Insurgés et opposants au coup d’Etat dans les Bouches du Rhône.Chapitre 9

Insurgés et opposants au coup d’État de décembre 1851 dans les Bouches-du-Rhône

 

 

 

Hugues BREUZE 

3ème partie

Interprétation de l’opposition

 

républicaine au coup d’Etat

Chapitre IX : L’opposition républicaine de 1851 : une place dans la mémoire du département ?

B/ L’opposition républicaine au IInd Empire

 

 

 

Face à la réussite du coup d’Etat, après la mise en œuvre de la répression anti-républicaine et de la propagande pro-impériale, et devant la « portée politique de la réception grandiose habilement ménagée, à Marseille, au prince Napoléon [1] », que peut-il rester de l’opposition républicaine départementale à partir de 1852 ?

 

Cette interrogation induit d’elle-même l’observation d’une quelconque persistance de troubles ou de résistance alors que le nouveau pouvoir œuvre à la préparation du régime impérial.

 

Cette opposition survit-elle alors à l’instauration de l’Empire et à la politique autoritaire de ses débuts ? C’est en prenant en compte ce contexte là que l’on peut remarquer si les événements de décembre 1851 pouvaient alors survivre dans la mémoire collective républicaine départementale.

 

 

 

          1§. Persistance de troubles

 

Les assauts répétés de la répression anti-républicaine, on l’a déjà vu, avaient pour objectif de museler définitivement tout moyen d’opposition pour amener l’établissement de l’Empire sans heurts ; par l’expression de la volonté populaire, et voulu légitimé et souhaité par l’amnistie du succès, le futur régime se voit pourtant être miné par de derniers sursauts de résistance républicaine dans le département.

La police marseillaise met ainsi au jour, dès février 1852, un « complot contre la sûreté de l’Etat , et contre la vie même du Prince, chef de l’Etat ». A la suite de renseignements sur un nommé Louis Brémond (29 ans, journalier), l’enquête découvre que celui-ci était « affilié à la Société Secrète dite de la montagne depuis le mois d’août [1851] », et avait été baptisé « chez Ricard, cafetier à la Tourette » en ayant pour parrain « le Sr Louis Reyne, (…) condamné à cinq années d’Algérie par la Commission mixte des Bouches-du-Rhône ». Brémond est en outre considéré comme étant « parti avec une bande dans la nuit du 4 au 5 [décembre] pour l’insurrection du Var » ; il ne serait allé toutefois que jusqu’à Aubagne. Depuis, il est désigné comme ayant assisté à « plusieurs réunions secrètes », dont une « tenue à Marseille ou dans le Var », où quatre individus furent « désignés par le sort pour se rendre à Paris attenter aux jours du Prince Président ». Le témoignage de la concubine de Brémond confirme ce fait, comme le serment que ce dernier a prêté à cette société dont Ricard était « un chef » : « on l’a fait mettre à genoux, on lui a bandé les yeux et il a juré sur le Christ et sur un poignard ».

 

Malgré l’apparente défaite des républicains face à la réussite du coup d’Etat, les réunions secrètes, tout comme l’engagement dû au serment de fidélité, restent effectifs même après décembre 1851 : lorsque la concubine de Brémond lui demande d’ailleurs s’il aurait été prêt à partir pour Paris s’il avait été désigné, ce dernier lui aurait répondu « si le sort me désignait, je ferais comme les autres, car on me tuerait si je reculais » [2]. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la répression anti-républicaine, aussi prompte et efficace qu’elle a pu être, n’a pu venir à bout de tous les « exaltés »…

 

Toutefois, ces exemples de projets de résistance tendent à s’amenuiser au cours de l’année 1852. Mais de nombreux républicains continuent encore de se réunir clandestinement… pour la plupart du temps constater une situation politique apparemment inextricable et irréversible ; un rapport de police secrète fait état de cette apparente résignation de certains républicains marseillais à accepter les conséquences de « leur » défaite : lors d’une réunion secrète ayant eu lieu pendant la nuit du 20 au 21 juin « au quartier des catalans au corps de bâtisse appelé la tour carrée ou la tour de Nesle » composée de « démagogues de premier rang », il a été communément admis qu’il fallait « rester tranquille et engager les montagnards au calme et à la raison ». Il faut dire que les nouvelles envoyées par les correspondants parisiens sont alarmantes et n’incitaient guère à l’action : « désorganisation complète des sociétés secrètes, démoralisation générale, il n’y avait espoir qu’à un coup auquel on ne s’attend pas » [3].

 

Mais si la perspective de l’action s’efface pour les républicains du département, l’organisation secrète reste cependant toujours le seul moyen d’entretenir une solidarité et l’espoir quelconque que l’occasion de la lutte se représentera tôt ou tard. Marseille fait toujours, dans ce cas là, office de base et de point d’appui au mouvement démocratique du Sud-Est : c’est dans ce sens qu’un nommé Lambucq, aspirant de marine détenu à Oran, interrogé pour avoir fait partie d’un projet d’évasion avec d’autres détenus, fait des révélations en août 1852 d’après lesquelles « il serait affilié à une société secrète qui aurait l’un de ses centres principaux à Marseille et qui correspondrait avec Alger et Oran, où elle compterait des affiliés, ainsi qu’à Toulon, Montpellier et Lyon [4] ». Ceux qui ont pu échapper aux autorités, après les instructions judiciaires des premiers mois suivant le coup d’Etat, continuent donc de correspondre avec les républicains transportés en Algérie par décision des Commissions mixtes. En outre, le fait qu’on corresponde aussi avec les autres sociétés des principales villes du Sud-Est laisse présager la tentative de re-coordination régionale des organisations républicaines.

