Etienne Bayol

article mis en ligne le 21 juin 2019

Bayol Etienne, Lucien

 

Bayol Etienne, Lucien, né à Varages (Var), le 7 janvier 1830, de Jean Joseph Hyppolite 31 ans, cafetier et d’Elisabeth Joséphine Sabatier 27 ans. Instituteur puis faïencier. Maire de Varages (1876-81), Conseiller d’arrondissement (1871-83), Conseiller général de Barjols (1883-96), Sénateur du Var (1896-1900). Mort à Varages le 13 juin 1915.

Formé à l’école normale d’instituteurs de Draguignan, nommé à La Verdière à sa sortie, il se lance en 1848, dans les luttes politiques en organisant une société dite secrète, La Prévoyance, d’une centaine de membres.

A l’annonce du coup d’Etat du 2 décembre 1851 de Louis Napoléon, connu à La Prévoyance le 5 au soir, les républicains varageois, en farandole, s’emparent de la mairie.

Le 7, au matin, Bayol mène comme « lieutenant » la colonne d’une soixantaine d’insurgés vers Barjols, puis Salernes. Mais le 10, arrivés à Tourtour, ils font demi-tour, Aups venant de tomber.

37 sont arrêtés et Bayol est révoqué de ses fonctions d’instituteur, pour participation en armes à l’insurrection, et condamné à la déportation, Algérie moins. Sa peine ayant été commuée le 16 avril 1852 en assignation à résidence sous la surveillance de la police à la Garde-Freinet, il se fait bouchonnier jusqu’en 1859.

Revenu dans son pays, il se lance dans la faïence et fonde une société (coopérative ?) de cinq faïenciers dont son cousin Casimir et Honoré Armand, trésorier de La Prévoyance, louant la fabrique de Gustave Pascal puis celle d’Etienne Niel.

Aux élections municipales de 1865, Étienne Bayol oppose une liste à celle du maire Louis Niel, autre faïencier, nommé par décret du 4 février 1865, par le préfet, président de la société de secours mutuels L’Avenir.

Le scrutin est serré, 366 votants sur 432 inscrits. Au 1er tour les deux listes ont 4 sièges chacune, Bayol est en tête, Neil 3e.

Au 2e tour, 290 votants, 4 élus (3 Bayol, 1 de la liste du maire). Or le maire et son adjoint sont nommés par le Préfet. Le 23 juillet celui-ci désigne comme maire Louis Niel, le conservateur marseillais, et comme adjoint, le chef de file des Rouges, Etienne Bayol. L’ambiance au conseil municipal va être chaude.

 

C’est la guerre des Blancs et des Rouges !

Le 4 septembre 1865, lors de la distribution de prix de l’école de filles et de la salle d’asile (maternelle dirait-on aujourd’hui) dirigées par les sœurs de St-Joseph de l’Apparition de Marseille, le maire Niel se félicite d’avoir contribué à la fondation et au maintien de ces établissements populaires. Après avoir énuméré les avantages que les classes laborieuses retirent de ces institutions « dont SM l’Impératrice a revendiqué le patronage, afin de devenir pour ainsi dire la seconde mère de l’enfant de l’ouvrier », il ne doute pas qu’en « considération des efforts qui se font pour moraliser le riche et pour instruire le pauvre, la Providence ne sauve la société agitée par tant d’idées diverses »« Quand à vous, jeunes élèves qui avez reçu la semence de bons principes, vous les répandrez dans vos familles et vous travaillerez ainsi à l’affermissement de l’édifice social qui doit reposer sur les bases de la religion, de l’ordre et de la propriété. »

Le 26 juin 1867, le conseil est dissous et le 25 août, les élections donnent la majorité à Niel, mais Bayol réélu demeure adjoint ! Les choses restent en l’état jusqu’aux élections d’août 1870.

En pleine guerre, Niel vient de Marseille prêter serment, mais le 4 septembre, la République s’installe. Quinze jours après, le nouveau préfet, le Salernois Paul Cotte, insurgé de 1851, nomme Bayol président de la commission municipale de Varages puis il en devient maire.

Aux élections du printemps 1871, il ne se représente pas et 200 votants (mais 250 abstentions !) rétablissent Niel à la tête de la municipalité jusqu’en 1876.

Pourtant le 8 octobre 1871, Bayol devient conseiller d’arrondissement de Barjols (1871-1883) et le 11 avril 1873, avec son cercle L’Union républicaine, il organise une manifestation séditieuse qui sera punie par le nouveau préfet : un banquet gras le vendredi-saint !

