Ce document fait partie d’une série consacrée à l’inauguration du monument d’Aups

Petit Var, 6 août 1881

AUX REPUBLICAINS DU VAR

La Commission du monument commémoratif élevé à Aups, en l’honneur des victimes de 1851, nous prie d’insérer la note suivante adressée aux républicains du Var :

La ville d’Aups, qui vient d’ériger une colonne en l’honneur des défenseurs de la Constitution, victimes du crime du Deux-Décembre 1851, a fait, le 31 juillet, appel aux illustrations républicaines, aux autorités supérieures, aux corps élus, enfin à la démocratie entière, voulant donner à cette fête patriotique tout l’éclat qu’elle comportait.

M. le Préfet du Var, M. Dréo, député, M. Bon, vice-président du Conseil général ont prouvé, par des discours éloquents, toute la reconnaissance que nous leur devons et à juste titre méritée.

M. Bessat, procureur général près la Cour d’Aix, après avoir fait comprendre tout l’odieux du despotisme, a flétri l’Empire, et la voix autorisée de l’éminent avocat qui, à dater du Deux-Décembre, n’a pas cessé de mettre, gratuitement, son grand talent au service des condamnés politiques, a montré, une fois de plus, le respect profond que nous devons aux hommes intrépides et courageux que l’amour de la République et de la liberté avait pousser à braver la mort.

MM. Gariel, de Régusse ; Viort, du Luc ; Castellan, de Draguignan, et Maurel, d’Aups, ont retracé, dans des discours couverts d’applaudissements frénétiques, les épisodes se rattachant à la solennité.

On a pu évaluer à plus de 6,000 les étrangers accourus de toutes parts, l’âme et le cœur remplis de recueillement.

Jamais fête n’avait présenté, dans notre localité, un caractère aussi imposant, aussi majestueux ; l’ordre et le calme le plus solennel régnaient partout, il semblait que les glorieux martyrs de la liberté avaient soufflé, dans l’esprit de tous, le respect et la dignité, pour mieux affirmer le grand acte qui s’accomplissait.

Merci mille fois à vous tous, Messieurs, Fonctionnaires de tous ordres, Corps élus, Délégations, Représentants d la presse et simples Citoyens qui, en venant nous honorer de votre présence, avait compris que notre fête était une énergique protestation contre les crimes despotiques.

Merci à la ville de Brignoles qui, obéissant à des sentiments patriotiques bien connus de tous, nous a prêté le concours dévoué de son excellente musique, dirigée par M. Gras.

Merci aux patriotes de Vidauban qui, pour relever l’éclat d’une fête enfantée par l’amour de la liberté et l’horreur du despotisme, ont spontanément mis à la disposition de la Commission leur orphéon qui, né d’hier, est déjà digne d’un glorieux éloge.

Merci enfin aux municipalités de Toulon, Draguignan et Brignoles, qui ont si énergiquement concouru au succès de cette solennité.

Cette journée mémorable comptera, dans l’histoire de notre cité, comme un souvenir éclatant de la revendication du droit et de la justice.