Commémoration de la Résistance vauclusienne au coup d’Etat de 1851

Article mis en ligne le 16 avril 2019

Cet article a été publié dans Annuaire administratif et statistique de Vaucluse, 1951, pp. 279-394

On pourra consulter notre bibliographie sur ce département et, en particulier, les études de Romain Gardi sur l’arrondissement d’Apt et la thèse de Philippe Vigier, La Deuxième République dans la région alpine, PUF, Paris, 1963. 

Les notes de l’auteur figurent en plein texte (n). Les notes de bas de page n sont celles de l’éditeur du site (mises en ligne par Frédéric Negrel). Elles proviennent essentiellement de Denise Devos, La Troisième République et la mémoire du coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte. La loi de réparation nationale du 30 juillet 1881, Archives nationales, 1992, de la Base de données des députés français depuis 1789, de l’Assemblée nationale, de la base de données Leonore, de Légion d’Honneur, et surtout de la base de données de Jean-Claude Farcy, Poursuivis à la suite du coup d’Etat de décembre 1851. 

 

Commémoration de la Résistance Vauclusienne au Coup d’Etat du 2 Décembre 1951 [sic]

 

par Aimé Autrand

TITRE SECOND

L’INSURRECTION APTESIENNE

 

CHAPITRE PREMIER

L’ETAT DES ESPRITS DANS LES COMMUNES DE CET ARRONDISSEMENT

 

L’arrondissement d’Apt fut le théâtre d’un soulèvement considérable et qui mérite par conséquent un récit circonstancié.

En 1851, cette région provençale, éloignée du chef-lieu du département, et parsemée d’un grand nombre de localités de peu d’importance, était presque entièrement acquise aux idées démocratiques avancées ; nous avons vu comment celles-ci furent propagées avec un rapide succès, de 1830 à 1848. Depuis cette dernière date, la société secrète montagnarde, parfaitement organisée, avait des ramifications dans tous les villages de l’arrondissement. Chacun de ces groupements était solidement encadré par des chefs influents, recrutés en général dans la classe bourgeoise.

Les fils de ce réseau républicain étaient tenus par le citoyen Elzéard PIN, ex-représentant du peuple en 1848, dont l’érudition, l’éloquence et l’autorité étaient notoirement reconnues.

Il semblait donc que, dans toute cette contrée, la cause républicaine était gagnée d’avance et que l’insurrection y serait d’autant plus soudaine et puissante qu’elle y avait été plus longtemps contenue.

Le Coup d’Etat annoncé dans l’arrondissement dès le lendemain de son exécution rassembla effectivement tous les « montagnards » qui se préparaient à la lutte depuis 1850.

Les premières dispositions de combat furent prises dès le 4 décembre :

(Election du comité d’insurrection, élaboration du plan de soulèvement, etc.). Mais l’insurrection elle-même n’eut pas lieu tout de suite ; elle attendait le signal de son chef. Or, le citoyen Pin, en homme sage, tenait à s’assurer auparavant que la situation au chef-lieu (1er objectif de ses troupes) fut favorable.

Le 4 décembre, n’ayant point encore reçu de communication de la part de ses amis d’Avignon, Pin résolut de se rendre dans cette ville afin d’y examiner lui-même, sur place, la situation.

Il y constata une grande agitation, mais le soulèvement prévu ne s’y était encore point produit.

Les chefs démocrates, impressionnées par le déploiement d’importantes forces militaires, hésitaient à prendre la responsabilité d’une insurrection dont l’issue leur paraissait douteuse ; cependant, ils demandèrent instamment au citoyen Pin d’amener rapidement au chef-lieu les nombreux démocrates de l’arrondissement d’Apt à l’aide desquels les Avignonnais se faisaient fort de vaincre toutes les résistances.

Sollicité avec insistance par ses fougueux partisans, il ne put évidemment refuser de promettre ce qui lui était demandé, mais il faut croire qu’il n’avait pas une telle confiance dans le succès des opérations envisagées, car, il ne montra aucun empressement à rejoindre son poste de commandement d’Apt.

Dans l’attente du signal de l’action, les insurgés aptésiens trouvaient, au contraire, l’attente désespérément longue. Il était visible que le moindre incident pouvait déchaîner cette foule que les meneurs politiques avaient surexcitée depuis longtemps.

 

 

CHAPITRE II

DÉCLENCHEMENT DES SOULEVEMENTS A PERTUIS ET REPERCUSSION DANS LES COMMUNES ENVIRONNANTES

 

C’est à PERTUIS, tout à fait à l’extrémité du département, que devait tout d’abord éclater l’orage.

Depuis la révolution de février, cette commune s’était distinguée d’une façon toute particulière par l’exaltation de ses manifestations républicaines ; les 21 chambrées qui y existaient n’étaient en réalité que des réunions politiques au sein desquelles régnait une continuelle agitation.

L’ex-garde général des forêts Ailhaud[1] (1), militant républicain très actif, était parvenu, grâce à une influence considérable, à organiser une solidarité parfaite entre tous ces groupements, dont les membres étaient en grande majorité affiliés à la société secrète républicaine.

Dans ces réunions, qui étaient dirigées pour la plupart par des conseillers municipaux (et qui ne pouvaient être par conséquent guère surveillées par la police), les manifestations politiques se donnaient libre cours (2).

 

(1) Ailhaud, révoqué et poursuivi par la police vauclusienne en 1850, se réfugia dans le département des Basses-Alpes, où il ne tarda pas à devenir également un des chefs influents du parti républicain. Il joua un rôle très important dans l’insurrection de ce département.

