Ledru Rollin, chanson

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Chanson chantée lors d’un banquet à Flayosc le 24 juin 1850. (AD Var 2 U 414, dossier Maquet, etc )

Ledru Rollin

 

Deux cris sont partis de l’espace :

L’un plein de haine et de menaces

Portant des mots de fiel imbu :

A bas Ledru !

Echo de la voix populaire,

L’autre, (à cet accent de colère)

Accent d’amour répond soudain

Vive Ledru-Rollin !

 

Bourgeois, à qui la République

A donné si fort la colique,

Pourquoi, trembleur, répètes-tu,

A bas Ledru ?

Lorsque tout un peuple, au contraire,

Que toute injustice exaspère,

Répète, lui, soir et matin

Vive Ledru-Rollin !

 

Bourgeois, en toi, c’est l’égoïsme

Dont l’impudent charlatanisme

Crie, en faignant d’être perdu

A bas Ledru !

Tandis que la reconnaissance

Dicté au peuple dans sa souffrance

Ce démocratique refrain

Vive Ledru-Rollin !

 

Mais Ledru veut, qu’à l’exercice,

Comme un vilain, s’assujettisse

Le fils du riche parvenu !

A bas Ledru !

Ah ! Dis nous donc aristocrate,

Dieu forma-t-il d’une autre pâte,

Une portion du genre humain ?

Vive Ledru-Rollin !

 

Pour dégréver le prolétaire,

Ledru-Rollin veut encore faire

Payer l’impôt au revenu

A bas Ledru !

Oui, le capital et la rente

Doivent remplacer la patente,

L’impôt du sel, l’impôt du vin !

Vive Ledru-Rollin !

 

Il veut l’instruction gratuite !

L’influence est alors détruite,

Et tout pouvoir nous est perdu.

A bas Ledru !

Oui, Ledru veut que la science

A toute haute intelligence

Des hommes ouvre le chemin.

Vive Ledru-Rollin !

 

Qui donc en veut à la richesse ?

Et pourquoi redis-tu sans cesse,

Bourgeois gorgé de superflu

A bas Ledru ?

Garde ton trésor qui t’enchante,

Mais, respect au peuple qui chante.

Un chant d’amour endort la faim !

Vive Ledru-Rollin !

 

Enfin quand la démocratie

Lutte contre la tyrannie

Te verra-t-on, pour un écu,

Honnir Ledru.

La Réaction à beau faire,

L’avenir est au prolétaire,

S’il persiste dans ce refrain

Vive Ledru-Rollin !