Circulaire du préfet des Basses-Alpes du 27 novembre 1851
mise en ligne le 21 août 2025
Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, cote 4Z239
Document transcrit par Colette Chauvin qui a respecté présentation, orthographe et ponctuation.
Le préfet des Basses-Alpes aux sous-préfets
Préfecture Digne, le 27 novembre 1851
des
BASSES-ALPES
cabinet
du Préfet
Monsieur le sous-Préfet,
De nombreux avis, parvenus à l’autorité supérieure et dont il serait imprudent de ne pas tenir compte, annoncent un prochain mouvement des Anarchistes. On indique même la date du 30 de ce mois, c’est le jour désigné par les meneurs des Sociétés secrètes des différents points du territoires. On signale le départ des principaux affiliés qui semblent venir à Paris chercher le mot d’ordre.
Bien que rien n’indique que notre département se prépare à participer à une telle tentative de sédition, nous devons cependant nous tenir sur nos gardes.
C’est par une attitude énergique et prévoyante que nous parviendrons à déconcerter les tentatives des factieux. Je compte, à cet égard, sur votre dévouement.
Le gouvernement est en mesure de réduire à l’impuissance les artisans d’émeutes. Si les appréhensions que de sinistres projets ont fait naître, venaient à se réaliser et qu’un mouvement éclatât dans Paris, vous devriez être plein de confiance dans la fidélité de l’armée et dans le patriotisme des amis de l’ordre, sur lesquels le gouvernement s’appuie.
Mais votre devoir serait de maintenir la tranquillité publique dans votre arrondissement, par tous les moyens dont la loi vous assure la disposition. Concertez-vous d’avance avec l’autorité militaire et veillez à ce qu’aucune surprise ne soit faite au pouvoir ; secondez de tous vos efforts le zèle des magistrats et l’action de la justice.
Des perquisitions domiciliaires opérées, s’il y a lieu, chez les meneurs les plus compromis ; l’arrestation ordonnée à propos de ceux d’entre eux qu’on pourrait, à juste titre, considérer comme les auteurs ou les complices des projets coupables que l’on signale, seraient autant de mesures propres à déjouer des plans d’insurrection et à priver l’émeute de ses chefs naturels.
Montrez-vous ferme et sévère : faites saisir, de concert avec les magistrats compétents, les écrits et les journaux qui provoqueraient à la rébellion ou à la révolte : Il faut que les populations honnêtes, que les démagogues tiennent sous la crainte, se rassurent en voyant que l’autorité est partout en mesure de comprimer ses ennemis et de les livrer à la sévérité de la loi.
Stimulez le zèle de la Gendarmerie ; faites appel, s’il est nécessaire et dans la limite des instructions spéciales, au concours de la garde forestière ; réclamez la coopération active et efficace de tous les agents de l’État. C’est par cette conduite vigoureuse que vous intimiderez les malveillants et que vous rallierez à vous les bons citoyens.
Veuillez, comme par le passé, me tenir exactement informé de tous les incidents dignes d’intérêt qui viendraient à se produire.
Je vous réitère, Monsieur le sous Préfet, l’expression de ma considération la plus distinguée.
Le Préfet des Basses alpes
c. Dunoyer
Charles Marie Dunoyer (1799-1881) est préfet des Basses-Alpes du 26 septembre 1851 au 1er février 1852 où il est révoqué. Avant que les résistants républicains investissent la ville de Digne, il s’est mis à l’abri dans le fort de Seyne.
On trouvera sa notice biographique dans Jean-François Condette, Les recteurs d’académie en France de 1808 à 1940, Tome II, Dictionnaire biographique, Paris, Institut national de recherche pédagogique, 2006, pp. 165-166.