(2) Les chambrées[2] étaient des lieux de réunion où on jouait généralement aux cartes et où on consommait du vin et de l’alcool. Ces sociétés ne devaient point acquitter les droits de détail auxquels étaient soumis les cafetiers.

Parmi les refrains favoris qui étaient souvent chantés en cœur [sic] au cours de ces réunions, nous citerons celui-ci : « Planten la férigoulou su la mountagnou arrapara, faren la farandoulon quand la mountagnou flourira ».

 

Il était inévitable qu’aux premiers troubles cette population ainsi excitée se soulèverait avec passion.

Et, en effet, dès l’annonce du Coup d’Etat, des rassemblements nombreux et bruyants eurent lieu dans la commune. On s’y prépara ouvertement à la lutte ; toutefois, aucun désordre ne s’y produisit au cours des deux premières journées, c’est-à-dire les 3 et 4 décembre.

Là, comme à Apt et dans tout l’arrondissement, les démocrates, en sociétaires disciplinés, attendaient l’ordre général d’exécution qui devait être donné en connaissance de cause par leur chef régional : le citoyen Elzéar PIN.

Dès le 5 décembre, leur patience fut mise à rude épreuve car ils apprirent qua dans le département voisin des Basses-Alpes, les troupes insurrectionnelles déjà victorieuses se dirigeaient vers Marseille[3].

Lorsque le lendemain, 6 décembre, les premières colonnes d’insurgés traversèrent la ville, des manifestations enthousiastes eurent lieu sur la place. La brigade de gendarmerie du lieu tenta bien de s’interposer pour rétablir l’ordre, mais elle ne réussit qu’à attirer la colère des manifestants.

Ces derniers, non seulement ne tinrent aucun compte des observations qui leur furent faites par les cinq malheureux représentants des pouvoirs publics, mais ils les reconduisirent précipitamment dans leur caserne.

Pour assurer le maintien de l’ordre public, il ne restait donc plus à Pertuis que les cinq fonctionnaires suivants : le maire (M. Payan[4]), le juge de paix[5], le commissaire de police et deux gardes-champêtres.

Dans cette difficile circonstance, et guidés par leur devoir professionnel, le juge de paix et le commissaire de police se rendirent chez le maire pour prendre avec lui les mesures qui s’imposaient. Mais celui-ci, qui était un vieux militant républicain, déclara catégoriquement à ces deux zélés fonctionnaires « qu’il n’hésiterait pas à passer son sabre à travers le ventre du premier coquin qui commettrait une mauvaise action, mais, qu’il resterait neutre, si, comme il l’espérait, les personnes et les propriétés n’étaient pas menacées. » (1)

Ne pouvant alors compter que sur l’appui des 2 gardes-champêtres (lesquels d’ailleurs sympathisaient également avec les émeutiers), le juge de paix et le commissaire de police jugèrent prudent de ne pas insister ; ils ne se montrèrent plus.

Nous verrons cependant que le juge de paix parvint malgré tout à demander des secours à la garnison d’Aix.

 

(1) Déposition de Ch. Faure, commissaire de police de la Tour d’Aigues.

Payan fut d’ailleurs condamné par la commission mixte pour ne pas avoir pris des mesures destinées à réprimer le désordre[6].

 

 

CHAPITRE III

ARRIVEE INOPINEE DE LA TROUPE A PERTUIS OU ELLE PROCEDE A 41 ARRESTATIONS

 

Ainsi maitres des lieux, les émeutiers se rassemblèrent bruyamment à la mairie pour y consulter leurs chefs habituels sur les mesures à prendre en la circonstance ; ceux-ci firent d’abord sonner le tocsin (1) pour donner le signal du soulèvement dans tout le voisinage ; et tandis que les cloches du pays carillonnaient à toutes volées, plus de 500 manifestants, grisés d’espoir, poussaient des cris d’allégresse autour des grands feux de joie allumés aux quatre coins de la ville (2).

L’appel des émeutiers de Pertuis ne tarda pas à avoir son écho dans les communes voisines où le même souffle révolutionnaire régnait.

Ainsi, à BEAUMONT, le rappel des troupes montagnardes fut battu dans la nuit du 6 au 7 ; une bande de 80 personnes (dont 60 armées) se rendit le lendemain de très bonne heure à la mairie, qui fut occupée sans coup férir[7].

Rival[8], médecin du lieu, et chef du parti républicain, fit constituer un comité d’insurrection qui s’installa aussitôt dans cet établissement public.

Les émeutiers se rendirent ensuite à MIRABEAU, sous la conduite de Rémy-Noc[9], et se joignirent aux démocrates de cette commune pour s’emparer de la mairie[10].

 

(1) Le tocsin fut sonné pendant quatre heures.

(2) Rapport du juge de paix de Pertuis.

 

Un comité insurrectionnel fut élu également à Mirabeau ; il fut présidé par le citoyen Pardigon[11]. Une proclamation copiée sur celle de Beaumont fut ensuite affichée à la porte de la mairie.

Les troupes républicaines réunies de ces 2 localités s’apprêtaient à se diriger sur Pertuis (leur lieu de ralliement) quand elles apprirent que la force armée occupait cette ville.

En effet, un exprès, détaché par le juge de paix de Pertuis, dès l’explosion du soulèvement, avait ou se rendre à Aix et réclamer des secours du commandant de la place ; cet officier, qui avait déjà reçu des ordres supérieurs pour envoyer d’urgence un bataillon du 21e de ligne dans les Basses-Alpes, où nous savons que l’insurrection était victorieuse, prit l’initiative de faire passer ce détachement par Pertuis ; il arriva dans cette localité le lendemain 7 décembre à 9 heures et demi du matin.

