Un républicain provençal à Lille

article publié dans le Bulletin n° 22, janvier 2003

Un républicain provençal à Lille

à l’époque du Coup d’État du 2 décembre 1851 :

Hyacinthe HONNORAT-BOCQUET (1801-1883)

 

Coincé entre le souvenir de son père, le médecin, naturaliste et lexicographe dignois[1] Simon-Jude Honnorat (1783-1852) et celui de son»  cousin[2] », André Honnorat (1868-1950), député, sénateur et président du Conseil général des Basses-Alpes[3] et ancien ministre de l’Instruction publique, Hyacinthe Honnorat[4] demeure dans sa région d’origine largement inconnu. Au demeurant, lorsque les biographies consacrées au père font référence au fils, c’est pour rendre ce dernier responsable de la perte des manuscrits et collections du premier[5]. Pourtant, il apparaît qu’Hyacinthe Honnorat, qui s’établit dans le département du Nord au début de la révolution industrielle, est mieux reconnu dans sa région d’adoption, en raison d’un précoce engagement politique et philanthropique, notamment vers l’époque du Coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte. Républicain engagé mais non victime du coup d’Etat de 1851, Honnorat-Bocquet, fit partie des anciens quarante-huitards qui prient en main les affaires publiques locales au lendemain de Sedan et tentèrent de s’opposer aux Restaurations monarchiques et césaristes envisagées par la « République des Ducs[6] » et le»  Parti de l’Ordre[7] ».

 

Hyacinthe Honnorat était et un commerçant républicain et libéral politiquement et économiquement adepte du progrès. Son attachement au libéralisme s’est manifesté aussi bien en faveur de l’aspect économique que de l’aspect politique de cette doctrine. Autrement dit, je pense que les idées politiques d’Hyacinthe Honnorat (il est libéral et républicain, mais pas socialiste ni monarchiste) sont d’abord liées à sa profession. Il conviendra donc d’examiner successivement la formation de négociant d’Hyacinthe Honnorat, avant d’envisager l’étude de son parcours politique.

 

 

 

Un Gavot[8] devenu négociant lillois

 

 

 

 

Hyacinthe Honnorat était le fils d’un notable de province légitimiste[9]. Sa décision de quitter les Basses-Alpes, département agricole peu développé économiquement pour une région en pleine expansion industrielle comme l’était celle de Lille, montre bien que l’émigration ne fut pas seulement le fait des paysans pauvres des zones rurales, vers l’Amérique, l’Algérie ou les villes, mais frappa aussi les élites urbaines.

 

Né à Allos en 1801[10], Hyacinthe Honnorat, vécut avec sa famille à Digne à partir de 1808[11], date de l’installation du cabinet de son père dans cette ville. On ignore quelle fut la formation intellectuelle d’Hyacinthe Honnorat, même si l’on peut supposer que son père, intellectuel curieux de tout[12] et d’un savoir encyclopédique, veilla à ce qu’elle fut aussi complète que possible[13].

 

 Il ne semble pas qu’Hyacinthe Honnorat ait été bachelier ou ait entrepris des études supérieures. Au contraire, il semble s’être tourné très tôt vers une carrière commerciale. La ville de Digne n’étant pas sur les grandes routes commerciales et n’ayant alors qu’une faible activité économique[14], Hyacinthe Honnorat effectua son apprentissage de négociant dans des centres plus importants.

