La commune de Sièyes et le coup d’Etat

 publié dans le bulletin numéro 18, octobre/novembre 2001

 

La commune des Sièyes et le coup d’État du 2 décembre 1851

 

 par Guy Reymond

 

 

             C’est par la voix chantante de Raoul Nury du quartier des Bellauds, que pour la première fois j’ai entendu parler en ces termes des insurgés des Sièyes qui un jour de décembre 1851 voulurent changer le cours de leur existence et par là même de l’Histoire[1] :

 

            “En 1851, le Belletrux, qui vivait ici à la ferme des Bellauds, il était descendu aux Sièyes. Il s’est arrêté à la chambrette[2] et il a suivi les insurgés qui montaient à Digne. En chemin ils disaient : “ On va leur casser la tête ! ”

 

            Plus tard, avec une pension qu’il avait eue à cause de ça, il a fait des travaux à la ferme, ici. Il avait fait recrépir la façade. Regarde, sous ce qui reste du cadran solaire, il y a marqué République Française. Ça date de cette époque”.

 

            Intrigué par ce témoignage, il ne me restait plus qu’à me lancer dans la vérification de ses dires.

 

            Les archives communales de Digne-les-Bains possèdent bien une liste des insurgés de la commune, mais insuffisante pour retracer leur histoire ; c’est donc aux Archives départementales que j’ai trouvé les éléments nécessaires à l’évocation de cette page trop peu connue de notre histoire.

 

 

            Tout d’abord un bref retour en arrière.

 

            Le 10 décembre 1848, le prince Louis Napoléon Bonaparte a été élu président de la République. D’après la Constitution, il est nommé pour quatre ans, mais n’est pas rééligible. Voulant rester au pouvoir et l’Armée lui étant dévouée, il choisit le 2 décembre 1851, jour anniversaire du sacre de Napoléon 1er et de la victoire d’Austerlitz pour faire un coup d’État et instituer un régime présidentiel autoritaire. L’Assemblée nationale et le Conseil d’État sont dissous.

 

            Au lendemain du 2 décembre 1851, il y aura en France quelques réactions d’hostilité. À Paris, où le souvenir des journées de juin 1848 est encore présent, des ouvriers dresseront des barricades à l’appel de Victor Hugo qui devra s’exiler, mais ils seront rapidement battus. Mais c’est surtout dans le Midi que le peuple se soulève. Vite réprimé dans le Vaucluse, le Var et la Drôme il n’en est pas de même dans les Basses-Alpes, où sous la direction d’Ailhaud de Volx, les insurgés vont se rendre maîtres du chef-lieu qu’ils occuperont les 7, 8 et 9 décembre 1851. Ce même jour le département est déclaré en état de siège.

 

            L’insurrection sera de courte durée et les républicains des Basses-Alpes, isolés, seront férocement réprimés dans les semaines qui suivront.

 

            Un an plus tard, le prince-président deviendra l’empereur Napoléon III. Ce sera la fin de la IIe République et il faudra attendre 1859 pour qu’une amnistie générale rétablisse dans leurs droits les insurgés bas-alpins.

 

 

            Mais revenons au 7 décembre 1851. Ce matin-là, les insurgés, de 6 à 7000, marchent sur le chef-lieu du département. Il y a parmi eux une vingtaine de Siéyens.

 

            Le jeune Eugène Jaubert[3], spectateur privilégié de ces journées historiques, a décrit avec précision cette arrivée à Digne :

 

            “Une foule énorme s’était portée vers le Grand-Pont, au-delà duquel, sur la route des Sièyes, grouillait une multitude bariolée, où les couleurs rouge et bleue étaient dominantes. Les premiers rangs, plus resserrés à cause de l’entrée plus étroite du pont, précédés de quelques hommes qui battaient du tambour à tour de bras, s’avançaient vers nous comme une grosse vague houleuse.

 

            (…) Ils marchaient par groupes, formés des contingents de cantons et de communes.

 

            Chaque groupe était commandé par un chef, que l’on distinguait à son brassard rouge, posé sur la blouse bleue. La blouse était le vêtement du plus grand nombre ; mais la diversité des costumes n’en était pas moins étrange.

 

            Les uns, surpris au moment du labourage par le passage des insurgés, avaient laissé là leur charrue au milieu du champ, pris en hâte, qui un vieux fusil, qui une fourche, et avaient suivi les autres avec la grosse bure fauve et usée qu’ils portaient en travaillant.