La nouvelle inattendue de l’arrivée de cette force militaire causa un grand désordre dans Pertuis ; en un clin d’œil, la ville fut vidée de ses manifestants.

La plupart quittèrent leur domicile, où ils ne se considéraient plus en sûreté ; les autres regagnèrent rapidement leur maison.

Un calme parfait paraissait don régner dans Pertuis lorsque a troupe y arriva.

Mais, sur les indications du juge de paix et du commissaire de police, elle arrêta 41 personnes compromises dans le soulèvement[12].

Le lendemain matin, un bataillon du 36e de ligne (venu également d’Aix) vint remplacer dans cette commune celui du 21e qui était allé rétablir l’ordre à Beaumont et à Mirabeau, et devait passer ensuite dans le département des Basses-Alpes.

Le bataillon du 36e de ligne quitta à son tour Pertuis pour se rendre à Cabrières d’Aigues où des troubles graves venaient d’être signalés[13].

Ensuite, ce détachement prit également le chemin des Basses-Alpes (1).

 

(1) Rapport de Ch. Faure, commissaire de police de la Tour d’Aigues, adressé au procureur de la République.

 

 

CHAPITRE IV

L’EVOLUTION DE LA SITUATION A APT

 

Pendant que ces événements se déroulaient dans la région de Pertuis, une animation extraordinaire régnait également au chef-lieu d’arrondissement d’Apt, où tous les démocrates des environs attendaient le retour de leur chef. Cette foule, portant ostensiblement une cravate rouge, donnait à la localité un coup d’œil inaccoutumé.

Il semblait là aussi que le moindre incident ne pouvait manquer de faire éclater l’orage.

Dès le 4 décembre, le projet de s’emparer de la sous-préfecture et de l’hôtel de ville fut hautement annoncé par les insurgés (1).

Instruit de ces menaces, le sous-préfet adressa successivement 4 lettres pressantes au préfet pour lui demander le concours  d’un fort détachement de troupes, mais celles-ci ne purent être satisfaites, car les contingents réunis au chef-lieu y étaient alors indispensables.

Ne pouvant disposer que de 10 gendarmes et autant de gardes-forestiers, M. Barreau fit appel aux personnes de la localité, notoirement connues pour appartenir au parti de l’ordre.

80 hommes de bonne volonté, fonctionnaires pour la plupart, furent ainsi enrôlés, armés sur le champ et mis à la disposition des pouvoirs publics (2).

 

(1) Rapport du procureur général de la cour d’Appel de Nîmes du 15 décembre 1851.

(2) Déposition de M. Barreau, sous-préfet d’Apt.

 

 

Pour mettre un terme aux velléités de révolte manifestées par les « montagnards » d’Apt et des localités avoisinantes, le sous-préfet fit aussitôt procéder à l’arrestation et à l’incarcération de ceux qu’il considérait comme les « meneurs », mais cette mesure, rapidement colportée, eut pour conséquence de surexciter et de grossir la foule des manifestants.

Il fit alors appel à la garde nationale de SAINT-SATURNIN-D’APT, exclusivement composée des « Amis de l’ordre » (1) et notoirement connue pour son dévouement à la bonne cause.

La petite ville de Saint-Saturnin-d’Apt était loin en effet de partager les idées avancées des populations voisines[14].

Le parti de « l’ordre » y était en grande majorité  et la nouvelle du Coup d’Etat y avait été accueillie avec satisfaction.

Dès que cette demande de secours parvint à Saint-Saturnin, la garde nationale s’y assembla, et, peu de temps après, une centaine de personnes armées de fusils prenaient la route d’Apt, sous la conduite de M. Graut[15], curé de la paroisse, qui n’avait pas même pris le temps d’enlever sa soutane.

L’apparition de cette troupe de civils, ainsi armés et ainsi conduits, provoqua à Apt l’explosion de colères que l’on peut aisément concevoir dans de telles circonstances.

Le curé, très autoritaire, qui était accouru à Apt dans l’espoir de brimer ces républicains qu’il détestait (2), perdit rapidement son sang-froid.

 

(1) Le parti des « Amis de l’ordre » était constitué par la coalition des conservateurs de toutes nuances (légitimistes, orléanistes, cléricaux et bonapartistes).

(2) Terme employé par le procureur de la République d’Apt dans une lettre qu’il adressa au Procureur général de Nîmes le 7 décembre.

 

Pour intimider immédiatement les premiers manifestants qu’il rencontra, il ordonna ostensiblement à sa troupe de se préparer à faire usage de ses armes. Mais loin de produire l’effet escompté, cet ordre ne réussit qu’à provoquer une explosion de colère chez les insurgés.

Ces derniers se précipitèrent sur les Saint-Saturniens qui durent battre en retraite et se réfugier dans la sous-préfecture ; mais la sous-préfecture elle-même fut aussitôt assaillie par les émeutiers qui exigèrent et obtinrent du sous-préfet le désarmement et l’expulsion de la garde nationale de Saint-Saturnin.

Les gendarmes durent aussitôt après livrer leurs armes aux insurgés (1).

Le lendemain, 5 décembre, ces derniers, maitres des lieux, s’installèrent à la sous-préfecture, conformément au plan d’insurrection élaboré la veille en l’absence du citoyen Pin. Les émeutiers procédèrent ensuite à l’installation du comité dans une salle de la mairie.

Peu de temps après, les gendarmes du lieu furent également dans l’obligation de déposer leurs armes entre les mains des insurgés malgré la digne protestation qu’ils crurent devoir formuler (2).