 

 Il est possible qu’Hyacinthe Honnorat soit allé à Grenoble, où vivait sa sœur[15] et une partie de sa famille maternelle[16], ses oncles, tous deux magistrats[17], Fortuné Gariel et Hyacinthe Gariel (1777-1849). Ce dernier, qui était sans doute le parrain de Hyacinthe Honnorat, est davantage connu comme  bibliophile passionné et collectionneur enragé que comme juriste. Ses collections de manuscrits, d’incunables et d’éditions rares furent vendues en même temps que celles du Docteur Honnorat[18]. La plupart furent achetés par la bibliothèque de Grenoble[19]. Bien que lui-même légitimiste, il démissionna de la magistrature en 1830, Hyacinthe Gariel fréquentait les milieux libéraux grenoblois, notamment les frères Champollion[20], le chimiste Joseph Fourrier et l’avocat Berriat-Saint-Prix. Il est possible que son neveu, Honnorat-Bocquet, ait été influencé, dans son éducation politique, par ce milieu libéral. Hyacinthe Honnorat a pu sans doute connaître les idées libérales et républicaines par un parent éloigné de sa mère : Louis Alexandre Gariel (1814-1895), un notaire libéral qui fut le correspondant à Salernes (Var) du journal marseillais»  La Voix du peuple [21]». Très à gauche, membre de divers club, Alexandre Gariel participa à la résistance au coup d’Etat en 1851[22].

 

  Il est également très probable qu’Hyacinthe Honnorat se soit rendu à Lyon, auprès du « cousin » Jacques Honnorat. De plus, il est certain qu’une colonie de drapiers[23] originaires d’Allos s’était établie dans la région lyonnaise[24], notamment à Vienne[25].Ainsi, Le faire-part précité de Jacques Honnorat[26], cite parmi les membres de la famille du défunt : » Monsieur et Madame Honnorat, de Vienne (Isère) et leurs enfants, Monsieur et Madame Alphonse Honnorat, de Vienne (Isère) et leurs enfants (…), Monsieur et Madame Frédéric Honnorat, de Vienne (Isère) et leurs enfants (…), Monsieur et Madame Adrien Honnorat, de Marlieu (Ain) et leurs enfants ». En 1835, un nommé Hyacinthe, Adrien Honnorat, originaire d’Allos, se rendit à Vienne après son mariage[27].

 

Le fils du Docteur Honnorat, certainement recommandé par son»  cousin » à la mode d’Allos le directeur de la libérale»  Gazette de Lyon », fut apprenti dans ces familles originaires d’Allos et y appris le négoce. D’ailleurs, le fils de ce journaliste[28] fut lui-même commerçant en drap à Lyon[29].

 

Est-ce à Vienne ou à Lyon qu’Hyacinthe Honnorat s’est spécialisé dans le commerce du drap ? Est-ce en raison du fort développement de l’industrie textile dans le département du Nord qu’il quitta les rives du Rhône pour Lille ? Je n’ai pas trouvé de documents pour répondre à ces différentes questions. Il apparaît seulement qu’Hyacinthe Honnorat se rendit à Lille»  vers 1835» «   amené par les intérêts d’une vaste entreprise [30]». S’agissait-il de textile comme dans la région lyonnaise, de charbonnages[31] ou de commerce de grains[32] ? Ces différentes hypothèses ont été soulevées mais, semble-t-il, sans trouver de solution définitive. Il est d’ailleurs possible qu’Hyacinthe Honnorat ait pratiqué simultanément ou successivement ces différents commerces, ou bien encore que tout en en exerçant un principalement il ait possédé des intérêts dans les autres, notamment le textile et les charbonnages, qui étaient le fait de grandes sociétés commerciales par actions.

 

L’implantation d’Hyacinthe Honnorat fut encore plus forte lorsqu’il épousa Marie-Anne, Guillemine Bocquet (1812-1883), issue d’une vieille famille du Nord assise dans le négoce[33]. Il habita rapidement dans un hôtel particulier au 38 rue Princesse, dans un quartier habité par les notables lillois, mais où l’on trouvait aussi beaucoup d’artisans et de petits bourgeois. Les grands-parents maternels du général de Gaulle, les Maillot, habitaient également cette rue. C’est d’ailleurs là qu’est né le fondateur de la V° République.