 

C’est d’ailleurs ce que conclut le ministre de la Police générale en septembre 1852, lorsqu’il en fait part au préfet de Suleau :

 

« (…) des renseignements recueillis à diverses sources font connaître que les sociétés secrètes du midi tendent à se réorganiser, qu’elles se recrutent d’un assez grand nombre de condamnés politiques graciés, et qu’elles sont plus que jamais déterminés à recommencer la lutte ».

 

Il en profite ainsi pour inciter une prévenance accrue de la part du préfet des Bouches-du-Rhône « au moment où le Prince-Président va visiter le Midi de la France » :

 

« S’il y a dans votre département des internés, ou des individus en surveillance dont la présence peut être un sujet d’inquiétude, vous ne devez pas hésiter à les faire éloigner » [5].

 

Pourtant, malgré les mesures de surveillance prises à l’occasion du passage de Louis-Napoléon Bonaparte à Marseille, de Suleau savait d’avance qu’il se verrait confronté à des manifestations d’hostilités.

 

Mais ce ne fut pourtant pas sans le servir :

 

« (…) il advint, la veille même de l’arrivée du président à Marseille, un fait qui, très opportunément, rendit plus chaleureuse la réception. En cette ville et dans une maison du grand chemin d’Aix, la police avait saisi une machine infernale. « Ce complot dévoilé si à propos que les plus malveillants le crurent organisé à dessein raviva le sentiment du péril social et rapprocha du Président ceux même qui se seraient abstenus » [6] ».

 

Si on ne note aucune protestation sur le passage du cortège présidentiel, c’est pourtant plus par crainte de promptes représailles que par une unanimité qui serait soit-disant partagée par tous les marseillais en faveur du futur empereur. D’ailleurs, il ne faut pas attendre longtemps pour voir refleurir l’opposition républicaine après le 12 décembre 1852, date de la proclamation de l’Empire :

 

« des troubles rapidement réprimés éclatèrent en divers points du département, notamment à Marignane, Vitrolles, Mouriès et autres localités [7] ».

 

Mais ce sont là les derniers sursauts démocratiques des Bouches-du-Rhône ; il faudra attendre l’émiettement de l’étau autoritaire des premières années du règne de Napoléon III pour voir l’opposition républicaine départementale refaire lentement surface. Auparavant, « de 1852 à 1857, les faits d’ordre politique deviennent plus rares. La liberté est annihilée, les partis d’opposition sont jugulés [8] ».

 

En bref, la première période du IInd Empire emprisonne apparemment les républicains des Bouches-du-Rhône dans un mutisme le plus complet.

 

 

               2§. Une opposition républicaine détruite ?

 

 

L’ambition impériale du Prince-Président devait passer, selon sa propre volonté, par l’acceptation populaire grâce au suffrage universel restauré par le décret du 2 décembre. Mais ce « césarisme démocratique » affiché ne doit pas cacher l’intrusion des autorités dans les multiples consultations électorales, sollicitée par le nouveau gouvernement. L’Encyclopédie des Bouches-du-Rhône insiste sur cet état de fait, particulièrement remarquable une fois l’Empire instauré :

 

« les élections elles-mêmes, par l’intrusion officielle la plus avérée, n’ont plus la même signification qu’elles comportent ordinairement en tant que manifestation d’opinion, d’évolution de l’esprit public [9] ».

 

Les consultations électorales peuvent pourtant permettre de prendre     – en partie – en compte l’évolution de l’opinion républicaine ; l’apathie qu’elle peut prendre à l’égard d’élections organisées par un pouvoir qui l’a contraint au silence reste représentative d’une manifestation – discrète mais hostile – d’opinion.

La ratification souhaitée populaire du coup d’Etat, lors du plébiscite du 20 décembre 1851, constitue donc un premier test pour le nouveau pouvoir lui permettant de mesurer le sentiment des populations des Bouches-du-Rhône. Le résultat pouvait être pressenti favorable, les républicains influents étant pour la plupart surveillés ou emprisonnés, et les légitimistes, eux, contraints à l’acceptation ou à l’abstention. Il en fut ainsi… pour les conservateurs de tous bords – bourgeoisie et clergé notamment – : 55 000 oui pour 61 000 votants. Mais ce succès est vite relativisé au vu des abstentions : « environ la moitié des électeurs » [10].

 

Paul Allard fournit plus de détails pour Arles : « lors du référendum, le « oui » l’emporte et réunit 69,8 % des suffrages exprimés, contre 90 % au niveau national, mais seulement 36 % des électeurs se déplacent pour voter, ce qui est des taux les plus bas du département [11] ».

 

Si ce fort abstentionnisme semble être en partie le fait de l’hostilité des légitimistes arlésiens – « purs blancs » dans cette « Vendée provençale » -, il n’en est pas de même pour l’ensemble des royalistes du département : « le parti légitimiste, qui a de profondes racines dans le département, a donné près des deux tiers des voix dont il dispose au Prince Louis-Napoléon ». Les maires d’Arles, d’Aix et de Marseille, tous trois légitimistes, exhortent d’ailleurs leurs administrés à imiter leurs adhésions au nouveau gouvernement.

 

En bref, malgré la défiante abstention des républicains, de Suleau  peut s’estimer satisfait des suffrages reçus en faveur de l’homme pour lequel il s’était attaché à rallier l’opinion du département – en comparaison, Louis-Napoléon n’avait obtenu en décembre 1848, pour les élections présidentielles, que 17 000 suffrages dans les Bouches-du-Rhône -. Ce dernier semble désormais disposer, au lendemain du coup d’Etat, d’une « majorité (…) importante dans un département naguère encore si peu favorable aux idées napoléoniennes. Le grand nombre adhérait par amour de l’ordre si souvent troublé depuis le 24 février 1848 ; le négoce marseillais en particulier avait souffert beaucoup des désordres qui, depuis quatre ans, compromettaient la paix intérieure, nuisaient gravement aux affaires » [12].

