Un arbre mort ?

article publié dans L’Humanité – 4 décembre 2001

 

Un arbre mort ?

 

Au moment où le mot “citoyen” est mis à bien des sauces, on peut s’interroger sur l’absence de commémoration officielle d’un événement citoyen par excellence : la résistance nationale au coup d’état du 2 décembre 1851.  Alors que l’appareil d’état basculait du côté du coup de force, que Paris était maté, cette résistance communale, grandement rurale, se transforma en insurrection populaire dans plus de trente départements où s’étaient enracinés les idéaux de la Démocratie Socialiste. La République que défendaient ces “gens de peu”, paysans, ouvriers, artisans, levés en ce froid décembre, n’était pas exactement celle des notables républicains, encore moins celle des conservateurs au pouvoir, mais “la Bonne”, la République démocratique et sociale. Loin d’être une ultime “émotion populaire” d’ancien régime, cet engagement en responsabilité citoyenne portait une conviction d’une brûlante actualité : la justice et le progrès social ne sont pas des pièces rajoutées à la démocratie politique, ils en sont l’essence même. 

Aussi bien, le blanc de commémoration officielle est-il grandement compensé par la floraison des  initiatives “de base”, de la Bourgogne au Midi. L’hommage aux Insurgés de 1851 est inséparable des interrogations et des espérances d’aujourd’hui.

 

René Merle

Président de l’association 1851-2001.

Historien, écrivain. Dernier ouvrage paru : Le couteau sur la langue, Jigal, 2001.