Souvenirs historiques de Pierre Joigneaux
Ouvrage numérisé par Jean-Pol Weber et Luc Hiernaux. La saisie du texte respecte, le plus scrupuleusement possible, la typographie, l’orthographe et la ponctuation de l’ouvrage. SOUVENIRS HISTORIQUES de PIERRE JOIGNEAUX Ancien Représentant du peuple, ancien Député, Sénateur de la Côte-d’Or
TOME SECOND [page 5] Deux jours dans la Sarthe avec Ledru-Rollin Les hommes de ce temps-ci se figurent que Ledru-Rollin était déjà très en vue dans le parti républicain avant sa campagne des banquets réformistes de 1847-1848. Ils se trompent. Son adhésion à nos principes était de date trop récente. On se rappelle qu’il fit son entrée chez nous en avocat de talent par une protestation contre l’état de siège et un remarquable mémoire sur les massacres de la rue Transnonain, en avril 1834. C’étaient sans doute des titres sérieux ; mais si on connaissait les écrits, on connaissait à peine l’homme. [page 6] Or, à cette époque mouvementée et fiévreuse, nous nous attachions surtout aux personnalités militantes, chevronnées, aventureuses, promptes à la conspiration et aux coups de fusils. Ledru, qui n’avait pas reçu le baptême de la persécution, qui n’avait pas été de la Société des amis du peuple, ni de celle des Droits de l’homme, ni des Saisons, ni des Familles, manquait par conséquent de titres à la popularité. Nos forces républicaines se trouvaient dans les ateliers et dans les écoles. Étudiants et ouvriers se sentaient alors les coudes, vivaient en parfaite intelligence et ne faisaient qu’un. Dans ce monde remuant, les noms populaires étaient ceux de Godefroy Cavaignac, Kersausie, Barbès, Blanqui, Martin Bernard, Cabet, Raspail, Récurt et de quelques autres encore. Louis Blanc et Lamennais n’avaient qu’une autorité d’écrivains, l’un à cause du journal le Bon Sens, qu’il rédigeait, l’autre à cause de ses Paroles d’un croyant et de son Livre du peuple ; mais ces deux célébrités se tenaient à une certaine distance du public de la rue et n’avaient pas de fréquentations suivies avec les républicains conspirateurs et militants. Ils étaient étrangers à leurs mœurs et à leur vie souterraine ; ils appartenaient par leurs manières, leur éducation, leurs réactions habituelles, à la catégorie des bourgeois avancés qui s’étaient inspirés et d’abord de la Tribune et plus tard de la Réforme, tandis que les bourgeois réputés timides marchaient avec le National. A qui donc fera-t-on accroire que Littré, Armand [page 7] Carrel, Bastide, Charras, Caylus, Félix Pyat, étaient des timides parce qu’ils écrivaient dans le National, tandis que Ferdinand Flocon et Ledru-Rollin étaient des casse-cous et des socialistes enragés parce qu’ils écrivaient dans la Réforme ? La vérité, en tout ceci, c’est que la Réforme eut la bonne pensée et la hardiesse de faire campagne à côté d’Odillon-Barrot, qui ne tenait point à sa compagnie, et que les banquets réformistes de Dijon, de Chalon-sur-Saône et d’ailleurs mirent en pleine lumière le talent oratoire de Ledru. Je le vis au banquet de Chalon, vers la fin de 1847 ; je le retrouvai au Palais-Bourbon le jour de l’ouverture de la Constituante et renouvelai connaissance avec lui. Après la démission de la commission exécutive, je rencontrais Ledru de temps en temps au fumoir de l’Assemblée. Un jour que nous étions là sur la première banquette de gauche, un collègue vint tout ému lui annoncer qu’il était à la tribune l’objet d’attaques grossières et diffamatoires. – Cela m’est bien égal, dit Ledru, j’y suis habitué. – C’est possible, reprit notre collègue, mais vos amis ne s’y habituent pas ; ils sont indignés et ils vous demandent de faire aux attaques odieuses la réponse qu’elles méritent. Ledru conservait son calme, continuait de fumer son londrès et s’obstinait