commissions mixtes établissent des dossiers pour chacun des républicains emprisonnés ou en fuite. Puis décident d’une peine.[97]
95 cas ont été étudiés dans le département ; 70 hommes condamnés : 2 à Cayenne ; 10 à Algérie plus ; 11 à Algérie moins ; 9 expulsés du territoire ; 21 internés hors du département et 17 mis sous surveillance dans le département.[98]
Les condamnés politiques du Comminges
Les deux frères sont jugés et condamnés, comme l’indiquent les résultats des commissions mixtes.
Jean-Baptiste Pégot-Ogier : Attendu qu’il résulte de l’information que le Sr Pegot-Ogier, constituant, est l’un des signataires de la proclamation de « l’émancipation » ; que cet homme sans fois politique, s’est jeté dans le parti révolutionnaire espérant trouver dans ses excès les moyens de satisfaire ses besoins et son ambition ; qu’intrigant et bavard, il est signalé comme courant toujours à la piste des évènements, croyant y trouver une proie à saisir ; que sa moralité est suspecte même aux gens de son parti ; qu’il était l’un des principaux rédacteurs d’un journal socialiste de cette ville
Arrête qu’il sera éloigné du territoire français.
Jugement par contumace puisqu’il est en fuite.
Jean-Marie Pégot-Ogier : Attendu que les renseignements fournis à la commission signalent Pégot-Ogier comme ayant pris constamment et depuis longtemps une part active et influente aux menées démagogiques dans l’arrondissement de Saint-Gaudens, que cet inculpé a présidé les réunions du 3 et du 4 décembre dernier dans le café Sabathier à Saint-Gaudens, que l’expulsion des autorités légales avait été discutée et éventuellement décidée dans ces réunions, qu’on y avait appelé tous les hommes de l’arrondissement qui, à raison de l’exaltation de leurs opinions politiques paraissaient les mieux disposés à soutenir le mouvement et que le choix des autorités révolutionnaires qui devaient être constitué y avait été arrêté,
Attendu cependant que Pégot-Ogier est infirme et que l’état de sa santé de même que le dénuement dans lequel il se trouve pourrait rendre pour lui trop désastreux le séjour à l’étranger .
Arrête
Le Sr Pégot-Ogier sera interné dans un autre département et mis sous la surveillance du ministère de la police générale.
Il choisit Pau comme lieu d’internement. Une précision : ce que policiers et juges appelaient « internement » était une assignation à résidence dans une ville où le condamné pouvait travailler mais sous une surveillance constante.
De l’arrondissement sont aussi condamnés :
ABADIE Philibert Adolphe, ancien directeur de mine, ex rédacteur du Journal d’Auch où il a été condamné deux fois pour délit de presse, condamné par la commission mixte par contumace à l’expulsion pour avoir écrit des articles incendiaires dans la presse démagogique et avoir pris une part active comme chef influent au mouvement insurrectionnel préparé et organisé à Saint-Gaudens les 3 et 4 décembre derniers. En fuite en Espagne.
GAZAVE Bernard , chaudronnier de Labarthe-de-Rivière qui a été l’un des émissaires envoyés dans les campagnes de l’arrondissement de Saint-Gaudens pour amener les paysans dans cette ville afin de seconder le mouvement insurrectionnel organisé. Mis sous surveillance.
CHAYRON Gustave, pharmacien à Mane : pour avoir proféré des propos injurieux pour Monsieur le président et incité à la haine. Interné à Bordeaux.
DEBERNAT Bernard 49 ans docteur en médecine à Cardeilhac sous-commissaire de la République à Saint-Gaudens en 1848 : interné puis soumis seulement à la surveillance, et par suite de son vote pour le rétablissement de l’Empire et de sa soumission écrite à l’Empereur, complètement gracié.[99]
Dès leur arrestation, parents et amis se rendent chez le juge de paix, chez le maire, à la sous-préfecture, pour demander leur grâce. Ils écrivent aussi et ces lettres sont en grande partie conservées aux archives. Beaucoup se ressemblent : elles insistent sur le rôle de chef de famille de l’emprisonné, sur le fait qu’il est le seul à pouvoir exploiter la propriété ou faire marcher le petit commerce ; qu’il a à charge de vieux parents, de jeunes enfants ; qu’il est malade… Certains pères rappellent qu’ils ont servi dans l’armée impériale. J’ai remarqué qu’elles n’étaient pas serviles. Le condamné, s’il veut bénéficier de la grâce, doit se soumettre[100] ; ces lettres de soumission partent au Ministère et je ne les ai pas lues ; mais les commentaires des préfets ou sous-préfets permettent de laisser planer un doute sur la sincérité de leurs auteurs. Dans ce cas la remise de peine tarde à venir ; pourtant le Prince-Président (puis l’Empereur) se saisit de toutes les occasions pour gracier ces républicains. Ils seront tous graciés en 1859 enfin, presque tous : quelques-uns semblent avoir été oubliés en Algérie ; sciemment ?
