Louise Julien. Deux visions de la République, Dejacque et Hugo

Louise Julien.

Deux visions de la République, Dejacque et Hugo

 

René Merle

 

J’évoque ici la belle figure, par trop oubliée, de Joseph Dejacque, qui fut « ouvrier poète » sous la Monarchie de Juillet et la Seconde République, militant républicain sans illusion sur les républicains bourgeois ; exilé en Belgique, puis à Jersey et enfin aux États Unis après le coup d’État du 2 décembre, c’est en Amérique qu’il écrit et publie, difficilement et à compte d’auteur un journal et plusieurs ouvrages.

Il est l’inventeur du mot « libertaire », qu’il oppose à l’ambigu « libéral ». Le mot a fait florès depuis !

Un site merveilleux vous permet d’accéder à l’œuvre brûlante et généreuse de cet anarchiste révolutionnaire, mort dans la misère en France après son retour en 1861 (première loi d’amnistie) :

http://joseph.dejacque.free.fr/index.htm

 

Le 26 juillet 1853, une fois de plus, le long cortège des exilés marchait, drapeau rouge en tête, vers le cimetière de Jersey et son carré des proscrits. On enterrait ce jour-là Louise Julien, la poétesse féministe et révolutionnaire. J’emprunte à ce site Dejacque ce remarquable document ; on remarquera la différence du salut final : Dejacque le prolétaire veut la République démocratique et sociale, Hugo s’en remet généreusement à la République universelle, formule que l’on estimera bien creuse quand elle occulte les réalités de la lutte des classes.

 

DISCOURS

Prononcé le 26 juillet 1853,

Sur la tombe de Louise Julien, proscrite,

PAR JOSEPH DEJACQUE

Encore une fosse qui s’ouvre… Et cette fois, ce n’est pas un homme, c’est une femme que l’exil… que le cirque dévore aux applaudissements de César et de ses cohues prétoriennes.

Pauvre et valeureuse femme, humble martyr d’une idée, qui, comme il y a dix-huit siècles l’idée Chrétienne, idée révolutionnaire alors, – s’élève à son tour sur le tronçon des vieilles idoles, héroïque apôtre de la révolution sociale, femme-Christ ! non, ta mort n’aura pas été inutile à la rénovation de la société. Il fallait, hélas ! que des femmes, elles aussi, subissent les tortures de la prison et de l’exil, qu’elles fussent crucifiées par les réactions dictatoriales pour racheter par la souffrance et la mort, – par la lutte, – leurs sœurs de la soumission à l’homme, du péché d’esclavage.

Oh ! vienne la République, et qui donc maintenant oserait contester des droits égaux à celles qui ont scellée de leur liberté et de leur sang la confession de leur foi révolutionnaire.

Aujourd’hui, c’est une obscure citoyenne, un cœur et un front de poète ; c’est une faible voix de femme ensevelie dans les profondeurs du prolétariat, mais une voix aiguisée par l’idée, une voix-stylet, qui fait pâlir le crime heureux et trembler un trône hérissé de milliers de canons et de cent milliers de baïonnettes ! C’est une femme malade et infirme et qui, – le corps appuyé sur sa béquille, l’âme étayée d’une pensée d’avenir, – brave un sceptre, rompt sous l’effort, mais ne ploie pas…

Hier, c’était Pauline Roland succombant, comme Louise Julien, au sanglant gibet de la force brutale ; touchantes et sublimes rivales en héroïques sacrifices, vaincues ? non : tuées dans la lutte corporelle, mais vivantes et impérissables au martyrologe du socialisme, mais triomphantes et radieuses sous leur auréole de suppliciées par la propagande qui gagne les esprits et les cœurs au navrant et douloureux spectacle de leur agonie et de leur fin.

