Républicanisme rural et riposte à l’insurrection de 1851

texte publié dans Actes du colloque d’Aurillac, Fidélité républicaine et monde rural 1848-1851, 27 -28 août 1999, rassemblés par Jean Eric Jung, Société des lettres, sciences et arts La Haute Auvergne, Mémoires 7, Aurillac, 4° trimestre 2001

avec l’autorisation de l’éditeur : Société des lettres, sciences et arts « La Haute-Auvergne », Archives départementales, rue du 139e R.I., 15012 Aurillac cedex

 

Républicanisme rural et riposte à l’insurrection de 1851

Enquête sur la diversité des comportements républicains

 

par Raymond Huard

Université P.Valéry, Montpellier

 

Même si elle n’est pas purement rurale, l’insurrection de décembre 1851 contre le coup d’Etat de Louis-Napoléon est un des plus importants mouvements à très forte participation rurale du XIXème siècle. De 1789 à 1914, si l’on exclut ceux dont l’aire est strictement localisée – la Vendée en 1793 ou les révoltes viticoles de Languedoc et de Champagne en 1911, on ne compte guère que cinq mouvements de ce type, la grande peur de 1789, la vague de révolte antiseigneuriale qui a embrasé tout le midi en 1792, la contestation populaire du recensement des portes et fenêtres et des propriétés bâties, organisé par le ministre Humann en 1841, l’opposition à la perception des 45 centimes pendant l’été 1848, enfin le mouvement de décembre 1851. De tous ceux-ci, le second et le cinquième sont ceux dont la signification politique est la moins douteuse, même si elle n’est pas transparente pour autant.

L’insurrection de 1851 a suscité de multiples travaux de grande qualité dont le plus systématique et le plus complet est sans doute celui de l’historien américain Ted Margadant, French Peasants in Revolt, The Insurrection of 1851[1]. Au départ pour le publiciste républicain, Eugène Tenot dès 1865[2], il s’agissait simplement d’établir rigoureusement les faits encore mal connus ou déformés, de restituer à l’insurrection sa signification politique contre ceux qui n’y voyaient qu’une jacquerie de gens sans « aveu ». Avec la thèse de P. Vigier sur la région alpine[3], les ressorts économiques et sociaux de l’insurrection ont été mis en pleine lumière. Puis M.Agulhon à partir de l’exemple du Var[4], a attiré l’attention sur les changements de mentalité qui s’étaient produits dans la paysannerie entre 1830 et 1851, changements qui avaient conduit à l’élargissement du public politique dans le cadre d’une vie politique légale. Il a interprété l’insurrection plutôt comme un retour à l’archaïsme et à l’expressionnisme en matière de comportements politiques. John Merrimann a montré l’impact de la répression antérieure au coup d’Etat, contre la gauche, dans un certain nombre de départements ruraux (l’Yonne, l’Ariège, la Creuse etc.)[5]. Ted Margadant a insisté sur l’importance des petites villes protoindustrialisées dans la construction des réseaux d’influence locaux et sur l’organisation préalable des sociétés secrètes en milieu républicain. Enfin Peter Mc Phee a inscrit le mouvement paysan de 1851 dans l’histoire plus longue de la société rurale entre la fin des années 1840 et le début des années 1850[6].

La grande majorité des historiens spécialistes de cette période, même s’ils divergent sur l’importance à attribuer à tel facteur (le rôle des sociétés secrètes par exemple) n’acceptent pas l’idée que l’insurrection de 1851 soit simplement une réaction allergique à la modernisation en cours des campagnes françaises ou une révolte rurale de type traditionnel. Ils voient dans l’insurrection un mouvement à la fois politique et social qui à travers la lutte contre le coup d’Etat ne se propose pas seulement de défendre la République existante, mais plutôt de faire triompher une autre république plus réceptive aux attentes populaires. Le mouvement n’aurait pu prendre cette ampleur sans l’émergence depuis 1830 et surtout à partir de 1848 d’une démocratie rurale profondément inscrite dans le cadre communal et sans une certaine organisation du parti républicain à travers les cercles et les chambrées d’une part, les sociétés secrètes d’autre part, ces deux formes d’organisation étant souvent imbriquées comme je l’ai montré dans ma thèse[7].

 

 

Je voudrais aujourd’hui, en profitant du thème du colloque, le républicanisme rural, tenter de compléter ces approches sur deux plans. J’essaierai d’abord de scruter de façon plus attentive le comportement particulier des milieux paysans face à l’insurrection, en tentant de mieux différencier le rôle propre des paysans de celui des habitants des petites villes  et gros bourgs. Dans un deuxième temps, en observant les types de participation au mouvement, assez différents selon les départements, j’ai essayé de poursuivre la réflexion sur ce que P.Vigier appelait « la provincialisation »[8] du mouvement républicain afin de mieux comprendre comment se sont articulés dans le mouvement de 1851, ce qui relève de l’ordre national, du départemental, du cantonal et du local.

 

 

I) Les scénarios

 

Pour apprécier l’ampleur et les limites du phénomène de résistance rurale, il faut situer leur place dans le mouvement insurrectionnel, tel qu’il avait été envisagé avant même le coup d’Etat[9].