La « fréquentation » depuis plusieurs années des documents un peu spéciaux que sont les dossiers de police, et cela dans deux départements voisins, me conduit à oser quelques remarques. Dans le Gers, département rural, l’insurrection a été le fait de 2000 à 3000 personnes de tout milieu. Policiers et fonctionnaires de la préfecture ont été amenés à porter un jugement sur leur voisin, sur un parent, un ami… Il leur a été demandé de préciser les opinions politiques des poursuivis : républicains, socialistes, rouges pur sang, démagogues… quelques-unes des catégories employées. Pour cela ils indiquent leur niveau culturel, leur influence mais aussi leurs motivations. S’ils les qualifient d’exaltés et de très dangereux, ils reconnaissent de fait que ces hommes aient pu choisir par conviction cette voie politique. Ils peuvent aussi laisser percer leur estime, une certaine compréhension, un peu de pitié en particulier pour la famille ; et cela même dans les lettres du préfet.
Dans la Haute-Garonne les jugements sont plus souvent brutaux, à l’emporte-pièce, méchants. Pour ceux qui les portent, les 95 hommes poursuivis sont presque de façon automatique des marginaux, des incompétents, des malhonnêtes ou tout au moins des hommes qu’ils ne peuvent pas comprendre. Peut-être parce que les condamnés politiques sont de petits notables, donc moins proches de ceux qui les surveillent.
Un exemple est le jugement péremptoire porté sur Bernard Debernat, 49 ans docteur en médecine : ex rédacteur de l’émancipation de Toulouse. aussi pitoyable écrivain que mauvais médecin. Vaniteux à l’excès et n’ayant pu se faire prendre au sérieux malgré l’exagération du langage démagogique par lequel il professait des théories politiques à la façon de Marat. A signé l’appel à l’insurrection le 3 décembre 1851.[101]
Il ne faut pas généraliser, bien sûr ; quelques rares dossiers de police font preuve d’humanité : il n’est pour s’en convaincre que de comparer les jugements portés sur les deux frères Pégot-Ogier. Jean-Marie, le pharmacien, est traité avec beaucoup plus d’aménité ; il était peut-être plus sympathique et, surtout plus stable, plus constant ; il est resté attaché à sa pharmacie toute sa vie et cette officine a été tout au long du siècle accueillante aux plus pauvres (une des raisons des difficultés financières de cette famille à la fin du siècle). Jean-Baptiste, lui, change constamment de métier, de titre, d’adresse. Il doit paraître insaisissable, incompréhensible. Fréquentant des notables de Toulouse, il est peut-être arrogant, « fier » selon la terminologie gasconne. Un seul de ceux qui sont appelés à donner leur avis semble le regarder sans préjugé : c’est le juge de paix de Saint-Lys qui, le 4 mars 1858, écrit qu’il n’a rien à dire sur lui depuis sa rentrée en France.
Autant de lettres écrites par les condamnés et leur famille, de courriers échangés entre préfets, sous-préfets et le ministère qui est le seul à prendre une quelconque décision, autant de documents qui nous permettent de deviner comment vivaient ces familles dans la tourmente. Ces documents s’entassent au fil des mois dans des dossiers. Il suffit de les ouvrir et l’on retrouve Jean-Baptiste en Espagne !
Les Pégot-Ogier sous le Second Empire
Jean-Baptiste est passé en Espagne et le ministère s’en accommode : son expulsion est décidée le 21 février 1852 ; il reçoit un passeport gratuit[102] pour aller à Saragosse. Mais il reste près de la frontière, à Lès, et suscite l’inquiétude du commissaire de police de Bagnères-de-Luchon : Pégot est connu pour un fervent démagogue écrit-il ; il l’accuse de pousser les Espagnols à refuser de payer l’impôt, et de faire courir le bruit que la France prépare la guerre contre l’Espagne[103] !
Gracié par décret du 2 février 1853, il est alors fixé à Barcelone et reçoit l’autorisation de rentrer le 16 février.
En Espagne, si l’on en croit Schœlcher[104], l’accueil est assuré : Nos réfugiés ont été accueillis en Espagne avec une grande sympathie. Le gouvernement n’en repousse aucun. Ceux auxquels il demande caution pour leur permettre de résider dans les grandes villes ne manquent jamais de trouver quelque riche habitant empressé de leur servir de garant. Nous reconnaissons bien à ces traits la générosité naturelle au noble caractère espagnol.