à ne point se déranger. Notre collègue insista de nouveau, saisit amicalement Ledru par le bras et le décida à se rendre à la Chambre. J’avais également insisté de mon côté. [page 8] Arrivés tous les trois dans le couloir, Ledru nous fit encore des difficultés. – Je n’ai rien entendu, disait-il. – Soit, lui fut-il répondu, mais il y a là-haut, dans les galeries et les tribunes, un public qui a entendu l’orateur parler de vol et de libertinage ; voyons, reprenez votre place et demandez la parole. Ledru résistait toujours ; il finit cependant par céder et ce fut à cette occasion qu’il prononça, sans y être préparé, son plus magnifique discours. Dans une Assemblée ou un Parlement, on apprend à connaître les orateurs, mais on n’apprend pas à connaître les hommes. Les orateurs posent toujours un peu, comme posent les acteurs au théâtre. D’aucuns les aiment bien ; pour mon compte, je les aime autrement. J’ai mieux vu et mieux compris Ledru-Rollin pendant les deux jours d’un voyage que nous fîmes ensemble au Mans, que pendant les treize mois de la Constituante. Il avait été, sous le règne de Louis-Philippe, député de la Sarthe, après la mort de Garnier-Pagès l’aîné ; les électeurs de là-bas ne l’oublièrent point. Quand vint le moment de s’employer aux élections de la Législative, les Manceaux organisèrent une réunion et écrivirent à Ledru pour le prier de s’y faire entendre et de me transmettre la même invitation ainsi qu’à notre collègue Félix Pyat. Ledru accepta l’invitation et demanda à Félix Pyat de l’accompagner. Celui-ci s’y refusa parce qu’il fallait pas- [page 9] ser une nuit en diligence. Quant à moi, j’acceptai sans hésiter, quoique en mauvais état de santé. C’était un samedi. Ledru me donna rendez-vous pour trois heures quarante-cinq minutes dans la cour des Messageries nationales. Je n’y manquai pas. Ledru n’arriva pas à l’heure et je craignis un moment d’être forcé de partir seul. Quatre heures sonnèrent, Ledru n’arrivait point. Les voyageurs, appelés nominativement, occupaient leurs places. Je priai le conducteur de ne point partir et d’imaginer un prétexte pour retarder le plus qu’il pourrait. Il y mit toute sa bonne volonté ; mais les voyageurs montrèrent bientôt de la mauvaise humeur, puis de l’impatience et finirent par se récrier. Ils ne pouvaient pas admettre que pour un seul voyageur on indisposât tous les autres. Enfin, au bout d’un quart d’heure, Ledru arriva et raconta qu’il avait été retenu à l’Assemblée par une discussion violente dans laquelle il avait dû intervenir. C’est ce jour-là, en effet, qu’il rappela la visite scandaleuse d’un collègue réactionnaire qui, de suite après la Révolution de février, était allé au ministère de l’intérieur lui proposer de réunir les principaux banquiers de Paris dans son cabinet, de donner un tour de clef et de les forcer à verser 30 millions pour faire face aux difficultés de la situation. Celui qui avait soumis à Ledru ce joli projet de guet-apens lui avait en même temps proposé de se charger lui-même de l’exécution. Ledru l’avait nécessairement accueilli de la façon qu’il méritait de l’être. [page 10] Le lendemain, dans la matinée, nous étions au Mans très fatigués l’un et l’autre. Vers dix heures, je crois, commença l’arrivée des délégués républicains du département de la Sarthe, qui furent reçus dans une grande salle de maison où nous étions descendus. Il en vint de toutes les directions environ deux cents. Ledru n’était pas en état de les recevoir ; il crachait le sang, ce qui lui arrivait trop souvent. Il me dit qu’il avait besoin d’un repos absolu de deux heures et que je l’obligerais en allant l’excuser avec les délégués. Ceux-ci me connaissaient par les Lettres aux paysans publiées dans la Réforme et reproduites dans le Bonhomme