Enfin, en mars 1876, la République triomphe : Bayol est nommé maire avec toute sa liste élue. Mais le président de la République Mac-Mahon, après son coup de force du 16 mai 1877, au nom de son gouvernement d’ordre moral, le 7 aout, le destitue et le remplace par Gustave Pascal, qui fait enlever le buste de Marianne de la mairie. « Plusieurs pères et mères rougissaient pour leurs enfants de voir l’indécente aux puissantes mamelles ! »

Le 4 novembre 1877, Bayol est réélu avec 1359 voix au conseil d’arrondissement et reprend son « bien » municipal le 1er janvier 1878 jusqu’au 16 janvier 1881 quand il abandonne l’écharpe de maire, tout en participant à la vie municipale comme simple conseiller.

En aout 1879, une forte polémique alimente son mandat au sujet de la transformation de l’hospice avec ses religieuses en école laïque de filles.

Le 3 juin 1880, à l’instar du village d’Entrecasteaux qui l’avait fait en juillet 1879, il fait peindre le triptyque républicain sur l’hospice devenu école et l’église « En attendant que la séparation de l’église et de l’état et la suppression du budget des cultes soit un fait accompli »

Le curé trouve ces travaux d’un goût douteux ! « Pour réparer leur faute (sic), ils font badigeonner l’église et l’hospice, sans oublier de faire inscrire, sur la façade de ces deux édifices, la fameuse devise : Liberté, Egalité, Fraternité. » Mal lui en prit, Bayol « décide d’enlever à M. le curé, le jardin attenant au presbytère et attendu que dans l’état précaire des finances de la commune, il voudrait infiniment mieux que le revenu qu’en retire le curé en le louant, fasse bénéfice à la  commune ».

Lors de l’élection de janvier 1881, le religieux qualifiera le nouveau conseil de « crapules » et le Courrier du Var, journal réactionnaire des Blancs  »d’une bande politico-carnavalesque de citoyens forts en gueule »!

Pensionné de 600F, en janvier 1883, au titre de 1851, le 10 août, Bayol est candidat au conseil général de Barjols. Partisan du mandat impératif, il déclare: « mon programme est celui de l’Alliance républicaine socialiste : Révision de la Constitution avec suppression du Sénat ; Dénonciation du Concordat ; Election de la magistrature ; Liberté absolue de la presse, de réunion et d’association ; Réduction du service militaire à 3 ans ; Service obligatoire pour tous ; Décentralisation administrative ; Interdiction du cumul des emplois salariés ; Nomination d’une Constituante… »

Le 12 août, après une lutte fratricide de clocher, il est élu avec 718 voix contre le maire de Barjols, le tanneur Benjamin Fassy, fils de proscrit, 480 voix.

Le 7 septembre, il devient membre de la commission départementale qu’il présidera par la suite jusqu’en 1895. Il y combat énergiquement la Compagnie des chemins de fer du Sud du sénateur et conseiller général Edmond Magnier, et demande ainsi au Conseil de refuser de payer son déficit jusqu’à décision des tribunaux.

Le 13 septembre 1885, à 16h, à Draguignan, il est assesseur à la grande manifestation de Clemenceau, sur les allées d’Azémar, le théâtre étant trop petit pour accueillir les 3000 personnes. Le 1er octobre comme président du Comité fédéral radical de Brignoles, après le congrès radical du Luc, il soutient ouvertement Clemenceau qui est élu député du Var.

Le 22 août 1887, Bayol devient vice-président du Conseil général du Var.

En 1896, Magnier de la Compagnie du Sud est déchu de son mandat, aussi se porte-t-il candidat au Sénat à l’élection partielle du 23 février, au 2ème tour, il est élu avec 249 voix.

Le 24 avril 1896, siégeant à gauche, il demande la révision de la constitution avec le sénateur dracénois Félix Anglès, Bayol veut supprimer le Sénat alors qu’Anglès garde les 2 assemblées mais introduit l’élection à 2 degrés. Au renouvellement de 1900, il ne se représente pas.

A 70 ans, il quitte la vie politique pour profiter de sa famille et reprendre ses affaires à Varages où il meurt le 11 juin 1915.

 

Maurice Mistre

 

Sources :https://archives.var.fr/article.php?larub=531&titre=exposition-virtuelle-consacree-a-l-histoire-de-la-la-ite. Le Petit Var. Le Courrier du Var. Émilien Constant, Le département du Var sous le Second Empire et au début de la IIIe République, Association 1851, 2009. Jean Jolly Dictionnaire des Parlementaires français. Bertrand in bulletin académie du Var 1995.