Des Montagnards après Décembre ?

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Clandestinité et réseau républicain dans le Haut-Var. La société secrète montagnarde d’Artignosc (1849-1851)

par Frédéric Négrel

cinquième partie :

 

 

Des Montagnards après Décembre ?

 

5.1 La répression

 

 

Le 13 décembre, le maire Joseph Armelin envoie un rapport des faits d’insurrection au préfet. Il dresse une liste de 53 personnes qui auraient marché sur Aups. Mais la répression s’occupe d’abord des bourgs les plus importants. Des battues sont organisées pour déloger des forêts les Républicains qui s’y sont réfugiés. Le général commandant l’état de siège ordonne la fermeture de toutes les chambrées du département, tandis que le préfet demande aux maires de faire disparaître les inscriptions républicaines sur les édifices publics. Les conseils municipaux républicains sont dissous dont, le 5 février 1852, celui d’Artignosc qui comportait 5 conseillers affiliés à la société secrète.

 

Entre temps, les 20 et 21 décembre, Bonaparte organise un plébiscite pour faire avaliser le coup d’Etat. A Artignosc, comme ailleurs, sa manœuvre réussit : le Var ne donne que 4340 NON pour 62499 OUI. Seuls des bulletins OUI ont été imprimés, ceux qui veulent voter NON doivent l’écrire eux-mêmes. Il n’y a pas d’enveloppe, le bulletin est remis plié au président du bureau qui le met dans l’urne. Sur 137 inscrits, 116 Artignoscais votent. Il ne s’en trouve que 8 pour inscrire NON sur le bulletin.

 

 

Les 3 et 4 janvier 1852, tous les Varois sont appelés à déposer leurs armes en mairie. Elles y resteront plusieurs mois, voire plusieurs années[1]. Mesure particulièrement impopulaire dans une région où la chasse, acquis de la Révolution, est une passion partagée par toutes les classes sociales[2], et qui vient s’ajouter à la loi sur la chasse de 1851 qui en portant le prix du permis à 25 francs[3] a poussé de nombreux Provençaux vers le braconnage. Louis Burles fera de la restitution de ces armes un des thèmes de la campagne des municipales de 1852 à La Verdière , victorieuses pour les « socialistes »[4].

 

 

Le 23 janvier, la gendarmerie de Barjols vient arrêter 21 insurgés artignoscais qui s’ajoutent aux 26000 Républicains appréhendés sur le territoire national. Ils sont conduits à la maison de dépôt de Barjols et transférés à Brignoles  le 26, avec ceux de Moissac . Trois autres seront arrêtés le 3 février. La prison brignolaise est surchargée : le 29 février, il y a là 248 prisonniers pour 36 cellules. Il y en aura jusqu’à 300 le 5 avril. « Les prisons ne sont plus saines. Je redoute les maladies du fait de l’exiguïté des locaux. » écrit le sous-préfet. Le charbonnier de Tavernes  Toussaint Robert, 26 ans, y laissera la vie. A Draguignan , où sont détenus Victor Dauphin, César Jean et Joseph Constans Mourron, les conditions ne sont pas meilleures : les salles de 9 mètres de long sur 6 de large contiennent 70 à 80 prisonniers. Un d’entre eux meurt asphyxié. La veille de Noël, on en place 250 dans la cour de la prison. Ceux qui seront transférés à Toulon  en attendant leur embarquement pour l’Afrique ne seront pas mieux lotis au Fort Lamalgue. Non loin d’Artignosc, sur la route départementale n°5 qui, depuis Quinson  via Montmeyan  et Barjols , relie les Basses-Alpes au port de guerre, ce sont des convois quasi-journaliers de proscrits bas-alpins, enchaînés deux à deux, que l’on traîne vers la déportation. Le spectacle de ces convois ajoute à l’accablement, d’autant plus qu’une compagnie militaire est cantonnée à Montmeyan pour assurer le passage[5]. D’ailleurs, le 12 mars, le maire de Quinson écrit au préfet qu’il ne veut plus que les proscrits passent par chez lui. Un autre scène symptomatique de cet accablement, mais qui laisse percevoir une espérance, est rapportée par Emilien Constant[6] : en juillet 1852, « l’arbre de la Liberté est toujours entretenu à Barjols. Le journal l’Union du Var s’en indigne et la gendarmerie abat l’arbre. La population se tait, mais chacun en prend un débris et l’emporte comme une sainte relique. »

 

 

Les inculpés d’Artignosc sont interrogés à Brignoles  les 30 et 31 janvier et les 2 et 17 février 1852, sauf ceux qui ont été arrêtés par la troupe à Flayosc  et Aups  qui eux comparaissent à Draguignan  le 8 janvier. Le 5 février, neuf sont libérés, et un autre le 7. Les condamnés à des peines légères sortent début mars. Les 3447 dossiers des inculpés sont examinés par la Commission mixte composée du préfet, du procureur de la République et du général commandant l’état de siège. Cette mixité de composition aggravait le viol de la Constitution en rompant la séparation des pouvoirs.