Manceau, journal de la localité fondé par notre ami Louchet. Je fis bien accepter aux délégués les excuses de Ledru, qui devait se préparer par le repos aux rudes fatigues de l’après-midi. La réunion était fixée vers deux heures dans une île voisine de la ville, où l’on avait disposé une tribune, des tables et des bancs. Je causai de toutes sortes de choses avec les délégués de la Sarthe, notamment des diverses écoles socialistes, et d’une façon très familière. Les deux heures de bavardage se passèrent vite ainsi, sans fatigue. J’allais continuer quand on vint m’annoncer qu’un citoyen, venu de je ne sais plus où, désirait m’entretenir un moment. Je sortis de la salle et trouvai dans le corridor un paysan qui me montra beaucoup de cordialité et me dit qu’il voulait serrer la main de Ledru. Je lui répondis [page 11] qu’il n’y fallait pas songer pour l’instant, qu’il le verrait dans l’après-midi. Il insista en me faisant observer que dans l’après-midi il ne le verrait pas et il ajouta qu’il ne voulait que lui presser la main et se retirer de suite après, sans prononcer un mot. Je présentai donc le paysan, qui me parut l’homme le plus heureux du monde. – Pas un mot, dis-je à Ledru, une poignée de main seulement et rien de plus. Vous allez voir que ma recommandation ne servit de rien. – De quel canton de la Sarthe êtes-vous donc, citoyen ? demanda Ledru. – De X…, à une quinzaine de lieues d’ici. – Alors vous être venu en diligence ? – Il n’y a ni grande route, ni diligence, citoyen ! – Par conséquent, demain, il vous faudra recommencer la route à pied ? – Pas demain, mais tout de suite. – Comment ! tout de suite ? s’écria Ledru ; c’est impossible, mon brave homme ; si vous n’avez pas au Mans une auberge où loger, vous reviendrez ici, et au besoin vous prendrez mon lit. – Vous êtes bien honnête, citoyen ; soyez tranquille sur mon compte ; le contentement donne des jambes, et je vais m’en aller content de vous avoir vus tous les deux, de vous avoir causé et de vous avoir donné une poignée de main. Je ne suis venu que pour cela, point pour autre chose. [page 12] – Voyons, reprit Ledru, vous n’êtes pas forcé de rentrer aujourd’hui même ? Est-ce que le travail commande ? Est-ce que vous manquez du nécessaire pour passer une nuit au Mans ? – Non, citoyen, j’ai quitté la maison dans la nuit sans dire où j’allais, et je suis pressé de rentrer parce que ma pauvre femme est malade. Vous pensez bien qu’en présence d’un argument puissant nous ne cherchâmes plus à le retenir ; mais à peine était-il sorti que Ledru, fortement impressionné, me passa les bras autour du cou, pencha sa tête sur mon épaule et me dit, les yeux mouillés de larmes : – Ah ! mon cher ami, quel homme de dévoùment et de cœur nous venons de voir ! ceux qui le tromperaient seraient de grands scélérats. Après cette scène émouvante, Ledru se rendit au milieu des délégués, qu’il remercia affectueusement de leur bonne visite. Le moment de se mettre en marche pour le lieu de la réunion était venu. La garde nationale du Mans, sous les ordres de son colonel Louche, se tenait en bas l’arme au pied et formait une double haie. C’était bien un peu, comme on nous l’affirmait, pour rendre la circulation facile aux invités, mais c’était surtout pour les protéger au besoin contre les séides de la réaction. Celle-ci avait prémédité un mauvais coup, dont on ne parlait pas, mais dont nous étions prévenus, cependant. Nos ennemis politiques avaient raccolé 40 ou 50 individus du port, [page 13] qui devaient rompre les lignes de gardes nationaux au détour d’un pont et nous empêcher de passer pour aller dans l’île. On avait, nous a-t-on affirmé, donné deux francs à chacun d’eux, et vous conviendrez que de solides auxiliaires à ce prix n’étaient pas chers. Lorsque