 

            Les autres avaient soit un pantalon rouge sous la blouse bleue, soit une veste de soldat s’arrêtant à la taille, lambeaux apportés jadis du régiment, où ils avaient fait leur congé. D’autres, qui avaient aidé à s’emparer de quelques gendarmeries, portaient des vestons noirs, dont les aiguillettes et les parements blancs avaient été en partie arrachés”.

 

 

            Un autre Dignois va regarder, mais d’un autre œil, l’occupation du chef-lieu et son récit sera très différent de celui d’Eugène Jaubert. Dans les archives de la commune des Sièyes[4], figurent en effet deux lettres qui nous présentent un aspect peu connu du bref séjour des insurgés à Digne.

 

            Il y a tout d’abord une correspondance explicative de la préfecture des Basses-Alpes, adressée le 25 octobre 1852 au maire des Sièyes. Elle commence ainsi : “Lors de l’insurrection de décembre 1851, diverses sommes appartenant aux communes, aux établissements charitables ou aux associations syndicales, ont été soustraites de la caisse des receveurs municipaux”. La commune des Sièyes ainsi que les syndicats d’arrosage des Sièyes, des Augiers, de la Sèbe et du They font partie des spoliés. Les receveurs, responsables de ces fonds devraient normalement les rembourser. Mais il y a là “un cas de force majeure”, les insurgés étant insolvables. Il est donc demandé aux communes et aux commissions syndicales de les en décharger. Afin de se justifier, le percepteur, receveur municipal, qui n’est autre que M. Beau, père d’Alphonse Beau de Rochas[5], adresse le 6 novembre 1852 une lettre au maire des Sièyes.

 

            Ce deuxième document porte sur “l’enlèvement des fonds qui a eu lieu dans (sa) caisse lors de l’insurrection du mois de décembre dernier”. Alexandre Beau qui était, il ne faut pas l’oublier, secrétaire départemental de la Fédération Bonapartiste des Basses-Alpes, joint à sa lettre une copie de son rapport afin de prouver qu’il ne lui a “pas été possible de résister à la force armée”. À le lire il aurait même sauvé Digne du pillage. En voici quelques extraits significatifs :

 

            “Les insurgés s’étaient emparés de la ville dès le 7 à trois heures du matin, leur nombre suivant le bruit public était à dix heures du matin, d’environ cinq mille.

 

            Dans la soirée, deux insurgés armés, dont un se disant président de la commune de Forcalquier me demandent 55 francs pour payer vingt-deux hommes qui composent leur détachement, par l’ordre de M. Aillaud, membre du Comité de résistance. (…) Je suis forcé de m’exécuter, mais j’obtiens du chef un reçu.

 

            Le lendemain, sur les deux heures de l’après-midi, le sieur Jourdan, se disant membre du Comité de résistance, escorté d’un fusilier, se présente dans mon bureau et demande les fonds que j’ai en caisse. (…) Le sieur Jourdan se contenta de 197,27 francs. Reçu de cette somme me fut donné, signé de trois membres du soi-disant Comité de résistance.

 

            Au moment où je me croyais délivré de la visite des insurgés, l’un d’eux Charles Cotte, escorté de cinq fusiliers armés, vint le lendemain sur les deux heures de l’après-midi me demander impérieusement les fonds communaux que M. Jourdan n’avait pas jugé devoir prendre la veille, attendu qu’à défaut de paye, les insurgés menaçaient de mettre la ville au pillage. (…) Il finit par signer (le reçu) ainsi que les hommes qui l’accompagnaient et sortit emportant les fonds dans un état voisin de la fureur.

 

            La ville se trouvant enfin délivrée des insurgés, j’ai comparu devant le juge d’instruction auquel j’ai fait ma déposition. Il a exigé la remise des trois reçus. Duplicata m’en a été fourni pour joindre à ma comptabilité”.

 

 

            Le 9 décembre, les insurgés se portent aux Mées et affrontent victorieusement les troupes bonapartistes du colonel Parson qui doit battre en retraite. Mais cette victoire leur apprit aussi la défaite de l’insurrection dans les autres départements. L’ordre de dispersion sera alors donné.

 

            Dans les jours qui suivirent la répression s’organisa et près de deux mille ex-insurgés furent arrêtés et incarcérés dans des conditions épouvantables. Un tribunal spécial, la commission mixte, siégea à Digne en février et mars 1852.