 

 

Nous ne reprendrons pas la démonstration effectuée pour le Gard par Raymond Huard[7] et qui s’applique parfaitement pour la région étudiée : « De tous ces hommes qui se sont engagés, ne fût-ce que timidement, dans une action politique, que reste-t-il après l’épreuve de la répression ? Celle-ci ne frappe pas les individus en fonction seulement du degré de culpabilité établi par les faits. Des intentions politiques, des discriminations sociales infléchissent ses résultats. Les mesures de clémence qui ont suivi la répression sont, elles aussi, très nettement surdéterminées, mais dans un sens opposé, par une forte pression sociale. » Pour Maurice Agulhon[8] : « Il ne s’agissait pas pour [la commission mixte] de décider qui avait, ou n’avait pas, commis tel ou tel acte précis d’insurrection, de rebellion, de dépradation, mais qui avait dans la subversion globale, joué ou non un rôle important. »[9] Aussi le décret du 8 décembre 1851 permet-il de déporter en Afrique tout individu reconnu coupable d’affiliation à une société secrète, qu’il ait ou non participé à la résistance. Dans le Haut-Var, les dirigeants reconnus des sociétés secrètes sont systématiquement condamnés, et pour ce seul fait, à la transportation en Algérie, la mention + accompagnant souvent la peine des présidents.

 

Le souci premier de la répression lors de ces interrogatoires porte donc sur l’organisation du parti clandestin, plutôt même que sur celle de la municipalité insurrectionnelle. Systématiquement (à l’exception de Régusse  où les secrets de la société ont été rapidement livrés), on demande au prévenu s’il était affilié, qui étaient les chefs, et d’où venaient les ordres. Souvent, les inculpés se contentent de nier leur appartenance.

 

D’après Lambert Honorat de Baudinard  : « Après les événements, il avait été décidé de ne rien dire et de ne pas se déclarer les uns les autres. » Si aucun indicateur de village n’a donné de liste et qu’aucun Montagnard n’a trahi son serment de ne pas livrer les secrets, les conclusions de l’instruction restent évasives. C’est que, devant la masse de dossiers à traiter, les enquêtes restent limitées. Les confusions homonymiques sont nombreuses : Emmanuel Sappe se plaint d’avoir été confondu avec Jean-Honoré Sappe, chef de section. A Moissac , c’est Joseph Roux dit Valentin qui dit être victime d’une confusion avec Joseph Roux dit l’Hermite. De telles méprises sont également constatées dans le Gard.[10]

 

Nous connaissons l’identité de certains de ces indicateurs, mais les événements sont encore trop frais dans quelques mémoires familiales pour nous permettre de les livrer ici.

 

A Artignosc, les langues semblent se délier facilement. C’est qu’ici la quasi-totalité des Montagnards a participé aux marches. Le maire a ainsi pu dresser un état proche de la réalité des affiliations, aidé par « des serviteurs zélés de la justice »[11]. N’ayant pas grand chose à se reprocher au sujet des événements de Décembre, étant au contraire persuadés d’avoir alors agi conformément au Droit, la plupart des Montagnards étalent naïvement l’historique de leur parti, sans toutefois accabler l’un d’entre eux. Peut-être aussi leur prolixité est-elle guidée par une amertume quant à la conduite générale du mouvement, comme à Moissac  où plusieurs insurgés demandent que les chefs ne soient pas épargnés (« On nous a berné ! »). On sait, par ailleurs, que le mouvement républicain varois a pendant plus d’un siècle voué aux gémonies les inconséquences de Camille Duteil[12].

 

Le maire et le juge de paix sont peu satisfaits de ce que la répression ne s’abatte pas sur la totalité des Républicains. Ils multiplient les rapports demandant de nouvelles arrestations : « Il reste encore dans toutes les communes de mon canton beaucoup d’individus appartenant aux sociétés secrètes et qui ont pris part à l’insurrection qui par leur langage ne méritent pas de rester dans l’oubli et tranquilles chez eux. »[13]. Leurs principales cibles sont Sébastien Constans et Louis Pellegrin. Le premier est non affilié et le second n’avait aucune fonction dans la société et comme ils ne se sont pas montrés violents durant la résistance, ils n’intéressent pas la répression, qui de plus a perdu l’interrogatoire de Louis Pellegrin ![14]

 

 

La commission mixte condamne quatre Artignoscais à la déportation en Algérie. Antoine Pellegrin à l’Algérie + (10 ans), et César Jean, Auguste Guion et Jean-Pierre Bourges à l’Algérie – (5 ans).

