Inauguration du buste de Louis Langomazino à Papeete
article mis en ligne le 27 février 2022. Extrait du site officiel de la Ville de Saint-Tropez
Inauguration du buste de Louis Langomazino à Papeete (Tahiti)
Lundi 20 février 2022 (sic), le buste du tropézien Louis Langomazino, offert par la ville de Saint-Tropez, a été inauguré à Papeete en présence du maire Jean-Pierre Tuveri invité par les autorités locales.
Il y a deux ans, suite aux liens développés avec Tahiti par la Société nautique, le port et la mairie de Saint-Tropez, à travers deux manifestations nautiques, les Voiles de Saint-Tropez et la Tahiti Pearl Regata (TPR), la mairie de Saint-Tropez a offert à la ville de Papeete, un buste de Louis Langomazino. Ce natif de Saint-Tropez a, en effet, connu au cours de la seconde moitié du XIXème siècle un destin hors du commun qui l’a mené de la Provence aux Iles Marquises, avant qu’il ne s’établisse à Tahiti où il devint une personnalité respectée. Son fils Hegesippe fut le deuxième maire de Tahiti en 1902 – 1903.
La municipalité de Papeete souhaitait que l’inauguration officielle de ce buste ait lieu en présence du maire de Saint-Tropez. Une invitation a donc été adressée à Jean Pierre TUVERI qui y a répondu avec plaisir.
[…]Il fut ensuite procédé au dévoilement du buste de Louis Langomazino en présence aussi de la ministre du tourisme Madame Nicole Bouteau, de plusieurs adjoints de la municipalité , de Monsieur Georges Puchon directeur du port autonome de Papeete, et de son adjointe Madame Christiane Chaine, de Madame Hinatea Tama Georges, adjointe entre autres responsable du tourisme à la ville de Papeete, de Madame Violetta Amaru Paradot, organisatrice de la Tahiti Pearl Regata, et de Monsieur Guillaume Gestin, skipper du voilier Arearea qui a couru aux Voiles de Saint-Tropez, ainsi que de deux descendants de Louis Langomazino accompagnés de leurs familles.
[…]Extraits du discours de Jean Pierre Tuveri :
Après avoir rappelé l’histoire d’un certain nombre de Tropéziens qui depuis la première moitié du XIXème siècle firent escale en terre polynésienne et pour certains y vécurent plusieurs années et même s’y installèrent définitivement, Jean-Pierre Tuveri retraça dans son discours le destin exceptionnel de Louis Langomazino en ces termes : « Venons-en maintenant à Louis Langomazino car c’est bien lui qui nous rassemble aujourd’hui autour de son buste. Vous remarquerez que je vais changer le temps de la narration abandonnant le passé simple ou l’imparfait pour passer au présent de narration, pour bien marquer que Louis Langomazino est en effet, en ce moment, bien présent parmi nous. Ce Tropézien au destin exceptionnel a en effet marqué l’histoire de la Polynésie. Né à Saint-Tropez le 11 septembre 1820, il débute sa carrière comme ouvrier à l’arsenal de Toulon. Syndicaliste, il adhère à la Société d’union et d’encouragement qui unit les ouvriers, et y joue un rôle actif. Il y invite notamment Flora Tristan, femme de lettres, figure majeure du débat social dans les années 1840 et qui participa aux premiers pas de l’internationalisme. Flora Tristan est enthousiasmée par sa visite à Toulon à l’été 1844, mais elle mourut malheureusement quelques mois après.
Langomazino part ensuite pour Marseille où il milite, accueille Lamartine, créé une bibliothèque et publie des poèmes. Il est naturellement actif durant la Révolution de 1848 et ne pouvait que se retrouver opposant à Louis Napoléon Bonaparte. Le 25 octobre 1850, il est arrêté et jugé l’année suivante. Condamné, il est déporté avec sa famille sur l’île de Nuku Hiva aux îles Marquises où il travaille comme forgeron au pénitencier. Sa condamnation est commuée le 23 juin 1853 en bannissement. Il est autorisé à résider provisoirement à Tahiti. Il s’y installe définitivement et devient défenseur au tribunal de Papeete. Il occupe ensuite le poste de juge impérial et rédige la codification des actes du gouvernement. Il est également directeur de l’imprimerie gouvernementale, juge d’instruction de 1864 à 1870 et avocat de 1870 à 1885, date de sa mort. En somme, Louis Langomazino peut être considéré comme l’une des personnalités remarquables de Tahiti au XIXe siècle.
Je voudrais terminer par une anecdote. Louis Langomazino eut un fils prénommé Hegesippe qui fut avocat, président de la Chambre de commerce, membre de la commission coloniale permanente et deuxième maire de Papeete de 1902 à 1903. C’est lui qui, en 1891, accueillit Paul Gauguin à Tahiti. La famille de ce dernier en contact avec la famille Langomazino demanda au fils de Louis de bien vouloir s’occuper de Paul Gauguin qui traversait des moments de dépression. Les familles Gauguin et Langomazino se connaissaient car Paul Gauguin n’était autre que le petit-fils de Flora Tristan dont je vous ai parlé.
Durant trop longtemps, les Tropéziens ont malheureusement oublié le nom de Louis Langomazino. Et à notre connaissance, il n’existe qu’une mauvaise photographie de cet homme exemplaire. Aussi, la Ville de Saint-Tropez a décidé de faire réaliser par le sculpteur Michel Mourier son buste à partir de la seule photographie que nous connaissons de lui à Saint-Tropez. Ce buste est actuellement exposé au musée d’histoire maritime de la citadelle de Saint-Tropez. Le second est ici, c’est lui qui nous rassemble. Ces deux bustes deviennent ainsi la marque visible de cette histoire invisible qu’il nous incombe de faire aujourd’hui ressurgir et qui unit encore un peu plus nos territoires respectifs.
Depuis 2009, en effet, des liens entre Saint-Tropez et Tahiti se sont noués à travers le partenariat entre la Tahiti Pearl Regatta et la Société nautique de Saint-Tropez. Chaque année, la présence tahitienne aux Voiles de Saint-Tropez est fortement appréciée tout comme le partenariat signé entre nos deux ports.
La Tahiti Pearl Regatta (TPR) est la plus importante régate du pacifique polynésien, elle est un savant équilibre entre régate sportive et esprit festif, qui a su séduire les Tropéziens. Ainsi depuis maintenant sept ans, des échanges d’équipages ont lieu chaque année entre Tahiti et Saint-Tropez.
C’est donc par le biais de la mer et de la voile que Tahiti et Saint-Tropez ont renoué des liens, qui prennent encore une nouvelle dimension aujourd’hui, plus d’un siècle et demi après l’arrivée sur votre île d’un Tropézien déporté aux Marquises. »