Discours de Germain, dit St Martin

Document

 

Archives départementales du Vaucluse, 1 M 782, document aimablement communiqué par Romain Gardi

 

 

 Discours de Germain dit Saint-Martin aux citoyens de Gordes, sans date.

 

« Citoyens.

En présence des persécutions honteuses qu’exercent les réactionnaires, je ne puis m’empêcher de dire, que c’est trop souffrir de l’insolence de nos oppresseurs ; croyant avoir étouffé tous les germes de la République, ces hommes prennent plaisir à nous torturer et à nous injurier, le droit des gens, ils le foulent aux pieds. Combien de citoyens ne gémissent-ils pas sous des fers indignes ? Il est temps de sortir de notre assoupissement. Nos ennemis, loin de se décourager de l’échec du […] juillet, qui leur a prouvé que la République était plus ferme qu’ils ne le croyaient, redoublent d’efforts au contraire pour saper les racines de la liberté, qui ne peuvent mourir. Tant de persécutions ne nous forcent-elles pas de courir aux armes ? La République outragée, la Constitution violée, le vote universel mutilé, la presse détruite…Non, je ne craindrai point de dire que lorsqu’un homme libre est accablé par tant d’injustices et tant d’outrages, il n’est point assez lâche pour les souffrir. Et y a-t-il quelqu’un d’autre que vous qui puisse ignorer les odieuses conspirations tramées en secret contre la République ? Les ennemis du peuple ayant formés le dessein de le subjuguer, le combat est devenu nécessaire et comme le mal est violent le remède doit l’être aussi, et si la crainte de tomber dans un esclavage honteux a quelque pouvoir sur vos esprits, vous devez vous tenir prêts à repousser des chaînes que vous ne porteriez jamais. Car je ne pense pas qu’il y ait quelqu’un de vous qui soit d’humeur d’obéir en aveugles à des tyrans qui ne devraient être que vos égaux. Je crois parler à des hommes qui sont prêts à défendre au péril de leur vie, toute attaque à la République. Les intérêts que nous défendons nous sont communs à tous : ce sont ceux du peuple. Nous n’avons qu’à paraître sous les armes et nos ennemis reculeront frappés d’épouvante. En effet, qui peut résister contre le peuple, qui sent le prix de sa liberté ? Quel est celui qui oserait arrêter sa marche ? Le peuple, est ce soleil brillant qui parcourt sa marche triomphale, entouré de gloire et de splendeur, et que rien ne saurait arrêter. Allons donc, citoyens, soyons prêts à défendre la liberté menacée, et aux premiers cris poussés par la République, courrons tous aux armes avec le peuple, et la terre apprendra qu’il est des gens de cœur dans cette République qui savent perdre les tyrans. Vive la République »

 

 

La date du document n’est pas mentionnée mais on peut penser que ce discours a du être prononcé en 1851, où l’idée d’un coup d’État apparaît imminent dans l’opinion. (Romain Gardi)