 

Antoine Pellegrin est le plus lourdement condamné car président de la société secrète. Pourtant, l’activité du vice-président César Jean durant la résistance a été plus remarquable par la liaison qu’il a établie avec Salernes , l’organisation qu’il a donnée à la commune et les menaces qu’il aurait proférées envers les timorés Républicains aupsois . Quant à Auguste Guion et Jean-Pierre Bourges, s’ils écopent de la déportation, ils le doivent à leur titre de chef de section, dont la répression a pu reconstituer la composition.

 

 

Bienvenu Constans est condamné à l’expulsion du territoire pour 3 ans. Cette peine n’est pas liée à sa discrète activité clandestine mais à des menaces qu’il aurait faites à un réticent à la marche.

 

 

Charles Autran, Joseph Combes, Victor Dauphin, Hyacinthe Martin et Jules César Laurent doivent se soumettre à l’internement, peine consistant à être placé en résidence surveillée dans une commune éloignée.

 

Charles Autran doit cette distinction aux soupçons d’avoir tiré sur la troupe dans les rues d’Aups , mais aussi peut-être pour avoir lors de l’été 1851 poussé ses journaliers à chanter des chansons séditieuses. Joseph Combes la doit à sa fonction de chef de section durant la marche. Victor Dauphin est condamné pour être allé espionner à Draguignan . Hyacinthe Martin pour avoir insulté au sortir de la messe du 6 décembre le maire et le curé, que Jules César Laurent est soupçonné d’avoir menacés de mort.

 

 

Douze sont condamnés à la surveillance. Ils ne peuvent quitter la commune sans autorisation expresse du maire et pour une durée limitée. Ils doivent également se présenter régulièrement aux autorités locales. Ce sont Lazare Autran (propagation de fausses nouvelles), Joseph Constans Mourron (maire insurrectionnel), Joseph Constans Rabassier (propagation de fausses nouvelles), Pons Dauphin (chef de section pour la marche), Jean Honorat (pour ses recrutements dans le parti clandestin), Léon Jouvenel ( ?), Fortuné Martin (pour avoir précédemment commis un délit de chasse), Joseph Piston ( ?), Emmanuel Sappe (dit être confondu avec le chef de section Jean-Honoré Sappe ; par ailleurs, il avait auparavant été condamné pour vol de feuilles mortes !), Jean-Baptiste Sappe Lion d’Or (menaces de mort) et Joseph Vachier (recrutement pour la colonne).

 

 

Les plus lourdes peines ont donc été réservées aux chefs de la société secrète, les faits d’insurrection ne relevant que de peines plus légères. Tous les condamnés sont des affiliés, aucun des 5 résistants non-initiés n’est inquiété, y compris l’honni Sébastien Constans qui a pourtant fourni des armes.

 

 

Les peines d’internement ne seront pas effectuées[15]. Même l’expulsé Bienvenu Constans ne partira pas, comme tant d’autres, pour l’exil en Piémont, en Belgique, en Californie ou à La Nouvelle-Orléans . Le 16 avril, le conseiller d’Etat Quentin-Bauchart, envoyé du Prince-Président, commue ces peines en surveillance. Mais tous les condamnés à l’Algérie, du moins les Artignoscais, ne bénéficient pas de ces grâces (440 sont déportés sur 744 condamnés). Ils embarquent à Toulon  le 9 mars sur la corvette mixte Le Labrador. Arrivés en Algérie, ils sont placés dans des camps. Bourges, Guion et Pellegrin sont dans celui d’Aït-Benian, César Jean dans celui de Bourkika. Tous quatre, graciés, seront de retour avant la fin de l’année 1852 ou au début de 1853. Tous les proscrits n’ont pas cette chance. L’Aupsois  Antoine Verdeirenq reste 8 ans en déportation tandis que Paulin Guichard, des Salles , et Honoré Tournel, de Montmeyan , décèdent à Bourkika en 1853. Quant aux surveillances, dont « le but est d’empêcher les communications »[16], le maire les organise en appel bimensuel jusqu’à la remise des mesures de sûreté générale de février 1853, faisant ainsi peser au village le poids de la répression plus d’un an : on doit demander son autorisation pour se rendre à des foires, aller travailler dans les bois de Montpezat  ou, pour le cordonnier Léon Jouvenel, prendre son cuir à Cotignac .

L'arrivée de Quentin-Bauchart à Toulon

Dans certaines communes, « plusieurs condamnés à l’internement ou à l’expulsion ne sont pas encore partis de leur village »[17] en juillet 1852. Ainsi, André Guichard et Laurent Simon, dont les peines de déportation ont été commuées en internement à Castres et à Muret, sont toujours à Baudinard  en mai 1853[18].

 

 

5.2 L’affaire de la liste démagogique d’Artignosc

 

 

Le conseil municipal dissous en février est remplacé par une commission provisoire de 5 membres choisis parmi les plus gros propriétaires et présidée par l’ancien maire.

