La vie de François ALEM-ROUSSEAU
conférence de Renée Courtiade à Aubiet La vie de François ALEM-ROUSSEAU (1793 – 1868)
Né à Aubiet Député de la Constituante (1848) Maire d’Auch
François, Rousseau (écrit Roussau sur l’acte de naissance) Il est né le 21 décembre 1793 à Aubiet dans la ferme Bentajou située près de la gare actuelle. Son père lui donne comme prénoms François, Rousseau dont il fera Alem-Rousseau vers 1820. Je pense qu’il est l’aîné. Je n’ai pas trouvé l’acte de mariage de ses parents. Son père, ses frères, sœurs et neveux s’appellent tous Alem. Son pèreJoseph ALEM, cultivateur propriétaire, décédé à Aubiet le 2-9-1830 Sous la Révolution il signe l’inventaire des objets de l’église fait par le curé constitutionnel. Idées libérales, et cultivé : admirateur de Rousseau puisqu’il choisit son nom comme prénom de son fils. Dans le Gers près d’Auch pendant un demi-siècle un homme a su créer dans son château un foyer intellectuel très intense qui rayonnait sur tout le pays environnant (G. Brégail) : Anne-Marie Daignan Marquis d’Orbessan, (1716-1796), Président à mortier du Parlement de Toulouse dont il démissionne en 1749 pour se consacrer à l’art, la littérature, les sciences, l’agriculture. Il avait un profond respect du travail des paysans qui disent de lui, quand il est emprisonné par les Jacobins au pouvoir à Auch, qu’il a toujours été l’ami du peuple. Et ils demandent sa libération. En 1803, son énorme bibliothèque a été vendue aux enchères et la bibliothèque d’Auch a acheté plusieurs volumes choisis par une petite équipe d’intellectuels dirigée par le préfet Balguérie. Tout cela, tant de son vivant qu’au moment des enchères, a suscité des débats dans la ville. Ce qui explique peut-être qu’un paysan comme Joseph Alem connaisse Rousseau. Il se peut aussi qu’Alem ait rencontré le marquis d’Orbessan dans la loge de Saint-Jean des Arts à l’Orient, loge maçonnique implantée à Auch et dont le marquis était membre et le Préfet Balguérie vénérable.
Sa mèreMarie (ou Marie Louise) DOMPNIER. Très croyante et pieuse. Sa famille était implantée sur le domaine en Martinon dont elle héritera. J’ai trouvé 5 autres fils de Joseph et Marie-Louise : 4 grâce à leurs actes de naissance – Bernard ALEM né le 28-11-1795, propriétaire à Aubiet ; – Joseph Antoine ALEM né le 17 janvier 1797 – Joseph ALEM né le 28-12-1798 – Antoine ALEM né le 11-3-1801 – Jean-Baptiste Bernard ALEM né le 19-9-1806 Et peut-être un 6ème d’après son acte de mariage à Aubiet en 1818 avec Marie d’Etchevera, fille d’un avocat de Dax : Jean Antoine Alem qui était alors installé à Dax depuis plusieurs années, il est dit rentier.
Son frère Antoine receveur particulier bénéficie d’un avancement en 1848 ce qui sera reproché à Alem- Rousseau par l’Opinion (journal conservateur qui en fait sa cible préférée). Sur son acte de décès, le 7 octobre 1869 à Aubiet, il est dit percepteur. Aucun ne joue de rôle politique
François Alem-Rousseau se marie le 17 octobre 1832 à Auch avec Marie Louise ARDIT. L’acte de mariage nous révèle beaucoup sur cette famille : le voici. – François Alem-Rousseau né à Aubiet le 21 décembre 1793 avocat demeurant à Auch, fils majeur de feu Alem Joseph décédé à Aubiet le 2 septembre 1830 et de Dame DOMPNIER (ou Dompnies) Marie Louise hte Aubiet, procédant du consentement de M Jean-Baptiste Marcet propriétaire ht Clermont (Gers) procureur fondé de Dame Dompnier veuve Alem – Marie-Pierre Vaudre ( ?) ARDIT ht Auch née à Auch le 18 brumaire an 12, fille majeure de feu Barthélémi décédé à Auch le 16 11 1829 et de Dame POMÈS (ou Somès) Jeanne Marie ht Auch. Les époux déclarent qu’il est né d’eux 2 enfants. Effectivement deux enfants sont nés avant le mariage, l’un à Toulouse, Louis Émile Rousseau né le 10-8-1827, l’autre à Lasseube-Propre Marie-Louise Félicité Laure née le 2 septembre 1829. Ainsi Alem-Rousseau donne, à son fils aîné, lui aussi, des prénoms se référant explicitement à Rousseau : Émile et même Rousseau. Et surtout nous pouvons imaginer un père, Joseph Alem, si sévère et si sensible au qu’en dira-t-on, que Alem-Rousseau, pourtant âgé de plus de 30 ans cache son couple illégal. A moins que la famille Ardit ne déplaise aux ALEM. Ou l’inverse. On remarque aussi que la mère d’Alem se fait représenter alors que les parents de Marie-Louise sont présents. Si quelqu’un dans la salle en sait un peu plus… Cela pourrait éclairer la personnalité de notre personnage.