A son retour Jean-Baptiste s’installe près de Toulouse, à Saint-Lys sur une terre qu’il avait achetée en 1842 dans le quartier de La Pocque (en gascon ce toponyme indique une terre peu fertile) dans une maison modeste, avec sa femme et une servante. Il y est recensé encore en 1861 et en 1866 sans servante à cette dernière date ; puis il n’y apparaît plus et sa propriété est vendue[105] ; à sa mort, le 6 juillet 1874, à 79 ans, il est installé à Saint-Gaudens dans la maison Granger, route de Toulouse. Ses enfants font un héritage modeste : des meubles et objets mobiliers pour la valeur de 418 francs et 5 ha de terre à Saint-Gaudens. Pas de maison. Son fils, qui vit alors à Saint-Hélier à Jersey, renonce à sa part[106].
Jean-Baptiste aurait pu mener à Saint-Lys une vie calme et ignorée si l’Histoire ne l’avait rattrapée.
Le 14 janvier 1858, l’Empereur est victime d’un attentat, dont il sort indemne, perpétré par un Italien, Orsini. Le Ministre de l’Intérieur découvre très vite qu’Orsini n’était pas seul et qu’il était en relation avec les Républicains réfugiés à Londres ; il soupçonne un vaste complot à travers toute la France. Et le ministre envoie une rafale de circulaires dans toutes les préfectures demandant que soient établis des tableaux de personnes suspectes ou à surveiller. Le premier tableau concerne Les individus compromis dans les évènements de 1848, 1849 et de décembre 1851. Jean-Baptiste est cité et une enquête diligentée ; le Juge de paix de Saint-Lys doit donner son avis[107] : Je ne puis dire que ce que je sais et en mon âme et conscience je déclare n’avoir rien appris sur la conduite du dénommé depuis sa rentrée en France. Il est hors de doute qu’il est fidèle à ses anciennes croyances, c’est un homme ardent qui par caractère sera toujours dans les rangs de l’opposition mais depuis qu’il a été gracié, il parait avoir adopté des habitudes de réserve et de prudence. Comme on vous l’a dit, il habite sa propriété à La Pocque dans la commune de St-Lys. il fait quelques voyages à Toulouse […]
En me résumant je dirai que Mr Pégot-Ogier doit toujours être considéré comme un républicain très avancé, mais que j’ignore absolument s’il doit être compté parmi les conspirateurs.
Le commissaire de police de Toulouse ne s’engage guère plus. Mais le Ministère voit des conspirateurs dans les plus petits villages[108] et il veut des condamnations ; et vite. Pégot-Ogier est arrêté le 25 février 1858, condamné le 15 mars (par un simple arrêté ministériel, sans procès) à la transportation en Algérie. Ils sont dix à être embarqués très tôt le matin du 23 mars dans la voiture cellulaire n° 4 qui sera acheminée par trains, même express, jusqu’à Marseille.[109]
L’aventure de Pégot-Ogier devient rocambolesque : les circulaires ministérielles précisaient que l’on ne devait pas transporter des condamnés de 60 ans révolus ; et, alors que les documents officiels donnent son âge même approximatif, le préfet a envoyé Pégot-Ogier qui avait 63 ans. Heureusement sa femme intervient et le maire de Saint-Gaudens précise qu’il était né le 18 septembre 1794. Sauvé in extremis de la déportation il est revenu à Saint-Lys via Toulouse. Le préfet demande des consignes à son égard et le Ministre répond : Le Sr Pégot-Ogier qui a été mis en liberté par mon ordre, ne reste soumis à aucune mesure de sûreté générale ; vous devez vous borner, en conséquence, à faire surveiller ses démarches d’une manière inostensible. (Sic)
Il est gracié par décret du 2 février 1859. Ainsi notre personnage a échappé deux fois à l’Algérie… et pourtant il demande à y aller, libre cette fois-ci ; le goût du changement le reprend et il cède aux demandes insistantes de son aventurier de fils. Il obtient un passeport le 31 mai 1859 et part pour rejoindre un domaine près de Philippeville, la propriété Condiat-Ottman,[110] qu’il a acheté. Dans Nouvelles lettres d’un voyageur, George Sand a campé un condamné politique qui décide de rester en Algérie, Patureau-Francoeur[111], et qui s’installe sur la même propriété ! Déclaré libre, en septembre 1858, sur la terre d’Afrique, il résolut de s’établir sous ce beau ciel et de chercher une ferme à faire valoir. Connaissant sa valeur et sa capacité, le ministère de l’Algérie lui accorda une concession qu’il lui fut permis de chercher à son gré dans la région qu’il avait explorée. […] Il trouva un terrain considérable, et s’établit à la ferme de Condiat-Ottman, dite depuis ferme de M. Vincent, et dite aujourd’hui ferme du père Patureau. C’est là qu’il a vécu dès lors, élevant ses fils et gardant sa douce philosophie pour remonter les courages autour de lui. Il y conquit tant d’estime et de sympathie, que le préfet de Constantine voulut l’adjoindre au conseil municipal de sa commune.