 

À partir de cette installation définitive dans le Nord, Hyacinthe Honnorat paraît avoir été absorbé par sa nouvelle vie et ses nouvelles fonction et s’être progressivement mais irrémédiablement éloigné de ses racines provençales, qui ne furent d’ailleurs qu’à peine évoquées dans sa nécrologie[34]. La personnalité de son père n’y est significativement qu’à peine esquissée, en faisant d’ailleurs d’avantage référence à ses travaux de botanique ou de zoologie, qu’à ceux de linguistique[35].

 

Hyacinthe Honnorat ne paraît d’ailleurs pas avoir, contrairement à son père et son oncle, eu la passion de l’érudition, de la collection ou de la bibliophilie. Homme d’action et entrepreneur, intéressé davantage par la lutte tant politique que commerciale, que par la réflexion ou la théorie politiques, ce n’était certes pas une nature contemplative. Il est d’ailleurs significatif que les seuls écrits de lui conservés par la Bibliothèque nationale soient des discours prononcés à titre d’éloges funèbres lors des obsèques de vieux républicains à la fin de l’Empire, constituant une littérature bien différente de celle écrite et publiée par son père[36]. Au demeurant, vivant depuis quinze ans dans le Nord, loin de la Provence et intégré aux familles notables de Lille, il est vraisemblable qu’Hyacinthe Honnorat n’a pas mesuré l’importance des travaux philologiques et linguistiques de son père et leur grand retentissement moral[37] en Provence.

 

 

Conformément à l’usage local du temps, le gavot devenu lillois d’adoption prit l’habitude d’accoler le nom de son épouse au sien et de se faire nommer Honnorat-Bocquet. C’est sous ce nom qu’il a poursuivi sa carrière politique dans son département d’adoption[38].

 

 

 

Un libéral, républicain et franc-maçon.

 

 

 

 

 

On observera qu’Honnorat-Bocquet a vraisemblablement pris connaissance des doctrines républicaines et libérales lors de son séjour dans la région lyonnaise. En effet, la capitale des Gaules, du fait de la présence de nombreux ouvriers d’art et du textile, était l’une des principales villes du compagnonnage du Tour de France (dont les rites ont beaucoup influencé la Franc-maçonnerie). Par ailleurs, Lyon, qui était le siège de nombreuses organisations politiques républicaines, libérales ou socialistes, fut le théâtre de nombreuses révoltes ouvrières, notamment celle des Canuts en 1831. Honnorat, qui venait d’un département agricole, fut sans doute d’autant plus sensibilisé à ces questions sociales que Lyon fut longtemps, selon une boutade bien connue,»   la plus grande ville des basses Alpes », parce que de nombreux montagnards, notamment originaires de la vallée de l’Ubaye venaient y remplir leurs malles de colporteurs ou s’y établir[39]. Enfin, on ne doit pas négliger le fait qu’Hyacinthe Honnorat eut certainement l’occasion d’avoir des lectures, des conversations et des rencontres particulièrement formatrices auprès de l’entourage de ses parents de Lyon, Vienne et Grenoble.

 

Hyacinthe Honnorat fut membre de la Loge maçonnique»  La fidélité »[40], qui rassemblait les républicains de Lille et faisait l’objet d’une surveillance attentive de la part de la police à la fin du règne de Louis-Philippe puis durant le Second Empire.

 

De 1843 à 1846, Hyacinthe Honnorat siégea comme républicain à l’aile gauche du Conseil municipal. Il se fit remarquer par son zèle libéral et sa tolérance mais s’opposa notamment à Charles-Louis Kolb-Bernard (1798-1888), un industriel propriétaire de raffineries de sucre, président de la Chambre de commerce de Lille, conseiller municipal de Lille et futur grand-oncle maternel de Charles de Gaulle[41]. En 1848, il fut chargé d’aller proclamer la République dans diverses localités du Nord[42] dont Roubaix et Tourcoing[43], ce qui démontre la confiance dont il jouissait, tant chez les républicains locaux que parmi les membres du nouveau gouvernement à Paris. On peut se demander ce que pensa le légitimiste Docteur Honnorat de cette démonstration de foi républicaine à l’occasion de la Révolution de février 1848. Tout en manifestant de constantes opinions républicaines[44], il ne paraît pas avoir par la suite occupé de fonctions officielles à Lille pour le compte du gouvernement républicain, sans doute parce qu’il était trop pris par les affaires de son négoce. Cela ne l’empêcha pas de soutenir le régime républicain…