Ces événements se produisirent dans la journée du 5 décembre ; depuis ce jour là, ils devaient se précipiter.

 

(1) Déposition du gendarme Briol Jean devant la Cour d’Appel de Nîmes le 21 décembre 1851.

(2) Déposition du gendarme Briol Jean devant la Cour d’Appel de Nîmes le 21 décembre 1851.

 

Conformément au plan d’insurrection élaboré la veille par quelques membres notoires de la société secrète républicaine de l’arrondissement, les insurgés procédèrent dès le 6 décembre à l’installation d’un comité insurrectionnel dans une salle de la mairie (1).

Dans la soirée, une délégation de ce comité se rendit aux prisons et obligea le gardien-chef à mettre immédiatement les détenus politiques en liberté.

Le lendemain matin, cette nouvelle administration municipale fit publier à son de trompe, dans toutes les rues de la ville, que les habitants étaient tenus de venir sans retard déposer à la mairie toutes les armes dont ils disposaient (2).

Cet ordre fut généralement exécuté (3), cependant que les dépôts d’armes et de munitions qui se trouvaient dans les magasins et les lieux publics étaient réquisitionnés (4).

 

(1) A noter que ces dispositions avaient été prises en l’absence de leur chef Elzéar Pin qui tardait à venir.

(2) Ce comité insurrectionnel était composé des citoyens Elzéar Pin, Crest d’Alençon[16], conseiller municipal, Méritan, dit Barbès[17], Caire Adolphe[18], Seymard[19], Tamisier[20].

Ce plan régional prévoyait :

1° La réunion et l’armement des démocrates par localité ;

2° La constitution d’un comité insurrectionnel dans chaque commune ;

3° L’occupation des mairies. Le rassemblement des combattants aux chefs-lieux de canton, leur concentration générale à l’Isle, et enfin leur marche sur Avignon, où ils devaient s’emparer de la Préfecture avec le concours des démocrates du chef-lieu.

(3) Lettre du procureur de la République d’Apt, au procureur général de la Cour d’Appel de Nîmes le 9 décembre.

(4) Chez le receveur des contributions indirectes seulement, 168 kgs de poudre furent réquisitionnés. Dans la déposition écrite qu’il adressa au juge d’instruction, ce fonctionnaire, nommé Garron, déclara que le chef de la délégation armée qui se présenta à lui pour réclamer a poudre eut, pour sa personne, la déférence et les égards les plus convenables.

 

Les armes et les munitions qui avaient saisies les jours précédents par les autorités régulières, et déposées au greffe du tribunal, furent également réunies dans une des salles de la mairie où se préparait le plan d’insurrection.

Un secrétaire fut spécialement chargé d’établir un état (en 2 exemplaires) sur toutes les armes portant sur une étiquette le nom de son propriétaire et celui de la personne à laquelle l’arme était attribuée (1).

 

(1) Rapport du juge d’instruction Guillibert[21], chargé de dresser l’inventaire des armes et objets saisis à Apt, daté du 10 décembre.

 

 

CHAPITRE V

LEVEE EN MASSE DES DEMOCRATES DE LA REGION D’APT

 

Dans la journée du 6 décembre, de nombreux émissaires envoyés d’Apt parcoururent les communes de toute la région pour annoncer la victoire du mouvement insurrectionnel et ordonner la levée en masse de tous les démocrates.

Peu de temps après, le tocsin sonna dans presque toutes les localités du versant nord du Luberon ; en quelques heures, le soulèvement eut lieu avec un ensemble impressionnant.

A BONNIEUX, les autorités locales n’opposèrent aucune résistance aux émeutiers, qui occupèrent la mairie du 7 au 10 décembre[22].

Coulomme[23], ancien receveur de l’enregistrement, chef influent des sociétés secrètes républicaines de la région, rassembla dans cette localité les troupes républicaines du canton.

A LACOSTE, le maire fut contraint par les insurgés de la localité[24] de ceindre son écharpe et de marcher à la tête de la manifestation qui eut lieu dans les rues.

Une bande d’émeutiers d’OPPEDE[25] se rendit à Bonnieux, tandis que ceux de Saint-Martin-de-Castillon[26] allèrent se joindre aux insurgés d’Apt.

A Gordes, les chefs Appy[27], médecin, conseiller d’arrondissement, et Germain[28], maire de la commune, rassemblèrent comme à Bonnieux les rouges du canton. Aux 300 insurgés de Gordes[29], vinrent s’ajouter 150 personnes armées de ROUSSILLON, 200 de JOUCAS[30], 25 de GOULT[31], 25 de MURS[32], 15 des BEAUMETTES[33] et 2 de LIOUX[34], lesquelles se dirigèrent toutes sur l’Isle le 7 décembre (1).

Les démocrates de la commune de GARGAS furent envoyés directement sur l’Isle le même jour[35].

M. Pin, nous l’avons déjà dit, était peu satisfait des constatations qu’il avait faites l’avant-veille à Avignon. En retournant à Apt, dans la soirée du 7 décembre, il comptait recommander à ses disciples le calme et l’inaction que la prudence conseillait, mais ces derniers étaient déjà trop engagés pour abandonner la lutte.

Ils exigèrent au contraire de leur chef que toutes dispositions fussent prises sans plus tarder pour coordonner leur action insurrectionnelle avec celles des communes de l’autre versant du Luberon, où de nombreux autres démocrates étaient également assemblés.

M. Pin se rendit successivement à Gordes, à Bonnieux et à Cadenet[36], mais, alors qu’il se dirigeait sur Pertuis, il apprit que cette ville était déjà occupée par un important contingent de troupes.