 

            “ Sur 1678 inculpés, 219 furent remis en liberté. Pour les 1459 restants, les condamnations suivantes devaient être prononcées :

 

– Renvoi devant le conseil de guerre, 12

 

– Déportation à Cayenne, 41

 

– Déportation en Algérie, 955

 

– Expulsion du territoire français, 15

 

– Internement (ou mise en résidence forcée), 73

 

– Mise sous surveillance de la police, 363. ”[6]

 

 

 

            C’est dans un gros registre[7] où furent consignées les décisions de cette commission, que j’ai retrouvé la trace du jugement d’une vingtaine de Siéyens.

 

            La commune des Sièyes compte alors 349 habitants dont environ 80 à 90 hommes. C’est donc le quart d’entre eux, en majorité agriculteurs (fermiers, cultivateurs ou propriétaires), qui prit part à l’insurrection. Trois sortes de condamnations leur seront appliquées :

 

1) Condamné à l’internement “ pour s’être rendu en armes à Digne ” :

 

– Chabot Auguste, 21 ans, cultivateur (libéré au bout d’un an).

 

 

2) La “ mise sous surveillance de la police ” en concernera huit autres :

 

– Arnaud Marius, des plus hautes-Sièyes. 28 ans, cultivateur. “Affilié[8], est venu prendre le mot d’ordre. S’est rendu en armes à Digne et à Thoard. Renvoyé à Riez pour annoncer qu’on mettrait des garnisons chez ceux qui ne partiraient pas. Bonne conduite. Position de famille intéressante”.

 

– Barbarin Honoré, 48 ans, propriétaire. “S’est rendu en armes à Digne et à Thoard. Bonne conduite, signalé comme ayant montré beaucoup de convenance au milieu des actes de brutalité dont la bande Chemin[9], qu’il avait suivi, s’est rendu coupable à Thoard”.

 

– Belletrux Gentil, 27 ans propriétaire. “S’est rendu en armes à Digne et à Champtercier. Très bonne conduite”.

 

– Chauvin Pierre, 48 ans, cultivateur. “S’est rendu en armes à Digne”.

 

– Corriol Joseph, 46 ans, propriétaire. “S’est rendu en armes à Digne et à Thoard. Bonne conduite”.

 

– Manent Jean, 25 ans, domestique. “Affilié, s’est rendu en armes à Digne et Thoard”.

 

– Boyer François Julien, 33 ans, tisseur à toile. “S’est rendu en armes à Digne, Champtercier et à Thoard. Bonne conduite”.

 

– Mariaud Martin, 25 ans, perruquier. “A hésité à partir, s’est rendu en armes à Digne et à Thoard. Très bonne conduite”.

 

 

3) Onze Siéyens seront condamnés à être déportés en Algérie :

 

– Corriol Auguste, 30 ans, cultivateur. “Affilié, a excité à partir. S’est rendu en armes à Digne et à Thoard. A conservé des fusils après l’ordre du désarmement. Assez bonne conduite mais dangereux par son exaltation. Chef de parti”.

 

– Corriol Louis, 22 ans, propriétaire. “Affilié. Vînt à Digne prendre le mot d’ordre. A réclamé le drapeau, s’est rendu en armes à Digne et à Thoard. A désarmé un gendarme. A excité le mécontentement de ses propres camarades par son exaltation et des exigences au Séminaire où il était logé”.

 

– Julien Ferdinand, 24 ans, cultivateur. “Affilié. S’est rendu en armes à Digne et à Thoard. S’y fit remarquer par ses exigences et des menaces. Voulait disait-il mettre le pays à feu et à sang”.

 

– Julien Hypolite, 26 ans, propriétaire. “Affilié. On se réunissait chez lui et on y tenait des propos et chantait des chansons anarchiques. A réclamé le drapeau. S’est rendu en armes à Digne, à Thoard et à Champtercier où il s’empara des fusils sur un reçu qu’il signa”.

 

– Lombard Michel, 42 ans, propriétaire. “Est allé prendre langue à Digne, s’est rendu en armes à Digne et à Thoard avec la bande Chemin”.

 

– Maurel Pierre, 21 ans, cultivateur. “Affilié, un des plus anciens. A accueilli les insurgés avec empressement. S’est rendu en armes à Digne et à Thoard. Très exalté, chantait souvent la Montagnarde”.