 

Ceci n’atténue pourtant pas le flot d’abstentionnistes et d’indifférents toujours plus important au fur et à mesure des consultations électorales.

 

Aux législatives du 29 février 1852, les Bouches-du-Rhône ne doivent plus élire que trois députés, la délimitation des circonscriptions ayant été redéfinie. Appliquant les prérogatives d’un « patronage gouvernemental », de Suleau  désigne trois « candidats officiels » : les maires légitimistes des trois principales villes du département restés fidèles et dévoués à la cause bonapartiste – de Chanterac, Rigaud et Remacle -. « Puissement (sic) aidés auprès des municipalités, des fonctionnaires et des électeurs par l’appui du préfet et celui du clergé, les trois candidats choisis par M. de Suleau  ne pouvaient manquer d’être élus ». Le maire de Marseille, de Chanterac, obtient 12 502 voix, le maire d’Aix, Rigaud, 13 753 et le maire d’Arles, Remacle, 15 892. Un seul candidat républicain a tenté de se présenter : Barthélémy, ancien maire de Marseille en 1848 ; face à de Chanterac dans la 1ère circonscription, il n’obtient que 5 305 voix [13]. Il faut dire que ses concitoyens ne viennent pas en masse voter : on relève encore une majorité d’abstentionnistes pour le département – 53 % d’abstentions [14] -.

 

La tournée du Prince-Président en province, en septembre 1852, on l’a déjà évoqué, avait pour but de solliciter un plébiscite populaire pour le retour de l’Empire. Cette démarche apparaissait d’autant plus nécessaire qu’en plus d’un ancien sentiment anti-bonapartiste, les Bouches-du-Rhône passaient peu favorables au projet impérial, au vu des nombreuses abstentions d’indifférence ou d’hostilité lors des scrutins suivant le coup d’Etat.

 

Le fait que Louis-Napoléon Bonaparte fut traité en souverain et salué empereur, lors de son passage à Marseille du 25 au 29 septembre 1852, restait finalement moins synonyme d’un revirement d’opinion que de l’expression populaire d’une lassitude ressentie depuis 1848, alors que le commerce et le négoce marseillais ont subi les assauts de la crise révolutionnaire, comme de l’impatience à voir se réaliser l’ère de prospérité promise. En effet, si l’enthousiasme dû à la liesse de cette fête grandiose semble partagé par beaucoup de marseillais, il semble ne pas en être de même lorsqu’on demande au département de s’exprimer sur le rétablissement de l’Empire, lors du plébiscite des 21 et 22 novembre 1852 : le oui l’emporte largement (51 940 contre 2 456 non), mais le nombre de votants n’est que 55 158, pour 106 233 inscrits [15]. La moyenne d’abstentionnistes (47 %) est alors la plus élevée de France ; Antoine Olivesi interprète ainsi ce chiffre comme « une manifestation d’hostilité ou de défiance [16] ». Le nombre de votants est même inférieur à celui du plébiscite suivant le coup d’Etat. Conservateurs non ralliés à l’Empire rejoignent donc apparemment l’opposition silencieuse, principalement républicaine, et complétée par des légitimistes purs « blancs ».

 

En fait, s’inaugure une période de « résistance passive » de la part de ceux qui se sentent brimés par l’Empire ; on boude alors les consultations soit disant « populaires » d’un régime totalitaire : « en 1852-57, les candidats officiels seront élus, évidemment, sans grandes difficultés, avec des pourcentages à peine moyens [17] ». Les positions semblent s’être figées : partisans de l’ »ordre social » et de l’Empire, d’un côté ; opposants, refusant de participer à un régime qu’ils n’ont pas souhaité, de l’autre.

 

Pour minimiser la rancœur de ces derniers et pour atténuer les souvenirs de la répression et des vexations subies lors de son mandat préfectoral, de Suleau, trop haï des uns, est remercié par le pouvoir pour lequel il s’est battu : il est nommé sénateur le 4 mars 1853 et est remplacé par Guillaume-Alexandre de Crevecoeur, alors préfet du Puy-de-Dôme. Celui-ci continue la politique de son prédécesseur : conduire la politique de grands travaux à Marseille et surveiller les partis d’opposition. Il faut dire que l’opinion républicaine commence à se remettre de sa convalescence forcée :

 

« Parmi les républicains les plus notoires du département, ceux que la Commission mixte n’avait pas voué à la déportation se trouvaient exilés à l’étranger, surtout dans le comté de Nice ou en Piémont. Mais, dans toutes les localités, même les plus petites, un noyau démocratique subsistait. A Marseille, les citoyens que le procureur général désignait, dans un rapport, sous le nom de Montagnards étaient, dit-il, au moins 6 000. Ce chiffre approximatif est certainement au-dessous de la vérité. Partout, au début de l’Empire, au lendemain de la compression, les démocrates restent fort unis ; les enterrements leur sont une occasion de manifestation. En certaines localités, les plus exaltés portent tous la barbe taillée de même manière ; en dépit de la surveillance de la police, ils se réunissent clandestinement dans les campagnes et s’entretiennent avec colère des affaires du temps et du tyran qui les opprime. Ils se préparent à toute éventualité » [18].

