Hommage à Jean Piacère
Neffiès : hommage à Jean Piacère La salle polyvalente du village était assez bien garnie ce vendredi 10 juin 2005 pour l’hommage rendu à Jean Piacère, Neffiessois d’adoption, récemment disparu. Andrée Piacère, sa compagne, avait, comme elle sait si bien le faire, parfaitement organisé les choses. Mais parlons d’abord de Jean Piacère. C’était un instituteur représentatif de son milieu : laïque, pacifiste, syndicaliste, il était aussi un homme de culture. Qu’on me permette d’ajouter ici un détail que je dois être un des rares à connaître. Il avait fait partie du comité de rédaction d’un mensuel auquel j’étais abonné et qui s’appelait « L’Ecole et la Nation ». Ceux qui savent ce qu’était « L’Ecole et la Nation » situeront mieux le profond engagement de Jean Piacère ! Avec son épouse il avait investi le village où ils passaient une bonne partie de leur temps de retraite, enrichissant les Neffiessois de l’intérêt qu’ils avaient pour l’histoire de la commune. Celle-ci est très riche, notamment par les événements liés au Coup d’Etat de 1851. C’est en particulier pour les recherches effectuées aux Archives afin de retrouver la trace des jugements des Républicains de l’Hérault qui s’étaient levés contre la forfaiture de Louis Napoléon Bonaparte qu’il faut rendre hommage à l’activité de Jean Piacère. C’est ce que n’a pas manqué de faire Jacques Bonnet. Grâce à ces recherches la liste des victimes de la répression a pu être établie et mise en forme grâce au travail de fourmi d’Olivier Rodriguez. Le résultat c’est un livre, que l’on peut se procurer pour la somme de 20 euros, qui donne le détail du sort de chacun des inculpés par les commissions mixtes. Le document est également présenté sous la forme d’un CD ROM. Pour Jacques Bonnet, Jean Piacère a permis que ces hommes qui se sont levés pour la République ne soient pas restés dans l’oubli. Il a souligné, et cela avait une résonance très actuelle, la place qu’avait prise en 1851 le peuple des petites gens, des anonymes, dans l’histoire. Au préalable Jean-Claude Richard avait rappelé l’importance de l’opposition au Coup d’Etat dans le département de l’Hérault. Il avait également mis l’accent sur la composition de ces commissions mixtes (constituées de représentants du Préfet, de la Justice et de l’Armée), sur le caractère inique de l’instruction et l’arbitraire, c’était sans appel, des sentences prononcées. C’est la première partie de la soirée qui a été la plus émouvante. Le groupe musical « Les Voix de la Resclauze » a su répondre à la demande d’Andrée pour une évocation en chansons de la vie de Jean. Nous avons déjà eu l’occasion de dire tout le bien de ce que nous pensons de ce groupe. Nous avons encore aimé, et dès le début, avec « Le Temps des Cerises ». Le groupe ? Ils étaient six : l’un à la guitare, trois femmes, de belle à très belle (mais là j’avoue que j’ai « un faible assez fort ! »), une voix d’homme remarquable (ah, le « Elsa » d’Aragon mis en musique par Léo Ferré !), l’un à la technique (où il y a eu quelques petits problèmes) qui nous a aussi chanté « Le Déserteur » de Boris Vian. Clin d’œil pour finir avec un pastiche de « A bicyclette ! » le moyen habituel de locomotion de Jean ! Moment émouvant encore avec le texte « Souvenirs » écrit et dit par Andrée Piacère ! Une très belle soirée donc, qui s’est terminée autour du verre de l’amitié. Les Voix de la Resclauze interprétant « Le Déserteur » de Boris Vian Au premier plan Andrée Piacère Photo Olivier Rodriguez Jacques Cros
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