Les Mayons
Les Mayons – 1851 – Au pays de la dame en rouge par Bernard Lonjon première partie : Les Mayons en 1851
DES ACTIVITES AGRO-FORESTIERES La vraie richesse, c’est la forêt. Une forêt où domine le pin maritime qui, associé au chêne-liège , enserre de riches parcelles de châtaigniers, domaine exclusif des Maures. Une forêt qui couvre autant le Massif que la Plaine[1] , au point de ne faire du village qu’un point d’habitat au milieu des bois. La principale ressource, c’est les châtaigniers qui, classés en tant que verger, représentent un couvert forestier exploité tant pour son bois que pour ses fruits. Les châtaignes donnent lieu à d’importantes ventes via Gonfaron ou Le Luc d’où elles sont commercialisées à destination de Lyon sous la fameuse appellation « Marron du Luc ». La production est estimée à 8 – 10 000 quintaux l’an.[2] Les coupes de pin représentent une autre activité essentielle. Un document de l’époque estime à 8 à 10 000 le nombre de pins abattus par an. L’exploitation du liège est plus récente. Le village participe activement au développement de cette industrie sous la Monarchie de Juillet dans les Maures. Si deux fabriques sont recensées à cette époque, dont une dès 1826, c’est surtout le levage du liège qui prime et intéresse le maximum de villageois. La forêt enfin fournit nombre de ressources complémentaires : bois pour les fours et les charbonnières, chasse [3], litière et feuillage pour le fumier, cueillettes diverses, dont certaines offrent à l’occasion des possibilités de commerce. Insistons sur la pratique courante des « taiado » [4] et n’oublions pas la fabrication des balais de bruyère. La culture encore pratiquée en ouillères de la vigne, de l’olivier et des céréales, caractéristique de la « vieille économie provençale » relève davantage de la vie en autarcie, même si le vin est cité dans certains cas comme une source d’échange. Quant à l’élevage attesté par les bergeries relevées dans le cadastre, il est bien présent et conforte surtout la situation des ménagers[5]. Il s’agit essentiellement de l’élevage ovin. Les porcs sont surtout destinés à la consommation domestique. L’éducation des vers à soie ajoute plus récemment une possibilité de revenus complémentaires à une poly-activité fondée sur l’exploitation forestière. Car il faut insister sur cette relation intime à la forêt qui fait des Mayonnais de véritables « paysans forestiers ».
[1] Gommons ici l’image aujourd’hui intentionnellement répandue pour cette dernière d’un paysage africain qui n’est que la conséquence récente des incendies et de la maladie des pins et ne correspond nullement à la forêt originelle. [2] Pour avoir un ordre d’idée, on estime de nos jours cette récolte entre 300 et 500 quintaux. L’exploitation du liège ne peut être citée que pour mémoire. Celle du pin a complètement disparu. [3] Signalons au passage la présence des loups, classés nuisibles, dont la destruction donne lieu à déclaration et versement d’une prime. 9 Essartage pratiqué dans la colline pour une culture passagère. Un procédé primitif, signe du manque de terre. Cette pratique fut officialisée sous la deuxième République avec la location des clairières dans la forêt communale du Balançan.
[5] Pris dans le sens de celui qui peut faire vivre sa famille, son ménage, des seuls revenus de ses propriétés, qu’il soit ou non dans les écarts. |