Mais ce n’est pas d’aujourd’hui seulement ni d’hier que la femme du progrès, — la femme, cette nature sensible et frêle, — paye au minotaure de la résistance son tribut de sang et de larmes ! Il y a quelques années à peine, — sous un autre Césarisme, — c’étaient des ouvrières socialistes, de chastes jeunes filles, de dignes mères aussi, qu’on jetait en pâture aux sentines des prisons, à ces monstres de pierre et de fange qui s’appellent Saint Lazare et Clairvaux ! J’ai vu en 49, chose horrible ! – une malheureuse mère rendue à la liberté et, cruelle ironie, – à ses affections, je l’ai vue redemander en vain les deux petits enfants qu’on lui avait arraché des bras le jour où elle et son mari étaient jetés chacun dans un des cabanons de la préfecture : les souteneurs de la famille ne savaient plus ce qu’ils en avaient fait…

Eh bien ! malgré cette épouvantable immolation, de cette boucherie de la chair et des sentiments humains que tous les gouvernements qui passent font saigner sur l’autel de la vieille société, ô adorateurs de la force, en est-il donc un de ces gouvernements sauveurs qui ait su se sauver lui-même depuis soixante ans ? Les insensés, ils vouent à la persécution jusqu’aux femmes, et ils ne s’aperçoivent pas que c’est surtout par le martyre des femmes que jadis le Christianisme a dû d’envahir les populations païennes, et que le Socialisme, lui, conquerra les masses populaires.

Avant que cette terre ne recouvre ton linceul, ô Louise Julien, je te salue, femme, pour toutes les femmes qui, comme toi, brisant par le cœur et la pensée le cercle étroit de la petite famille, ce carcan qui étreint à la gorge les sentiments sociaux, – s’élancent au sein de la grande famille humaine et y répandent leur ineffable et prodigue amour, cet amour infini que le Christ, en expirant sur la croix, exhala dans un dernier soupir.

O toi dont il a fallu la mort pour nous apprendre la vie, sœur, que peu de nous ont connue, va ! ce n’est pas le sombre oubli, l’ange funèbre qui a soufflé sur tes yeux aujourd’hui fermés, c’est celui du souvenir, c’est l’ange de la renommée qui, te couchant sur sa robe de lumière, t’a baisée au front en déployant ses ailes.

Ceux-là meurent qui, ayant vécu murés dans un coin de leur être, descendent au cercueil enveloppés dans leur imbécile égoïsme ; mais quand on a vécu dans l’humanité et pour l’humanité ; quand on a laissé de son cœur dans tous les cœurs, de ses larmes sur toutes les misères, de son sang dans toutes les hécatombes, oh ! alors, on ne meurt pas : la tombe n’est que le berceau de l’immortalité.

Sur cette tombe dont le fossoyeur n’est pas ici, mais aux Tuileries, mais dans les salons de l’aristocratie, mais sous le froc du prêtre et le frac guerrier, mais sur les dalles de la Bourse et le parquet des boutiques, sous le crâne rétréci du mercantilisme et de l’agio ; sur cette tombe, eh bien ! non, nous n’évoquerons point les furies de la vengeance. À quoi bon ? Le socialisme, lui, ne se venge pas ; il détruit les obstacles, hommes ou choses, – sans regarder à leur passé : il ne châtie pas, il déblaie. Mais, ô victime que nous pleurons, je veux du moins t’embaumer dans ce vœu que je forme : et c’est de travailler sans relâche et de toutes mes forces à la réalisation de ton rêve, à l’édification de ton idée ; c’est, – contrairement au paganisme qui niait une des faces de la nature humaine, au christianisme qui nie l’autre, – c’est – selon la science nouvelle qui comprend l’homme avec toutes ses sensations physiques et morales, l’être humain tout entier, – c’est, dis-je, d’unir partout et toujours la cause des prolétaire à celle des femmes, l’émancipation, l’affranchissement des uns à l’émancipation, à l’affranchissement des autres ; c’est de pousser tous les opprimés du sabre et du coffre-fort, de la toge et du goupillon, les déshérités de notre enfer terrestre, à la haine et au mépris des exploiteurs ; c’est d’employer au service de la révolution sociale, au triomphe de l’idée égalitaire, la pensée et la parole, le bras et l’action, l’encre et le salpêtre ; c’est de marcher enfin au renversement de la vieille société et à la terre promise de la liberté et de l’harmonie, le flambeau d’une main et le glaive de l’autre : d’un côté la lumière pour la répandre, de l’autre le fer pour lui ouvrier et lui garder le chemin.