Il se rendit compte, alors, qu’il était préférable d’abandonner la partie.

Les soulèvements des communes du versant sud du Luberon étant ainsi paralysés ne pouvaient, en effet, que compromettre l’ensemble de l’action insurrectionnelle prévue dans le département.

Il jugea donc prudent de ne plus reparaitre à Apt où ses fougueux disciples l’auraient sans doute mis dans l’obligation d’agir.

 

(1) Dossier de l’insurrection de l’arrondissement d’Apt (Série M, police administrative, 1851)

 

Il fut heureux pour le Coup d’Etat qu’il ne se trouva dans le département aucun homme de prendre hardiment la tête du mouvement insurrectionnel, car si celui-ci eut été dirigé et coordonné, il ne fait aucun doute que le nombre et l’ardeur des émeutiers auraient suffi, dès le premier jour, à vaincre la résistance des autorités civiles et militaires et à occuper la Préfecture.

A Apt, cependant, on ignorait l’arrivée des troupes dans les communes du versant sud du Luberon, et l’échec de l’insurrection dans cette région.

Après l’échauffourée du 5, qui avait marqué la chute des autorités régulières, le calme se rétablit rapidement at toute la population subit alors, sans émotion, ce brusque changement de tutelle. Les personnes et les propriétés furent respectées comme aux temps les plus paisibles. Nul excès d’aucune sorte ne devait être commis, si nous en croyons les nombreux témoins qui furent invités, par la suite, à déposer devant les autorités administratives (1).

Dès le 8 au matin, ayant pris toutes les mesures qui s’imposaient, le comité insurrectionnel arma 500 personnes avec tous les fusils de chasse, mousquets, pistolets, qu’il lui fut possible de réquisitionner.

5 ou 600 autres conjurés des communes voisines vinrent rejoindre les insurgés d’Apt.

Toute cette troupe, pittoresquement armée, fut alors réunie sur la place, s’y rangea en colonnes, et attendit l’ordre de mise en route.

 

(1) Lettre du procureur de la République d’Apt au procureur général à Nîmes du 7 décembre 1851.

 

Quelques jeunes gens porteurs de drapeaux tricolores furent placés en tête avec des tambours, et peu après la colonne se mit en marche dans la direction de l’Isle-sur-Sorgue, sous la direction du citoyen Chateminois, d’Apt, ceint d’une écharpe tricolore et monté sur un cheval (1).

Une voiture chargée de munitions suivait la colonne (2).

A tous les carrefours de route, des contingents nombreux, venus des localités environnantes, venaient grossir cette troupe.

Le détachement de Bonnieux, commandé par Coulomme, et comprenant les insurgés des communes de LACOSTE, MENERBES[37] et OPPEDE, rejoignit la colonne à GOULT (3).

540 individus armés, provenant du canton de GORDES, et commandés par le citoyen Appy, conseiller d’arrondissement, s’incorporèrent au gros de ces troupes entre LAGNES et LES BEAUMETTES.

Après l’échec de leur tentative sur Pertuis, les rouges de cette région, venus de Saint-Martin-de-la-Brasque[38], et rassemblés à Cadenet, vinrent également grossir la colonne en marche vers l’Isle (4).

 

(1) Lettre du procureur de la République d’Apt au procureur général à Nîmes, du 9 décembre 1851.

(2) Déposition du brigadier de gendarmerie Escartefigue. Cette voiture était conduite par le voiturier Desorgues[39], d’Apt.

(3) Rapport du juge d’instruction Guilibert, adressé à M. Troplong, le 19 décembre 1851.

(4) Rapport du commissaire de police de Cadenet, adressé au sous-Préfet.

 

 

CHAPITRE VI

LE PREMIER DETACHEMENT DE TROUPES DIRIGE CONTRE LES INSURGES DOIT REBROUSSR CHEMIN, MAIS PEU APRES CES DERNIERS, AYANT RECU DE MAUVAISES NOUVELLES, CROIENT DEVOIR ABANDONNER LA PARTIE

 

Avant d’atteindre Lagnes, la colonne insurrectionnelle comptait plus de 2.000 combattants (1).

Mises immédiatement au courant de cette marche victorieuse, les autorités s’en inquiétaient sérieusement.

Dès qu’elles furent débarrassées des graves dangers qu’elles avaient courus jusque là au chef-lieu du département, elles décidèrent de ragir.

En accord avec le général d’Antist, commandant d’armes, le Préfet fit diriger une partie des troupes disponibles à la rencontre des insurgés pour les mettre en déroute.

Dans la matinée du 8 décembre, une colonne mobile composée de 150 hommes de troupe de ligne, de 25 hussards et de 25 gendarmes, placés sous le commandement du chef de bataillon Malher[40], prit la direction de l’Isle, dans les quelques omnibus hippomobiles qui avaient été mis spécialement à leur disposition.

Elle arriva dans cette localité le 8 décembre à 7 heures du soir.

 

(1) Lettre adressée au Préfet par le maire de l’Isle le 10 décembre 1851.

 

Le commandant s’entretint quelques instants avec les autorités de la ville. Il apprit que les insurgés se dirigeaient vers l’Isle, et fit part au maire de son projet bien arrêté de marcher à la rencontre de cette bande (1).

La ville de l’Isle avant été calme jusque là ; parmi les démocrates qu’elle contenait, les uns restaient tranquillement chez eux et les autres étaient partis sans bruit à l’avance de leurs collègues de la région d’Apt[41].