Jean-Baptiste Pégot-Ogier resta peu de temps en Algérie. En 1861 il est déjà réinstallé à Saint-Lys. Cet épisode nous permet de le connaître physiquement ; les documents abondent de signalements : Taille 1m78 ; Cheveux gris ; Sourcils gris ; Front découvert ; Yeux roux ; Nez gros ; Bouche moyenne ; Menton rond ; Visage ovale ; Barbe grise ; Teint coloré ; Signe particulier une cicatrice sur le front.[112]
Au printemps 1858, le Ministre harcèle les préfets : il faut répertorier, classer tous les hommes susceptibles d’être suspectés. Les investigations se multiplient donc dans l’arrondissement : Le Tableau des individus qui doivent être particulièrement surveillés à raison de la part qu’ils pourraient prendre à un mouvement insurrectionnel compte 131 personnes pour l’arrondissement de Toulouse ; 8 pour celui de Muret et 93 pour le sud du département. Une proportion non négligeable de Commingeois possibles complices d’Orsini !
3) la réhabilitation tardive
Jean-Marie Pégot-Ogier, pourtant jugé dangereux, à surveiller, est vite rayé des listes de personnes suspectes en 1858. Peut-être à cause de son mauvais état de santé mais aussi de son ancrage dans la ville de Saint-Gaudens. Le pharmacien de la rue du Barry s’occupe de son officine sans faire de vagues, mais les Saint-Gaudinois n’ont pas oublié le rôle qu’il joua en 1848 ; malgré son grand âge, c’est lui qui est choisi pour présider la Commission municipale provisoire en octobre 1870 ; il meurt le 27 septembre 1871 dans sa maison. Son fils, Jean Alexandre, lui aussi pharmacien, a été élu plusieurs fois conseiller municipal sur la liste de Bepmale, liste radicale qui a tenu la municipalité pendant 37 ans. Alexandre Pégot-Ogier est élu en 1884 (3ème), 1888 (2ème) et semble-t-il en 1892. Il est choisi comme adjoint.[113] Il s’est marié avec Jeanne Azémar, la tante d’Eugène Azémar professeur de philosophie qui fonde en 1922 le syndicat d’initiative créateur la même année du premier «Rallye des stations thermales», qui deviendra le Circuit automobile du Comminges ; à la fin de sa vie, en 1940, Eugène Azémar est sénateur.
D’autres membres de la famille marqueront la vie politique du Comminges : Victor Bougues né le 7 mars 1848, étudie le droit puis s’établit manufacturier. Il n’avait jamais joué aucun rôle politique quand il est élu le 21 août 1881 de l’arrondissement de Saint-Gaudens 1ere circonscription par 9969 voix (15322 votants, 20357 inscrits) contre 5077 à Lenglé député sortant bonapartiste. Il siège à « l’Union républicaine » et vote avec les « opportunistes ». Il est élu sénateur en 1902 jusqu’à sa mort le 20 octobre 1907.
Julien Bougues né le 20 août 1876 à Saint-Gaudens, décédé le 27 octobre 1928 à Plaisance-du-Touch, est élu député deux fois de 1908 à mai 1914.[114]
La Troisième République va essayer de réparer : les lois de 1881 prévoient de verser une pension annuelle aux victimes du coup d’état ou à leurs ayants-droit. Les préfets doivent dresser des listes en donnant le plus de renseignements possible. La loi prévoit des rentes annuelles allant de 100 F à 1200 F. En bénéficient la fille et la veuve de Jean-Baptiste Pégot-Ogier (250 francs et 300 francs) avec comme commentaire : Négociant, ancien membre de l’assemblée constituante et signataire de la protestation […] fut condamné à l’expulsion du territoire français par la Commission mixte. Les conséquences de cette peine furent la ruine complète de sa fortune. Jean-Alexandre Pégot-Ogier reçoit 100 francs.[115]
La Seconde République a été une parenthèse mais une parenthèse féconde. Elle a aussi servi d’expérimentation à la Troisième République qui se met en place lentement après la chute de l’Empire. Elle a révélé des personnalités parfois brouillonnes, impulsives ; des républicains convaincus et le plus souvent désintéressés, sacrifiant beaucoup de leur confort à la réalisation de leur idéal. En Comminges comme dans toutes les régions de France, ces hommes, avocats pour les leaders, médecins, pharmaciens, artisans… ont organisé un maillage du territoire et ont mis en branle tout ce qui était à leur disposition en ce milieu du 19ème siècle : la presse, multiple et diverse ; les lieux de réunions possibles ; les rencontres plus ou moins fortuites ; les déplacements professionnels ; les courriers entre eux et avec les républicains de Paris ou même, pour certains, ceux réfugiés à Londres ; la lecture. Une boulimie de lecture, individuelle et encore plus souvent à voix haute pour répandre leurs idées. Cette période, dans les moindres villages, est marquée par un bouillonnement d’idées que reflètent les rapports de police. Parce que les policiers aussi sont sur les dents, passent les nuits dans les cafés pour écouter les conversations ; s’insurgent contre les étudiants qui ont chanté « La Marseillaise » (ils sont donc « démoc-soc » !), ou les jeunes qui ont crié « Ledru-Rollin »… Enquêtent, interrogent, perquisitionnent. Nos campagnes étaient animées !