A la veille du coup d’Etat, le mouvement républicain ne pouvait exclure totalement une insurrection de sa stratégie. Pour l’immense majorité des républicains, l’idéal était de triompher légalement grâce à la double élection prévue pour 1852, celle du président et celle de l’Assemblée. Mais comme on pensait que le président avait l’intention de perpétrer un coup d’Etat pour se maintenir au pouvoir, on ne pouvait écarter l’hypothèse d’une insurrection populaire destinée à faire échouer celui-ci, mouvement qu’on imaginait parfois de façon un peu utopique comme le sursaut de la « sentinelle invisible »[10], c’est-à-dire du peuple. L’aboutissement imaginé de cette insurrection en cas de succès n’était pas seulement un maintien de la constitution sous sa forme actuelle, accompagné peut-être de quelques dispositions réduisant les pouvoirs du président. Pour les démocrates-socialistes, il s’agissait d’aller nettement plus loin vers une autre république, sociale, celle que dessinait d’avance le programme démocrate-socialiste de 1849. Celui-ci prévoyait une réforme de la constitution soumettant le président à l’Assemblée (on aurait renoncé à l’élection au suffrage universel) et surtout d’importantes mesures sociales (nationalisation des banques, des grands moyens de transport, création d’une banque hypothécaire pour les paysans, développement de l’instruction populaire et professionnelle). Dans les campagnes, on insistait particulièrement sur la suppression des impôts indirects (sur le sel, sur les boissons), la restauration des libertés rurales, le libre droit de chasse et de pêche, de ramassage du bois dans les forêts, la restauration des droits d’usage sur les communaux, qui avaient été réduits par la réglementation étatique, l’individualisme libéral ou le souci d’une gestion plus rationnelle de la part des municipalités. Si les républicains pouvaient imaginer un tel scénario, c’est qu’ils avaient perçu à l’occasion des élections de 1849 que le malaise social des campagnes pouvait avoir un débouché politique. Le poids des dettes et des impôts, les restrictions aux libertés rurales, le manque de terre dû à la surpopulation, les effets de la crise (baisse des prix ou mauvaises récoltes) avaient engendré une fermentation sociale dans une partie de la paysannerie. Le même constat avait été fait du côté du pouvoir et l’annonce d’une prochaine jacquerie par le publiciste Romieu[11], au delà de l’appel au sabre qu’elle impliquait, traduisait de façon biaisée et très excessive une certaine réalité.

La forme de l’insurrection envisagée par les républicains était sans doute assez confuse, mais quelques projets avaient circulé. Le fait le plus remarquable, c’est qu’on ne comptait pas seulement sur une résistance parisienne dont le mouvement avorté du 13 juin 1849 contre l’expédition de Rome avait montré les limites.Celle-ci devait au contraire s’étendre à toute la France, du moins à la partie de celle-ci que les démocrates pouvaient mobiliser. Et c’est d’ailleurs dans  cette perspective que dès 1850 et surtout en 1851, des sociétés secrètes avaient commencé à se répandre, en particulier dans les départements du Sud-Est mais également dans quelques départements du Centre, du Bassin parisien ou du Sud-Ouest[12]. Les plans d’action qui furent inégalement appliqués au moment du coup d’Etat prévoyaient la marche convergente de colonnes venues des campagnes et des centres secondaires vers la ville chef-lieu de département. Les républicains des chefs -lieux, faiblement armés, souvent minoritaires, n’espéraient pas pouvoir triompher seuls des forces militaires locales, que ce soit la garde nationale lorsqu’elle existait encore, la gendarmerie, ou l’armée. Il fallait donc mobiliser les campagnes pour bénéficier d’une supériorité au moins numérique. Les conditions locales, (par exemple, l’excentration de certains chefs-lieux de département) rendaient parfois plus difficile la réalisation d’un tel projet. Au delà, on envisageait parfois une marche vers Paris, inspirée peut-être de l’action des fédérés de 1792 ou de l’envoi de gardes nationaux vers la capitale en juin 1848. L’essentiel, c’est que la stratégie envisagée par la gauche républicaine était d’emblée nationale, qu’elle devait s’inscrire dans un premier temps dans le cadre du département, enfin qu’elle sollicitait l’action, au delà des bourgs secondaires, du monde rural lui- même. Comment cette stratégie fut-elle mise en œuvre ? C’est ce que nous allons voir maintenant en commençant par le village.

 

II) Le point de départ de l’insurrection : le village

 