 

Mais qu’en est-il des autres tendances ? Les légitimistes obéissent à l’abstention et à la réclusion de toutes les administrations ordonnées par le Comte de Chambord, alors que clergé et orléanistes sont eux, ralliés définitivement à l’Empire.

 

L’opposition s’enorgueillit pourtant au fil du temps : lors d’élections complémentaires, le 24 décembre 1854 – de Chanterac, nommé conseiller d’Etat ayant été obligé d’abandonner sa députation -, le candidat « officiel », Edmond Canaple, est élu à la quasi-unanimité – 4 067 voix sur 4 105 votants -…mais bat le record d’abstentionnistes : près de 80 % des inscrits. Voici ce qu’en conclut l’Encyclopédie des Bouches-du-Rhône :

 

« C’est une proportion fantastique montrant bien le dédain du corps électoral pour la candidature officielle contre laquelle les partis d’opposition – de droite ou de gauche – dédaignèrent de présenter des concurrents » [19].

 

La tactique de ces partis semble donc consister à laisser le régime impérial se discréditer de lui-même. Mais les résultats ne semblent pas encore probants :

 

Lors d’une autre élection complémentaire, le 18 mars 1855, Remacle, député de la 3ème circonscription – il vient alors d’être nommé préfet du Tarn -, laisse sa place au Baron Laugier de Chartrouse, élu malgré 50 % d’abstentions ; l’indifférence perdure, mais les candidats officiels aussi…

 

C’est sensiblement dans le même sens que se déroulent les législatives du 21 juin 1857 : Canaple, Rigaud et de Chartrouse sont réélus. On note malgré tout la présence de deux candidats républicains : Hippolyte Carnot, face à Rigaud dans la 2nde circonscription, et… Emile Ollivier, face à de Chartrouse dans la 3ème circonscription. Mais le renom des candidats ne suffit pas encore à inverser la tendance (seulement 1 268 voix pour Carnot, 1 053 pour Ollivier) :

 

« (…) ce fut, une fois de plus, la manifestation de l’indifférence des uns, les abstentionnistes, et de la docilité des autres, les votants (…). L’heure n’était point venue d’une opposition organisée en présence d’un pouvoir alors dans tout l’éclat de son prestige » [20].

 

Trois jours après les élections au corps législatif, le 24 juin 1857, de Crevecoeur était remplacé à la préfecture par Olympe-Jean-Charles Besson. Quelques mois après, en janvier 1858, l’attentat d’Orsini vient relancer une surveillance sur les républicains qui s’était peu à peu relâchée depuis les premières années de l’Empire :

« Tous ceux qu’on désignait sous le nom d’hommes de 1848 ou de 1851 (…), firent l’objet d’une stricte surveillance de la police. Il y eut des arrestations à Marseille et en diverses communes, notamment à Maussanne (sic) où, à la suite d’une perquisition, quelques bombes furent découvertes. Il y eut même, comme au début de 1852, des déportations en Algérie » [21].

 

 

L’Empire commence toutefois, à partir de cette date, à se libéraliser. L’empereur, de passage à Marseille en mai 1859 et en septembre 1860, fait toujours l’objet d’une « réception inoubliable ». Celle du 8 au                   10 septembre 1860 est encore une occasion de porter aux nues les bienfaits de l’ »haussmannisation » de la préfecture des Bouches-du-Rhône : le couple impérial inaugure ainsi la chapelle de Notre-Dame de la Garde, supervise la construction du palais du Pharo, le percement de la rue Impériale et voit l’illumination festive du Château Borely et de l’avenue du Prado ; on est bien là à l’apogée du régime :

 

« La conjoncture était favorable à l’Empire : autorité, prestige des succès militaires, grands travaux, appui de l’Eglise sans réserve (…) [22] ».

 

A ce moment là, l’opposition ne peut encore que rester discrète face à ce succès gravé jusque dans la pierre ; mais on peut pourtant y entrevoir les premières failles :

 

« En une telle concurrence, les partis d’opposition semblaient ne pouvoir se manifester. (…) D’autre part, les républicains, s’ils ne purent siffler sur le passage du cortège impérial, s’arrangèrent pour manifester leur hostilité en dépit de l’étroite surveillance de la police. Il se trouve des journaux et des tracts pour médire, à mots couverts, du régime impérial, même en prédire la chute…[23] ».

 

Suite à ces premières réminiscences d’opposition déclarées,   Napoléon III décide à pourvoir au remplacement de Besson, jugé trop faible : le 29 septembre 1860, Charlemagne-Emile de Maupas, préfet de police pendant le coup d’Etat du 2 décembre,  le remplace ; ce dernier s’avéra, non par hasard, être « le préfet le plus autoritaire que ce département ait jamais eu ». Par son « sens aigu de l’autorité » et son « tempérament de proconsul », de Maupas tâche de hâter la réalisation des grands travaux, politique si caractéristique du régime impérial : il supervise ainsi la construction du canal devant amener les eaux de la Durance à Marseille, comme l’aménagement de nouveaux ports – la ville ne pouvait en effet ne pas se préparer à la « révolution commerciale » qu’inaugurait le percement du canal de Suez -. Mais rien n’y fait ; les opposants à l’Empire relèvent peu à peu la tête :

 

« Les partis d’opposition – surtout le parti républicain – reprenaient conscience d’eux-mêmes. Comme ailleurs, à Marseille dans le département, ils se préparaient » [24].

 

On n’assiste cependant pas seulement aux premiers signes d’un réveil des démocrates brimés depuis décembre 1851 ; opposants de toutes tendances, chaque parti étant encore trop faible politiquement, préfèrent en effet s’unir face à leur ennemi commun en vue des législatives fixées au 30 et 31 mai 1863 :

 

« Dans les Bouches-du-Rhône, l’opposition s’organisait fortement. Les partis qui entendaient lutter de conserve contre le pouvoir personnel et l’ingérence administrative mettaient sagement de côté tous dissentiments. Ils s’entendaient pour présenter des citoyens illustres par leurs talents et leurs services [25] ».

