Seillans
Seillans Les années tumultueuses : 1848-1852 par Jean Salomone deuxième partie Hausmann n’accepte pas cette nouvelle orientation et les démocrates seillanais sont alors victimes de tracasseries multiples. D’ailleurs tous les militants démocrates du Sud Est sont alors accusés de complot et la situation est des plus tendue. Dès lors la « Nouvelle Montagne » organise un fort réseau de sociétés plus ou moins secrètes : « chambrées » et sociétés de secours mutuels. Cependant, à Seillans, la « chambrée » ne revêt pas encore un caractère officiel car elle s’expose trop à être au mieux dissoute et au pis à être traduite en justice. « Ainsi la chasse à la propagande rouge que fait l’administration aboutit-elle à perturber en profondeur la vie coutumière des villageois. » (Maurice Agulhon) Durant l’automne 1850 des incidents ne cessent de se produire au sein du Conseil municipal, soumis à diverses pressions. Et dès le début de l’année 1851 la situation s’aggrave : « L’an mil huit cent cinquante un et le douze du mois de janvier le Conseil municipal extraordinairement convoqué par M. le Maire en vertu de l’autorisation de M. le Préfet, s’est assemblé dans la salle de la Mairie, à laquelle Assemblée ont été présents MM. Dalmas Jean Joseph cultivateur, Jordany Eugène Hypolithe, Giraud Ignace, Gal Antoine, Gal Joseph, Audibert Léger, tous Conseillers municipaux et Pellicot Honoré Antoine, Maire, président de l’Assemblée. A laquelle réunion M. le Maire expose qu’ayant été nommé à d’autres fonctions il ne peut plus exercer les fonctions de maire de cette commune, qu’il remercie le Conseil municipal de toute la confiance qu’il a daigné lui accorder, qu’il n’oubliera jamais les marques de bienveillance dont il a été l’objet… » Le Maire démissionnaire demande alors au Conseil de faire l’inventaire des archives et « le Conseil municipal après avoir pris connaissance de l’inventaire et des archives reconnaît que tout s’y trouve dans un parfait état et donne pleine et entière décharge à Monsieur Pellicot, ancien maire. » On ne peut nier la gravité de la situation. C’est exactement à ce moment que le parti Républicain seillanais gagne de nouveaux cadres, bénéficiant de l’enracinement populaire de son audience, surtout auprès des bergers, des petits artisans, des manœuvres et des ouvriers agricoles. Tous sentaient qu’un affrontement politique violent était imminent. « Exaspérés ainsi par la méconnaissance de leurs plus justifiables et plus utiles réalisations, rejetés malgré eux vers la bataille politique contre le pouvoir, les ouvriers et les paysans devaient naturellement fournir le gros de l’insurrection de décembre et très précisément dans les communes où le pouvoir avait fort sottement accumulé les griefs. » (Maurice Agulhon) Tel va être le cas de Seillans : Le 6 février 1851 les Conseillers suivants se réunissent, à la suite de la démission de huit anciens conseillers : Guès Louis Esprit, Giraud Esprit François, Giraud Eugène Ignace, Christine Honoré Antoine, Saurin Joseph Pierre, Jordany Eugène Hypolite, Dalmas Jean Joseph, Gal Joseph de Pons, Pastoret Joseph de Pierre, Pellicot Charles Esprit, Cabasse Honoré Athanase, Transtournel Antoine dit Aubet. « Toutes les formalités remplies nous avons installé les huit sus dits premiers nommés membres du Conseil municipal de cette commune en remplacement des huit démissionnaires. » L’élection du Maire et de l’adjoint a lieu immédiatement : « M. Guès Louis Esprit a obtenu quatorze voix, par suite Mr. Guès Louis Esprit ayant obtenu la majorité absolue des suffrages a été proclamé maire de cette commune de Seillans, et de même suite et procédant dans la même forme nous avons procédé à l’élection de l’adjoint… le Sieur Giraud Joseph Emmanuel ayant obtenu quinze voix c’est-à-dire toutes les voix a été proclamé adjoint. » Un des premiers soucis du Conseil est l’équilibre financier de la commune et également l’achat d’une trompette pour le sergent de ville qui « est dépourvu de trompette pour le service de la commune et vu l’urgence le Maire invite le Conseil municipal de voter la somme de soixante francs pour l’acquisition de cet instrument. » Mais il faut également prévoir la reconstruction d’une muraille à l’extrémité des aires publiques, la coupe de mille pins viciés, la mise en état du quartier de la Crotette où des maisons très anciennes se sont effondrées, achever un long procès contre le Sieur Vaille relatif au droit de parcours des Seillanais à Bourigaille, plan de Comps, Boussole, achever une partie de la route n°19, réparer le moulin à farine, régler les questions de prestation en nature des habitants pour les travaux communaux… Comme on le constate les soucis ne manquent pas. Les dépenses s’élèvent d’ailleurs à 9 905F. pour ce qui est habituel, et à 10 507F. avec les dépenses extraordinaires dont cette route n°19. Les recettes n’étant que de 8 700F. la commune accuse un déficit de 1 807F. Cette route n°19 pose bien des problèmes : « le Conseil municipal est à l’unanimité d’avis que le plan d’alignement soit adopté et que la percée de la route dans le pays soit faite au plus tôt, le Conseil municipal a d’autant plus lieu d’espérer que le travail sera bientôt fait que la Commune de Seillans s’est obligée pour une somme de 17 000 francs environ dans le but que la route traverserait le pays. La Commune a déjà donné un acompte de dix mille francs et cette dépense énorme pour elle qu’elle s’est imposée, qui a valu jusqu’à présent le triste privilège de voir la traverse de Seillans toujours ajournée et laissée pour la fin, quoi que le pays se trouve au milieu de la distance que la route parcourt. » Les procès sont toujours aussi nombreux et, en particulier, celui intenté par la Commune au Sieur Trabaud, garde forestier, qui n’a pas exécuté les ordres donnés concernant la coupe de pins dans les Maures. L’atmosphère étant alors assez tendue dans la commune, le 17 août 1851 l’adjoint Giraud Jean Joseph démissionne et c’est Giraud Esprit François qui est élu à sa place. Et à nouveau il est question de cette route n°19 passant au bas du village. Il faut que Seillans « coupe à ses frais et mette à l’alignement de la route l’Hospice dit St Jacques qui se trouve placé sur un des points les plus étroits de la traverse, que le plan d’alignement de la route l’y coupant est dressé et qu’il convient que la commune tienne ses engagements. » L’ancienne maison curiale servira d’Hospice et également servira « pour loger les dames religieuses qui font actuellement avec tant de zèle l’école des filles. » Mais quelle est alors la situation de Seillans en 1851 ? En 1851, Seillans compte 462 maisons abritant 567 ménages.
2 027 habitants dont 2 027 catholiques , 2 024 français d’origine et 3 italiens.
Voici la pyramide des âges des Seillanais en 1851 :
C’est dire combien était jeune dans son ensemble la population seillanaise en 1851, en particulier la tranche des hommes et des femmes entre 15 et 20 ans.
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