L’insurrection de 1851 en province a mobilisé environ 70 000 personnes[13]. Parmi ceux-ci, 60% environ, peut-être plus étaient des paysans. Percevoir comment l’insurrection a été vécue dans le village, c’est se rapprocher de ces inconnus que les historiens cherchent aujourd’hui à mieux connaître. Nous nous servirons pour cela, outre les études déjà citées, des travaux très minutieux qui ont été menés dans le Gers, par J. Dagnan, dans la Drôme par Roger Pierre, dans l’Ardèche par E.Reynier, dans les Pyrénées-orientales par Peter Mc Phee, par A.Corbin en Limousin, P.Merlin dans le Jura[14] et bien d’autres[15]. Même dans les départements qui participèrent assez massivement à l’insurrection, les républicains disposaient selon les villages de forces très inégales. Tantôt ils étaient tout à fait isolés, tantôt, sans être majoritaires, ils disposaient de quelques points d’appuis, la présence d’un ou plusieurs cercles républicains, l’existence d’affiliés à une société secrète républicaine, que ce soit la nouvelle Montagne ou l’une de ses émules, tantôt enfin, ils exerçaient une influence prépondérante, dominaient la municipalité et leurs adversaires étaient sur la défensive. La nouvelle du coup d’Etat a été diffusée dans les villages tout autant par les républicains eux-mêmes, que par les représentants du pouvoir qui ont parfois préféré rester quelque temps dans l’expectative. La première réaction dans les villages a été de se renseigner, d’envoyer des émissaires au chef lieu de canton tandis que les républicains de ce même chef-lieu tentaient de prendre contact avec le petit état-major républicain du département. Ce va-et-vient a pris un peu de temps, et c’est pourquoi alors que la nouvelle du coup d’Etat est connue dès le 2 au soir ou au plus tard le 3 au matin, l’insurrection ne commence que le 4 ou le 5.Celle-ci, remarquons–le, n’a pris un large essor que lorsqu’elle répondait à un ordre d’insurrection lancé par les chefs républicains du département ou au moins une partie de ceux-ci, ordre qui a été fréquemment relayé par les sociétés secrètes. Dans les Basses-Alpes, les leaders républicains de l’arrondissement de Forcalquier, réunis à Mane, à l’occasion d’une foire, se concertent à la nouvelle du coup d’Etat et donnent l’ordre de marcher. A Valence (Drôme), cet appel est lancé , non sans hésitation par le leader de la nouvelle Montagne, un marchand de vin, Richard. A Nîmes, une réunion de démocrates tenue au café Martin et dans laquelle figurent la plupart des leaders de Nîmes et des environs et les rédacteurs du Républicain du Gard (disparu au début de 1851), forme un commission insurrectionnelle qui  lance l’appel de soulèvement. Dans le Gers, après un certain flottement, l’ordre insurrectionnel est lancé par les rédacteurs du journal l’Ami du peuple d’Auch, et les dirigeants des sociétés secrètes, malgré les réticences des républicains modérés[16]. Le Var et l’Hérault présentent une situation moins simple. A défaut de Toulon, maté par les forces de l’ordre, l’initiative varoise vient surtout de Brignoles, prise en main par les républicains et, secondairement, de Draguignan. A Montpellier, les chefs républicains de la ville sont arrêtés préventivement et ce sont les leaders de Béziers, animés par Casimir Péret qui appellent à l’insurrection[17]. A cet ordre, en quelque sorte officiel, s’ajoute la mise en action de la Nouvelle Montagne, là où elle est organisée. Ses membres transmettent les directives vers la base. A défaut de cette initiative départementale, les républicains de la sous-préfecture ou même du chef-lieu de canton se décident parfois à tenter une action. Les militants du chef-lieu de canton, artisans, aubergistes, médecins, anciens maires ou juges de paix révoqués, jouent un rôle capital. Il est très rare que des paysans figurent parmi ces leaders intermédiaires. Si l’ordre d’insurrection ne provoqua pas de réelle surprise et fut souvent suivi, c’est que, comme on l’a vu, à la fois le coup d’Etat et la riposte à celui-ci faisaient partie des scénarios envisagés. L’ordre transmis ainsi qu’un rendez-vous pour le départ, ou bien s’adressait à des individus (les membres des sociétés secrètes) qui partirent en secret comme à Aramon et Saint-Laurent-la-Vernède dans le Gard[18], ou bien fut relayé par un groupe local dont les membres se concertèrent avant de partir au vu et su de tous (Gondrin, Gers, Aigues-Vives, Gard[19]). S’il fut parfois nécessaire de rappeler aux affiliés, le serment qui les engageait à défendre la république par les armes, serment dont la force opératoire parait avoir été réelle, si parfois quelques menaces verbales furent prononcées pour décider les récalcitrants, les départs furent d’autant plus faciles dans l’ensemble qu’ils eurent un caractère plus collectif. Dans les villages où les républicains étaient minoritaires, ils s’efforcèrent parfois de renverser la situation à leur profit, en obtenant de faire sonner le tocsin pour alerter les habitants, en demandant au maire la livraison des fusils de la garde nationale. L’attitude du curé et du maire est alors déterminante comme le montrent les cas de deux villages du Gers géographiquement voisins, Lannepax et Courrensan dans le canton d’Eauze[20]. Si le maire et le curé cèdent, au besoin, avec quelques précautions légales, comme à Courrensan, ils donnent libre cours à l’insurrection. S’ils résistent avec énergie, comme le maire de Lannepax, ils arrêtent l’insurrection à sa source car le prestige des maires est grand dans les campagnes et leur autorité n’est pas fictive. Parfois, les maires partirent avec leurs administrés (17 furent inculpés à la suite du mouvement dans les Basses-Alpes), condition la plus favorable pour que le départ, ainsi officialisé, soit massif. Parfois en revanche, un petit notable républicain, souvent un ancien maire, s’oppose au soulèvement et l’emporte (Clarensac et Montfrin, Gard)[21]. Entre la décision et le moment même du départ, on assiste aux préparatifs : fabrication de cartouches, fonte de balles transformation des faux ou d’autres outils en armes offensives, toutes choses que les paysans savaient faire. A la différence de l’insurrection urbaine, qui commence avec la construction des barricades ou le pillage des armureries, celle qui part des campagnes n’exige qu’un minimum de préparatifs matériels. On a parfois, mais rarement prévu l’intendance (une charrette portant un tonnelet de vin et des pains) qui eût été bien nécessaire vu les distances à parcourir.