 

 Le coup d’Etat du 2 décembre 1851 et la proclamation de l’Empire obligèrent Honnorat à renoncer à sa carrière politique et à se limiter au négoce jusqu’en 1870. Certes, le département du Nord, contrairement à celui des Basses-Alpes, n’a pas connu de soulèvement général à l’annonce de la suspension de la Constitution de 1848. De ce fait la répression y fut plus courte et moins systématique. Honnorat, en raison même de ses activités politiques récentes, avait à juste titre bien des raisons de craindre le nouveau pouvoir. Il ne fit pas l’objet de mesures privatives de liberté mais fut soumis à une étroite surveillance de la part de la police[45]. Cela l’obligea, au moins par prudence, à être discret, à renoncer à une participation directe à la vie politique et à ne pas provoquer le nouveau régime[46]. Cette situation politique contraignante explique au moins autant que la négligence ou le manque d’intérêt, qu’Hyacinthe Honnorat ne soit venu qu’en 1853 régler la succession de son père, décédé à Digne l’année précédente. Les Basses-Alpes avait été particulièrement hostiles au coup d’Etat. La venue d’un républicain notoire lillois, peu après les évènements, dans un département qui s’était entièrement soulevé à peine deux ans plus tôt, avait de quoi inquiéter les autorités, même si ce voyage était motivé par la nécessité de régler une succession. On comprendra dès lors qu’Hyacinthe Honnorat-Bocquet, objet de la méfiance gouvernementale, se soit peu préoccupé, au milieu du règlement de la succession paternelle, du devenir des manuscrits inédits et des collections diverses[47].

 

Honnorat-Bocquet, bien que connu comme républicain libéral, n’a pas été arrêté ni exilé par le nouveau pouvoir[48]. Il n’a d’ailleurs pas demandé, sous la III° République à bénéficier de l’indemnisation prévue par la loi de 1881 pour indemniser les victimes du coup d’Etat. La mansuétude du nouveau pouvoir à l’encontre d’Honnorat durant tout l’Empire s’explique sans doute d’abord par la discrétion de son bénéficiaire. Au-delà, il est probable que l’on prit en compte le fait qu’Honnorat, par ses affaires comme par ses amitiés et ses alliances (on dirait de nos jours par ses réseaux), disposait de nombreux appuis dans la bourgeoisie du Nord et qu’il serait maladroit de prendre le risque de heurter un milieu disposant à la fois d’une certaine influence politique et d’un poids économique non négligeable. Au demeurant, Honnorat comme les autres libéraux issus de la bourgeoisie d’affaire, n’était pas pour autant socialiste. Partisans de la défense de l’ordre public, de la moralité et surtout de la propriété privé, ces républicains étaient pour la plupart d’entre eux attachés à la croissance de la rente et au contrôle strict des dépenses publiques. L’Empire, autoritaire de 1852 à 1860 puis de plus en plus libéral politiquement jusqu’en 1869 avant de se transformer, à la veille de Sedan, en un régime parlementaire, fut par contre durant toute son existence libéral au plan économique. Cette dernière caractéristique était sans doute de nature à séduire les bourgeois républicains, aussi sincères qu’ils fussent et sans se rallier pour autant au régime impérial, en les amenant à se résigner à accepter un règne durant lequel il y eut un considérable développement économique. Au demeurant, passées les premières années, bien des opposants à l’Empire finirent par se laisser séduire par certaines des réussites du régime. Par contre, pour discret qu’il fut, surtout avant l’Empire libéral, Honnorat, ne se rallia jamais au régime impérial et conserva son attachement à la République.

