La résistance républicaine en Aveyron

Annexe n° 16

 Le récit des 28 et 29 avril 1852 donné par Le Journal de l’Aveyron [1] 


«  Mercredi, treize détenus de l’arrondissement de Villefranche sont arrivés sous l’escorte de la gendarmerie et des soldats de la ligne, dans les prisons de Rodez ».

«  Le même jour, à deux heures du soir, M Carrier, conseiller de préfecture, remplissant les fonctions de préfet par intérim, accompagné de son collègue M Hippolyte de Barrau, fit une visite aux détenus de l’arrondissement de Rodez ».

« Il se présenta successivement dans les trois quartiers qui renfermaient les prisonniers et il les trouva partout entourés de parents et d’amis ».

« Dans le premier, il vit d’abord les huit à neuf détenus qui avaient presque tous fait partie de la commission insurrectionnelle. Leur abord fut froid et silencieux, un peu raide chez quelques-uns, cependant assez convenable ».

« M Carrier leur dit qu’il regrettait beaucoup l’absence du préfet dans ce moment, sans doute bien douloureux pour eux, parce qu’il était persuadé que ce magistrat se serait empressé de venir leur porter des conseils salutaires et des paroles de consolation; sa démarche avait pour but d’y suppléer autant que possible en leur faisant connaître que le général chargé de l’exécution de la mesure dont ils étaient l’objet, de concert avec l’administration, s’était appliqué à leur adoucir le plus possible les rigueurs et les peines d’un transport qui offre beaucoup d’embarras […] ».

«  De là M. Carrier se transporta à la maison d’arrêt où se trouvaient trente-sept détenus ayant joué un rôle secondaire dans le mouvement insurrectionnel. Il leur tint le même langage, en leur faisant espérer que, par une conduite qui répondit du vif repentir qu’ils exprimaient tous, ils pourraient obtenir un adoucissement à leur peine. La même chose se passa à l’infirmerie des prisons ».

« Dans ces deux dernières catégories de prisonniers, il y a eu de la part de tous, les protestations les plus chaleureuses de soumission et de regret de leur participation aux événements de décembre ».

«  60 détenus politiques, en y comprenant ceux qui étaient arrivés la veille de Villefranche, ont été extraits, dans la matinée du 29, des prisons de Rodez. Ils ont été dirigés sur Lodève en deux convois, dont le premier comprenant 46 prisonniers et composé de huit voitures, est parti à quatre heure et demi du matin par la route de Pont-de-Salars, escorté par la gendarmerie et par des soldats de la ligne placés dans les voitures, sous la direction et la surveillance du maréchal des logis Couly ».

« Le second convoi de 14 prisonniers est parti à sept heures du matin, par la diligence de Montpellier, se dirigeant également sur Millau et Lodève par la route de Laissac […] ».

 


[1]Arch. dép. Aveyron. : PER 690 Le Journal de l’Aveyron en date du 1er mai 1852.