VIVE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE ET SOCIALE !

 

***

Discours de VICTOR HUGO

Sur la tombe de Louise Julien, proscrite, morte à Jersey

CITOYENS,

Trois cercueils en quatre mois.

La mort se hâte et Dieu nous délivre un à un.

Nous te t’accusons pas, nous te remercions, Dieu puissant qui nous rouvres, à nous exilés, les portes de la patrie éternelle. Cette fois, l’être inanimé et cher que nous apportons à la tombe, c’est une femme.

Le 21 janvier 1853, une femme fur arrêtée chez elle par le sieur Boudrot, commissaire de police à Paris. Cette femme, jeune encore, elle avait trente-cinq ans, mais estropiée et infirme, fut envoyée à la Préfecture et renfermée dans la cellule n°1, dite cellule d’essai. Cette cellule, sorte ce cage de sept à huit pieds carrés à peu près, sans air et sans jour la malheureuse prisonnière l’a peinte d’un mot ; elle l’appelle : cellule-tombeau ; elle dit, je cite ses propres paroles : ‘‘c’est dans cette cellule-tombeau qu’estropiée, malade, j’ai passé vingt et un jours, collant mes lèvres d’heure en heure contre le treillage pour aspirer un peu d’air vital et ne pas mourir.’’ (1). — Au bout de vingt et un jours, le 14 février, le gouvernement de Décembre mit cette femme dehors et l’expulsa. Il la jeta à la fois hors de la prison et hors de la patrie. La proscrite sortait du cachot d’essai avec les germes de la phtisie. Elle quitta la France et gagna la Belgique. Le dénuement la força de voyager, toussant, crachant le sang, les poumons malades, en plein hiver, dans le nord, sous la pluie et la neige, dans ces affreux wagons découverts qui déshonorent les riches entreprises des chemins de fer. Elle arriva à Ostende ; elle était chassée de France, la Belgique la chassa. Elle passa en Angleterre. A peine débarquée à Londres, elle se mit au lit. La maladie, contractée dans le cachot, aggravée par le voyage forcé de l’exil, était devenue menaçante. La proscrite, je devrais dire la condamnée à mort, resta gisante deux mois et demi. Puis, espérant un peu de printemps et de soleil, elle vint à Jersey. On se souvient encore de l’y avoir vue arriver par une froide matinée pluvieuse, à travers les brumes de la mer, râlant et grelotant sous sa pauvre robe de toile, toute mouillée. Peu de jours après son arrivée, elle se coucha ; elle ne s’est plus jamais relevée.

Il y a trois jours elle est morte.

Vous me demanderez ce qu’était cette femme et ce qu’elle avait fait pour être traitée ainsi ; je vais vous le dire :

Cette femme, par des chansons patriotiques, par de sympathiques et cordiales paroles, par de bonnes et civiques actions, avait rendu célèbre, dans les faubourgs de Paris, le nom de Louise Julien sous lequel le peuple la connaissait et la saluait. Ouvrière, elle avait nourri sa mère malade ; elle l’a soignée et soutenue pendant dix ans. Dans les jours de luttes civiles, elle faisait de la charpie ; et boiteuse et se traînant, elle allait dans les ambulances, et soignait les blessés de tous les partis. Cette femme du peuple était un poète, cette femme du peuple était un esprit ; elle chantait la république, elle aimait la liberté, elle appelait ardemment l’avenir fraternel de toutes les nations et de tous les hommes ; elle croyait à Dieu, au peuple, au progrès, à la France ; elle versait autour d’elle, comme un vase, dans les esprits des prolétaires, son grand cœur plein d’amour et de foi. Voilà ce que faisait cette femme. M. Bonaparte l’a tuée.

Ah ! une telle tombe n’est pas muette ; elle est pleine de sanglots, de gémissement et de clameurs.