 

– Nolin Blaise, 45-50 ans, menuisier. “S’est rendu à Digne portant une cocarde rouge. Employé à la préfecture par le Comité. Distribuait les bons de pain, de viande et de tabac. Homme intelligent”.

 

– Nury Joseph, 60 ans, garde champêtre aux Sièyes. “Est venu en armes à Digne”.

 

– Roubaud Benjamin, 25 ans, fermier, (perruquier). “Affilié, est allé prendre le mot d’ordre à Digne, s’y rendit en armes. A suivi la bande Chemin à Thoard”.

 

– Sibaud Joseph, 25 ans, propriétaire. “Affilié, chef. Est venu prendre le mot d’ordre à Digne. S’y rendit en armes et de là à Champtercier où il se fit remettre les fusils sur un reçu qu’il signa. Bonne conduite, mais ardent à la propagande”.

 

– Vincent Auguste (dit Davin), 28 ans, cultivateur. “Affilié. Est allé chercher le drapeau. S’est joint avec les gens de sa commune à la colonne générale. Marchait en tête se faisant remarquer par son exaltation. S’est rendu à Thoard avec la bande à Chemin. Très exalté”.

 

 

            Les jugements portés sur ces condamnés me permettent de faire ici quelques remarques.

 

            Tout d’abord une constatation qu’il est bon de rappeler, ce mouvement insurrectionnel était structuré. Eugène Jaubert le confirme et écrit : “Ils marchaient par groupes, formés des contingents de cantons et de communes”. C’est également le cas d’Alexandre Beau, contemporain et témoin involontaire de ces journées, qui eut à faire au “président de la commune de Forcalquier” et plus loin à un “membre du Comité de résistance”. Notre percepteur note aussi scrupuleusement qu’à chaque demande de fonds, “ un reçu signé (lui) est donné ”.

 

            Au point de vue de l’organisation, on constate qu’un des insurgés est alors “employé à la préfecture par le Comité (chargé de la distribution) des bons de pain, de viande et de tabac”.

 

            Le mot drapeau, signe de ralliement et d’identification, est cité à trois reprises et Nolin Blaise “porte une cocarde rouge”. La plupart des insurgés sont venus à Digne “prendre le mot d’ordre” ou “prendre langue”.

 

            Mais c’est sans conteste les jugements du tribunal spécial qui sont les plus explicites :

 

            Dix des condamnés sont “affiliés” et deux sont même “chef de parti”.

 

            Les réunions qui précédèrent les journées de décembre 1851 semblent fréquentes. Aux Sièyes, elles eurent lieu chez Hippolyte Julien, propriétaire. Elles furent l’occasion de tenir “des propos et d’y chanter des chansons anarchiques” et en particulier La Montagnarde. Cette insurrection a donc été préparée et n’a rien de spontané.

 

            Après ces constatations, j’ai alors essayé de retrouver ce qu’il était réellement advenu de ces insurgés après leur condamnation à la déportation.            [10]

 

            En 1852 et 1853, les peines des insurgés furent transformées en surveillance du ministère de la Police générale par des mesures d’amnistie qui touchèrent la moitié des condamnés. Ils durent alors “signer un engagement écrit et se repentir”.

 

            Avec ces “actes de soumissions” on n’est pas loin des abjurations imposées aux Protestants lors des Guerres de religion !

 

            Corriol Auguste, Corriol Louis, Julien Ferdinand et Sibaud Joseph et Nury Joseph furent effectivement transportés en Algérie dans la région d’Oran (Sidi-Brahim), puis graciés pour les deux premiers en 1853 ou mis sous surveillance pour les trois autres en 1852.

 

            Nolin Blaise, ex-sergent au 4e de ligne, menuisier-mécanicien, originaire de Paris, fut lui aussi déporté en Algérie à Oued-El-Hammam (Oran). Un “état de recours” daté de 1852, porte cette mention : “En Afrique. Sa femme qui demeure à Marseille demande sa grâce, elle est mère de deux enfants en bas âge”. Il sera gracié le 2 décembre 1852 à l’occasion de la proclamation de l’Empire et sa peine commuée en surveillance.

 

            Julien Hyppolite sera condamné a être détenu sur les pontons (bateaux-prisons désarmés restant à quai), tout comme Lombard Michel, Maurel Pierre, Roubaud Benjamin et Vincent Auguste, mais leurs peines seront commuées en surveillance.

