Mémoire d’écoliers

bulletin numéro 14, février/mars 2001

Mémoire d’Écoliers

 

La pyramide des Mées - photo Gilbert Suzan

De ces journées de préparation (travail sur les documents d’archives départementales, lectures des textes d’insurgés des Mées, de textes et de lettres), de cette journée de commémoration [7 octobre 2000], qu’ont-ils retenu mes élèves de cours moyen ? Qu’ont-ils compris ?

Voici ce qu’ils ont exprimé à travers de courtes phrases, avec leurs mots :

Laura : Le petit village des Mées a honoré les insurgés qui se sont battus, qui se sont fait tuer et emprisonner pour notre pays. C’est pour cela que les petits citoyens les ont honorés. Quand on a lu les noms et les textes, notre cœur a battu très fort, c’était très émouvant.

Steven : Il y avait beaucoup de monde ce jour-là devant la fontaine de la République. Il y avait des enfants qui récitaient des noms très importants : c’était les noms des insurgés.

Maxime : Cette journée était pour honorer les insurgés qui ont été déportés ou exécutés. On n’oubliera pas ce qu’ils ont fait pour nous.

Geoffroy : Les insurgés se sont battus pour notre pays. C’était l’époque où il n’y avait pas de liberté, on s’est souvenu de ces hommes.

Julien : Cette époque était sanglante mais le combat pour la liberté était indispensable. Nous avons révélé le souvenir de nos ancêtres.

Enfin, je citerai cette phrase un peu énigmatique de Jason :

– J’ai ressenti que les insurgés étaient plus forts que les nobles parce qu’on les a remerciés pour leur résistance…

Phrase que je comprends ainsi : la force est dans le souvenir qui revient aux justes.

Que restera-t-il dans la mémoire de ces écoliers dans quelque temps ? Enfants assaillis d’images télévisées distribuées sans discernement qui banalisent et distancient la résistance à la barbarie ? Nous ne devons pas les laisser zapper le souvenir.

Cent cinquante ans après, garder la mémoire de ces événements en les mettant à leur juste place (en temps et en lieu) permet l’éveil de la conscience historique et donne tout son sens à l’histoire pour nos jeunes élèves. L’histoire locale doit être enseignée et je dirai qu’il faut commencer par elle, pour donner une réelle dimension à cette matière.

L’institutrice

Jeannick Zunino