 

En effet, il ne renonça pas à ses idées durant l’Empire puisque, comme le souligna l’une des notices nécrologiques qui lui furent consacrées»  le coup d’Etat et l’Empire n’abattirent ni son courage, ni ses espérances. Il secourut les proscrits, encouragea les timorés et contribua de toutes ses forces au réveil de l’esprit public »[49]. On peut supposer que c’est notamment par le truchement de la Franc-maçonnerie qu’il eut l’occasion de pouvoir continuer à entretenir des contacts avec les autres républicains. Il fut appelé à prendre la parole lors des obsèques de plusieurs républicains lillois. Une telle cérémonie était l’occasion, au travers de l’éloge du républicain disparu, de faire prudemment celui de ses idées[50]. On sait aussi qu’Honnorat fut l’un des promoteurs du développement du mutualisme et des caisses d’assurance pour les travailleurs et s’intéressa à l’amélioration des conditions de vie des ouvriers[51].

 

En 1871, Hyacinthe Honnorat-Bocquet fut élu Conseiller général de Lille mais se démit de ses fonctions afin de permettre l’élection à sa place du général Faidherbe[52], originaire de Lille, ancien officier colonial au Sénégal, prestigieux commandant de troupes françaises contre les prussiens durant la guerre de 1870, mettant ainsi un terme à une trentaine d’années de vie politique, certes interrompue par le Second Empire. Il aurait été pressenti pour être candidat aux élections sénatoriales, mais aurait objecté son grand âge et son état de santé (il devenait progressivement aveugle[53]) pour refuser[54] de tenter sa chance.

 

Bien que n’ayant plus de mandat électif Honnorat continua à participer à la vie politique lilloise, notamment en apportant, parmi d’autres, son soutien aux candidats républicains à l’occasion de diverses élections, notamment lors des élections municipales du 16 janvier 1881[55].

 

Hyacinthe Honnorat-Bocquet mourut le 17 avril 1883[56], peu de jours après son épouse[57].

 

Il fut enterré au cimetière de Lambersart, près de Lille, selon le rite catholique.

 

Les représentants des autorités[58], de nombreux élus[59], les représentants du monde des affaires[60] et un grand concours de peuple[61] suivirent son cercueil.

 

Marc FRANGI

 

Lyon, 18 septembre 2002


[1] Né à Allos, hameau du Villard, dans une vieille famille du pays, le Docteur Honnorat vécut à Digne de 1808 à 1852. Il est d’ailleurs inhumé dans cette ville.

 

[2] Le nom Honnorat est fort répandu dans la région d’Allos, dont sont originaires la famille de Simon-Jude Honnorat comme celle d’André Honnorat. Ce dernier est souvent identifié comme étant le petit-neveu du Docteur Honnorat (not : Dictionnaire des biographies françaises, Letouzé et Ané, Paris, pp 1286 et 1287 et L A Dessalle :»  Le Docteur S J Honnorat, naturaliste et philologue, sa vie, son œuvre », Bull de la Société statistique de l’Isère », t XL, Grenoble, 1919, p 379). La confusion vient sans doute du fait qu’Hyacinthe Honnorat-Bocquet, fils du Docteur Honnorat, fut le parrain d’Hyacinthe Honnorat (1830-1897), père du futur ministre André Honnorat. En réalité diverses recherches non encore publiées, menées par MM Jean Caire et Georges Mantoy ont clairement établi que, bien qu’originaires tous deux du même hameau du Villard de la commune d’Allos, Simon-Jude Honnorat et André Honnorat n’ont pas de lien de parenté établi, même en remontant les deux filiations jusqu’au XVII° siècle. Selon Jean Caire, les deux familles n’entretenaient que des relations de voisinage (lettre à Georges Mantoy, 16 mars 1994). Lorsqu’il rédigeait son fameux dictionnaire français-provençal, le Docteur Honnorat entretint de très nombreuses correspondances avec divers érudits locaux, dont Jacques Honnorat (1793-1868), originaire d’Allos et directeur de la «  Gazette de Lyon », qui était le grand-père d’André Honnorat. Or, le docteur Honnorat donnait du»  mon cher cousin » au journaliste Jacques Honnorat (Idem). C’est ce dernier qui demandera à Hyacinthe Honnorat-Bocquet de devenir le parrain de son fils (Lettre de Georges Mantoy à l’auteur, 28 janvier 2000). Le faire-part de décès de Jacques Honnorat, en 1868, mentionne d’ailleurs parmi les cousins du défunt»  Monsieur et Madame Honnorat, de Lille (Nord)» ( Document aimablement communiqué à l’auteur par Georges Mantoy).