 

Un de ces membres, père de deux résistants, démissionne en mai et est remplacé par Pierre-Jean Jean, maçon et gros propriétaire affilié du 6 décembre. En juillet, il est nommé adjoint du maire Armelin. Comment un résistant affilié a-t-il pu accéder aux fonctions municipales ? Son affiliation tardive a-t-elle levé les craintes des autorités ? Il se pourrait que le juge de paix du canton, Jean-Baptiste Isidore Constans, qui rappelons-le est originaire d’Artignosc dont il a été maire, ait voulu se servir de cette nomination dans un conflit l’opposant au maire Armelin.

 

 

Pierre-Jean fait partie des personnages les plus apparents d’Artignosc. Son père, Joseph Jean Gondran, a été maire de 1816 à 1821 et reste conseiller municipal jusqu’à 1848[19]. Il était un des rares artignoscais inscrits sur la liste complémentaire des électeurs départementaux en 1843. Propriétaire du seul four fonctionnant au village, il donne en 1850 143 hectares de ses propriétés à ses fils et gendres. Un autre de ses fils, Jean, est également affilié à la Montagne depuis l’été 1851. Nommé dans la commission provisoire de 1852, il intervient auprès du préfet pour faire relâcher Hyacinthe Martin. Il sera néanmoins battu sur la liste blanche lors des municipales de 1852.

 

Pierre-Jean, né en 1817, est inscrit comme maçon sur le recensement de 1851. Mais il est déjà propriétaire de 45 ha venant de son père. En 1853, il se dit marchand de pâtes alimentaires avec 1000 francs de revenus annuels. Elu aux municipales de 1852 avec 87 voix sur 87 exprimées, il devient le personnage central de la vie politique artignoscaise : maire en 1865, membre de la commission provisoire en octobre 1870, et de nouveau maire jusqu’en 1884. Nous ne savons rien de son engagement montagnard, sinon qu’il n’est reçu que durant la marche du 6 décembre par Antoine Pellegrin et César Jean.

 

 

Faute de pouvoir vraiment s’exprimer aux élections législatives tant attendues, et malgré la répression, les élections municipales d’août 1852 sont l’occasion pour les Républicains de réapparaître sur la scène légale. En effet, lors du simulacre de législatives de mars, le candidat officiel Jules Portalis non content de rafler la totalité des voix artignoscaises, draine une importante participation : 82 %.

 

Ils n’ont encore pu le faire lors des cantonales de juillet-août, où le candidat officiel François Victor Layet est élu pour le canton de Tavernes avec 80 % des voix. Les Artignoscais (qui participent là encore massivement : toujours 82 %) ont voté comme l’ensemble du canton, n’accordant que 18 voix à un professeur de droit d’Aix, un libéral.

 

Ils sont moins disciplinés pour l’élection au conseil d’arrondissement qui a lieu le même jour. Le candidat officiel, le sortant Hilarion Garcin, greffier de la justice de paix de Barjols , ne recueille que 3 voix. Les suffrages artignoscais se sont considérablement dispersés entre plusieurs notables locaux (Layet, Henri Fabre, de Tavernes , Jean-François Gros, de Villeneuve , Joseph Mariny, le receveur). Si cela est signe d’indocilité, il est lancé par l’ensemble du canton où Garcin est élu de justesse.

 

 

Mais les élections municipales laissent plus de latitude. Le parti va pouvoir faire circuler des bulletins en ayant toutes chances d’efficacité. Elles sont remportées par les Républicains dans trente communes varoises[20], notamment des cantons de Besse , de Salernes  et de La Roquebrussane . Notons qu’à Besse, les autorités s‘émeuvent que les rouges soient venus voter par groupe de 10 et attribuent cette organisation aux sections de la société secrète. Dans le canton de Tavernes, si le parti de l’Ordre gagne à Montmeyan , Fox-Amphoux , Sillans  et Tavernes  (où il n’y a que 51 votants sur 420 inscrits au 1° tour), les rouges l’emportent à Régusse , Moissac  et Artignosc. Ils raflent même la totalité des sièges dans ces deux dernières communes car les « 3/4 des électeurs ont appartenu aux sociétés secrètes » dit le juge de paix. Ces résultats hâtent l’installation d’une brigade de gendarmerie à Montmeyan et d’un commissaire de police cantonal à Tavernes en janvier 1853.

 

La liste électorale artignoscaise a été amputée des 19 condamnés politiques. Sur les 115 inscrits restants, 87 viennent voter, soit une participation (75%) légèrement supérieure à celle estimée de 1848.

 

Les résultats font apparaître un vote partisan très marqué : les élus font tous 67 voix (sauf Joseph Sappe Béchon qui n’en obtient que 60) et les battus sont tous à 20 voix (sauf Jean-Baptiste Constans Jeansac qui est à 27). Dix-neuf personnes seulement ont obtenu des suffrages.