Peter Mc Phee a certainement raison quand il affirme qu’on ne peut se fier aux déclarations de nombreux insurgés paysans, affirmant après coup qu’ils avaient été abusés ou forcés par des meneurs, ou qu’ils avaient marché de façon mécanique ou inconsciente[22], déclarations qui correspondaient trop bien à ce que souhaitaient entendre les enquêteurs pour être crédibles. Le déroulement d’ensemble du mouvement exclut également l’hypothèse de la jacquerie, de la révolte sociale primitive. Le mouvement est venu d’en haut, et non pas d’une bouffée de colère des ruraux. Il a été relayé par des militants déterminés et on l’a suivi parce qu’il était attendu. Il avait des objectifs nationaux et non de proximité. On a aussi noté que les violences, très rares d’ailleurs, ont visé avant tout des gendarmes dont les populations avaient subi le harcèlement dans les mois précédents (comme à Bédarieux) ou des représentants qualifiés du pouvoir (les sous-préfets de Mirande (Gers)  et de Forcalquier (Basses-Alpes)[23]. Du fait du coup d’Etat, les insurgés dont certains avaient été précédemment révoqués, arrêtés, condamnés à l’amende ou à la prison ont eu le sentiment d’un renversement des rôles, comme l’indiquent les propos fréquemment entendus dans le Gard ou dans la Drôme ou dans le Gers : « c’est notre tour, vous n’êtes plus rien, le peuple reprend ses pouvoirs ». Ils espéraient que la nouvelle République répondrait grâce aux mesures qu’on a mentionnées plus haut, à leurs attentes tout à fait simples et modestes : plus de liberté dans l’existence quotidienne, une vie dans l’ensemble plus facile. Ces attentes pouvaient être satisfaites et on ne saurait critiquer les militants républicains de les avoir fait espérer aux paysans. En revanche les militants républicains les ont abusés, sans doute involontairement, en leur présentant comme d’aboutissement facile, un mouvement qui était en réalité très difficile à mener à bien. On pensait que rien ne résisterait à cette levée populaire qui serait – croyait-on – une simple « promenade militaire »[24], et que l’armée se rallierait. C’était sous-estimer la difficulté à assurer dans les conditions de l’époque une coordination minutieuse du mouvement, à entraîner sur des distances parfois importantes (40 km ou même plus), une masse de paysans soucieux de ne pas trop s’éloigner de leur village. Sans même évoquer les désertions dues à la fatigue, à la faim, au manque de conviction, les nouvelles qui ont vite filtré du succès du coup d’Etat à Paris, la surprise de voir la troupe résister, ont exercé un effet démoralisateur. Face au mouvement, les autorités ont dans l’ensemble tenu bon, les hommes d’ordre après un moment d’affolement se sont ressaisis et organisés. Même chez les républicains d’ailleurs, l’adhésion au mouvement ne résista pas aux premières difficultés. Entraînés dans un premier temps, les modérés ou les réalistes se sont repris et ont obtenu parfois un contre- ordre de dernière minute. Ce sont ces hésitations, ces obstacles qui ont donné au mouvement  un aspect inachevé, souvent assez désordonné, et géographiquement circonscrit. Il est temps de faire un rapide bilan de cette diversité.

 

III) Diversité des situations insurrectionnelles, un aperçu géographique.

 

L’insurrection de 1851 a affecté, dans des proportions très variables, 28 départements à dominante rurale (tableau I). Parmi ceux-ci 19 avaient donné plus de 40 % des voix ou plus de la moitié des sièges aux montagnards en mai 1849. Si dans quatre autres, le Gard, le Gers, l’Hérault et l’Yonne, les républicains étaient en position un peu moins favorable, surtout du fait de la division régnant en leur sein, ils disposaient tout de même de forces solides ou du moins de bastions[25]. Dans six autres départements où leurs résultats étaient nettement moins bons (les Hautes-Alpes, le Loiret, le Lot, la Lozère, les Basses-Pyrénées et la Sarthe) la participation à l’insurrection ne fut que marginale ou ponctuelle. Contrairement à ce qu’on a souvent écrit, il y a bien un certain lien entre les résultats démocrates socialistes et plus largement républicains en mai 1849 ou ultérieurement, et la participation à l’insurrection. Ajoutons que 16 des départements ruraux insurgés avaient donné à Louis-Napoléon lors de l’élection présidentielle de décembre 1848, un pourcentage de voix inférieur à son résultat national et que l’un d’eux le Var l’avait même placé en seconde position derrière Cavaignac.

L’ampleur de l’insurrection est cependant très variable selon les départements et il est nécessaire de sérier les cas de figure, en ayant bien conscience que les situations locales, d’une infinie diversité, ne se limitent pas à quelques types bien tranchés.

Nous en retiendrons trois, qui nous paraissent les plus caractéristiques.

 

– une action départementalisée ou au moins globale

Dans sept départements, le mouvement insurrectionnel affecte une partie substantielle du département et revêt une forme qui apparaît concertée. Ce sont les Basses-Alpes, la Drôme, le Gard, le Gers, le Var, et à un moindre degré, l’Hérault et l’Ardèche. A ces sept départements, on peut ajouter les fractions de deux autres qui ont participé au mouvement en se rattachant aux précédents, la Cévenne lozérienne avec le Gard, le Sud des Hautes-Alpes avec les Basses-Alpes.