Les fils ont été marqués par cette effervescence et ne semblent pas avoir renié leurs pères. Nous allons le constater pour la famille Pégot-Ogier.
[1] ANCEAU Éric : La France de1848 à 1870 Entre ordre et mouvement. Le Livre de poche . Et Anceau Éric : Napoléon III. 2008. Éditions Tallandier. Je le citerai souvent.
[2]Je devais étudier les acteurs de 1848 qui apparaîtront dans le « Dictionnaire du personnel politique de 1848 », Édition Nouveau Monde, dirigé par Éric Anceau avec d’autres professeurs de la Sorbonne. C’est à dire : les préfets, sous-préfets et les députés élus en 1848.
[3] Je remercie les descendants de Jean-Baptiste (que m’a fait connaître Jorge Juan Vega y Vega) et ceux de Jean-Marie avec lesquels je suis en relation épistolaire et téléphonique.
[4] Suffrage universel (masculin) pour la première fois dans le monde – abolition de l’esclavage…
[5] Je n’ai pas trouvé l’acte de naissance de Jean-Baptiste ; les rédacteurs de la biographie des préfets non plus : BARGETON, BOUGARD, LE CLÈRE et PINEAU : Les préfets du 11 Ventôse an VIII au 4 septembre 1870. Répertoire nominatif et territorial. Paris Archives nationales.1981. Publié par l’Association du corps préfectoral. Et OGÉ Frédéric : Les préfets de la Haute-Garonne de 1848 à 1918. Cette date de naissance est celle donnée par son acte de mariage.
[6] Actes d’état civil . Mariage de Jean-Baptiste le 4 février 1823
[7] Archives départementales de la Haute-Garonne série M : d’après tous les documents de février et mars 1848 ; puis en 1853
[8] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M74
[9] Biographie des 900 Représentants à la Constituante et des 750 représentants à la Législative session 1849 voir le site de l’Assemblée nationale ; ROBERT et COUGNY Dictionnaire des Parlementaires de 1789 à 1889; LESAULNIER : Biographie des 900 députés à l’Assemblée nationale 22 août 1848.
[10] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4M55 Lettre du Ministère : Confidentielle. Monsieur le Préfet vous m’avez adressé, sous la date du 16, une lettre en caractères de convention, adressée de Paris au Sr Pégot-Ogier, Secrétaire du principal comité réformiste à Toulouse. Je m’empresse de vous envoyer le déchiffrement de cette pièce. Vous y verrez qu’il serait question de nouvelles menées pour provoquer une démonstration ou un mouvement de la part des partisans de la réforme électorale.
[11] Archives départementales de la Haute-Garonne 4 M123 : Rapports sur les francs-maçons et les carbonaris
[12]GILMORE Jeanne La République clandestine 1818-1848. Éditions Aubier-Histoire
[13] Archives départementales de la haute-garonne. Série M ; exemple : Un rapport d’un mouchard infiltré le 16 janvier 1843 au « Capoul » . Lors de cette réunion tous portaient les insignes de franc-maçon et ils avaient apporté les statuts d’une loge : ainsi ils auraient pu prétendre être réunis en loge.
[14] LESPARRE Jeanne Les partis politiques de la Haute-Garonne à la fin de la Monarchie de Juillet dans GODECHOT Jacques [dir.], La Révolution de 1848 à Toulouse et dans la Haute-Garonne. Comité départemental du centenaire de la Révolution de 1848. Édité par la Préfecture de la Haute-Garonne.
[15] GODECHOT Jacques : Aux origines de la presse républicaine à Toulouse : la première Émancipation. Dans les Annales du Midi. 1964. Il cite un rapport du commissaire de police de 1849 qui dit : « L’Émancipation » est un des journaux socialistes qui font le plus de mal, non seulement à Toulouse, mais dans les départements voisins.
[16] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M58
[17] HENRY Simone : La campagne des banquets à Toulouse. Dans GODECHOT Jacques [dir.], La Révolution de 1848 à Toulouse et dans la Haute-Garonne . Ouvrage cité.
