La résistance républicaine en Aveyron
Annexe n° 29 Le Journal de l’Aveyron donne sa perception des évènements de décembre.
« A la première nouvelle de la dissolution de l’Assemblée, arrivée à Rodez mercredi matin, le sentiment général des habitants de notre ville a été qu’il fallait, sans acceptation de parti, assurer la conservation de l’ordre et, pour cela, seconder les autorités préposées à son maintien. Quel motif, en effet, pouvait-il y avoir de recourir à la violence, au risque de créer l’anarchie, alors que le chef de l’Etat faisait lui-même appel à l’expression régulière et pacifique à la volonté nationale ?
La constitution est violée, dit-on ; mais au-dessus de la constitution, n’y a-t-il pas, pour toute société, le droit antérieur et supérieur de sauvegarder son existence et, par conséquent, de maintenir les autorités chargées de veiller à sa sécurité ?
Tel n’a pas été, à ce qu’il paraît, le sentiment de tout le monde, et il en est résulté à Rodez un mouvement insurrectionnel, bientôt comprimé, mais qui a donné lieu aux scènes les plus affligeantes.
On a prétendu que le préfet était immédiatement déchu de ses pouvoirs, la constitution étant violée par le chef du pouvoir exécutif, et, à l’appui de cette prévention, on a invoqué la constitution elle même. Eh bien ! la constitution dit précisément le contraire ; il suffit, pour s’en convaincre de lire son article 68 qui, dans le cas dont on parle, prononcerait tout au plus la déchéance du pouvoir exécutif, mais dont les auteurs n’ont pas même eu la pensée anarchique que, par ce fait, la société pût se trouver tout-à-coup privée de tous ses magistrats et de toutes les forces organisées pour sa défense.
A ceux qui s’effraieraient outre mesure des symptômes de désordre qui, sous l’influence de causes diverses, se sont manifestaient pendant plusieurs jours, au chef-lieu de notre département, nous devons dire que, dans les chefs-lieux des département qui nous avoisinent, à Nîmes, à Montpellier, à Albi, à Montauban, à Aurillac, à Toulouse, le calme n’a cessé de régner, pendant que notre ville était si violemment agitée par un petit nombre de meneurs.
Hâtons-nous de le dire, la masse de la population est restée étrangère ou hostile aux efforts qui ont été fait pour la jeter dans les désordres et les malheurs de la guerre civile.
Empressons-nous surtout de le proclamer, les ouvriers de Rodez, les véritables ouvriers, ont résisté à toutes les suggestions dont ils ont été l’objet. Ils ont compris que ce n’était pas leur intérêt qui pouvait gagner quelque chose à un sanglant conflit. Un grand nombre d’entre eux sont même accourus à la préfecture pour partager les périls de la défense commune.
Il n’y a donc pas à en douter, les prétendus élus du peuple, suivant le titre qu’ils prenaient dans leur relation avec l’autorité, ont été désavoués par le peuple. « F.de Montarnal [1] .»
[1] Arch. dép. Aveyron : PER 877. Journal de l’Aveyron ( 1850-1851). N° 98 en date du samedi 6 décembre 1851.
|