 

Les circonscriptions, une fois de plus remaniées pour favoriser les candidatures officielles, sont désormais au nombre de quatre dans le département. Alors que Berryer et Thiers sont présentés dans la 1ère et 2nde circonscription, un seul républicain, Marie, ancien membre du gouvernement provisoire, figure sur les listes électorales (dans la 4ème circonscription, c’est-à-dire comprenant à peu près le canton de Roquevaire et Marseille extra-muros). Finalement, même si le préfet de Maupas « ne négligea rien pour neutraliser leur action », Berryer et Marie sont élus. Dans la 4ème circonscription, et ce malgré 57 % d’abstention, Marie obtient 6 570 voix contre 6 282 pour Canaple, candidat officiel.

 

Il est pourtant encore trop tôt pour parler de renaissance de l’opposition démocratique dans les Bouches-du-Rhône. Mais la coalition d’opposants inflige un premier revers à l’Empire, contraint dorénavant à se libéraliser :

 

« L’administration de M. de Maupas, la pression exercée par lui au cours des élections législatives, avaient, à Marseille et dans le département, gravement irrité le sentiment public. Cet état d’esprit, l’opposition de toutes nuances – républicain, légitimiste, orléaniste – ne manquait point d’en tirer parti dès 1863, date à laquelle se manifestait le réveil de l’opinion publique. A Marseille, en particulier les esprits jusque-là dociles à l’impulsion du pouvoir, assez indifférents à la marche des affaires publiques revendiquaient leur droit de contrôle » [26].

 

Les municipales à Marseille de juillet 1865 sont une seconde occasion d’affirmation pour cette opposition unie de droite et de gauche. Etonnant paradoxe : l’opposition démocratique doit attendre l’aide des légitimistes et des conservateurs, mécontents du régime, pour sortir de l’ombre. C’est d’ailleurs dans ce sens que l’Encyclopédie des Bouches-du-Rhône considère que le basculement dans le camp de l’opposition des partis de droite a été le déclencheur d’un mouvement global d’opposition dans le département :

 

« De toute évidence, à Marseille et dans le département – comme, du reste, en d’autres régions – la nouvelle attitude des partis de droite sortant de l’abstention a décidé du sort des élections. On doit reconnaître que, sans ce changement d’attitude (…), l’opposition eut été impuissante. Mais ce qui la servit grandement en 1865, c’est l’impopularité croissante de M. de Maupas que celui-ci sentait gronder contre lui et que le gouvernement lui-même n’ignorait pas. Sa lutte contre les divers éléments de l’opposition revêtait une forme acerbe, même inconvenante [27] ».

 

Dans ce contexte, de Maupas est contraint de démissionner ; il est remplacé le 29 décembre 1866 par Charles-Alphonse Levert. Son arrivée, malheureusement pour lui, coïncide avec un « grand souci d’organisation » de la part de l’opposition républicaine renaissante. Celle-ci, après des années de discrétion contrainte, ose enfin se montrer en pleine lumière :

 

« Déjà, sous M. de Maupas, alors que les lois sur la presse étaient véritablement lois d’airain, les républicains marseillais qui, faute de cautionnement, ne pouvaient fonder des journaux politiques, fondèrent de petits journaux littéraires. Sous les noms les plus divers ils paraissaient puis disparaissaient. Supprimés par mesure administrative, ils renaissaient sous d’autres titres. Ils faisaient à l’Empire, en attendant mieux, une guerre d’allusions et de coups d’épingles. Néanmoins, dès 1866, paraissait le Peuple, journal bi-hebdomadaire puis quotidien. Il prenait hardiment le titre d’organe de la démocratie radicale de Marseille et de la Provence ».

 

« L’idée républicaine » revient donc à partir de cette date, dans le débat politique départemental ; de plus en plus de réunions publiques se tiennent d’ailleurs à Marseille depuis 1866. En bref, l’espoir en la « Belle », longtemps resté en latence dans les cœurs républicains, refait lentement surface malgré la persistance de la surveillance dont certains font encore l’objet :

 

« Après de longues années de silence, on se croyait revenu aux clubs de 1848. Vingt ans après, l’effervescence n’était pas moindre et, fréquemment, les réunions devenaient tumultueuses et nécessitaient l’intervention de la police qui les dissolvait et dressait des procès-verbaux aux organisateurs » [28].

 

C’est logiquement que, devant ce regain d’ardeur démocratique, l’union avec les ennemis d’antan n’est plus de mise ; le parti républicain entend faire cavalier seul aux législatives du 24 mai 1869 : « Il était devenu nettement radical et libre penseur et répudiait avec véhémence toute alliance avec les partis de droite ».

 

Des conférences politiques sont organisées ; l’Athénée ouvrier, fermé en 1851, est régénéré. En bref, Marseille redevient un « foyer ardent » de la pensée démocratique, au vu des personnes de talent et de renom présentées aux élections : Léon Gambetta, Jules Favre, Eugène Pelletan et Alphonse Esquiros – ancien proscrit de 1852 – [29]. Pour William H. Sewell, le phénomène de « résurrection » du sentiment républicain était irréversible :

 

« La répression du début du second Empire ne put annuler les effets des années révolutionnaires de la seconde République. La classe ouvrière de Marseille ne devait plus retourner à son état de docilité pré-révolutionnaire ; et quand l’activité républicaine et socialiste reprit en France à la fin des années 1860, les ouvriers de Marseille n’étaient plus en retard désormais – ils étaient à l’avant-garde du mouvement [30] ».