Après un arrêt de quelques instants, la colonne Malher reprit sa marche vers les insurgés ; elle ne devait pas tarder à les rencontrer.

En effet, ces militaires n’avaient pas parcouru deux kilomètres, qu’ils virent apparaître à distance devant eux une colonne de civils armés dont ils étaient loin de soupçonner l’importance et la cohésion. Le commandant Malher comprit tout de suite que son détachement n’était pas en mesure de s’opposer à ces innombrables insurgés.

Il fit faire immédiatement demi-tour à sa troupe, et, dans la précipitation de sa retraite, il ne voulut même pas s’arrêter au retour à l’Isle, comme il l’avait promis aux autorités locales, pour rassurer la population.

Pour justifier son refus, le commandant répondit au maire qu’il avait reçu entre-temps l’ordre formel de regagner Avignon (2).

Il quitta l’Isle avec sa troupe à 11 heures du soir, se dirigeant vers le chef-lieu ; un quart d’heure plus tard, la colonne des insurgés, conduite par quelques démocrates l’Islois, faisait son entrée dans cette localité, sans rencontrer la moindre résistance.

« L’état major » des troupes républicaines occupa tranquillement la mairie que les autorités municipales avaient jugé prudent de ne pas défendre.

 

(1) Déposition d’Antoine de Taillas, juge de paix de l’Isle.

(2) Lettre du maire de l’Isle-sur-Sorgue, adressée au Préfet le 10 décembre 1851.

 

Des sentinelles furent ensuite placées à la porte du domicile des différents fonctionnaires locaux, de façon à intercepter, le cas échéant, toute communication ; et, enfin, les hôteliers et cafetiers furent invités à se lever pour servir à manger à tous les insurgés (1).

Cette marche victorieuse devait être sans lendemain.

Le plan de soulèvement prévoyait la concentration à l’Isle des insurgés venant des régions de Cavaillon, de Carpentras et d’Avignon ; il n’arriva dans la nuit que 80 individus armés, de Velleron[42] ; d’autre part, on était toujours sans nouvelles du citoyen Pin, qui devait diriger l’ensemble du soulèvement.

Enfin, les hommes de garde placés aux portes de la ville, pour attendre et intercepter le courrier officiel, apprirent, dans la matinée, par 3 dépêches arrivées successivement : 1° que l’insurrection était réprimée à Paris ; 2° qu’une forte colonne militaire partie d’Avignon faisait route vers l’Isle pour arrêter et châtier sévèrement la bande insurrectionnelle venant d’Apt ; et 3° que le département de Vaucluse, mis en état de siège, était placé sosu le commandement du général d’Antist (2).

Ces mauvaises nouvelles jetèrent le découragement dans les rangs de ces braves insurgés, dont l’enthousiasme avait, d’autre part, subi l’influence néfaste du froid et de la fatigue ; dès lors, les chefs, comprenant l’inutilité de persévérer, ordonnèrent la retraite ; peu à peu, toute cette troupe se dispersait ; chaque groupe reprit en grommelant le chemin du retour.

 

(1) Tous les fournisseurs furent d’ailleurs intégralement payés. (déposition de M. Athoine de Taillas, juge de paix de l’Isle, confirmée dans le rapport du maire de cette commune).

(2) Le département était, en effet, mis en état de siège par arrête du général Hecquet, commandant la 7e région militaire daté du 9 décembre 1851.

 

 

CHAPITRE VII

DANS LA SOIREE DU 8 DECEMBRE UN DEUXIEME DETACHEMENT MILITAIRE ARRIVE A L’ISLE

 

D’autre part, l’autorité militaire, apprenant que la bande de l’Isle avait abandonné son projet de marche sur Avignon, modifia rapidement son plan de répression.

Dans le but de saisir le plus grand nombre fuyards et de rassurer au plus tôt la population, le général d’Antist reconstitua sur le champ une colonne mobile composée de 157 hommes et 100 chevaux du 54e de ligne. Cette troupe, dont l’infanterie devait être transportée par 9 omnibus, fut placée sous les ordres du commandant de France[43] (1).

Elle partit d’Avignon le 9 décembre à midi et reçut pour mission de parcourir les communes de Carpentras, Pernes, l’Isle et Cavaillon.

La colonne mobile trouva le calme rétabli à Carpentras et à Pernes, mais à l’Isle, où elle arriva dans la soirée de ce même jour, le commandant de France apprit qu’un millier d’insurgés avait occupé la ville encore toute la journée ; à la tombée de la nuit, en effet, la dernière partie de cette bande, qui se désagrégeait d’heure en heure, avait pris le chemin de Cavaillon.

Après un arrêt de quelques minutes, le détachement militaire quittait l’Isle pour poursuivre les insurgés en retraite (2).

 

(1) Rapport du commandant de France, inséré dans les dossiers de l’insurrection de l’arrondissement d’Apt.

(2) Déposition écrite du chef de bataillon de France, commandant la colonne mobile.

 

 

CHAPITRE VIII

PREMIERES ESCARMOUCHES ENTRE LA TROUPE ET LES INSURGES

 

A deux heures du matin, l’avant-garde de la colonne mobile arriva sur le Pont du Calavon (près de Cavaillon). Elle aperçut une bande d’individus armés qui se réfugiait précipitamment dans une ferme (1). Quelques coups de fusils furent tirés de part et d’autre ; mais quand les insurgés virent apparaître le gros de la troupe, ils prirent la fuite, laissant sur les lieux de l’escarmouche, un des leurs, tué (2).

Les militaires parvinrent à rattraper 3 fuyards, qui furent fusillés sur place, comme ayant été pris les armes à la main sur un territoire en état de siège[44] (3).