 

            Quant aux huit Siéyens “mis sous surveillance du Ministère de la police générale”, ils furent graciés en 1859 “par suite de l’amnistie générale accordée par S. M. l’Empereur à l’occasion de l’anniversaire du 15 août” qui touchait 1123 personnes.

 

            Trente ans plus tard, sous Jules Ferry alors ministre de la IIIe République de Jules Grévy, la loi du 30 juillet 1881, décida d’indemniser les condamnés politiques de 1851 en leur allouant une pension.

 

            Il existe aux Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, un registre sur ces pensions[11]. Il m’a permis de vérifier la véracité du témoignage de Raoul Nury et de dire ainsi tout l’intérêt qu’il faut porter à la transmission orale que l’on doit sauvegarder, car même déformée on y découvre toujours une part de vérité. Et j’ai en effet retrouvé que Gentil Belletrux, condamné à la prison puis mis sous surveillance, sera classé en 1881 en 4e catégorie et percevra effectivement une indemnité de 400 F par an. Ce qui lui permit de faire quelques travaux de réfection à la ferme des Bellauds.

 

 

 

            Guy REYMOND

 

Archives communale de Digne-les-Bains

 

                                                            6 juin 2001

 


[1] Durant l’été 1998, Édouard Anfossi, adjoint spécial de la section des Sièyes, me chargea de préparer une monographie sur l’ancienne commune des Sièyes dont on devait l’année suivante, fêter le centenaire de la fontaine de la place Théodore Aubanel. Le témoignage de Raoul Nury sur 1851, m’a amené à replonger dans cette partie oubliée de notre histoire.

[2] La fréquentation des cabarets, cerces ou chambrettes, qui existaient dans chaque commune, firent beaucoup pour la diffusion des idées et la formation des esprits.

[3] Modeste Eugène Jaubert, né à Digne le 20 janvier 1843, était le frère aîné du peintre Henri Jaubert, né, lui en 1860. Eugène avait donc à cette époque presque neuf ans. En 1905, il a mis par écrit ses Souvenirs de décembre 1851 (in B.S.S.L.T XII 1905-1906 p ç à 22).

[4] AD AHP E DEP/256

[5] Alphonse Beau dit Beau de Rochas, futur concepteur du “ cycle à quatre temps ” et qui n’avait certainement pas les mêmes idées politiques que son père, sera condamné en 1852 pour avoir pris part aux événements de décembre 1851 à Digne. Lire à son sujet l’étude de Jacques Payen et Gérard Perrin-Gouron, Beau de Rocha. Sa vie – son œuvre. Éditions de Haute-Provence, 1993.

[6] Cf. par Georges Mantoy dans les Annales de Haute-Provence, BSSL n°304, “ le soulèvement de décembre 1851 à Barcelonnette ” ainsi que dans le n°301 l’article de Paul Varcin, “ Contribution à l’histoire du coup d’État du 2 décembre 1851 dans le département des Basses-Alpes : Jean-François Ailhaud et quelques autres instituteurs.

[7] AD AHP 2 U 91 (ou 2 Mi 1/24)

[8] Cela signifiait que la personne était soupçonnée d’être membre de sociétés secrètes à tendance socialisante.

[9] Pierre François Chemin, né à Pontoise (Seine et Oise) en 1805, cordonnier, marié avec une fille des Sièyes, Alexandrine Aubert, domicilié à Digne, y fut jugé le 12 février 1852 et condamné à la déportation en Algérie. La commission mixte porta sur lui le jugement suivant : “Affilié, chef. A pris une part active à l’insurrection. Chef d’une bande organisée, envoyée à Thoard pour punir cette commune de n’avoir pas marché, l’a désarmée, a fait des réquisitions de logements, de vivres et d’argent. A déposé les autorités. Exalté, très dangereux”.

François Chemin, en fuite (réfugié à Nice puis en Suisse), sera jugé par contumace puis arrêté et déporté en Algérie jusqu’au printemps 1853. Sa peine a été commuée en surveillance par décret du 2 décembre 1852.

[10] Archives communales de Digne-les-Bains 3 J art. 6. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence 4 M 41 et l’ouvrage de Maurice Bel, Les condamnés à l’Algérie en 1852 dans le département des Alpes-de-Haute-Provence, Nice 1997, consultable aux AD AHP sous le n°01142.

[11] AD AHP 4 M 41