Ce premier cas de figure est celui qui révèle le plus nettement la dimension départementale du mouvement. L’objectif : s’emparer de la préfecture est atteint et même dépassé à Digne, puisque les insurgés ne se sont pas contentés d’imposer leur victoire au chef lieu du département, mais ont entrepris ensuite de descendre le long de la Durance pour aller affronter les troupes envoyées de Marseille (la rencontre a lieu aux Mées)[26], manifestant ainsi une conscience politique et stratégique supérieure à la moyenne. Dans le Var, le mouvement est détourné de son objectif initial, Draguignan, par l’intervention de C. Duteil, journaliste marseillais placé à la tête de la petite armée des insurgés. Celui-ci entraîne vers le N.O. les contingents du Var sous prétexte d’aller porter main forte aux Bas-Alpins. Le mouvement s’enlise ainsi avant d’être dispersé par la troupe[27]. Les Gardois ont mené presque à terme le projet d’encercler le chef-lieu, Nîmes par des contingents venant de quatre directions, l’Ouest cévenol, le Sud Ouest (Vaunage et plaine du Vistre), le Nord alésien, la région d’Uzès. Mais alors que les insurgés avaient atteint les environs de Nîmes, ils reçoivent un ordre de dispersion venant des républicains du chef-lieu[28]. Dans le Gers, même projet de marcher sur Auch, qui n’est que partiellement exécuté à partir de Vic-Fezensac et Jegun à l’Ouest, et de Mirande au Sud-Ouest[29]. Le décalage chronologique entre les mouvements des différentes localités – notamment ceux de Fleurance et Condom au Nord du département – n’a pas permis à l’action d’être totalement unifiée. On a vu que dans l’Hérault, le mouvement est décentré vers Béziers à la suite de l’arrestation des leaders des républicains de Montpellier. La sous-préfecture est effectivement investie par les insurgés des villages environnants. Mais ils sont dispersés par une fusillade de la troupe[30]. Enfin dans la Drôme et dans l’Ardèche, l’organisation du mouvement semble avoir été plus flottante. L’étalement géographique Nord-Sud des deux départements ne se prêtait guère à une action d’ensemble. Les militants ardéchois, influents surtout dans le Sud de l’Ardèche et le long de la vallée du Rhône se sont partagés entre le projet d’appuyer les démarches des Drômois vers Montélimar ou Valence et des initiatives plus localisées (marche sur Privas en venant de la région de Chomérac, ou action sur Largentière ou sur Vallon)[31]. Quant à la Drôme où les sociétés secrètes avaient pénétré dans une centaine de communes et où des incidents isolés suivis d’une dure répression avaient déjà eu lieu en mai 1851 à Mirmande et Cliousclat, le principal mouvement consiste en une marche à partir du 6 décembre sur Crest, chef-lieu de canton dont la position est centrale, à partir des nombreux villages et bourgs voisins (Bourdeaux, Pont-de-Barret, Dieulefit). Mais les insurgés échouent à prendre Crest défendu par des troupes venues de Valence. Des mouvements de plus faible ampleur ont lieu en direction de Die du 7 au 8, et de Montélimar. Mais ils sont arrêtés avant terme ainsi que celui qui visait Valence. Seul Loriol est occupé provisoirement par les insurgés[32].

Ainsi dans tous les cas que nous venons d’évoquer, l’ampleur du ou des mouvements, et leur caractère souvent coordonné révèlent chez les insurgés (ou au moins leurs dirigeants) une vision assez large de l’intervention politique dépassant nettement l’univers de la localité, se situant au plan du département, dont la pertinence comme cadre d’action politique à l’époque est donc confirmée. On en mesure mieux l’intérêt par contraste avec les cas de figure où le mouvement n’a pu dépasser une aire plus restreinte, celle de quelques cantons ou même celle de la localité.

 