Citoyens, les peuples, dans le légitime orgueil de leur toute puissance, de leur droit, construisent, avec le granit et le marbre, des enceintes majestueuses, des estrades sublimes, du haut desquelles parle leur génie, du haut desquelles se répandent à flot dans les âmes, les éloquences saintes du patriotisme, du progrès et de la liberté ; les peuples, s’imaginant qu’il suffit d’être souverain pour être invincibles, croient inaccessibles et imprenables ces citadelles de la parole, ces forteresses sacrées de l’intelligence humaine et de la civilisation, et ils disent : la tribune est indestructible. Ils se trompent ; ces tribunes là peuvent être renversées. Un traître vient, des soldats arrivent, une bande de brigands se concerte, se démasque, fait feu, et le sanctuaire est envahi, et la pierre et le marbre sont dispersés, et le palais, et les temples où la grande nation parlait au monde, s’écroulent, et l’immonde tyran vainqueur s’applaudit, bat des mains et dit : c’est fini. Personne de parlera plus. Pas une voix ne s’élèvera désormais. Le silence est fait. — Citoyens !à son tour le tyran se trompe. Dieu ne veut pas que le silence se fasse ; Dieu ne veut pas que la liberté, qui est son verbe, se taise. Citoyens ! au moment où les despotes triomphants croient la leur avoir ôtée à jamais, Dieu redonne la parole aux idées. Cette tribune détruite, il la reconstruit. Non au milieu de la place publique, non pas avec le granit et le marbre, il n’en a pas besoin. Il la reconstruit dans la solitude ; il la reconstruit avec l’herbe des cimetières, avec l’ombre des cyprès, avec le monticule sinistre que font les cercueils cachés sous la terre ; et de cette solitude, de cette herbe, de ces cyprès, de ces cercueils disparus, savez-vous ce qui sort, citoyens ? Il en sort le cri déchirant de l’humanité, il en sort la dénonciation et le témoignage, il en sort l’accusation inexorable qui fait pâlir l’accusé couronné, il en sort la formidable protestation des morts ! Il en sort la voix vengeresse, la voix inextinguible, la voix qu’on n’étouffe pas, la voix qu’on ne baillonne pas ! — Ah ! M. Bonaparte a fait taire la tribune ; c’est bien ; maintenant, qu’il fasse donc taire le tombeau !

Lui et ses pareils n’auront rien fait tant qu’on entendra sortir un soupir d’une tombe, et tant qu’on verra rouler une larme dans les yeux augustes de la pitié.