[18] L’Auta numéro 637 juin 1998 : Rapports entre la révolution de 1848 et le télégraphe Chappe à Toulouse. Organe de la Société Les Toulousains de Toulouse et les amis du Vieux Toulouse
[19] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M60 et CAYRÉ Antonin La Révolution de 1848 à Toulouse et dans la Haute-Garonne, des journées de février aux journées de juin Dans GODECHOT Jacques [dir.], La Révolution de 1848 à Toulouse et dans la Haute-Garonne . Ouvrage cité.
[20] GODECHOT Jacques (sous la direction de ) La Révolution de 1848 à Toulouse et dans la Haute-Garonne. Ouvrage cité.
[21] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M61
[22] Toulousains de Toulouse : Catalogue de l’exposition du centenaire : Lithographie de Ch Vogt (mai 1849) : représenté en costume de chef de bataillon de la Garde nationale. N° 78 , encarté (page 64)
[23] CAYRÉ Antonin La Révolution de 1848 à Toulouse et dans la Haute-Garonne, des journées de février aux journées de juin Ouvrage cité.
[24] BAUDELAIRE : Ce moment unique dans l’histoire où les sentiments divers de tant d’individus ne furent qu’une immense espérance. Les historiens l’appellent la « République utopique ».
[25] COURTIADE Renée Les acteurs de la Seconde République dans le Gers. Bulletin de la Société archéologique du Gers. 2007 3ème trimestre. 2008 1er trimestre. J’ai étudié les députés, les préfets, dont, très rapidement, Pégot-Ogier, les sous-préfets ; et, à travers eux, la façon dont s’est déroulée la Seconde République dans le Gers.
[26] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M62
[27] Les préfets du 11 ventôse an VIII au 4 septembre 1870 ; ouvrage cité
[28] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M61, Lettres à Joly
[29] Il s’agit des troubles liés au décret des 45 centimes. Voir ci-dessous.
[30] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M61, Lettres à Joly
[31] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M60
[32]Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M61, Lettres à Joly
[33] DAGNAN J. : Histoire politique de la Province. Le Gers sous la Seconde République. Tome I : La réaction conservatrice (février 1848-2décembre 1851) Auch 1928 . Tome II : Le coup d’État (décembre 1851-décembre 1852 Auch 1929.
[34] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M61
[35] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M61. Une remarque : au 19ème siècle les documents même officiels donnaient rarement les prénoms.
[36] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M62
[37] GUILLAUMIN Marie-Louise La vie politique à Saint-Gaudens en 1848 et le rôle d’Armand Marrast, enfant du pays. Petite bibliothèque n° 128 de l’Association des amis des archives de la Haute-Garonne. L’auteure explique comment s’organise le nouveau pouvoir dans la ville et à la sous-préfecture en utilisant les documents cotés BF174 à l’antenne du Comminges des archives départementales de la Haute-Garonne.
[38] Archives départementales du Gers : 1 M278
[39]GUILLAUMIN Marie-Louise La vie politique à Saint-Gaudens ... Ouvrage cité.
[40] MURAT Inès : La IIème République 1848-1851. Fayard
[41] Les votes sont donnés par Robert et Cougny dans leur Dictionnaire des Parlementaires de 1789 à 1889
[42] Archives départementales du Gers : Journal Le pays du 23 septembre 1848.
[43]GODECHOT Jacques : Aux origines de la presse républicaine à Toulouse…Ouvrage cité
[44] Archives départementales de la Haute-Garonne : Journal de Saint-Gaudens du 15 novembre 1848. Les Pégot-Ogier se sont-ils ralliés facilement à ce choix de raison ? Je n’ai pas trouvé de document l’indiquant. Les journaux auxquels collabore Jean-Baptiste Pégot-Ogier ne sont pas archivés à Toulouse. Autre nouveauté due à la Seconde République : Ce même journal publie un avis de la Poste fixant un même prix du « timbre-cachet » pour toutes les régions de France et pour l’Algérie. Soit 20 c pour les lettres de 7g et demi ; 40 c pour celle jusqu’à 15g et 1 F jusqu’à 100g.
[45] Annexe de Saint-Gaudens des Archives départementales de la Haute-Garonne : Journal de Saint-Gaudens du 11 décembre 1848 : résultats des élections dans la ville.
[46] A Rome les républicains, dont Massini, avaient chassé le pape et organisé une République.
[47] MURAT Inès ouvrage cité.
[48]AGULHON Maurice Les Quarante-huitards Folio histoire Gallimard/Julliard 1975, 1992. Citation de de RÉMUSAT Charles Mémoires de ma vie Paris Plon 1960 t IV pp 281-283. Charles de Rémusat est le châtelain de Lafitte-Vigordane.
[49] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M63 lettre du sous-préfet de Saint-Gaudens
[50] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M65. Voir annexes.