 

Les résultats des élections de mai 1869 consacre donc ce « réveil démocratique » dans le département, après ballottage (le deuxième scrutin a lieu le 6 juin) dans la 1ère, 3ème et 4ème circonscriptions (les Bouches-du-Rhône sont alors divisées – une fois de plus – en quatre circonscriptions). Léon Gambetta bat alors Ferdinand de Lesseps – 12 865 vois contre 5 064 – et Alphonse Esquiros est élu face au candidat officiel Jules Rougemont       – 11 243 voix contre 9 787 -. Le poids des votes républicains prend donc l’allure d’une apparente majorité que le plébiscite de 1870 allait entériner. Alors qu’on demande au peuple s’il approuve les réformes libérales opérées depuis 1860 et que l’empereur se voit obtenir l’aval des suffrages populaires de la nation, les Bouches-du-Rhône lui offrent pourtant un revers cinglant : le département votre non en majorité – 52 982 contre       39 534 oui -.

 

Peu importe les conséquences à court terme de ce refus car l’Empire n’allait pas tarder à tomber. Après moins de deux mois de guerre, la nouvelle de la défaite de Sedan produit « l’effet d’un coup de foudre, à Marseille surtout » :

 

« La foule descendait dans la rue, en proie à une indicible émotion, discutant et criant à la trahison. Les Marseillais sentirent que l’Empire venait de sombrer, que la République allait venir, et, dès ce matin du         4 septembre, on entendit  dans leur ville le cri de « vive la République ». La nouvelle de la proclamation de la République à Lyon arrivait à Marseille dans l’après-midi ; celle de la proclamation à Paris n’était officiellement confirmée que dans la soirée par un message télégraphique de Léon Gambetta, ministre de l’Intérieur du gouvernement de la Défense nationale (…).

 

« Quelques jours auparavant, les 27 et 28 août, avaient eu lieu des élections municipales. La liste des comités réunis de la démocratie marseillaise était élue tout entière et comprenait les éléments les plus notoirement républicains ayant combattu le régime impérial » [31].

 

Le retour de la République se passe sans heurt aucun ; les populations des Bouches-du-Rhône accueillent tacitement un régime qu’elles avaient pourtant, soit maudit, soit laissé filé en 1851…

 

 

3§. L’opposition de décembre 1851, fait marquant pour les républicains des Bouches-du-Rhône ?

 

 

On ne relève dans l’Encyclopédie des Bouches-du-Rhône aucune allusion, aucune prétention républicaine à se dire continuateur de l’opposition démocratique de décembre 1851, que ce soit pendant les deux décennies de l’Empire, ou même lors de l’avènement de la IIIe République.

 

Cela signifie-t-il que le mouvement de résistance au coup d’Etat n’a laissé aucune trace sensible dans la mémoire des républicains des Bouches-du-Rhône ?

 

Maurice Agulhon a déjà observé qu’au point de vue de la mémoire nationale de la résistance provinciale, « la mémoire de l’événement n’est pas à proportion de son importance [32] ». Il en va évidemment de même pour les Bouches-du-Rhône, d’autant plus que le mouvement départemental n’a pas connu une ampleur comparable à celle d’insurrections voisines.

 

Pour preuve de ce « manque commémoratif », Régis Bertrand, dans le bulletin n° 21 des Amis du vieil Istres, énumère la liste des monuments consacrés au souvenir de la IIe République : mais, même dans ce cadre chronologique plus large que la simple opposition de 1851, « aucune représentation figurée n’a été conservée du monument [la statue de la Liberté en plâtre, élevée lors du banquet patriotique de la place Saint-Michel le 16 avril 1848] par lequel les républicains de 1848 voulurent laisser leur marque dans le paysage marseillais ». Seuls subsistent les grafitti gravés dans la pierre de la cour intérieure ou des cachots du château d’If par les républicains incarcérés après les journées de juin 1848 : « ils constituent le seul des souvenirs de la Seconde République à rappeler un acquis majeur du régime, l’avènement de la démocratie, du suffrage universel ». En outre, le reste des mémoriaux d’initiative privée flatte la victoire de l’ordre pendant ces mêmes journées d’émeutes – lithographies et ex-voto, ou encore monument « des morts de la garde nationale et de l’armée » du cimetière Saint-Charles – [33].

 

On comprend déjà mieux l’amnésie des républicains du département, sous le IInd Empire et pendant la IIIe République, à l’égard d’un mouvement resté hésitant et non-violent en décembre 1851 et ce, malgré toute la signification politique qui en ressortait ; le faible souvenir dû à la cruelle défection de monuments mémoriaux consacrés à la IIe République, dans les Bouches-du-Rhône, ne pouvait donc guère consacrer la mémoire d’une apparente faiblesse de l’opposition républicaine au coup d’Etat du 2 décembre.

 

 

En fait, les seuls souvenirs, pour la période concernée, qui semblent entretenus par l’opinion républicaine – comme conservatrice – des Bouches-du-Rhône sont centrés, à l’appui des exemples cités, sur les émeutes ouvrières de juin 1848. La mémoire républicaine départementale héritée de la IIe République paraît en effet s’être cristallisée autour de cette réaction à la fois violente, ouvrière et sociale, qui préfigure précocement les luttes à venir après l’avènement de la IIIe République en 1870. A l’inverse, la réaction légaliste et la violence avortée de décembre 1851 ne semblait pas assez sociale et radicale pour la future extrême gauche départementale et provençale, et trop révolutionnaire dans son dessein insurrectionnel latent pour les républicains-radicaux de la IIIe République.