 

Car, devançant tout le monde, Pierre-Jean Jean recueille l’unanimité des 87 votants. Il semble avoir figuré sur les deux listes, les rouges faisant confiance à son engagement résistant et au serment qui l’a accompagné, les blancs misant sur sa conversion à l’Ordre.

 

Qui sont ces élus et battus ?

 

Sur la liste blanche, outre Victor Armelin, Joseph Jean Gondran et Etienne Louis Escolle que nous avons déjà rencontrés, figurent deux moyens propriétaires ancien conseillers municipaux d’avant 1848 ; le père de deux affiliés, Antoine Caillol ; un cabaretier, lui aussi père d’un Montagnard ; et Antoine Grambois, ancien adjoint sous la monarchie de Juillet, beau-frère d’affilié, domicilié chez un autre Montagnard, un des premiers à avoir été initiés dès l’automne 1850, qui a livré des renseignements au maire et qui recueille également les voix des blancs.

 

La cohérence paraît simple : on a fait appel aux plus notables des Artignoscais, puisant dans les élus de la monarchie, nonobstant les liens familiaux montagnards, ce qui peut apparaître comme une façon de s’amender des fautes familiales et de se solidariser d’avec le transfuge.

 

Chez les rouges, tout en rejetant les traîtres et les caciques du village, on joue aussi de la fibre familiale[21] : François Laurent est père d’affilié condamné, Jean-Baptiste Honoré Denis Constans est père de deux résistants et Sauveur Constans Bridou, petit propriétaire, est frère de Sébastien. Mais on a aussi le gros propriétaire du domaine de Fontaine ; un moyen propriétaire, conseiller municipal sous la monarchie, Benoît Bourjac ; un moyen propriétaire, Joseph Sappe Béchon ; et, plus surprenant, Louis Chauvin, le gros fermier de Pampelonne, propriété appartenant au blanc Escolle. Deux résistants seulement récoltent des voix : Sébastien Constans et Louis Pellegrin, seul affilié.

 

Ici, la pression exercée par la répression semble trop forte pour que les Montagnards eux-mêmes (du moins ceux épargnés par les condamnations) puissent s’exposer aussi tôt à la vie publique. D’autant que les plus entreprenants d’entre eux sont en Afrique ou éliminés par la loi de la compétition électorale. Le seul qui s’y soit risqué, Louis Pellegrin, ne tiendra pas longtemps : il démissionne le 27 novembre 1852, refusant certainement de prêter allégeance au pouvoir césariste. Ce conseil municipal que l’on dit rouge est moins à cheval sur les principes que lui prêtent les autorités. Non seulement les conseillers municipaux écrivent dès le 6 septembre au préfet pour protester contre cette accusation d’être rouges, mais tous (sauf le démissionnaire Pellegrin)  participent aux campagnes de dévotion impériale organisées par les préfets en adressant en février 1853 un message de félicitations à Napoléon III pour son mariage. Il est vrai que nous n’avons que peu d’éléments pour connaître les conceptions politiques des conseillers municipaux élus sur la liste rouge. Il est possible que les leaders républicains aient choisi d’y placer des blancs qu’ils savent hostiles au maire ou à l’Empire qui point, comme cela fut relevé dans plusieurs communes varoises par Emilien Constant[22]. En tous cas, ils ont répondu favorablement au courrier que le 16 novembre 1852 le sous-préfet adresse au maire : « Il faut que cet arrondissement qui a marqué dans les fastes du socialisme, d’une manière si déplorable, démontre par son vote du 21/22 novembre 1852 qu’il a compris son erreur et que renonçant aujourd’hui aux funestes doctrines qui l’ont mis à deux doigts de sa perte, il ne fait plus avec le reste de la France qu’une même famille. » A Artignosc, les 122 votants du plébiscite du 21 novembre 1852 ont votés OUI.

 

 

Les Montagnards condamnés ne sont pourtant pas restés inactifs durant la campagne électorale qui a précédé les élections municipales. Certains ont distribué des billets de vote. Ce qui vaut dès le 30 août à Hyacinthe Martin[23], Jean-Baptiste Sappe Lion d’Or et Joseph Constans Mourron de voir leurs peines de surveillance aggravées en internement. Martin doit aller sous huit jours à St Tropez , Lion d’Or à Fréjus et Mourron à Draguignan . Un tel arrêt préfectoral est quasiment unique cette année-là dans le Var où seulement deux autres condamnés, un de Seillons  et l’autre de Pourcieux , subissent une aggravation de peine.[24]

 

 

