Les républicains arrêtés dans la région de Montbrison

Les républicains arrêtés dans la région de Montbrison après le coup d’état du 2 décembre

 

Les arrestations de décembre 1851

 

– Les arrestations commencent le 7 décembre 1851 : Jean-Baptiste dit Théophile Denis, pharmacien à Boën, est arrêté par la gendarmerie et écroué à la maison d’arrêt de Montbrison. Son père, Jean-Pierre Denis, avait été pharmacien à Montbrison, rue Tupinerie. Théophile Denis, soupçonné de « diriger les sociétés secrètes » républicaines de la Loire, est officiellement accusé « d’avoir répandu des nouvelles fausses et alarmantes ».

– Le 8 décembre 1851, sont arrêtés ensemble, lors d’une réunion à Sury-le-Comtal, Marcellin Allard et Jean Bourg, cultivateurs, Théodore Rolland, boulanger, Claude Pouillon, serrurier et Claude Georget, mécanicien, tous de Sury-le-Comtal. Ils sont « inculpés de réunion illicite » et emprisonnés à Montbrison.

– Dans les jours qui suivent (le 8 et le 11 décembre), deux notables les rejoignent derrière les barreaux,  Léon Blanc, notaire à Saint-Marcellin (« cris et propos séditieux ») et Jean-Baptiste Laforest, huissier à Sury (« réunion illicite »). Les arrestations se succèdent : le 8 décembre, sont arrêtés François Girard, voiturier à Craponne qui a poussé des « cris séditieux » à Montbrison et Jean-Baptiste Gargan, confiseur à Boën qui a « colporté de fausses nouvelles ». Le 18 c’est au tour de Vincent Hébrard, instituteur à Aveizieux (« cris séditieux ») et de Claude Péragut, ancien épicier, demeurant à Montbrison , et chez lequel on a trouvé « des brochures phalanstériennes » de rejoindre les autres détenus dans la prison installée dans l’ancien couvent des Visitandines.  

 

Une seconde vague d’arrestation

 

– Une seconde vague d’arrestation a lieu en janvier 1852, ce qui peut paraître étonnant puisque toute résistance a été brisée et que les oui au plébiscite l’ont triomphalement emporté. Mais il s’agit de briser et d’intimider le mouvement républicain dans l’ensemble de la France.

– Le 12 janvier, Jean Côte, cantonnier et garde-champêtre et André Gauthier, jardinier, tous deux de Montbrison, sont arrêtés par la gendarmerie et inculpés « d’avoir replanté un arbre de la liberté arraché par ordre de l’autorité supérieure » (!). Le même jour, Jean-Baptiste Janvier, serrurier à Sail-sous-Couzan, inculpé de « cris séditieux » est arrêté, en fait, parce qu’on le soupçonne d’être en relation avec un groupe républicain de Saint-Etienne. Le 17 janvier, Jacques Maréchet, scieur de long à Lavieu, est arrêté et inculpé aussi de « propos séditieux ». On ne note qu’une seule arrestation tardive, celle de Christian Chatain, accusé de « rébellion », emprisonné le 5 avril 1852.

 

Bilan de la répression

 

– Il y a 17 arrestations dans l’arrondissement de Montbrison (33 à Roanne, 72 à Saint-Etienne). La répression est limitée parce qu’elle s’exerce dans une région dans laquelle il n’y a pas de tentative organisée de résistance, sauf cas isolés de « réunions illicites ». Les arrestations avaient eu un caractère de prévention et d’intimidation.

– La plupart des détenus furent libérés entre le 21 décembre 1851 et la fin de février 1852. Ils le furent soit par décision de la commission mixte, soit par décision du procureur ou du préfet, soit par ordonnance du tribunal de Montbrison. On sent à cette occasion des conflits de compétence entre les différents organismes judiciaires et un certain désordre dans la répression puisque Jean Cote et André Gauthier furent libérés le 18 janvier par décision du procureur puis arrêtés à nouveau deux jours plus tard par le capitaine de gendarmerie et libérés à nouveau par la Commission mixte. Il y eut cependant trois condamnations : Jean Maréchet et Christian Chatain furent condamnés à deux mois de prison pour « offense envers le président de la république » par le tribunal correctionnel de Montbrison. Jean-Baptiste Janvier, de Sail-sous-Couzan fut déporté pendant un an en Algérie.

 

L’arrondissement de Montbrison est un exemple de région « tranquille » où, cependant, on profite du coup d’état pour identifier, intimider, emprisonner puis mettre sous surveillance les militants républicains. 

Claude Latta