[51] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M82 : en 1852 parmi les condamnés politiques est cité Bernard Sabadie, colporteur de Saint-Gaudens, condamné à l’internement par la commission mixte de l’Ardèche.
[52] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M63 ; lettre du 6 juin 1849 et PAUL Pierre : L’agitation républicaine à Toulouse et dans la Haute-Garonne de 1840 à 1848dans GODECHOT Jacques [ dir.] La Révolution de 1848 à Toulouse et dans la Haute-Garonne .Ouvrage cité.
[53] GARRIGUES Jean : La France de 1848 à 1870. Collection Cursus. Éditions Collin.
[54] BONNET Bertrand : La répression politique sous la Seconde République. De l’élaboration des principes à leur application en Haute-Garonne. Master 2 soutenu à l’Université des sciences sociales de Toulouse en 2005-2006. Bertrand Bonnet, qui étudie des procès intentés à Toulouse, conclut le Chapitre I de sa Première partie ainsi : La répression de la délinquance politique ainsi n’est guère efficace. Elle se heurte presque systématiquement à l’obstacle du jury, qui ne se laisse pas manipuler par l’accumulation des témoignages et des éléments à charge, fort disparates, et qui souvent ne prouvent rien. La psychose des « rouges » existe bel et bien, mais elle ne saurait encore justifier de violations flagrantes du droit. Le jury en matière politique, conquête de 1830 réaffirmée avec la Révolution de Février, survivra à la réaction initiée depuis mai 1848 jusqu’au coup d’État.
[55] AGULHON Maurice : 1848 ou l’apprentissage de la république 1848-1852 Seuil. Point histoire
[56] Lettre du Maire du 5ème arrondissement de Paris, datée du 24 mai 1850, transmise par des descendants.
[57] Archives départementales du Gers : L’opinion, Journal du Gers, conservateur
[58] DAGNAN, ouvrage cité
[59] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M74 : Journal de la commune de Toulouse. Tableau général du 5 septembre 1850 au 31 décembre même année. Avec la liste de tous les actionnaires et la somme donnée par chacun.
[60] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4M69
[61] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M70
[62] d’après le travail réalisé par les Amitiés généalogiques bordelaises à partir des « passeports délivrés en Gironde de 1800 à 1899 »
[63] MURAT Inès, ouvrage cité
[64] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M69
[65] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M62 : rapport de la police des frontières Septembre 1851
[66]Renseignements fournis par Mme GUILLAUMIN
[67] Archives départementales de la Haute-Garonne : Q 9400 Succession bureau de Saint-Gaudens 1863-1873 : N° 185 : Pégot-Ogier Jean-Marie, pharmacien, 72 ans. Décès déclaré le 18 mai 1872. Un seul héritier : Alexandre son fils. Valeur du mobilier négative. Aucune mention de l’immobilier.
[68] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M70. Ce certificat (long) se trouve dans le dossier de la commission mixte de 1852
[69] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4M59 : lettre du sous-préfet de Saint-Gaudens, 3 janvier 1836. Il est de tradition d’honorer un élu d’une sérénade avec des musiciens et de moquer des politiques par un charivari.
[70] GUILLAUMIN Marie-Louise. Ouvrage cité.
[71]Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M60
[72] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4M62. Lettre des citoyens de Cierp-de-Rivière qui contestent sa nomination à Villefranche comme sous-préfet
[73]Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M61
[74] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M60 : lettre de Joly à Debernat commissaire délégué pour l’arrondissement de St Gaudens : je verrai avec plaisir que vous fissiez un appel au concours loyal et bien intentionné des citoyens Pégot-Ogier et Adolphe Pelleport.
[75] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M62 : lettre de Bergounioux du 6 mai qui relate les troubles suscités par Pelleport alors que le conseil municipal ayant à sa tête le citoyen Jean-Marie Pégot-Ogier… Dans une autre lettre il demande la destitution de Pelleport qui se considère toujours membre de la Commission municipale et d’arrondissement. Nouvelle lettre le 4 avril.
[76] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M62 : lettre de Bergounioux du 7 mai.
[77] MARROT René : Barousse au cœur. Photographies de HERRANZ Jean-Noël. Éditions Pyrégraph. L’auteur raconte au jour le jour les évènements qui se passent dans la vallée. Et MURAT Inès : La Seconde République. 1848-1851. Ouvrage cité.
[78] La nouvelle réglementation interdit le ramassage du bois, les coupes, le pâturage. Les droits de chasse pêche et cueillette sont remis en question.
[79] Revue du Comminges du 4ème trimestre 1984 4ème au 4ème trimestre 1986 : Jacqueline Mansas : Les communautés de Barousse et la forêt du 17ème au 19ème siècle
[80] ARRIEU Claude La Barousse contre l’État et Monsieur de Luscan. Revue de Comminges 1987 1er trimestre.
