Document : L’inauguration du monument d’Aups (1881)

Documents

 

Commissariat d’Aups

nature de l’affaire :

Rapport sur l’inauguration d’un monument érigé aux martyrs du 2 décembre 1851

 

L’an mil huit cent quatre vingt-un et le premier du mois d’août,

Nous, Alle, J.B. Honoré, Amédée, commissaire spécial de police à Aups, auxiliaire de Monsieur le Procureur de la République,

En vertu de l’inauguration d’une colonne érigée aux martyrs du coup d’Etat du deux décembre 1851, la ville d’Aups a fait son possible pour donner le plus d’éclat à cette fête civique.

Le trente juillet au soir la ville était pavoisée et l’ouverture de la fête proclamée par des salves d’artillerie, tambour et fifres dans les rues.

Le trente un jour d’inauguration le calme n’a cessé de régner, à dix heures du matin, M.M. les Membres du Conseil Municipal, Commissions, délégués et fonctionnaires de la localité se réunissaient à la Mairie pour aller recevoir aux portes de la ville, Monsieur le Préfet et M.M. les hauts fonctionnaires, qui ont bien voulu honorer de leur présence cette fête démocratique.

A midi les diverses délégations étaient reçues par Monsieur le Préfet à la salle de la Mairie, où un banquet était offert par la Commission et le Conseil Municipal.

Le défilé pour l’inauguration avait lieu à trois heures du soir, la musique de Brignoles ouvrait la marche, l’orphéon de Vidauban ensuite, puis les divers corps tant administratifs que judiciaires et enfin les délégués avec des souvenirs ; ce cortège était si imposant que les partis contraires se découvraient même, et, sur tout le passage, les spectateurs éprouvaient un charme naturel qui pénétrait leur cœur comme un filtre et sur les figures on lisait le vertige dans les esprits.

Parvenu au monument M.M. le Maire, le Préfet, le Procureur Général à Aix, Dréo, député de l’arrondissement de Brignoles, les citoyens Gariel de Régusse, Viort du Luc ont pris la parole, semblable au lapidaire qui, d’une pierre brute fait un diamant aux facettes éblouissantes et le fait éclater et resplendir aux yeux de la foule, enivrée de respect, d’allégresse et de joie.

A dix heures un feu d’artifice a été tiré, toujours au milieu du calme le plus parfait.

Rien de nouveau à signaler, les trois jours de fête se sont écoulés sans aucun incident et jamais fête n’a été plus magnanime : de quatre à cinq mille étrangers en rehaussaient l’éclat.

Neuf reporters de journaux étaient présents : le Clairon, le Gaulois, le Petit Provençal, le Siècle, le Temps, le Triboulet, le Petit Marseillais, le Petit Brignolais et le Petit Var.

Cinquante sept couronnes et trois bouquets ont été déposés aux pieds du monument.

Fait à Aups, les jours mois et an que dessus, en deux expéditions pour être adressées à Monsieur le Préfet et à Monsieur le Procureur de la République.

Le Commissaire de police.

 

 Archives départementales du Var 6 M 17-13