La colonne mobile passa ensuite à Cavaillon, où les patrouilles légitimistes et la gendarmerie avaient réussi à maintenir l’ordre[45], et elle se dirigea vers Apt, dont la sous-préfecture était depuis 5 jours au pouvoir des insurgés.

 

(1) A leur retour de l’Isle, 2 ou 300 insurgés de la région de Cavaillon s’étaient réunis dans la grange d’un nommé Chabas, près du pont du Calavon.

(2) Il s’agissait d’un nommé Ravoire Simon, cordonnier de Ménerbes, père de 3 enfants.

(3) Rapport de l’adjoint de Cavaillon Avy, adressé au Préfet le 12 décembre, confirmé par le rapport du chef de la colonne mobile.

 

 

CHAPITRE IX

ULTIME REUNION DU COMITE INSURRECTIONNEL D’APT ET ECHEC DEFINITIF DES SOULEVEMENTS VAUCLUSIENS

 

C’est dans la journée du 10 décembre que le comité insurrectionnel d’Apt, qui siégeait à la mairie depuis le 5, apprit l’échec complet du soulèvement, par des combattants retournant de l’Isle ; Elzéar Pin, le chef respecté, sur qui tous les républicains de l’arrondissement avaient fondé de grandes espérances, rejoignit cette ville dans la même journée.

Il se rendit à la mairie. Là, Méritan, dit Barbès, toujours ceint de l’écharpe tricolore (qui le désignait comme maire provisoire), lui reprocha très vivement d’avoir abandonné ses amis au moment décisif et d’avoir ainsi fait échouer le mouvement (2).

Après avoir longuement discuté sur les causes qui avaient déterminé l’échec de l’insurrection, les membres du comité se rendirent à l’évidence.

Non seulement ils ne pouvaient plus rien tenter, mais en demeurant plus longtemps à la mairie, ils s’exposaient à être arrêtés.

 

(1) Le secrétaire en chef de la mairie d’Apt, que le comité insurrectionnel avait laissé à son poste, déclara à l’instruction que cette administration avait si bien veillé au bon ordre pendant les 5 jours que durèrent ses pouvoirs, qu’il ne se produisit pas le moindre excès dans la ville.

(2) Déposition du même fonctionnaire.

 

Venant d’apprendre que la troupe s’approchait rapidement de la ville, ils abandonnèrent précipitamment les lieux et prirent la fuite à travers champs, ainsi que tous leurs compatriotes dont l’attitude pouvait être jugée compromettante.

Et tandis que, le cœur meurtri, les derniers partisans de l’insurrection vauclusienne se dispersaient dans « la nature », les premiers détachements de troupe et de gendarmes faisaient leur apparition à Apt.

Comme ils l’avaient déjà fait à l’Isle-sur-Sorgue et à Cavaillon, les officiers parcoururent la ville à la recherche des fuyards ; désarmèrent la population ; réinstallèrent les anciens fonctionnaires ou autorités, et procédèrent à de nombreuses arrestations, après avoir entendu des notabilités et personnes « dignes de foi » (1).

 

(1) Dans le rapport qu’il adressa au ministre de l’Intérieur le 12 décembre 1851, le Préfet indique que la colonne mobile venant de Cavaillon arriva dans la matinée du 11 décembre à Apt où de nombreuses arrestations furent opérées.

 

PREMIERE PARTIE                                       SOMMAIRE                               TROISIEME PARTIE

 


[1] André Ailhaud, dit Ailhaud de Volx, né le 11 novembre 1799 à Volx, décédé le 12 avril 1854 à Cayenne où le conseil de guerre l’avait envoyé pour sa résistance. On lira à son sujet Christian Maurel, « André Ailhaud dit de Volx (1799-1854), héros de l’insurrection républicaine bas-alpine de 1851 », dans Provence 1851. Une insurrection pour la République, Actes des journées d’étude de 1997 à Château-Arnoux et de 1998 à Toulon, Association pour 150ème anniversaire de la résistance au coup d’État du 2 décembre 1851, Les Mées, 2000, pp. 34-81

[2] Sur les chambrettes, on lira Lucienne Roubin, Chambrettes des Provençaux, Plon, 1968

[3] En fait, le 5 décembre, les résistants bas-alpins prennent la sous-préfecture de Forcalquier. Ils se concentreront le lendemain pour marcher sur Digne, et non sur Marseille. Voir Christian Maurel, « Chronologie de l’insurrection bas-alpine », Bulletin de l’Association 1851-2001, 11, septembre 2000

[4] Antoine, Alexis Payan, né vers 1812 à Pertuis. Charpentier ou chapelier.

[5] Jean, Joseph, Victor Ricard

[6] Condamné à la surveillance. « Il n’a pas fait tout ce qui dépendait de lui pour empêcher et réprimer le désordre, ce qui l’a fait signaler d’avoir été d’une certaine connivence avec les fauteurs de désordre. »

[7] Dix-sept habitants de Beaumont furent condamnés par la commission mixte.

[8] Dominique Rival, né à Pointe-à-Pitre vers 1809, officier de santé. Condamné par la commission mixte à l’internement (à Muret) comme « Meneur principal des démagogues ». Peine commuée en surveillance le 25 août 1852.

[9] Rémy, André Noque, né le 30 septembre 1822 à St Julien (Var), décédé le 4 octobre 1897 à Charleval (Bouches-du-Rhône), menuisier à Mirabeau. Condamné par la commission mixte à l’Algérie + (et transporté) comme « L’un des chefs les plus dangereux de la commune de Mirabeau. » Gracié le 2 février 1853.

