page mise en ligne le 6 septembre 2019

document communiqué par Maurice Mistre

Le Petit Dracénois, 29 septembre 1901

Honneur à Martin-Bidouré

Poésie faite en vue de l’érection de son monument à Barjols (Var)

Salut, en ce beau jour, à Martin-Bidouré !

Au brave citoyen sans peur et sans reproche

Qui fut par des Français lâchement fusillé,

Mais revient aujourd’hui, grâce au bronze, à la roche,

Nous montrer qu’ici bas, par un juste retour,

Le droit, flambeau divin, toujours reprend sa place

La force ne pouvant, tel un cruel vautour,

Conserver sa victime en sa serre rapace.

Honorons Bidouré, marchant contre la mort ;

Conservons dans nos cœurs à jamais sa mémoire ;

Montrons à nos enfants la grandeur de son sort,

Donnant, à ce martyr, l’auréole de gloire.

Répétons-leur toujours, c’était un citoyen,

Un brave travailleur, un homme sans science,

Qui n’avait au pays, pas de terre, aucun bien,

Mais ce qui valait mieux : l’honneur, la conscience.

Habitants de Barjols, de Provence ou d’ailleurs,

Admirons, saluons, celui qui fut victime ;

Il nous faut l’imiter, pour devenir meilleurs

Et pouvoir, comme lui, résister à tel crime.

Souvenons-nous sans cesse, en le voyant ici,

Que Bidauré Martin fut un homme héroïque,

Qui, deux fois fusillé, sans demander merci,

Succomba pour la France et pour la République.

Cannes, le 28 août 1901

Pierre Chabuel