-une initiative insurrectionnelle limitée dans l’espace

Dans sept départements, l’Allier, le Jura, le Loiret, la Nièvre, la Saône-et-Loire, l’Yonne, la Nièvre, le Vaucluse le mouvement a tenté de s’organiser autour de quelques cantons, sans prendre pour autant une ampleur départementale. Telles sont les situations que l’on retrouve dans la Puisaye (Yonne), dans l’Allier autour du Donjon, en Saône-et-Loire, aux environs de Chagny et de Cluny, autour de Poligny (Jura), en Vaucluse autour d’Apt, dans le Loiret à Gien, Briare et Bonny. On se limitera par nécessité aux cas de l’Yonne et de l’Allier. Examinons d’abord le cas de l’Yonne, un des plus significatifs. Dans ce département, comme l’a montré John Merriman[33], la pression gouvernementale, à l’oeuvre depuis la fin de 1848 (le préfet Haussmann y agit à partir de mai 1850, avant d’être envoyé en Gironde à la veille du coup d’Etat ), les efforts des hommes d’ordre et une audience incontestable du bonapartisme, au moins dans le Nord du département, ont réussi à affaiblir les démocrates en particulier dans les chefs-lieux de département et d’arrondissement. En revanche dans les arrondissements de Joigny et d’Auxerre, les campagnes ont été partiellement gagnées à la république sociale. La partie la plus déshéritée, la plus pauvre du département, la Puisaye, au Sud-Ouest, très affectée par la crise économique et le marasme du monde rural, est devenue la forteresse du parti démocratique, conduit ici moins par des bourgeois que par des artisans et des prolétaires ruraux. Remarquons que la Puisaye démocratique fait partie d’une aire plus vaste aux caractéristiques socioéconomiques voisines qui s’étend du Gâtinais à la Nièvre, et qui participe à des degrés divers à l’insurrection. Venant de la Nièvre (Coulange-la-Vineuse et Courson à l’Est), les sociétés secrètes républicaines se sont répandues en Puisaye, à Toucy, Saint-Sauveur et dans leurs environs. Au moment du coup d’Etat, les républicains d’Auxerre ne donnent pas d’ordre d’insurrection, mais celle-ci se développe spontanément dans la Puisaye et des contingents de quelques centaines d’insurgés, formés de paysans et d’artisans d’une dizaine de villages marchent d’abord sur Toucy, puis s’efforcent de gagner Auxerre. Ils sont dispersés une première fois à quelques kilomètres de Toucy, une deuxième fois pour ce qu’il en reste à Chavannes à une dizaine de kilomètres d’Auxerre. L’Allier offre une situation analogue autour du Donjon, dans une région accidentée, à la périphérie du département, en bordure de la Saône-et-Loire. Dans l’Allier, les chefs du parti démocratique ont été arrêtés avant d’avoir pu agir. L’insurrection se développe au Donjon, à partir du 3. Les démocrates s’emparent momentanément de La Palisse, la sous-préfecture de l’arrondissement, tentent ensuite une offensive sur Jalligny à l’Ouest, avant d’être dispersés par la troupe. Dans les deux cas, le mouvement a un enracinement avant tout local qui fait à la fois sa force et sa faiblesse. Bien implantés dans leurs bastions, les démocrates manifestent assez de dynamisme pour tenter d’en sortir, mais ils se trouvent dès lors isolés et s’exposent à la défaite. La conscience du rapport de force départemental leur manque.

 

-un mouvement limité au village ou au bourg

Un troisième cas de figure se présente quand les mouvements ne dépassent les limites du bourg ou du village, ou ses environs immédiats. Ici le plus souvent, les insurgés se contentant du succès local, campent sur leurs positions. On rencontre cet aspect dans une douzaine de départements où le mouvement n’a eu qu’un faible écho, mais aussi dans d’autres comme les Pyrénées-orientales où l’on assiste à une floraison d’initiatives, mais qui restent dispersées et sans lien entre elles. Prenons parmi beaucoup d’autres cas possibles, ceux d’Estagel dans les Pyrénées-orientales[34], de La Suze dans la Sarthe[35], de Capestang dans l’Hérault[36]. Estagel, patrie du savant républicain François Arago, représentant des Pyrénées-orientales à la Législative, est une petite république en soi, et l’on conçoit que la résistance y soit « presque unanime ». Le conseil municipal vote une motion contre le coup d’Etat. Les démocrates installent dans un ravin proche du bourg, un camp qui est occupé par plusieurs centaines d’hommes armés pendant une semaine. Mais pas de marche vers l’extérieur. A La Suze dans la Sarthe, un notable local, Trouvé-Chauvel, banquier et négociant, ami de Ledru-Rollin, ancien ministre des finances du gouvernement provisoire en 1848 organise la résistance dans le bourg où l’on construit des barricades, mais cette résistance est subjuguée, non sans combat, par les forces armées. A Capestang dans l’Hérault – où l’on avait – notons-le – voté massivement pour Louis-Napoléon en décembre 1848 – il existait à la veille de 1851 une société secrète de la Montagne. Les démocrates prennent le pouvoir dans le village, le gardent pendant six jours avant que Capestang soit repris par la troupe. Pour des raisons diverses sans doute, prudence et modération des leaders à Estagel ou Capestang, sentiment d’isolement dans un environnement peu favorable à La Suze, la prise du pouvoir local ne débouche pas sur une action extérieure et apparaît plus comme une manifestation d’indépendance à l’égard du pouvoir que comme une véritable résistance. Elle semble indiquer une approche très localiste de l’action politique.

 

A l’issue de cette brève enquête, que conclure sur l’implication du républicanisme rural dans l’insurrection de 1851 ? Nous avons vu que la question se situe à deux niveaux, celui du village d’abord, car c’est là que selon le rapport de forces local, la plus ou moins grande détermination des militants républicains, la résistance ou la complicité des autorités locales, s’enclenche la mise en marche des insurgés. Celle-ci est d’autant plus remarquable que – nous le constatons après coup – l’insurrection n’avait aucune chance de succès. Que cette action ait pu séduire une fraction de la population paysanne qu’on décrit habituellement comme terre à terre, peu portée au rêve et circonscrite dans son univers restreint, cela en dit long sur le malaise qui régnait dans les campagnes, sur les espoirs qu’avait pu susciter l’année 1852, sur l’efficace implantation du mouvement républicain dans les campagnes à travers les formes diverses de sociabilité et les sociétés secrètes républicaines.

