André Troin
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Déposition d’André Troin, résistant aupsois transcrite par Bruno Bousquet, Jean-Marc Jugé et Cyril Rasseneur, élèves de 5°3 du Collège Henri Nans à Aups (année 2000/2001) Justice de paix du canton de Aups Déposition de Troin André cultivateur à Aups Membre de la Société secrète INFORMATION n° 12 (bis) L’an mil huit cent cinquante deux et le trois janvier. Nous, Jean-François Antoine Gérard, Juge de paix canton, arrondissement de Draguignan, Var, assisté de greffier Procédant, en cas de flagrant délit, par suite de notre procès-verbal de ce jour. Nous avons fait comparaître devant nous, le témoin ci-après nommé, à nous indiqué comme pouvant nous donner des renseignements sur l’organisation des sociétés secrètes et de l’insurrection ; il nous fait sa déclaration ainsi qu’il suit : Je me nomme Troin André, âgé de 38 ans, cultivateur à Aups. Je fais partie de la société secrète. Je le dois à la sollicitation du dit Joseph Archier cultivateur à Aups. Vers la fin du mois de novembre dernier le sieur Louis Rabel vint me chercher avec le sieur François Archier à la chambrée pour aller nous faire recevoir au café du sieur Allemand où il y avait ce jour là de nombreuses réceptions. Rabel nous fit répéter les demandes et les réponses qu’il fallait faire et on me reçut avec tout le cérémonial d’usage. Quand on eut enlevé le mouchoir qui me couvrait les yeux, je reconnus que je me trouvais en présence d’Isoard, Fabre, Marcelin Gibelin, Grégoire Reboul, Giraud cadet, Césaire Reboul et autres ; il y avait environ cinquante personnes. Le vendredi 5 décembre vers dix heures du soir, le sieur Honoré Roux dit Rigolet, vint me faire lever et me dire de venir à la chambrée des Escaraïre dans la maison Castellan, où se réunissait la société secrète. J’arrivais un peu plus tard. On parlait qu’il fallait aller arrêter le courrier. Enfin vers une heure après minuit le sieur Isoard dit qu’il fallait partir. Il s’adressa directement à moi et me dit : « Prenez un fusil et suivez Marcelin Gibelin et vous irez attendre le courrier. » Nous partîmes six : Marcelin Gibelin, notre chef, Maurel dit le Gaillard, François Piston dit Barral, Joseph Villevieille fils de Louis, Joseph Bounic fils de Justin Bounic et moi. Quand nous fûmes en route, nous rencontrâmes le sieur Darde dit Bourguignon, charron qui allait à Villecroze. Le sieur Marcellin Gibelin lui dit de venir avec nous arrêter le courrier. Bourguignon vint alors avec nous et nous marchâmes jusqu’au delà du pont où nous nous arrêtâmes et nous éclairâmes du feu pour attendre le courrier. Nous étions tous armés je crois à l’exception de Bourguignon qui n’avait qu’un bâton. Nous attendîmes longtemps. A l’approche du courrier, Marcelin Gibelin s’avança vers lui et lui dit : « Arrête ! » Nous nous saisîmes aussitôt des chevaux, Marcelin Gibelin mettant un pistolet sur la poitrine du courrier lui dit : « Nous ne voulons pas te faire de mal. Nous ne voulons que les dépêches. Mais prête serment de ne rien dire. Si tu avais le malheur de nous dévoiler, tu serais perdu. Cette arme est pour toi. » Maurel et Barral tenaient les rênes des chevaux, Villevieille, Bounic et moi tenions en joue le courrier, Marcelin fouillait la boîte et s’emparait des dépêches et Bourguignon tenait la lumière pour l’éclairer. Une fois toutes les dépêches prises, nous avons laissé repartir ce courrier et nous sommes retournés à la société où Isoard nous attendait avec Pancrace Mourgues, Antoine Verdeirenq, Jourdan, Rabel, Joseph Archier et autres. Nous lui avons remis à lui-même les dépêches et je me suis retiré. Le lundi matin 8 décembre, j’étais allé labourer, lorsque le sieur André Archier par ordre des chefs est venu me faire retourner. Pendant l’occupation des insurgés, j’ai monté la garde et je ne me suis mêlé de rien. Lecture faite au témoin de sa déposition, il y a persisté et a déclaré ne savoir signer.
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