 

Mais ne pouvait-on pas y voir une des origines de la Commune marseillaise de 1871 ?

 

Antoine Olivesi s’est penché sur la question… sans y entrevoir des prémices à la Commission municipale révolutionnaire de mars-avril 1871 dans le mouvement de décembre 1851. Il s’attache alors à rappeler que, selon Benoît-Malon, la Commune fait partie de la « troisième défaite du prolétariat français », avec l’écrasement de l’insurrection lyonnaise de 1831 et avec… l’écrasement des émeutes ouvrières de juin 1848.

 

En fait, la place de ces événements dans la mémoire collective républicaine – socialiste répond à trois critères :

 

Tout d’abord, elles furent toutes trois révolutions dans le domaine des idées, avec leur lots de nouvelles doctrines politiques, sociales et économiques. A ce point de vue là, la « Belle » espérée en 1851 répondait aussi à ces critères : on tente de se lever pour changer l’ordre des choses ou du moins, pour ne pas compromettre une évolution que l’on espére inéluctable.

 

Ensuite, ce furent aussi des révolutions politiques. Or, l’organisation clandestine des départements provençaux et le rôle joué par les sociétés républicaines confèrent au mouvement de décembre 1851, et bien évidemment pour celui des Bouches-du-Rhône, une éminence « politique ».

 

Enfin, ce furent toutes trois des révolutions « ouvrières ». Or, on a constaté pour les Bouches-du-Rhône l’étonnant manque des contingents ouvriers marseillais comparé à ce qu’on aurait pu espérer après leur réaction en juin 1848. Et c’est par peur d’une nouvelle répression que la classe ouvrière départementale hésite à prendre les armes pour défendre un régime dont ils ont pour certains déjà goûté les cachots…

 

Même si l’urbanité du mouvement d’opposition des Bouches-du-Rhône de décembre 1851 lui conférait alors l’apparence et la « vitalité d’une âme collective », sa surprenante carence ouvrière compromettait autant sa pérennité que sa « légitimité » réclamée par la future cause       prolétarienne [34].

 

Ainsi, lorsqu’en juin 1848, les ouvriers « abandonnant leurs rêveries humanitaires de [février] 1848 », osèrent emprunter « une voie beaucoup plus révolutionnaire », l’écrasement de leur mouvement acheva la « rupture complète entre ouvriers et bourgeois » ; cette trace sanglante perdurera jusqu’à la commune de 1871 par « l’action clandestine, directe et vigoureuse, ambitieuse et organisée, sous le Second Empire » [35].

 

Amenuisé par l’ »amnésie nationale » d’un mouvement jugé uniquement provincial, le souvenir de cette défense uniquement « orale et symbolique  [36] » de la République par les démocrates des Bouches-du-Rhône en décembre 1851, ne pouvait marquer le conscient politique collectif départemental.

 

Pourtant, même si le symbolisme qu’on pouvait tirer du mouvement restait faible, l’inconscient politique restait marqué par le viol des convictions démocratiques que représentait le coup du 2 décembre. Une fois la IIIe République gouvernée par les républicains, la mémoire des proscrits du coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte subit un regain d’intérêt : le 30 juillet 1881 est donc promulguée « la loi de réparation nationale en faveur des victimes du 2 décembre 1851 [37] ».

 

La IIIe République reconnaissait donc quelque part, timidement, en la personne de ces proscrits, des précurseurs à ces prochaines vues démocratiques et sociales…

 

 

Né dans les Bouches-du-Rhône, sans véritable opposition armée malgré un mouvement remarquable d’opposition, l’Empire meurt dans une indifférence encore plus complète en 1870. Le département est alors à la pointe du mouvement révolutionnaire : l’écrasement de la Commune marseillaise fait d’ailleurs étrangement analogie avec les émeutes de juin 1848 dans lesquelles le mouvement se reconnaissait pleinement : un mouvement d’essence révolutionnaire réprimé par un régime qui lui paraissait pourtant pouvoir permettre sa réalisation. L’opposition de décembre 1851 est, à ce point de vue-là, beaucoup moins rattachée à l’actualité politique des années 1870 ; mais si son souvenir semble boudé par la future gauche départementale, elle ne constitue pas moins une étape significative de l’affirmation des premières tendances démocrates-socialistes des Bouches-du-Rhône, et primordiale dans la « républicanisation » de ses classes populaires. Pour simples exemples, deux préfets – ou administrateurs supérieurs – du département au début de la IIIe République : Alphonse Gent et Henri-Alphonse Esquiros avaient eu un rôle éminent dans le premier « éveil politique » du département et de la région pendant la IIe République…

 

 

Par conséquent, malgré les privilèges qu’une ville comme Marseille a pu tirer du régime impérial (essor industriel et commercial, physionomie de cité contemporaine), les vingt années de règne de Napoléon III n’ont pu empêcher l’accomplissement de la transition politique des populations des Bouches-du-Rhône, entamée sous la IIe République ; ceci explique peut-être aussi une des raisons pour laquelle le mouvement d’opposition de décembre 1851 ne fut pas considéré comme une rupture flagrante dans le comportement politique de ces populations : au sein de cette transition, la tentative insurrectionnelle fut finalement considérée plus simplement comme une pré-manifestation parmi d’autres des futures tendances radicales-socialistes des Bouches-du-Rhône…

 

 


[1] Encyclopédie des Bouches-du-Rhône (Par Raoul Busquet & Joseph Fournier, sous la direction de Paul Mason) : Tome V, Vie politique et administrative, (Marseille, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 1929), p. 186.