La chape de la répression n’a pas réussi à asphyxier complètement les Républicains artignoscais. Le préfet a dû nommer un maire parmi les blancs battus et il a reconduit Victor Armelin. Celui-ci est en butte au cours de l’année 1853 à un conflit qui l’oppose au curé « et à la grande partie des habitants ».[25] Ceux-ci, d’après le juge de paix, sont dirigés par les frères Hyppolite et Xavier Constans. Nous ne les connaissons pas car ils ne résidaient pas à Artignosc avant 1852. Nous savons seulement qu’Hyppolite est un négociant qui s’installe à Marseille  en 1856 et que Xavier est un instituteur de Tourves , révoqué en juin 1852 pour une histoire d’adultère mais que le juge de paix dit aussi « dénoncé comme ayant pris part au triomphe de la liste démagogique d’Artignosc ». On peut imaginer, qu’installés en d’autres lieux, ils ont rejoints Artignosc pour se mettre au vert après la répression. Après quelques semaines, ces frères Constans « sont mis de côté » et relayés par « trois individus » décrits le 24 août 1853 par le juge de paix. « Il y a un garde forestier révoqué [Sébastien Constans], le plus mauvais sujet que nous ayons eu dans le canton en 1851 qui est Pellegrin [certainement Louis], et un homme perdu de réputation, habitant le pays depuis quelques années, Bus Hurpin [?] et intime du domestique de Mr le sous-préfet, ce qui vous expliquera tout (ceci confidentiel). Mr le maire vient d’être de nouveau dénoncé par le conseil municipal. Messieurs les rouges ne pouvant pas conspirer contre le gouvernement de sa majesté l’Empereur, conspirent contre l’autorité locale, ne pouvant obtenir le gouvernement de la République démocratique et sociale, ils voudraient avoir un maire à leur guise. »

 

Revoilà nos Montagnards, du moins dans l’esprit des représentants de l’Ordre. De fait, les élus rouges ne veulent plus reconnaître le maire battu et néanmoins nommé. Pierre-Jean Jean démissionne en septembre, officiellement pour de mauvaises relations personnelles avec Armelin, et le conseil municipal, refusant de répondre aux convocations de celui-ci, est dissous en novembre.

 

 

Nous laisserons là la chronique des péripéties municipales pour tenter de saisir ce que 1852 et 1853 peuvent nous apprendre sur 1851.

 

Le parti clandestin dissous par la répression, étêté par les déportations, éclaté par les repentirs, est encore en capacité d’influer sur des élections en imposant une liste complète à 67 personnes, soit 77% des exprimés. Et en situation politique délicate vis à vis de la tutelle, le conseil municipal qui en est issu tient tête pendant plus d’un an au maire qui la représente.

 

La cohésion du parti occulte de 1851 devait être forte pour se maintenir ainsi malgré les épreuves. Car nous ne sommes plus là dans un village unanime, où le sentiment de communauté aurait relayé un patronage démocratique, nous avons vu que cette cohésion ne devait rien à un clientélisme, ni même à une structure sociale particulière. Ici, si le mouvement est collectif, on y adhère individuellement, sans qu’un leader bourgeois local ne l’impose. A Artignosc, le paysan est devenu citoyen.[26]

 

 

5.3 Le retour des Montagnards

 

 

Alors que nous avions constaté que les alliances matrimoniales ne semblaient pas répondre jusqu’en 1851 à une logique partisane[27], plusieurs mariages du Second Empire rapprochent les familles républicaines :

 

le 30 juin 1852, Etienne Cayol épouse Adélaïde Vachier, fille d’Hyppolite. Les témoins sont Louis Pellegrin, Sébastien Constans, Fortuné Constans, et Marius Bienvenu Constans ;

 

le 14 juillet de la même année (la date est-elle innocente ?), Louis Pellegrin est témoin du mariage de Victor Constans Marrot et d’Extasie Constans, fille de Rabassier ;

 

le 27 novembre 1854, Charles Autran épouse Eugénie Ravel, nièce de Victor et Hyppolite Vachier. Parmi les témoins sont Henri Martin, César Jean, et Pons Dauphin ;

 

le 7 juillet 1859, Firmin Sappe, veuf depuis 1853, épouse en secondes noces Elisabeth Constans, elle-même veuve de Jean Honorat depuis 1854. Là encore, trois des témoins sont d’anciens Montagnards : César Jean, Léon Jouvenel et Joseph Garcin ;

 

le 13 février 1860, César Jean épouse Françoise Constans, sœur de Marius Bienvenu.

 

Si l’on ajoute à ces cinq mariages celui de Sidoine Cayol avec la belle-sœur de Jean Honorat en 1855, nous avons là la totalité des alliances contractées à Artignosc par des Montagnards durant cette période. Leur nombre est certes limité au sein d’une communauté où le choix endogamique est réduit. Mais ces unions sont peut-être l’indice de la formation dans le village d’un clan républicain postérieur à la formation du parti et résultat de l’empire.

 

 

Les clandestins artignoscais ne se font plus remarquer dans les années qui suivent les municipales et leurs rebondissements. Dans un rapport du 25 février 1854, le juge de paix note : « Artignosc est aujourd’hui des plus tranquilles. La conduite des anciens agitateurs est irréprochable. Ils sont d’une soumission remarquable. » Le 6 juillet suivant, le sous-préfet demande au maire l’état des grâces et ses propositions. Celui-ci propose Jules César Laurent, Jean Honorat, Victor Dauphin et Bienvenu Constans, mais n’y est pas favorable pour Hyacinthe Martin.

