Cantico su l’histourico dé la Capèlo dé la Délivranço dé Zaù

chanson publiée dans le bulletin de la Fédération varoise de la Libre Pensée, novembre-décembre 2001, n° 4

Cantico su l’histourico dé la Capèlo dé la Délivranço dé Zaù

su l’er : San Jousè s’en va én pèlérinajé (de Coutigna)

Cantique sur l’histoire de la Chapelle de la Délivrance d’Aups

sur l’air : Saint Joseph s’en va en pèlerinage (de Cotignac)

 

Cantén bèn énsèn

Nouasto Délivranço

A despui lountèn

Nouasto counfianço.

Cantèn bèn

Nouasto counfianço.

Chantons bien ensemble

Notre délivrance

Tu as depuis longtemps

Notre confiance.

Chantons bien ensemble

Notre confiance.

Es én cinquant’un

Qu’aco si passavo,

Et din Zaù chacun

De poù trémouravo.

Cantén bèn

De poù trémouravo.

C’est en cinquante et un

Que cela s’est passé,

Et dans Aups chacun

De peur tremblait.

Chantons bien ensemble

De peur tremblait.

Et ainsi jusqu’à la fin. On répète à chaque fois les mots “Cantén Bèn” à la fin de chaque strophe, avant la reprise du quatrième vers.

En aqué lei jou,

Prénguéroun la villo,

N’aviè dé partou,

Countavoun per millo.

En ces jours-là

Ils prirent la ville,

Il y en avait de partout,

On en comptait des milliers.

Météroun dédin.

Un noumbré d’oùtagé;

Et lei magasin

Eroun où pillajé.

Ils enfermèrent

Un certain nombre d’otages,

Et les magasins

Etaient livrés au pillage.

Lei gèn counsterna,

Fasièn dé préièro;

Et s’éroun tourna

Ver la bouano Mèro.

Les gens consternés

Faisaient des prières,

Et s’étaient tournés

Vers la bonne Mère.

“Vierjé, si métèn

En vouasto tutèlo,

Et vou proumétén

Eici’no capèlo.”

“Vierge, nous nous mettons

Sous votre protection, et

Nous vous promettons

Ici une chapelle. »

La Vierj’énténdé

Sa vill’alarmado,

Sa mèn li mandé

Dei sorda l’armado.

La Vierge entendit

Sa ville alarmée,

Sa main leur envoya

Une armée de soldats.

Per soun Vu rempli,

Féroun diligenço.

Fougué accoumpli,

En récounouissenço.

Pour s’acquitter de leur voeu,

Ils firent diligence.

Cela fut accompli

En reconnaissance.

Fougué décida

D’aji tout de filo.

Va féroun creida

Din touto la villo.

Il fut décidé

D’agir aussitôt.

On va le faire crier

Dans toute la ville.

Lei counvouqua

Si rèndoun én masso.

Moussu dé Biaca

Councèdo la plaço.

Les gens convoqués

Se réunirent en masse.

Monsieur de Blacas

Concéda le terrain.

Moussou lu Cura

Mando l’architéto

Lei plan soun tira

De façoun parfeto.

Monsieur le Curé

Envoya l’architecte.

Les plans sont tirés

De façon parfaite.

Tré rapidamen

Si fan lei bastisso,

De sei foundamen,

Jusqu’à la tourisso.

Très rapidement

On fit les bâtiments,

Des fondements

Jusqu’à la toiture.

Ensin si tengué

La santo proumesso.

Pui si li digué

La proumièro Messo.

Ainsi fut tenue

La sainte promesse.

Puis on dit

La première messe.

Dèspui si li vèn

En pélérinajè,

Dei villo tan bèn

Coumo dei villajé.

Depuis on y vient

En pèlerinage,

Des villes aussi bien

Que des villages.

Leis Aupsoua suriou,

L’amo tréfoulido

Li cantoun toujou

La Vierjé bénido.

Les Aupsois souriants

L’âme très émue,

Chantent toujours

La Vierge bénie.

Lou quinjé d’Avou,

Lou poplé défilo.

En aquéou beù jou,

L’a touto la villo.

Le quinze août,

Le peuple défile.

Dans ce beau jour,

Il y a toute la ville.

Vén encar’eici,

Lou vuè de Sétembre;

Et li vèn aùssi,

Lou vuè dé Décèmbre.

Ils viennent encore ici

Le huit septembre;

Et ils y viennent aussi

Le huit décembre.

Et bèn d’autrèi fé,

Din touto l’annado

Li mountro sa Fé

A la Mèr’eimado.

Et bien d’autres fois

Dans toute l’année,

Ils montrent leur foi

A la Mère aimée.

Garda lei toujou,

O Vierjé clémento

Auran emé vou

Uno vido santo.

Garde-les toujours,

O Vierge clémente !

Ils auront avec vous

Une vie sainte.

Quan séran adaù

En vouasto puissanço,

Auran de tou maù

Grando delivranço.

Quand ils seront là-haut,

En votre puissance,

Ils auront de tous les maux

Grande délivrance.

Alors cantaran

Sa joua solennèlo,

Car poussédaran

La vid’éternelo.

Alors ils chanteront

Sa joie solennelle,

Car ils posséderont

La vie éternelle.

Encur vou pregan

De sauva la Franço.

Dei Bocho brégan

Fè la délivranço.

Ils vous prient encore

De sauver la France.

Des Boches brigands

Faites la délivrance.

Douna-li la pas,

Emé la vitouaro.

V’oublidaren pas :

Séra vouasto glouaro.

Donne-leur la paix

Avec la victoire.

Ils ne vous oublieront pas :

Ce sera votre gloire.

Nouastei vétéran

Garda-lei en vido.

Si-n-en souvendran,

Mèro bénésido.

Nos anciens

Garde-les en vie.

Ils s’en souviendront,

Mère bénie.

Quan séran véngu,

Dédin sei famihlo,

Gardaran ségu

L’amour dé Mario.

Quand ils viendront

Dans leur famille,

Ils garderont sûrement

L’amour de Marie.

Touti si réndrén

A la Délivranço,

Et li cantarén :

“Vivo Nouasto Franço.”

Tous se rendront

A la Délivrance,

Et ils chanteront :

“Vive Notre France.”

Zau, lou 8 dé Juillet 1917 LOUIS GIRAUD, cura de Zaù

 

N.B. L’auteur n’est pas félibre. Négligeant toute orthographe, il n’a veillé qu’à rendre le plus exactement possible la prononciation du dialecte provençal dans le Var.