Pitié !… ce mot que je viens de prononcer, il a jailli au plus profond de mes entrailles devant ce cercueil, cercueil d’une femme, cercueil d’une sœur, cercueil d’une martyre ! Pauline Roland en Afrique, Louise Julien à Jersey, Francesca Maderspach à Temeswar, Blanca Téléki à Pesth, tant d’autres, Rosalie Gobert, Eugénie Guillemot, Augustine Péan, Blanche Clouart, Joséphine Prabeil, Elizabeth Parlès, Marie Reviel, Claudine Hibruit, Anne Sangla, veuve Combescure, Armandine Huet, et tant d’autres encore, sœurs, mère, filles, épouses, proscrites, exilées, transportées, torturées, suppliciées, crucifiées, ô pauvres femmes ! Oh ! quel sujet de larmes profondes et d’inexprimables attendrissements ! Faibles, souffrantes, malades, arrachées à leur famille, à leurs maris, à leurs parents, à leurs soutiens, vieilles quelquefois et brisées par l’âge, toutes ont été des héroïnes, plusieurs ont été des héros ! Oh ! ma pensée en ce moment se précipité dans ce sépulcre et baise les pieds froids de cette morte dans son cercueil ! Ce n’est pas une femme que je vénère dans Louise Julien, c’est la femme ; la femme de nos jours, la femme digne de devenir citoyenne ; la femme telle que nous la voyons autour de nous, dans tout son dévouement, dans toute sa douceur, dans tout son sacrifice, dans toute sa majesté ! Amis, dans les temps futurs, dans cette belle, et paisible, et tendre, et fraternelle république sociale de l’avenir, le rôle de la femme sera grand ; mais quel magnifique prélude à ce rôle que de tels martyres si vaillamment endurés ! Hommes et citoyens, nous avons dit plus d’une fois dans notre orgueil : — le dix-huitième siècle a proclamé le droit de l’homme : le dix-neuvième proclamera le droit de la femme : — mais, il faut l’avouer, citoyens, nous ne nous sommes point hâtés ; beaucoup de considérations, qui étaient graves, j’en conviens, et qui voulaient être mûrement examinées, nous ont arrêtés ; et à l’instant où je parle, au point même où le progrès est parvenu, parmi les meilleurs Républicains, parmi les démocrates les plus vrais et les plus purs, bien des esprits excellents hésitent encore à admettre dans l’homme et dans la femme l’égalité de l’âme humaine, et par conséquent l’assimilation, sinon l’identité complète, des droits civiques. Disons-le bien haut, citoyens, tant que la prospérité a duré, tant que la République a été debout, les femmes ont été oubliés par nous, se sont oubliées elles-mêmes ; elles se sont bornées à rayonner comme la lumière ; à échauffer les esprits ; à attendrir les cœurs, à éveiller les enthousiasmes, à montrer du doigt à tous le bon, le juste, le grand et le vrai. Elles n’ont rien ambitionné au-delà. Elles qui, par moment, sont l’image de la patrie vivante, elles qui pouvaient être l’âme de la cité, elles ont été simplement l’âme de la famille. A l’heure de l’adversité, leur attitude a changé ; elles ont cessé d’être modestes. A l’heure de l’adversité, elles nous ont dit : — Nous ne savons pas si nous avons droit à votre puissance, à votre liberté, à votre grandeur ; mais ce que nous savons, c’est que nous avons droit à votre misère. Partager vos souffrances, vos accablements, vos dénuements, vos détresses, vos renoncements, votre exil, votre abandon si vous êtes sans asile, votre faim si vous êtes sans pain, c’est là le droit de la femme, et nous le réclamons. — Ô mes frères ! et les voilà qui nous suivent dans le combat, qui nous accompagnent dans la proscription, et qui nous devancent dans le tombeau !

Citoyens, puisque cette fois encore vous avez voulu que je parlasse en votre nom, puisque votre mandat donne à ma voix l’autorité qui manquerait à une parole isolée, sur la tombe de Louise Julien, comme il y a trois mois, sur la tombe de Jean Bouquet, le dernier cri que je veux jeter, c’est le cri de courage, d’insurrection et d’espérance !

Oui, des cercueils comme celui de cette noble femme qui est là, signifient et prédisent la chute prochaine des bourreaux, l’inévitable écroulement des despotismes et des despotes. Les proscrits meurent l’un après l’autre ; le tyran creuse leur fosse ; mais à un jour venu, citoyens, la fosse tout-à-coup attire et engloutit le fossoyeur.

Ô morts qui m’entourez, et qui m’écoutez, malédiction à Louis Bonaparte ! Ô morts, exécration à cet homme ! Pas d’échafauds quand viendra la victoire, mais longue et infamante expiation à ce misérable ! Malédiction sous tous les cieux, sous tous les climats, en France, en Autriche, en Lombardie, en Sicile, à Rome, en Pologne, en Hongrie, malédiction aux violateurs du droit humain et de la loi divine ! Malédiction aux pourvoyeurs des pontons, aux dresseurs de gibets, aux destructeurs des familles, aux tourmenteurs des peuples ! Malédiction aux proscripteurs des pères, des mères et des enfants ! Malédiction aux fouetteurs de femmes ! Proscrits ! soyons implacables dans ces solennelles revendications du droit et de l’humanité. Le genre humain a besoin de ces cris terribles ; la conscience universelle a besoin de ces saintes indignations de la pitié. Exécrer les bourreaux, c’est consoler les victimes. Maudire les tyrans, c’est bénir les nations !

VIVE LA RÉPUBLIQUE UNIVERSELLE !

 

(1) Voir Les Bagnes d’Afrique et la Transportation de Décembre, par Ch. Ribeyrolles, page 199.