nous arrivâmes près du pont, une bousculade eut lieu, mais les lignes rompues se reformèrent aussitôt. Les troubles sérieux que l’on espérait ne se produisirent point et les gens qui avaient promis de nous jeter à l’eau s’arrêtèrent devant les dangers de l’entreprise. Ils se contentèrent de courir en avant et de s’emparer d’une partie des places que les organisateurs de la réunion électorale avaient réservées dans l’île à leurs invités. C’était déjà trop, car l’on pouvait craindre, après cela, qu’il y eût du tumulte pendant les discours. Il avait été convenu que je prendrais le premier la parole. C’est toujours par une petite pièce d’ailleurs que commencent les grands spectacles. Ma petite pièce consistait en un manuscrit de cinq ou six pages, dans lesquelles j’exposais les avantages de la solidarité sous des formes simples et saisissantes, à la portée du public auquel j’allais m’adresser. Je savais d’avance que je ne rencontrerais ni contradiction ni hostilité violente. Je parlai des sociétés de secours, des assurances mutuelles, des sociétés de consommation et de production, et après chaque paragraphe fortement accentué, je demandais doucement à mes auditeurs ce qu’ils pen- [page 14] saient de cela. Il me criaient bravo et battaient des mains. Tout de suite je répondais : – Eh bien ! mes amis, c’est pourtant du socialisme. – Ah ! si c’est ça, c’est bon, reprenaient-ils ; allez toujours. J’obtins un assez joli succès, après quoi je quittai la tribune de plein vent pour aller me mêler à la foule et m’asseoir à l’extrémité d’une table. En définitive, les grandes colères me parurent calmées lorsque vint le tour de Ledru-Rollin. C’est contre lui qu’on avait excité les individus du port, et il était possible encore que les mauvaises intentions se réveillassent. Je le craignis un moment. J’avais à ma droite un voisin dont la mine marquait mal et qui ne me disait mot. Tout à coup, il se mit à siffler et à crier : A bas les rouges ! – Que vous ont-ils donc fait, les rouges ? lui demandai-je. – Rien du tout, mais je suis payé pour crier cela. – Combien avez-vous reçu ? – On m’a donné trente sous. – Ce n’est guère, dis-je à ce malheureux. Voici trois francs, taisez-vous. Il prit l’argent et se tut. Pendant ce temps-là, Ledru montait à la tribune. Comme corpulence, c’était un homme superbe ; pas un débardeur du Mans ne le valait. Tous avaient le regard fixé sur lui ; ils étaient silencieux ; ils admiraient sa contenance et ne songeaient pas à l’injurier. On leur [page 15] avait recommandé d’interrompre le tribun aussitôt qu’il prendrait la parole ; ils ne l’osèrent pas ; tout au plus risquèrent-ils quelques exclamations qui n’étaient pas désobligeantes, comme celle-ci, par exemple : – Mâtin, le bel homme ! comme il est bâti ! quelle bonne figure ! pas possible que ce soit un rouge et un brigand ! Il était évident que les débardeurs étaient sous le prestige et que leur conquête était à moitié faite. Ledru commença son discours. Le silence le plus complet se fit partout ; on eût entendu voler une mouche. Je ne sais pas si tous les auditeurs le comprirent, mais tous les débardeurs trouvèrent qu’il parlait bien et qu’il n’y avait pas un avocat au Mans pour lui rendre des points. Voilà ce qu’on disait à voix basse autour de moi. On écouta ainsi le grand charmeur pendant une bonne demi-heure sans l’interrompre. Au bout de trois quarts d’heure on commençait à lui sourire ; au bout d’une heure on n’y tint plus, les applaudissements éclatèrent, et j’estime que si le discours avait duré davantage, ceux qui avaient promis de jeter le tribun à l’eau l’auraient emporté en triomphe sur leurs épaules. Comme le temps menaçait, nous dûmes retourner au Mans précipitamment, très contents, vous n’en doutez pas, de notre