A un autre niveau, nous avons essayé de mieux comprendre comment interfèrent dans l’insurrection paysanne, le national, le départemental, et le local. La politique ne consiste pas seulement à choisir entre des options, elle met aussi en jeu la perception d’un espace (comme on le voit aujourd’hui avec la difficulté des Français à se situer au niveau européen). S’engager dans une riposte contre le coup d’Etat du président, c’était d’emblée se situer sur un plan national, et de la part d’un obscur paysan du Gers ou de la Drôme, cela traduit une certaine conscience de la politique comme un fait national, conscience qu’avait pu renforcer à la fois le suffrage universel masculin et l’élection présidentielle. Mais si l’objectif est national, la forme d’action concrète pour atteindre cet objectif se situe dans un cadre plus restreint et parfois très étroit. Dans le meilleur des cas, elle est départementale. Peut-être à cet égard faut-il nuancer dans un sens favorable, l’appréciation négative portée par P.Vigier sur la « provincialisation »[37] du mouvement républicain, à la veille de 1851, qui lui paraissait surtout un handicap. Cette provincialisation ou plutôt cette départementalisation du mouvement républicain n’était-elle pas plutôt un acquis prometteur, encore insuffisant d’ailleurs et donc à faire fructifier ? Lorsqu’un mouvement départemental n’est pas possible, soit qu’une répression préventive ait empêché une action coordonnée, soit que les forces républicaines soient trop faibles ou trop inégalement réparties dans le département, on constate cependant que cela ne conduit pas forcément les républicains des campagnes à l’inaction. Des mouvements plus limités, parfois uniquement locaux sont tentés. L’on peut comprendre l’attitude de ceux qui prennent possession du village ou du bourg sans aller plus loin, manifestant ainsi une conception défensive de l’action insurrectionnelle, pénétrée d’esprit communaliste. Il est plus difficile de donner une explication aux tentatives très minoritaires de marche vers l’extérieur. Suffit-il d’évoquer l’acceptation aveugle de la discipline prônée dans les sociétés secrètes et fortement intériorisée ou l’espoir illusoire en des ralliements espérés. Peut-être faut-il envisager que la conscience d’une incontestable force locale empêche alors la perception du rapport de force réel à une autre échelle, même si c’est seulement celle du département. Quoiqu’il en soit, l’expérience de la résistance paysanne au coup d’Etat de 1851 prouve plutôt que les paysans français du milieu du XIXème siècle vivaient déjà la politique comme une réalité nationale, mais incarnée dans des espaces plus proches d’eux. Ce qui s’inscrit par conséquent avec force contre la thèse d’une France paysanne encore murée dans son archaïsme, son isolement et ses retards historiques.

 

 

Quelques paramètres pour la compréhension de l’insurrection

 

1 Départements montagnards en 1849 (plus de 50 % des sièges aux montagnards ou plus de 40 % des voix) [d’après Jacques Bouillon, « Les démocrates-socialistes aux élections de 1849 », dans Revue française de science politique, 1956, p. 70-95] :

Les départements où se sont produits des mouvements insurrectionnels en 1851 sont indiqués en italique. Nous avons éliminé les départements urbains et industriels.

Ain, Allier, Basses-Alpes, Ardèche, Ariège, Aude, Aveyron, Cantal, Corrèze, Creuse, Cher Dordogne, Drôme, Indre, Isère, Jura, Haute-Loire, Loir et Cher, Lot, Lot et Garonne, Nièvre, Puy de Dôme, Pyrénées orientales, Bas-Rhin, Haut-Rhin, Saône-et-Loire, Haute-Saône, Tarn, Tarn -et- Garonne, Var, Vaucluse, Haute-Vienne

 

2 Départements ruraux ayant connu des mouvements insurrectionnels en 1851 et ne figurant pas dans la liste précédente :

Hautes-Alpes, Gard, Gers, Hérault, Loiret, Lozère, Basses-Pyrénées, Sarthe, Yonne.

 

3. Départements insurgés ayant donné à Louis-Napoléon en décembre 1848 un % de voix inférieur à la moyenne nationale (d’après P. Mac Phee, The Politics…, p. 116) :

Allier, Basses-Alpes, Ardèche, Gard, Gers, Hérault, Haute-Loire, Lot, Lot et Garonne, Lozère, Pyrénées orientales, Saône-et-Loire, Sarthe, Tarn, Var, Vaucluse.

 

4. Départements où l’existence de sociétés secrètes républicaines est attestée entre 1849 et 1851 (d’après T.W. Margadant, op. cit., p. 137) :

Allier, Basses-Alpes, Hautes-Alpes, Ardèche, Bouches-du Rhône, Cher, Drôme, Gard, Gers, Lot-et-Garonne, Nièvre, Pyrénées-orientales, Tarn, Var, Vaucluse, Yonne.

 



[1] Princeton University Press, 1979, 379 p.

[2] E.Tenot, La Province en décembre 1851. Etude historique sur le coup d’Etat, Paris, 1865, VI-360 p.

[3] P.Vigier, La Seconde République dans la région alpine. II. Les paysans, Paris, 1963, 527 p.

[4] M.Agulhon, La République au village, Paris, 1970, 543 p.

[5] John M. Merriman, The Agony of the Republic, The Repression of the Left in Revolutionary France. 1848-1851, Newhaven, 1978

[6] Peter McPhee, The Politics of Rural Life, Political Mobilisation in the French Countryside 1846-1852, Clarendon Press Oxford, 1992, 310 p.

[7] R.Huard, La Préhistoire des partis, Le Mouvement républicain en Bas-Languedoc, 1848-1881, Presses de Sciences Politiques, 1982, 520 p.

[8] P.Vigier, op. cit., II, p.325.