 

En octobre 1855, on dresse la liste des hommes dangereux du département. N’y figure personne d’Artignosc ni de Montmeyan . On y trouve toutefois Frédéric Roux de Moissac  et Célestin Gariel de Régusse .

 

Mais le 24 mars 1858, sur un état des 107 condamnés du canton de Tavernes, le juge de paix indique : « Il est possible qu’il y en ait qui aient renoncé à toute opinion démagogique, mais il n’est pas moins dans ma pensée que la grande majorité conserve toujours les mêmes sentiments. » Bienvenu Constans et Victor Dauphin sont alors toujours sous surveillance. Lorsque ce dernier est gracié le 23 décembre 1858, le maire proteste contre cette absolution, nonobstant son avis de 1854. Qu’a-t-il fait pour susciter cette opposition ? Nous le savons seulement, lui l’ancien propriétaire d’une dizaine d’hectares, domestique à gages à Baudinard .

Le 13 août 1861, les autorités de l’arrondissement de Draguignan dressent « un état des anciens condamnés politiques et des hommes dangereux » en indiquant leurs opinions actuelles et leur influence. Lazare Autran (résident baudinardais) y est noté sans opinion et de bonne conduite comme beaucoup d’autres anciens résistants locaux : André Guichard, Joseph Pons et Isidore Guieu (Baudinard ), Ambroise Lambert, Jean-Baptiste Pellissier et Alphonse Pellore (Bauduen ). Seuls les Aupsois  Marcellin et Jean-Louis Gibelin et Jean-Baptiste Isoard sont toujours recensés comme des « rouges exaltés ».

 

Le 16 août qui suit, « l’état des hommes de parti qui dans un moment de crise pourraient devenir dangereux » ne comprend personne du canton de Tavernes. Et la même année (ou un an plus tard ?), sans date, un « état des condamnés politiques ou amnistiés entrés dans leurs foyers et des hommes dangereux par l’exaltation de leurs opinions avancées » ne comprend que Bienvenu Constans qui se conduit très bien et qui n’a pas d’influence.

 

 

Le premier scrutin municipal de l’empire libéral donne l’occasion aux Républicains de faire un retour plus marqué. La présence de 20 candidats ayant obtenu des suffrages fait penser à la confrontation de deux listes. Sur les 90 votants de ces élections municipales du 19 août 1860, onze bulletins sont annulés car ne comportant pas les prénoms. La majorité absolue de 40 voix n’est atteinte que de très peu par 9 candidats dont le mieux placé est l’ancien vice-président de la société secrète, César Jean (45 voix). Trois autres anciens Montagnards sont élus avec lui au premier tour : Pierre-Jean Jean (44), Esprit Jean (40), et Louis Pellegrin (40). Tandis que Marius Bienvenu Constans (38) et Léon Jouvenel (6) sont battus.

 

Contrairement à 1852, le vote est plus dispersé, des candidats des deux listes ayant obtenu la majorité, puisque Louis Escolle et Victor Armelin (qui se plaint au préfet du résultat des élections) sont élus. Les amis de Pierre-Jean Jean sont déjà majoritaires au conseil, et le second tour destiné à élire le 10ème conseiller ne mobilise que 43 électeurs dont 36 votent pour Jean-Pierre Bourges, l’ancien chef de section. Armelin sera tout de même nommé maire une nouvelle fois par le préfet.

 

Bien que ce conseil municipal compte cinq anciens Montagnards, la coloration politique de l’électorat artignoscais est discutable. Tout d’abord, la dispersion des votes indique que l’on a plutôt choisi des hommes que des idées. Les 6 voix accordées à Léon Jouvenel laissent penser qu’il ne figurait pas sur la liste républicaine, à supposer qu’il y en ait eu une. Ensuite, les élections au conseil général du 16 juin 1861 donnent 51 voix au sortant officiel Layet contre 44 au libéral Carles, alors que le canton élit ce dernier à 60 %. Ces 44 voix seraient-elles celles obtenus par Pierre-Jean Jean aux municipales, les votes nuls de celles-ci étant alors des votes conservateurs ? Cependant, en 1865, la nouvelle étape de libéralisation du régime permet à Pierre-Jean Jean d’être nommé maire et à Joseph Constans Mourron, le maire de la résistance de Décembre, de devenir son adjoint après leur succès aux municipales.

 

Cette fois, la couleur politique est plus nette, d’autant que lors des législatives de 1869, Artignosc fut une des très rares communes de la circonscription à donner une majorité au radical irréconciliable Clément Laurier, opposé à Emile Ollivier[28].