excellente journée. A peine rentrés, une pluie torrentielle tomba. La place était pleine de curieux, toujours de plus en plus avides de voir Ledru-Rollin et de le saluer. Il ne recherchait pas ces démonstrations, et il m’exprima la peine qu’il ressen- [page 16] tait à l’aspect de cette multitude de curieux, s’obstinant à rester sous ses fenêtres malgré une pluie battante qui ne finissait point. Pour lui c’était un supplice, et, pour échapper à ce supplice, il demanda aux quelques amis qui nous entouraient le service de faire courir le bruit que nous venions de partir en voiture dans la direction du Grand-Lucé. Le bruit se répandit bien vite ; bientôt on ne douta plus de notre départ, et la foule, trempée jusqu’aux os, se dispersa. Nous passâmes une soirée et une nuit tranquilles. Quand je dis tranquilles, je me trompe. Ledru se trouvait dans un état de lassitude extrême, et, de mon côté, je me sentais abattu par la fièvre. Ledru s’en inquiéta plus que de raison. Il me demanda de laisser ouverte la porte de ma chambre, voisine de la sienne ; et à cinq ou six reprises pendant la nuit, il se leva pour venir prendre de mes nouvelles, et j’eus de la peine à le rassurer. Il ne dormit guère, cette nuit-là, malgré le besoin de repos qu’il avait, tant je lui causai d’inquiétude. Le lendemain, de grand matin, nous prîmes la diligence à quelques pas seulement de l’hôtel ; nos adieux à nos amis avaient eu lieu la veille, et il restait entendu que personne ne nous accompagnerait à la voiture. Nous ne vîmes personne en effet ; la solitude fut complète ; nous prîmes nos places silencieusement dans l’intérieur de la diligence qui allait suivre laroute [lire la route] de Château-du-Loir. Quatre voyageurs qui nous étaient [page 17] inconnus occupaient notre compartiment. Nous leur étions, nous aussi, parfaitement étrangers. Au moment du départ, un homme à cheval nous dépassa et se mit à galoper. Qui était-il ? où allait-il ? Nous l’ignorions et n’en prenions pas souci. Avant d’arriver au premier relai, nous passâmes par un misérable petit bois de pins, dans une localité qui me parut bien triste. A l’entrée de ce petit bois, sur la gauche, se trouvait une maison de modeste apparence. Un homme en sortit au bruit de la voiture et dit au conducteur de descendre et de faire halte. Le conducteur ne se le fit pas dire deux fois ; la voiture s’arrêta, notre portière s’ouvrit et on nous apporta un plateau chargé de biscuits et de six grands verres de muscat. Tous les voyageurs furent invités gracieusement à prendre leur part de la bienvenue que l’on souhaitait ainsi au passage à deux représentants du peuple. Cette gentillesse dans la traversée d’un bois de pins, en pleine sauvagerie, fut pour nous une surprise charmante. Des biscuits et de l’excellent vin muscat dans une maisonnette de pauvres gens ne se voient pas souvent, et nous nous souvînmes du cavalier du Mans, qui bien certainement nous avait ménagé cette surprise, dont j’ai toujours ignoré le nom. Nous nous arrêtâmes à Château-du-Loir, où, grâce à la discrétion de nos compagnons de route et du conducteur, Ledru-Rollin eut la joie d’échapper à une ovation qu’on se proposait de lui faire. Huit jours après notre retour à Paris, Ledru-Rollin [page 18] se rendait à Moulins sur l’invitation de notre camarade Félix Mathé. C’est là, on se le rappelle, que des malfaiteurs royalistes le saluèrent à coups de fusil qui, heureusement, n’atteignirent que sa voiture. Quand Ledru rentra à Paris, il me parla de ce beau fait d’armes de la réaction et me dit que j’avais eu de la chance d’être malade, attendu qu’il m’aurait eu certainement pour compagnon de route, et que j’aurais passé à Moulins une journée périlleuse et désagréable.
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