 

[3] André Honnorat épousa en 1913 une lilloise.

 

[4] M Frangi :»  Le fils du docteur Honnorat : Honnorat-Bocquet », Annales de haute-Provence, n° 339, 1999, p 59 et suivantes. F Arnaud :»  Etudes sur le Docteur Honnorat », Bulletin de la Société scientifique et littéraire des Basses Alpes », t XI, Digne, 1903 et 1904, p 10 et L A Dessalle (Op cit) paraissent avoir été les plus virulents avec E Richard (article sur le centenaire du Dictionnaire Honnorat,»  Le Provençal », sans date, 1947.

 

[5] Voir à ce sujet la bibliographie citée par M Frangi, Op cit, p 59, 60 et 61.

 

[6] La formule est de l’historien Daniel Halévy.

 

[7] Jusqu’en 1879 ce parti soutiendra Patrice de Mac Mahon, Duc de Magenta, soldat de Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe devenu Maréchal de France sous Napoléon III et Président de la III° République chargé de conserver la pouvoir exécutif pour le»  Prétendant légitime » (le Comte de Chambord, petit-fils de Charles X), jusqu’au jour de la Restauration.

 

[8] Le terme»  gavot » désigne en basse Provence les personnes originaires de haute Provence.

 

[9] M Frangi, Op cit, p 62. S’il est encore discuté que le Docteur Honnorat servit ou non en 1815 comme médecin de l’armée du Duc d’Angoulême, neveu de Louis XVIII (Dessalle, Op cit, p 464), il est clairement établi qu’il fut relevé après les Trois glorieuses de 1830 par le nouveau gouvernement de ses fonctions de Directeur des postes et de médecin des prisons. Simon-Jude Honnorat avait par ailleurs rédigé une ode en vers pour célébrer le retour de Louis XVIII sur le trône de France. ( Dessalle, Idem, p 462 à 464). Il refusa d’ailleurs la décoration de la Légion d’honneur que lui offrit le gouvernement de Louis-Philippe pour ses travaux philologiques par fidélité envers la branche ainée de la famille de Bourbon. De plus, Honnorat lacéra les affiches à Digne du journal républicain L’indépendant (Dessale, Idem, p 467). Enfin, les recherches du docteur Honnorat, que ce soit pour la défense du patrimoine oral de la haute Provence ou pour protéger et développer l’usage d’une langue régionale, le Provençal, face au Français, témoigne d’une méfiance vis-à-vis du centralisme du jacobinisme niveleur, qui se manifesta notamment en matière linguistique (Voir M Frangi, Op cit, p 62 et 63). Honnorat considérait enfin que l’un des avantages dans les Basses-Alpes était de pouvoir échapper aux séditions des villes et aux barricades de la capitale ou des grandes villes (Dessalle, p 464).

 

[10] Bibliothèque municipale de Lille, Fonds Humbert, Biographies (H Honnorat). L’auteur adresse ses remerciements aux services d’état-civil des communes d’Allos, Digne, Grenoble, Lille, Lyon et Vienne pour l’aide fournie à l’occasion de cette recherche.