[9] Nous avons exploré ce point dans « Aux origines d’un thème républicain, la défense de la République. La riposte au coup d’Etat de 1851 dans le Gard » p. 213-227 dans La République en Languedoc-Roussillon 1792-1958, Société d’Histoire moderne et contemporaine de Nîmes, Nîmes, 1993.

[10] Le terme est employé par l’orateur républicain Michel de Bourges à l’Assemblée en novembre 1851 lors du débat sur la proposition des questeurs.

[11] Romieu, Le spectre rouge de 1852, Paris, Ledoyen, 1851, notamment p. 12, 44 et 83.

[12] D’après Ted W.Margadant, op. cit. p.137, les sociétés secrètes républicaines ont touché 16 départements.

[13] Margadant, op. cit. p. 8.

[14] J.Dagnan, Le Coup d’Etat et la répression dans le Gers, Auch, 1929, 596 p. ; Roger Pierre, Ah! Quand viendra la Belle, Résistants et insurgés de la Drôme, 1848-1851, Valence 1981, 248 p. ; E.Reynier, La Seconde République dans l’Ardèche 1848-1852, rééd.F.O.L. de l’Ardèche, 1998, 222 p. ; Peter Mc Phee, Les Semailles de la République dans les Pyrénées-orientales, l’Olivier, Perpignan, 1995, 507 p. ; A.Corbin, Archaïsme et modernité en Limousin au XIXème siècle, t. II, p 834-37 ; P.Merlin, Le coup d’Etat du 2 décembre 1851 dans le Jura, Société d’émulation du Jura, Travaux, 1994, Lons-le-Saunier, 1996, p. 155-182

[15] Tout récemment l’association 1851-2001 (7 boulevard des Tilleuls, 04190, Les Mées) a entrepris un travail de collecte de sources et d’informations concernant le coup d’Etat portant d’abord sur le Sud-Est, mais plus largement sur l’ensemble de la France (bulletins paraissant régulièrement).

[16] P.Vigier, op. cit.,t. II, p.310-311 ; R.Pierre, op. cit., p.103 ; R. Huard, Le Parti républicain et l’opinion républicaine dans le Gard, thèse Doctorat d’Etat, Paris IV, 1977, p.557 ; Dagnan op. cit., p.6-8.

[17] M.Agulhon, op. cit. p.436-438 ; E.Appolis, « La résistance au coup d’Etat du 2 décembre 1851 dans l’Hérault », Actes du 77 ème congrès des sociétés savantes, histoire moderne et contemporaine, Grenoble, 1952 ; Margadant op.cit. p.7-8.

[18] Huard, thèse citée, t. II, p.562-563.

[19] Dagnan, op. cit., p.121 seq.; Huard, thèse cit., II, p.563.

[20] Dagnan op. cit., p.146.

[21] Huard, thèse citée, II, p.565.

[22] Mc Phee, The Politics…, cit., p. 236-238.

[23] Dagnan, op. cit., p.67 ; Vigier, op. cit., p 311 et suivantes.

[24] Dagnan, op. cit., p. 46 ; Huard, thèse citée, chap. VIII, note 45 : « Nous ne rencontrions point de résistance, ce ne serait qu’une promenade. » témoignage de Jean Masbou, cultivateur, Cassagnoles, Gard (A.D.Gard, 3 U 5 /1).

[25] La division des montagnards entre deux et mˆme trois listes a gravement affecté les résultats des montagnards gardois en mai 1849, mais en janvier 1850, lors d’une élection partielle, un candidat d’union républicaine se rattachant à la Montagne a été élu contre deux légitimistes, en rassemblant 49,9 % des suffrages exprimés. Dans l’Hérault, en mai 1849, les montagnards ont obtenu 38% des voix et sont arrivés en tête dans sept cantons (Sète, Clermont l’Hérault, Lodève, Saint-Pons, Pézenas, Mèze, Mauguio). Ils recueillent encore près de 36 % des voix lors d’une élection partielle en juillet 1849, malgré une conjoncture politique très défavorable. L’emprise des forces républicaines apparaît plus fragile dans l’Yonne et le Gers. Elle est affaiblie par la division des forces républicaines entre modérés et montagnards. Lors de l’élection partielle qui se déroule dans l’Yonne le 14 octobre 1849 deux candidats républicains affrontent Antoine Bonaparte et réunissent à eux deux, 35,9 % des suffrages dont 23,4 % pour le montagnard Auguste Rivière et 12,5 % pour le modéré Victor Guichard. Même division dans le Gers, ce qui a permis le succès des candidats conservateurs en mai 1849 alors que les républicains dans leur ensemble disposaient d’une majorité arithmétique. En 1849 lors d’une élection partielle les montagnards progressent et atteignent 35 % des suffrages mais parallèlement les modérés s’effondrent à moins de 10 %. Les positions républicaines sont tout de même loin d’être négligeables.

[26] Vigier, op. cit., p. 311-318.

[27] Agulhon, op.cit., p.437-442.

[28] Huard, thèse citée, II, p.552 à 575.

[29] Dagnan, op. cit., p.1-185.

[30] Margadant, op. cit., p. 1-9.

[31] Reynier, op. cit., p. 153-172.

[32] R.Pierre , op. cit, p. 103 -176.

[33] Merriman, op. cit., p. 191-214.

[34] McPhee, op. cit., p. 368-378.

[35] Tenot, op. cit., p. 6

[36] Ibid., p 163-166.

[37] Voir note 8