L’affaire Montcharmont, un film de Mireille Hannon

Article publié dans L’Humanité, 23 octobre 2007

 

L’affaire Montcharmont, un film de Mireille Hannon

 

René Merle

 

« Après Les Insurgés de Clamecy en 1851, la réalisatrice Mireille Hannon revient sur ces vaincus de l’Histoire, vaincus desquels ne nous vient pas pourtant désespérance : ils nous donnent sens et comme mission dans les engagements du présent.

Ainsi du maréchal-ferrant Claude Montcharmont, qui brandit en drapeau national le drapeau rouge, dans son village du Morvan, Saint-Prix, en février 1848, à l’avènement de la Seconde République. Montcharmont, qui, contre le Parti de l’Ordre, propagea depuis son atelier les idées généreuses de la République démocratique et sociale, et qui, à deux reprises, lors des élections municipales, voulut rallier les petits contre les notables municipaux conservateurs. Il y avait de quoi susciter la haine de ces nantis et du pouvoir.

On le poussa à bout, notamment en lui refusant le renouvellement de son permis de chasse : atteinte insupportable pour ces hommes libres de la terre et de la forêt. Montcharmont est ensuite condamné à  six mois de prison pour outrage au garde-chasse. Protégé par une grande partie de la population, il se cache dans les bois. En novembre 1850, il est intercepté sur un chemin par deux gendarmes. Il leur demande de ne pas avancer, un gendarme s’avance pourtant, il l’abat. N’ayant plus rien à perdre, Montcharmont va trois jours plus tard abattre le garde-chasse. Il sera appréhendé peu après, condamné à mort en guillotiné en mai 1851. Effroyable exécution, où les bourreaux achèveront quelques heures après celui qu’ils n’avaient que blessé la première fois. Montcharmont avait 29 ans.

Cette exécution suscita l’indignation du fils Hugo dans son journal L’Événement, et l’on sait quelle fulgurante plaidoirie contre la peine de mort prononça son père lors du procès qui suivit.

Voilà la matière de ce superbe film de Mireille Hannon. Faire vivre les archives est un exercice plus que difficile, mais ici combien réussi, dans l’entrecroisement du propos des habitants de Saint-Prix et des historiens, de la forêt du Morvan et des documents jaunis.

Sans didactisme pesant, par ces temps d’apparente résignation, ces denses 51 minutes nous font encore mieux comprendre combien les espoirs de 1850, si souvent fracassés, ne sont toujours pas lettre morte.

 

 

L’affaire Montcharmont, un film de Mireille Hannon, 51 minutes. (extrait)

Coproduction Z’azimut Films / France 3 Bourgogne Franche-Comté