[81] CLARENC Louis Les troubles de la Barousse en 1848 dans les Annales du Midi 1951. Il cite cette lettre du 10 septembre 1848 – AN BB30 –
[82] MARROT René : Barousse au cœur. Ouvrage cité : L’auteur fait le récit de ces folles journées.
[83]Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M62 : Lettre du Préfet Théodore Laroche adressée le 7 juillet 1848 au Ministre des finances
[84] MURAT Inès La Seconde République. 1848-1851 Ouvrage cité. Citation.
[85] CLARENC Louis Les troubles de la Barousse en 1848 . Article cité. Il écrit que les gardes nationales de Montréjeau sont commandées par le citoyen Cazaugrand médecin de la ville. Dans cette période d’effervescence il est difficile de savoir qui fait quoi !
[86] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4M60 : il signe ainsi une lettre du 29 mars. Je n’ai pas trouvé de document confirmant ce titre ; ce phénomène est fréquent pendant ces premières semaines de la République, chacun participant au nouveau pouvoir et s’attribuant un titre souvent contesté par un autre..
[87] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M60 lettre du 21 mars à Debernat, Sous commissaire
[88] Archives départementales de la Haute-Garonne : appelé par les documents officiels tantôt BERNAT, tantôt DEBERNAT. Et sa signature varie aussi.
[89]Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M60 ; il s’agit d’Antoine Coupat.
[90] Louis CLARENC : Les troubles de la Barousse. Article cité.
[91] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M70
[92] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M70
[93] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M64
[94] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M82 : « La civilisation. Journal des travailleurs » du 4 décembre 1851 , journal validé par les signatures manuscrites des responsables du journal. Le texte avec les signataires est sur le site www.19e.org/document/secondempire/coupdetat/hautegaronne et dans tous les livres sur la période
[95] Archives départementales de la Haute-Garonne 4 M82 : rapports de 1858 sur Jean-Marie Pégot-Ogier
[96] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M79
[97] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M76
[98] Dans le Gers : 965 dossiers étudiés et 465 condamnations.
[99] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M82 et 4M83. Enquêtes de 1858 après l’attentat Orsini.
[100] Site du Centre historique des archives nationales : Demandes et dossiers des recours en grâce des condamnés des commissions mixtes de 1852.Annexes de l’inventaire-index des articles BB/22/131/1à 189.Volume 4. Par DANIS Habib. Paris 1999. On y trouve Jean-Marie Pégot-Ogier, Chayron de Mane, Debernat Bernard…
[101] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M74
[102] Les expulsés comme les “transportés” qui étaient considérés comme pauvres recevaient un passeport gratuit. Les autres devaient le payer.
[103] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M79
[104] Schœlcher Victor Histoire des crimes du 2 décembre.: Sur le site //perso.wanadoo.fr/geneagm/transportés.htm Les transportés de France en Algérie après le coup d’État du 2 décembre 1851
[105] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M 74 fiche « Pégot-Ogier » du 4 mars 1858. Et Q 1298 Table alphabétique des acquéreurs. – Archives municipales de Saint-Lys : « État nominatif des habitants » de 1856 , 1861 et 1866. Et matrice cadastrale de 1835 à 1814 coté 1G8
[106] Archives départementales de la Haute-Garonne : Q 9364 pour l’année 1875 et 3451 W 1231
[107] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M74 : Lettre du 4 mars 1858
[108] à Saint-André (31) : CLOUZET Marc propriétaire : Homme actif socialiste dangereux ne manquant pas d’influence. Archives départementales de la Haute-Garonne 4 M76 .
[109] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M 82 : Paul CAZALAS, chapelier ; Henri Noël GODOFFRE commis de librairie ; Gabriel GAILLARD cordonnier ; Jean MILHAU, ouvrier typographe ; Bernard MULÉ, ancien constituant ; PÉGOT-OGIER, ancien constituant ; RIVIÈRE cordonnier ; Etienne ROLLAND tailleur de pierres ; Laurent VIDAL cordonnier ; CANTEGRIL dit Grillon, boucher.
[110] Sur le site http://marcelpaul.duclos.free.fr/philippeville : M. PEGOT et AUGIER banquiers à Paris avaient chacun 500 hectares et faisaient de la colonisation à distance, la seule susceptible, du reste, de ne pas donner la malaria, mais par contre de donner des déboires. M Jorge Vega y Vega a retrouvé trace de cette acquisition, très momentanée : lire son article qui suit.
[111] http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre13778-page209.html#page
[112] Archives départementales de la Haute-Garonne. 4 M83.
[113] Renseignements fournis par Mme Guillaumin
[114] Biographie des députés de 1789 à 1889 www.assemblée.nationale.fr/histoire/biographie/1789-1889
[115] Archives départementales de la Haute-Garonne : 4 M71
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