ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE VINON
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE VINON – 16 mars 2002 Rapport de René Merle
Ce rapport est à la fois un rapport d’activités et un rapport moral. J’aurais aimé le préparer dans de meilleures conditions de temps et de tranquillité d’esprit, mais les circonstances de santé familiales ne l’ont pas voulu, et je vous prie de m’excuser de vous présenter un rapport qui n’est sans doute pas aussi complet et stimulant pour l’avenir que je l’aurais souhaité. Notre association s’est créée en 1997, avec pour objectif la commémoration du 150e anniversaire de la résistance républicaine au coup d’état du 2 décembre 1851. Une commémoration digne de l’événement. Nos forces étaient modestes, un petit groupe de Bas-Alpins et de Varois, notre conviction et notre détermination étaient grandes, mais nous nous interrogions bien évidemment sur l’impact que cette initiative pouvait avoir sur la société civile, comme on dit. Nous avons proclamé nos objectifs dans notre premier bulletin, et nous nous y sommes résolument tenus. Que voulions-nous ? – Avant tout manifester notre reconnaissance et notre admiration pour ces “gens de peu”, ces femmes et ces hommes du peuple qui se sont levés en décembre 51, et que l’histoire, l’histoire officielle surtout, a grandement oubliés. – Dans le même mouvement, nous voulions rappeler les idéaux pour lesquels ils s’étaient dressés, ceux de la République, ce mot alors magique auquel ils associaient en toute évidence deux adjectifs : la vraie République, la Bonne, la Sainte, ne pouvait être que la République démocratique et sociale. – Nous voulions aussi témoigner de notre tradition démocratique provençale et languedocienne, à un moment où l’image de notre Sud-Est était terriblement péjorée par l’affairisme, la corruption et la montée de l’extrême droite. – Et, bien évidemment, nous ne séparions pas cette finalité commémorative d’un approfondissement et d’une diffusion de la connaissance de l’événement, en faisant appel à toutes les compétences, à toutes les approches, dans le respect des titres et des légitimités de savoir, mais aussi et surtout dans l’affirmation que, en la matière, je l’ai souvent répété, “Un égale Un”. Cinq ans après cette création, et quelques semaines après la commémoration, le moment est donc venu de dresser un bilan rapide et de nous interroger sur l’avenir.
Quelles qu’en soient les lacunes, le bilan est à l’évidence grandement positif. Vous avez pu le constater à travers la lecture de nos bulletins, ou pour ceux qui ont accès à internet, avec la consultation de notre site.
Pour apprécier ce bilan, il convient de se rappeler de notre orientation dès le début affirmée : Nous voulions d’une part développer nos activités propres, par les rencontres, les conférences, les publications, etc. Mais nous voulions aussi et surtout sensibiliser les collectivités publiques, les universités, les associations, les créateurs, et d’une façon plus générale les citoyens, afin de leur donner l’idée et l’envie de commémorer. Notre but n’était donc pas de vouloir tout faire, mais de donner l’envie de faire, en apportant si on nous le demandait nos compétences et notre participation. C’est ainsi que nous avons œuvré avec deux conseils généraux, de nombreuses municipalités, dont celle de Paris, de nombreuses associations locales, foyers ruraux, associations patrimoniales, bibliothèques., etc. Nous avons aussi œuvré avec des groupes 1851-2001, qui se sont créés dans l’autonomie locale ou départementale, et qui avaient avec notre association un lien formel ou informel :: je pense par exemple aux très actifs groupes de Hyères et de La Garde-Freinet, ou à ceux de l’Hérault. Nous avons également apporté notre documentation aux créateurs (film, théâtre, télé), et notre aide dans la diffusion de leurs créations.
