Louis Claizergues

Article publié dans Midi-Libre, 25 août 2017

 

« Au citoyen Louis Glaizergues, victime du 2 décembre. Bienfaiteur des enfants pauvres des écoles laïques. La commune de Baillargues, reconnaissante. 14 juillet 1897. »

 

Cela fait cent vingt ans que cette inscription figure sur une discrète plaque apposée sur la façade de l’ancienne école primaire de garçons, rue de la république. Elle rend hommage à Louis Claizergues (avec un C, contrairement à ce qu’indique l’inscription), né à Baillargues en 1809. À partir des années 1840, il travailla comme cantonnier sur les travaux de la voie ferrée Montpellier-Nîmes, avant d’être promu brigadier cantonnier. Les événements politiques  mirent un terme à cet emploi sécurisant, lorsque le 2 décembre 1851 [date mentionnée sur la plaque], Louis-Napoléon Bonaparte fomenta un coup d’État pour conserver le pouvoir, peu avant la fin de son mandat, alors que la constitution de la seconde république lui interdisait de se représenter.

Fervent républicain opposé au futur empereur Napoléon III, Louis Claizergues fut dénoncé, et s’enfuit en Espagne. Il fut condamné par contumace à la déportation. L’année suivante, l’empereur proposa l’amnistie aux condamnés, et le Baillarguois, ruiné, put revenir chez lui après seize mois d’exil. Trente ans plus tard, alors qu’il était atteint de cécité et qu’il vivait très modestement dans la Drôme, il obtint une rente viagère pour les préjudices subis. Fidèle à son village natal et à ses idées républicaines, il fit en 1883 un don de 100 francs, pour l’achat de livres pour la bibliothèque. À sa mort, en 1893, il légua la majeure partie de ses biens à la commune, qui les utilisa sous forme de rente pour fournir des vêtements et des fournitures aux enfants pauvres.

Cette plaque commémorative reste associée à l’ancienne école de garçons construite en 1890, et dans laquelle une deuxième classe avait justement été ouverte en 1897… pour accueillir les quelque 70 élèves !

 

page mise en ligne le 6 septembre 2017