Allocution de René Merle au monument des Mées

Allocution de René Merle, président de l’association 1851-2001, prononcée devant le monument des Mées le 7 octobre 2000

 

Le 7 octobre 2000, à l’appel de la Municipalité, de l’Association des Amis des Mées et de l’Association 1851-2001, une foule d’habitants des Mées et de Bas-Alpins ont salué, devant le Monument des Mées, la mémoire des Insurgés républicains de 1851.

 

Mesdames, Messieurs, Chers Amis,

 

Nous célébrons aujourd’hui un événement occulté depuis des générations par l’histoire officielle.

Nous célébrons la lutte de la population bas-alpine, dressée en masse contre le coup d’Etat, la population bas-alpine dressée pour défendre le Droit, défendre la Constitution, défendre la République violentée.

Violentée par son propre président, et par les forces conservatrices qui le soutenaient.

Nous célébrons cette lutte dans un lieu symbolique, les Mées, où les insurgés bas-alpins tinrent en échec l’armée du coup d’Etat. Alors que partout ailleurs, dans le Var et le Vaucluse voisins par exemple, l’insurrection était écrasée…

Ce sont ces milliers d’hommes et de femmes venus de nos hameaux, de nos villages et de nos cités qui se sont dressés pour la République, et non l’appareil d’état, qui a basculé entièrement du côté du coup d’Etat, comme hélas dans d’autres circonstances, plus récentes, de notre histoire.

Et si le peuple insurgé fut extraordinairement respectueux des personnes et des biens, comment ne pas rappeler la sauvagerie avec laquelle cet appareil d’état traita les insurgés, massacrés dans la montagne de Lure, emprisonnés, déportés par centaines en Algérie…

De cet événement majeur, qu’il nous soit permis de tirer un enseignement qui ne sera peut-être pas inutiles dans la période que nous vivons.

La République pour laquelle se sont levés les paysans et les artisans bas-alpins n’était pas la république en place, celle des conservateurs et de leurs intérêts égoïstes. La République que souhaitaient les insurgés était la république démocratique et sociale, celle qui assurerait à chacun le droit au travail, à la propriété, à la santé, à l’instruction. Quand la République n’est pas nourrie de cette espérance démocratique et sociale, quand elle se cantonne dans les misérables jeux politiciens et les profils de carrière, alors les masses s’en détournent, et ce sont les masses qui font l’histoire.

Puisse le souvenir de 1851 nous rappeler que les Républiques sont mortelles, et que leur meilleur rempart est celle de la responsabilité des citoyens.

 

René Merle