 

[11] Ch Gueit :»  Le Docteur Honnorat », Grenoble, 1883.

 

[12] M Frangi, Op cit, p 59 à 62.

 

[13] Même si le père et le fils ont eu des professions différentes et des idées politiques opposées, on observera que l’un comme l’autre furent catholiques et qu’ils furent tous deux sensibilisés à la détresse des pauvres, l’un en milieu rural, l’autre en milieu urbain, qu’ils s’efforcèrent de soulager (M Frangi, Op cit, p 62).

 

[14] A Guibert : « Histoire des villes de France », Paris, 1844, signale comme activité à Digne le commerce des prunes séchées, la teinturerie et la tannerie (ces deux dernières activités étant liées au textile) ; l’Abbé JJM Féraud : « Histoire, géographie et statistique du département des Basses-Alpes », Repos, Digne, 1860, p 215, mentionne pour cette ville quelques fabriques de drap à la mécanique et l’exploitation de carrières de Gypse ainsi que (p 40) des chapelleries, teintureries et brasseries ; A Joanne : « Géographie des Basses-Alpes », Hachette, Paris, 1872, p 39, signale pour le chef-lieu du département la fabrication de drap comme employant le plus grand nombre d’ouvriers.

 

[15] Madame Sophie Honnorat (1800-1876), épouse du Directeur des postes de Grenoble, Louis Gandalbert.

 

[16] Le Docteur Honnorat avait épousé à Allos en 1799 Marie Rose Véronique Gariel (1781-1829).

 

[17] Dessalle, Op cit, p 381.

 

[18] Dessalle, Op ci, p 475.

 

[19] Le Conservateur de la bibliothèque de Grenoble était alors le fils de Fortuné Gariel, nommé comme son oncle, Hyacinthe Gariel (1812-1890). La famille Gariel de Grenoble est d’ailleurs citée sur le faire part de décès d’Honnorat-Bocquet en 1883 (Archives municipales de Lille, Fonds Humbert, Biographies (H Honnorat).

 

[20] Gariel fut surtout l’ami de Jacques-Joseph Champollion-Figeac (1778-1867), Conservateur de la bibliothèque de Grenoble puis Professeur de paléographie mais connaissait aussi son frère, Jean-François Champollion (1790-1832) , le découvreur des hiérogliphes. Tous trois avaient en effet la passion de la bibliophilie et furent partenaires dans diverses recherches et transactions, notamment de manuscrits anciens : Voir Jean Lacouture»  Champollion, une vie de lumière », Grasset, Paris, 1988, qui fait référence aussi à Gariel, p 55, 61, 62, 65, 89, 90 et 209.

 

[21] Sur Alexandre Gariel, voyez : E Constant : « De la Seconde à la Troisième république…», in « Provence 1851 », Actes du Colloque de 1997 de l’Association pour le 150° anniversaire de la résistance au coup d’État de 1851, 200, p 122.

 

[22] Alexandre Gariel est l’auteur d’un ouvrage paru à Draguignan en 1878 consacré à la résistance au coup d’Etat de 1851 dans le Var.

 

[23] Comme on l’a vu supra la fabrication du drap était alors pratiquement la seule activité industrielle des Basses-Alpes. On rappellera que les habitants de la vallée de Barcelonnette établis au Mexique avaient, pour beaucoup d’entre eux, des activités liées au commerce du drap et des étoffes. Cette spécialisation, que l’on retrouve donc aussi pour ceux établis à Vienne, s’explique sans doute par la pratique, courante chez les Ubayens depuis le Moyen Age, du colportage de la mercerie et du textile. Il est donc très probable qu’Hyacinthe Honnorat a suivi un apprentissage pour le commerce du drap.

 

[24] Notamment les familles Eyssautier, Guirand, Honnorat, Michel, Julien… ( Lettre de Jean Caire à Georges Mantoy, Op cit).

 

[25] Lettre de Jean Caire à Georges Mantoy, Op cit .