 

Paul Cotte le savait. Ancien président de la société secrète de Salernes , réfugié à Nice , il est nommé préfet du Var le 5 septembre 1870 et maintient Pierre-Jean Jean à la tête de la municipalité, ce qu’il a fait pour très peu de communes[29]. Dans la région, plusieurs des maires qu’il nomme alors sont les anciens présidents ou animateurs de la Nouvelle Montagne : Gabriel Denans à Montmeyan , Charles Edouard à La Verdière , Laurent Simon à Baudinard .

 

Ces personnages se sont-ils imposés eux-mêmes ayant conservé leur leadership républicain ? Cotte avait-il conservé un réseau d’anciens Montagnards dans le Haut-Var ? Ou bien a-t-il consciemment puisé dans la hiérarchie montagnarde, assuré de n’y trouver que des Républicains convaincus ?

 

A Artignosc, l’ancien président est lui-même nommé membre de la commission municipale provisoire : Antoine Pellegrin, qui s’était fixé à Oraison , est de retour pour l’occasion. Vingt ans plus tard, c’est encore d’Oraison que la République parvient à Artignosc.

 

 

 


[1] Le 24 avril 1854, Joseph Latil, de Moissac , se plaint que le gouvernement n’ait pas restitué les armes.

 

[2] voir certains cahiers de doléances de 1789 (NEGREL Frédéric, « Sian cassaïre ! », in verdon, n°2 autona 1999, Aups, page 19)

 

[3]  mesure qui déclencha des manifestations paysannes dans la Drôme en août 1851 (ARCHE Guy-Jean, op. cité, page 131)

[4] CONSTANT Emilien, op. cité

 

[5] ibid.

 

[6] ibid.

 

[7] HUARD Raymond, Le mouvement républicain en Bas-Languedoc, FNSP, 1982, pages 97-102

 

[8] 1848 ou l’apprentissage de la République, Paris, 1992, page 220

[9] Notons ici le cas de Benjamin Richet, matelassier à Valence, condamné à mort et guillotiné le 13 juin 1852 certes pour tentative de matricide le 6 décembre, mais le délibéré fait également état de son appartenance à une société secrète dont il était chef de décurie. (ARCHE Guy-Jean, op. cité, page 112)

[10] HUARD Raymond, Le mouvement républicain en Bas-Languedoc, FNSP, 1982, page 102

 

[11] dont le principal présidera en 1869 à la fondation du cercle St Napoléon.

 

[12] Quelle est la part de la propagande bonapartiste à ce sujet ? Notons que le consul de France à Nice  a noté que Duteil a fait sa soumission au prince-président dès le 10 décembre, bien qu’il se soit alors trouvé entre Aups  et Montagnac  et n’arrive à Nice que le 17 !

 

[13] juge de paix de Tavernes au procureur, 25 janvier 1852.

 

[14] lettre du procureur au préfet du 11 mars 1852.

 

[15] Mais un Bas-Alpin est interné à Artignosc : Jacques Maubert, affilié de Montpezat , a eu sa peine d’Algérie pour 10 ans commuée. Il s’installe à Artignosc en juin 1852, chez son gendre Henri Martin.

 

[16] circulaire ministérielle du 14 avril 1852.

 

[17] circulaire du préfet aux maires du 10 juillet 1852.

 

[18] rapport du juge de paix d’Aups au préfet du 17 mai 1853.

 

[19] avec toutefois un intermède entre 1837 et 1843, où il a été battu aux élections.

 

[20] dont Villecroze , Tourtour , Salernes , La Verdière . (CONSTANT Emilien, op.cité)

 

[21] « L’autorité fut surprise de voir que des condamnés politiques, qui ne pouvaient être candidats, furent parfois remplacés par de proches parents, notamment à Besse . » (ibid.)

 

[22] ibid.

 

[23] Initialement condamné à l’internement, sa peine a été commuée en surveillance par Quentin-Bauchart le 12 avril 1852.

 

[24] Le Salernois Honoré Dauphin sera interné à Toulon  en 1853 pour s’être montré trop remuant après son retour d’exil de Nice . (CONSTANT Emilien, « De la Seconde à la Troisième République, le parcours d’un Varois, Paul Cotte, rebelle et politique », in Provence 1851, Une insurrection pour la République, Les Mées, 2000, page 133)

 

[25] rapport du (tout nouveau) commissaire de police cantonal le 14 juillet 1853.

 

[26] sur cette discussion à propos de la précocité politique des ruraux de Provence, voir AGULHON Maurice, « La République au village, quoi de neuf ? », in Provence historique, tome XLVIII, fascicule 194, octobre-novembre-décembre 1998

 

[27] cf. tableau 6

 

[28] CONSTANT Emilien, op. cité

 

[29] CONSTANT Emilien, art. cité, page 139, note 72

 

carte de la région d’Artignosc            plan de la commune d’Artignosc