 

 

[2] 1 M 603, Procès-verbal du commissaire central de police de Marseille sur Brémond, inculpé de complot contre la sûreté de l’Etat, le 18 février 1852.

[3] 1 M 603, Rapport secret de police du 21 juin 1851, et transmis au préfet des Bouches-du-Rhône par le maire de Marseille le 24 juin.

[4] 1 M 603, Ministre de la police générale au préfet des Bouches-du-Rhône, le 17 août 1852.

[5] 1 M 603, Ministre de la police générale au préfet des Bouches-du-Rhône, le 12 septembre 1852.

[6] Encyclopédie des Bouches-du-Rhône (Par Raoul Busquet & Joseph Fournier, sous la direction de Paul Mason) : Tome V, Vie politique et administrative, (Marseille, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 1929), p. 186, Op. Cit. In  P. de la GORCE, Histoire du Second Empire, t. I, p. 95.

 

[7]Encyclopédie des Bouches-du-Rhône (Par Raoul Busquet & Joseph Fournier, sous la direction de Paul Mason) : Tome V, Vie politique et administrative, (Marseille, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 1929) , p. 189.

 

[8] Ibid 93, p. 190.

 

[9] Ibid 93, p. 190.

 

[10] Encyclopédie des Bouches-du-Rhône (Par Raoul Busquet & Joseph Fournier, sous la direction de Paul Mason) : Tome V, Vie politique et administrative, (Marseille, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 1929), p. 181.

 

[11] ALLARD Paul, « La seconde République à Arles ou Arles d’une révolution à l’autre », Les amis du vieil Istres, Bulletin n° 21, p. 89.

[12] Ibid 96, p. 182.

 

[13] Encyclopédie des Bouches-du-Rhône (Par Raoul Busquet & Joseph Fournier, sous la direction de Paul Mason) : Tome V, Vie politique et administrative, (Marseille, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 1929), p. 183-184.

 

[14] OLIVESI Antoine, « L’évolution de l’opinion publique à Marseille sous le second Empire »,

 

Colloque : La vie à Marseille sous le second Empire (19 novembre 1976), Marseille, Plon, 1961, p. 146.

 

[15] Ibid 99, p. 189.

 

[16] Ibid 100, p. 147.

 

[17] OLIVESI Antoine, « L’évolution de l’opinion publique à Marseille sous le second Empire »,

 

Colloque : La vie à Marseille sous le second Empire (19 novembre 1976), Marseille, Plon, 1961, p. 147.

[18] Encyclopédie des Bouches-du-Rhône (Par Raoul Busquet & Joseph Fournier, sous la direction de Paul Mason) : Tome V, Vie politique et administrative, (Marseille, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 1929), p. 190-191.

 

[19] Encyclopédie des Bouches-du-Rhône (Par Raoul Busquet & Joseph Fournier, sous la direction de Paul Mason) : Tome V, Vie politique et administrative, (Marseille, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 1929), p. 190-191..

 

[20] Ibid 105, p. 192.

 

[21] Ibid 105, p. 193.

 

[22] OLIVESI Antoine, « L’évolution de l’opinion publique à Marseille sous le second Empire »,

 

Colloque : La vie à Marseille sous le second Empire (19 novembre 1976), Marseille, Plon, 1961, p. 147.

[23] Encyclopédie des Bouches-du-Rhône (Par Raoul Busquet & Joseph Fournier, sous la direction de Paul Mason) : Tome V, Vie politique et administrative, (Marseille, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 1929), p. 194.

 

[24] Ibid 109, p. 196.

 

[25] Encyclopédie des Bouches-du-Rhône (Par Raoul Busquet & Joseph Fournier, sous la direction de Paul Mason) : Tome V, Vie politique et administrative, (Marseille, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 1929), p. 197.

[26] Ibid 111 ,p. 201-202.

 

 

[27] Encyclopédie des Bouches-du-Rhône (Par Raoul Busquet & Joseph Fournier, sous la direction de Paul Mason) : Tome V, Vie politique et administrative, (Marseille, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 1929), p. 203.

[28] Ibid 113, p. 204-205.

[29] Encyclopédie des Bouches-du-Rhône (Par Raoul Busquet & Joseph Fournier, sous la direction de Paul Mason) : Tome V, Vie politique et administrative, (Marseille, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 1929), p. 206.

[30] SEWELL H. William, « La classe ouvrière de Marseille sous la seconde République : structure sociale et comportement politique », Le mouvement social, Paris, n° 76, juillet-septembre 1971, p. 31-32.

[31] Encyclopédie des Bouches-du-Rhône (Par Raoul Busquet & Joseph Fournier, sous la direction de Paul Mason) : Tome V, Vie politique et administrative, (Marseille, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 1929), p. 207 à 209.

 

[32] AGULHON Maurice, 1848 ou l’apprentissage de la République (1848-1852), (Tome VIII de la Nouvelle Histoire de la France contemporaine), Paris, Seuil, 1973,

 

(réed. 1992), p. 193.

[33] BERTRAND Régis, « Du plan Lavastre aux graffiti du château d’If : les monuments de la seconde République à Marseille », Les amis du vieil Istres, Bulletin n° 21, p. 101-111.

 

[34] OLIVESI Antoine, La Commune de 1871 à Marseille et ses origines, Paris, Rivière, 1950, p. 2.                    

 

[35] Ibid 120, p. 16.

 

[36] GAY Hubert, « Résistance au coup d’Etat du 2 décembre 1851 sur les rives de l’étang de Berre », Les amis du vieil Istres, Bulletin n° 21, p. 96.

 

[37] Ibid 122, p. 97.