Le souvenir à Montbrison des victimes du coup d

article paru dans La Gazette de la plaine du Forez, janvier 2002 et dans Latta Claude, Les résistances au coup d’Etat du 2 décembre 1851, Montbrison, Village de Forez, 2002 (commander cet ouvrage)

Le souvenir à Montbrison des victimes du coup d’état du 2 décembre 1851

 par Claude Latta

Montbrison conserve le souvenir, dans les noms de ses rues et dans deux monuments qui se trouvent au cimetière, de plusieurs de ses fils, républicains victimes du coup d’état du 2 décembre 1851 ou qui se sont opposés à lui, en particulier Eugène Baune, Laurent Chavassieu, Martin et Auguste Bernard..

 

Le coup d’état

 

Par le coup d’état du 2 décembre 1851, Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République, dissout l’Assemblée nationale et se maintient au pouvoir. Un an plus tard, il rétablit l’Empire et devient Napoléon III. En décembre 1851, des résistances se sont dressées face au coup d’état, au nom de la défense de la Constitution. A Paris, le député Baudin, est tué sur les barricades. En province, des soulèvements, durement réprimés, ont lieu pour défendre la République, en particulier dans les Basses-Alpes et dans le Var. Une immense « rafle » (27 000 arrestations) décapita le parti républicain en France. Plus de 3000 républicains furent déportés en Algérie mais aussi 239 à Cayenne. Victor Hugo dénonça dans Les Châtiments « Napoléon le Petit » dont le règne se termina avec la défaite de Sedan (1870). L’Alsace-Lorraine fut perdue.

 

Les monuments du cimetière de Montbrison

 

En 1885, les républicains montbrisonnais édifièrent par souscription un monument qui se trouve, dans l’allée centrale du cimetière, simple obélisque portant l’inscription : « A la mémoire de Martin Bernard (1808-1885), Auguste Bernard (1811-1868), Eugène Baune (1799-1880), leurs concitoyens« . En 1849, la Loire avait envoyé à l’Assemblée nationale quatre représentants du peuple « démocrates socialistes » : Martin Bernard, Eugène Baune, Laurent Chavassieu, tous trois nés à Montbrison, et Tristan Duché, de Sury-le-Comtal. Martin Bernard, l’un des chefs du parti républicain en France, s’était exilé en Angleterre après la manifestation du 13 juin 1849 organisée contre « l’expédition romaine » et tenta, en vain, de rentrer en France pour participer à la résistance. Eugène Baune avait été arrêté, comme d’autres opposants, dans la nuit du 1er au 2 décembre 1851 parce que le pouvoir le considérait comme dangereux. Emprisonné à Mazas, il fut ensuite exilé. Son frère Aimé Baune, militant révolutionnaire, déjà emprisonné après le 13 juin 1849, fut à nouveau arrêté et exilé. L’historien Auguste Bernard, frère de Martin, fut lui aussi inquiété.

 

Le boulevard et l’école Chavassieu honorent deux Montbrisonnais, le père et le fils : Laurent Chavassieu (1787-1879), maire de Montbrison en 1848 et représentant du peuple, fut en décembre 1851 emprisonné à Mazas puis assigné à résidence pour avoir protesté contre le coup d’état. Son fils Jean-Baptiste (1814-1891), maire de Montbrison en 1870-1871, député de la Loire sous la IIIe République. Il donna toute sa fortune à la ville. Tous deux sont enterrés sous le même monument, édifié par la municipalité de Montbrison. Un beau médaillon en bronze représente JB Chavassieu.

 

Autres « lieux de mémoire »

Outre le « monument des républicains » et le tombeau des Chavassieu, les noms donnés aux voies publiques (rue Martin Bernard, place Eugène Baune, boulevard Chavassieu, rue Auguste Bernard à Moingt)  conservent le souvenir de ces républicains. La maison natale des  Bernard est au 22 de la rue Martin Bernard où leur père tenait une imprimerie ; Laurent Chavassieu est né dans la même maison que son neveu Victor de Laprade (n° 5, rue Martin Bernard). Le père d’Eugène et Aimé Baune tenait une école primaire en face de la collégiale Notre-Dame.

Quant au camp bonapartiste, il était aussi représenté puisqu’un Forézien, Persigny, fut l’un des comploteurs du 2 décembre et devint ministre de Napoléon III. Président du conseil général de la Loire, il a, en 1862, fondé la Diana, où se trouve son portrait.

 

Claude Latta