Un témoignage sur les événements du Var
Document provenant de la collection privée d’Alain Trinquier. Il s’agit d’une lettre écrite par un habitant de Callas (Var), visiblement le 12 décembre 1851, mais qui a, hélas, simplement signé de ses initiales. Un témoignage sur les événements du Var Lettre adressée à Monsieur R. Pierruguet 13 rue Neuve de Berry Paris
Nous avons reçu, Mon cher ami, les trois lettres des 5, 7 et 8 Xbre et appris par elles avec plaisir qu’aucun de vous n’avait eu à souffrir des suites des événements qui se sont passés à Paris depuis le 2 de ce mois. Nous nous portons tous bien de notre coté malgré l’anxiété où nous avons vécu à raison des tentatives d’insurrection commencées simultanément sur plusieurs points du département. Elles ont avorté partout dans les environs et la bande insurectionnelle qui avait rallié deux mille recrues de démagogues pour marcher sur le chef-lieu et s’emparer de la préfecture ayant été poursuivie par une colonne mobile de 600 hommes du 50e de ligne venu de Toulon avec le nouveau Préfet a été jointe au village d’Aups (Aoups) et s’est dispersée sur tous les points des environ laissant dans ce village 150 morts dit-on et deux ou trois fois plus de blessés. Les notables habitans des villages qu’elle traversait menés en otage come prisonniers se trouvaient heureusement enfermés dans des maisons du village lorsque le combat a eu lieu de manière qu’ils n’ont pu servir de bouclier à la bande des insurgés quand elle a été attaquée par la ligne. Dans la journée d’hier onze et durant la nuit il a passé par les sentiers de ( ?) et par le village les fuyards dispersés qui regagnaient sans armes leurs communes respectives. Malheureusement l’absence de la brigade de gendrie convoquée au chef-lieu pour la défense de la préfecture n’a pas permis d’arrêter les fuyards sur le passage desquels l’autorité municipale fermait les yeux quand elle ne les favorisait pas. Depuis 3 jours le département est déclaré en état de siège et les insurgés auront à répondre devant le Conseil de Guerre de tous leurs méfaits. Adieu je te serre les mains, vous embrasse tous que Dieu nous garde tous
F. P.
P.S. Des nouvelles arrivées hier soir il résulte que dans le combat d’Aups, les insurgés n’ont pas résisté ½ hre seulement et on laissé plus de 200 morts sur la place[1].
[1] Sur le décompte de ces morts, voir l’article de Frédéric Négrel.
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