[10] Treize habitants de Mirabeau furent condamnés par la commission mixte.

[11] Louis Pardigon, père, dit Pata, né vers 1788, propriétaire. Condamné par la commission mixte à l’éloignement comme « Président du Comité insurrectionnel. » Gracié le 23 mars 1853.

[12] Vingt-et-un habitants de Pertuis furent condamnés par la commission mixte.

[13] Le 8 décembre, la mairie est envahie et un comité révolutionnaire est mis en place. Sept habitants furent condamnés par la commission mixte.

[14] Néanmoins, deux de ses habitants furent condamnés pour leur participation aux « désordres » d’Apt. Maurice Chateminois, maitre serrurier, à la déportation à Cayenne, et son ami Etienne Paris, cultivateur, à l’Algérie moins.

[15] ou Grand. Son dossier de demande de Légion d’Honneur fut rejeté par le préfet dès qu’il apprit par le sous-préfet l’implication de Grand dans une affaire de faux miracle à SaintSaturnin qui avait valu l’emprisonnement à son instigatrice, Rose Tamisier. (Pierre Simoni, « La lutte contre l’insurrection de décembre 1851 ; un titre à la Légion d’honneur, l’exemple vauclusien », Provence historique, fascicule 202, octobre-décembre 2000, p. 489)

[16] Joseph, François, Adrien Crest d’Alençon, avocat. Condamné par la commission mixte à l’éloignement pour 5 ans, alors qu’il est en fuite. Peine commuée en internement à Marseille le 9 avril 1852.

[17] Joseph Méritan, dit Barbès, né le 15 octobre 1826, cultivateur. Condamné par la commission mixte à la déportation en Algérie pour 10 ans, alors qu’il est en fuite. Gracié le 2 février 1853.

[18] Adolphe Caire, dit Lapatou, serrurier. Condamné par la commission mixte à la déportation en Algérie pour 10 ans, alors qu’il est en fuite. Réfugié à Nice. Gracié le 2 février 1853.

[19] André Seyamard, dit Lepage, menuisier. Condamné par la commission mixte à la déportation en Algérie. Peine commuée en internement le 9 avril 1852.

[20] Jean Tamisier, dit Miral, né le 6 pluviôse an XII, décédé le 3 juillet 1870 à Apt, boucher. Condamné par la commission mixte à la déportation en Algérie, alors qu’il est en fuite. Réfugié à Nice. Peine commuée en surveillance le 8 juin 1853.

[21] Noël, Joseph, Camille Guillibert, né le 25 décembre 1796 à Apt, décédé le 20 juin 1867. Il fut nommé président du Tribunal de 1ère instance d’Apt le 3 mai 1852.

[22] Dix-huit habitants de Bonnieux furent condamnés par la commission mixte.

[23] Eugène Coulomme. Condamné par la commission mixte à la déportation en Algérie pour 10 ans, alors qu’il est en fuite.

[24] Quatorze furent condamnés par la commission mixte.

[25] Douze condamnés.

[26] Quinze condamnés.

[27] Daniel Appy, docteur médecin. Condamné par la commission mixte à la déportation en Algérie pour 10 ans, alors qu’il est en fuite. Peine commuée en expulsion le 24 septembre 1852. Réfugié à Douvres (Grabde-Bretagne). Gracié le 2 février 1853.

[28] Fortunat Germain, dit Saint-Martin, propriétaire. Condamné par la commission mixte à la déportation en Algérie pour 10 ans, alors qu’il est en fuite

[29] Dix-neuf furent condamnés par la commission mixte.

[30] Sept furent condamnés.

[31] Trois furent condamnés.

[32] Cinq furent condamnés.

[33] Cinq furent condamnés.

[34] Aucun condamné.

[35] Treize furent condamnés par la commission mixte.

[36] Sept habitants de Cadenet furent condamnés par la commission mixte.

[37] Vingt-quatre habitants de Ménerbes furent condamnés par la commission mixte.

[38] Un seul habitant de Saint-Martin-de-la-Brasque fut condamné par la commission mixte.

[39] Pascal Desorgues, fils, alors âgé de 18 ans. Condamné par la commission mixte à l’internement à Mâcon. Gracié le 24 septembre 1852.

[40] Firmin Malher, né le 17 nivôse an X à Ixelles (Belgique), décédé le 5 juillet 1855 des blessures reçues à Sébastopol.

[41] Huit Islois furent condamnés par la commission mixte.

[42] Cinquante habitants de Velleron furent condamnés par la commission mixte. En Vaucluse, seule Apt fut plus touchée par la répression.

[43] Charles, Marie, Simon, Alphonse de France, né le 11 brumaire an IX à Croutoy (Oise), décédé le 1er août 1861. Il fut fait officier de la Légion d’Honneur pour cette campagne.

[44] Le registre d’état-civil de Cavaillon, outre l’acte de décès de Simon Ravoire, ne comporte que deux autres décès le 10 décembre, pour deux inconnus. Un seul a été identifié par la suite (par jugement du tribunal de 1ère instance d’Avignon, du 8 avril 1857) : François, Joseph Blondin, né à Apt le 22 octobre 1824. L’autre inconnu le demeure. Il est décrit comme ayant environ 18 ans, mesurant 1m55, sans barbe. Par ailleurs, un maçon de Pertuis, Jean-Baptiste Noirot, né vers 1819, a été porté disparu. Sa veuve présumée eut droit à l’indemnisation de 1882.

[45] Huit Cavaillonnais furent condamnés par la commission mixte.