 

[26] Document envoyé à l’auteur par Georges Mantoy.

 

[27] Lettre d’Adrienne Honnorat à l’auteur.

 

[28] Il s’agit d’Hyacinthe Honnorat (1830-1897), père du Sénateur André Honnorat et filleul du Hyacinthe Honnorat objet de la présente étude ( Voir supra, note n° 2).

 

[29] Renseignement communiqué par Georges Mantoy à l’auteur.

 

[30] Idem.

 

[31] M Frangi, Op cit, p 63.

 

[32] Déclaration faite à l’auteur par Nicole Garcin.

 

[33] De ce mariage naquit une fille unique, Marie-Rosalie Honnorat (1843-1917). Elle épousa à Lille en 1865 Arthur, Gaétan, Emile Rommel, qui appartenait à une famille de négociants lillois originaire de Hazebrouck. Le couple n’eut pas d’enfants. Marie-Rosalie Honnorat semble avoir conservé des relations suivies avec André Honnorat qui, dès la libération de Lille en 1918 s’enquit du devenir de la fille du parrain de son père.

 

[34] Archives municipales de Lille, Fonds Humbert, Biographies (H Honnorat).

 

[35] Archives municipales de Lille, Fonds Humbert, Biographies (H Honnorat).

 

[36] Voir infra.

 

[37] À défaut de succès éditorial, voir Lassale, Op cit.

 

[38] M Frangi, Op cit, p 64.

 

[39] Ainsi, le célèbre Joseph Reynier (1811-1890), canut qui fut l’un des animateurs du mouvement ouvrier lyonnais, était le fils de deux émigrants originaires des basses Alpes.

 

[40] Archives municipales de Lille, Fonds Humbert, Biographies (H Honnorat).

 

[41] Dictionnaire de biographies françaises, Letouzet et Ané, Paris (sd), lettre K.

 

[42] Lille, Fonds Humbert, Biographie (H Honnorat).

 

[43] À Lille, la mission de proclamer la République échut à Anthony Thouret, originaire de Douai (M Yourcenar :»  Archives du Nord », Gallimard, Paris, 1977, p 171 (Réédition Folio)

 

[44] Lille, Fonds Humbert, Biographies (H Honnorat).

 

[45]Idem.

 

[46] M Frangi, Op cit, p 65.

 

[47] Voir M Frangi, Op cit, p 60, 65 et 66.

 

[48] Idem.

 

[49] Archives municipales de Lille, Fonds Humbert, Biographies (H Honnorat).

 

[50] Par exemple, éloge funèbre prononcé par Honnorat-Bocquet lors des obsèques du docteur Delannoy en 1869, ancien conseiller municipal et général de Lille (cet opuscule figure au catalogue de la Bibliothèque nationale).

 

[51] M Frangi, Op cit, p 66 et 67.

 

[52] Archives municipales de Lilles, Fonds Humbert, Biographies (H Honnorat).

 

[53] Archives municipales de Lilles, Fonds Humbert, Biographies (H Honnorat).

 

[54] Ch Gueit, Op cit, p 16.

 

[55] Archives municipales de Lilles, Fonds Humbert, Biographies (H Honnorat).

 

[56] Etat-civil de Lille, acte n° 1607, 17 avril 1883.

 

[57] Etat-civil de Lille, acte n° 1477, 9 avril 1883.

 

[58] Notamment le Préfet du Nord.

 

[59] Députés et sénateurs du Nord, maire et membres du Conseil municipal de Lille, Président et membres du Conseil général du Nord.

 

[60] La Chambre de commerce de Lille et divers entrepreneurs, industriels et commerçants.

 

[61] M Frangi, Op cit, p 67 et Journal»  La Dépêche », durant le mois d’avril 1883 et notamment le 23 avril 1883. On notera qu’il en avait été de même lors des obsèques de son père, le Docteur Simon-Jude Honnorat, en 1852.