Tout naturellement, c’est dans la proximité géographique que s’est réalisée cette sensibilisation : les Alpes-de-Haute-Provence et le Var d’abord, avec une montée en force impressionnante dans l’année de la commémoration, et des initiatives plus ou moins nombreuses dans des départements voisins, Ardèche, Drôme, Hérault, Vaucluse. Des adhérents au départ isolés dans d’autres régions se sont jetés à l’eau : c’est ainsi que J.P.Damaggio a suscité des initiatives dans le Sud-Ouest (Tarn et Garonne, Lot et Garonne, Gers), et que Paul Cresp a lancé et mené à bien cette superbe initiative parisienne, qui a abouti à la publication d’une brochure avec la mairie de Paris. Par ailleurs, des contacts ont été noués avec d’autres structures commémoratives, un peu en Limousin, et surtout en Bourgogne, avec les amis de l’association Adiamos, de l’Yonne, et avec ceux de Clamecy, dans la Nièvre. Enfin, je tiens à souligner le contact fructueux noué avec l’Université de Provence, initiatrice de précieux travaux de recherche, dont celui de notre ami Frédéric Négrel que nous avons eu le plaisir de publier. Dresser ce bilan en plein est aussi, bien évidemment, une façon de le dresser en creux, c’est-à-dire de mesurer le manque d’audace ou tout simplement le manque d’intérêt de bien des collectivités publiques, départementales et régionales, voire nationales, et les difficultés à donner à cette commémoration une dimension géographiquement nationale.
La caractéristique essentielle de la commémoration dans nos départements du Sud-Est est d’avoir été essentiellement locale : l’insurrection a été communale, et c’est dans chaque commune que l’on a voulu retrouver le souvenir du passé, ou le découvrir, que l’on a salué les résistants, par la causerie, le repas républicain, l’apposition d’une plaque, la publication d’un article, d’une brochure, etc. Ainsi la commémoration remettait en place, je dirais presque spontanément, le réseau horizontal d’initiatives qui caractérisa l’insurrection, et c’est à partir du microcosme local que fut revécue et confrontée au présent la donne politique des années 1848-1851.
Il va de soi que, dans ces cinq années de fonctionnement entièrement bénévole, nous avons rencontré bien des satisfactions, mais aussi des difficultés, des impatiences, des frictions de sensibilité, des incompréhensions parfois. Comment s’en étonner, quand on mesure la somme de travail que cela a pu représenter pour assurer un secrétariat et une trésorerie sans cesse plus sollicités, la publication d’un bulletin qui était initialement annuel et que nous avons voulu bimensuel, la présence sur le terrain, etc, etc. C’est pourquoi je reprends ici, collectivement, la gerbe de remerciements que j’adressais dans l’éditorial du dernier bulletin à toutes celles et à tous ceux qui, dans leur diversité, ont permis à cette association de vivre et de se développer.
C’est donc ce bilan que nous vous demandons d’approuver. À n’en pas douter, la masse de procurations que nous avons reçues, les très nombreux témoignages de satisfaction et d’encouragement (lettres, messages, coups de fils), témoignent de l’approbation de ceux que l’éloignement géographique, la participation à d’autres activités, ou des problèmes de santé, ont empêchés d’être parmi nous.
Mais en vous demandant d’approuver ce rapport, je vous demande aussi, au nom de notre bureau, de donner votre point de vue sur l’avenir. Créée pour préparer et assurer la commémoration de 2001, notre association cesse de fait et de droit son activité, une fois éteints les derniers feux de la commémoration, et les derniers engagements liés à cette commémoration. Ainsi, en ce premier trimestre, nous avons encore répondu à des demandes de participation à des initiatives locales dans le Var et dans les Basses-Alpes. Mercredi prochain nous serons présents et nous interviendrons à l’inauguration d’une place des insurgés par la municipalité de Digne. Il nous faut également achever la publication des Actes de nos deux dernières rencontres, et je vous demande votre aval pour signer avec l’association Alpes de Lumière une convention de coédition de l’ouvrage de notre ami et adhérent Lecoeur consacré à Langomazino. Mais de fait, je le répète, l’association commémorative stricto sensu doit maintenant disparaître, sa tâche accomplie, et bien accomplie. Dans l’avant-dernier bulletin, une lettre de Frédéric Négrel, reprenant un propos tenu au colloque de Sainte-Tulle, ouvrait la réflexion et la discussion sur l’avenir. Je ne sais quel sera votre avis, mais la quasi-totalité des lettres que nous avons reçues expriment le souhait que l’association continue à vivre, sous d’autres formes et avec une autre appellation. [Le rapport est adopté à l’unanimité. R.M fait alors lecture de quelques lettres d’adhérents s’exprimant sur cette perpétuation de l’association, et la discussion est ouverte].
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