Deux autres enfants naîtront : Marie Louise Joséphine Gabrielle née le 19 mai 1835 à Auch ; et Joseph Louis Antoine dont je n’ai pas trouvé l’acte de naissance. Je n’ai aucun autre renseignement sur les descendants et les collatéraux d’Alem-Rousseau, j’espère en recueillir auprès de vous. François ALEM-ROUSSEAU est avocat au barreau d’Auch jusque pratiquement sa mort. Propriétaire après la mort de son père. Il n’a pas de fortune d’après les rapports de police qui le concernent. D’après Péré il souffrait de palpitations cardiaques, de fièvres fréquentes. Vive sensibilité. De santé fragile. Il se plaint souvent de sa santé mais est mort âgé pour l’époque (75 ans) Tempérament ardent, frondeur quand il était jeune. Nerveux, un peu instable. Esprit de conciliation à l’âge mur.
Nous allons aborder maintenant son histoire, ce pour quoi nous sommes ici. Pour approcher le rôle historique de cet homme j’ai utilisé des publications (Dagnan, les bulletins de la société archéologique, les dictionnaires des parlementaires qui sont en ligne sur le site de l’Assemblée nationale…) mais j’ai aussi exploité les documents d’archives du Gers et de la Haute-Garonne plus particulièrement ceux de la série M. Cette série renferme tout ce qui vient de la préfecture dont les dossiers de police. Je lis donc beaucoup de dossiers de police parce que ces républicains étaient très surveillés et Alem-Rousseau n’y échappe pas. Ainsi les policiers du 19ème siècle nous apprennent beaucoup même s’il faut toujours garder l’esprit critique.
Sa vieSoldat dans les dernières guerres de l’Empire, plusieurs fois blessé lors des campagnes de 1812-1813. Il démissionne sous la Restauration. Après la chute de Napoléon, il se fixe à Paris où il étudie le droit et s’occupe de propagande politique et écrit dans les journaux d’opposition. Il exerce une sérieuse influence sur la jeunesse étudiante, est l’un des orateurs de la loge républicaine « des Amis de la vérité », écrit des lettres contre le préfet de police et est considéré comme un des étudiants les plus compromis de la capitale. Il est membre influent de la Loge républicaine « des Amis de la vérité », proche des Carbonari. Ou de la charbonnerie si on veut franciser le nom. C’est un mouvement né en Italie du sud en 1807 contre la royauté de Murat beau-frère de Napoléon Ier et nommé par lui roi de Naples. C’est un mouvement républicain avec une pratique très prononcée du secret et qui mène de nombreux complots. Il s’est implanté en France à partir de 1818 et a touché en particulier les jeunes soldats comme les 4 sergents de La Rochelle. (Bories Jean François né à Villefranche de Rouergue).
Après le meurtre du jeune Lallemand, tué par une sentinelle des Tuileries, il est arrêté pour avoir dirigé la manifestation organisée sur la tombe de la victime. Lors du procès, il présente lui-même sa défense et est acquitté. « Le Moniteur », contre tout usage, publie l’allocution Il est expulsé de l’université et en 1823, le préfet de police le renvoie de Paris ; il rentre à Auch en faisant des détours pour propager les idées des carbonaris .
Il termine sa licence de droit à Toulouse et se fixe à Auch comme avocat en 1823. Il semble y avoir subi une campagne de calomnies et polémique avec les avoués. Ce qui ne l’empêche pas de se faire une clientèle en particulier grâce au procès de Mme Lacoste accusée d’avoir assassiné son mari riche propriétaire de Riguepeu ; il réussit à la faire acquitter. Il est aussi réputé pour prendre en charge les procès concernant les questions sociales. Et d’après Peré entre 1842 et 1843 sur les 12 affaires jugées au tribunal d’assises d’Auch, Alem obtient 5 acquittements dont celui de Mme Lacoste. Il acquiert très vite une grande notoriété. Sur le plan politique C’est un « républicain de la veille » par éducation familiale. Le 8 août 1830 il est nommé à l’unanimité adjudant major de la Garde nationale ; mais trouvant le nouveau pouvoir trop jeune il refuse. C’est à ce moment-là qu’il réussit à faire renoncer à la destruction de la croix de mission. Et très vite il s’oppose à la Monarchie de Juillet. Le 23 octobre 1831 Alem est nommé au conseil municipal d’Auch avec Boubée, David, Soullier…. Habile négociateur, il sait emporter l’adhésion de ses collègues. En 1833 il quitte le conseil municipal qui soutenait la politique de Louis-Philippe. Dès 1834 il est un des chefs du parti Républicain à Auch. Il fonde un journal républicain en 1834, « Le pays » qui sera en butte à la censure : Le journal parait 3 fois par semaine, est souvent suspendu et s’arrête au bout de 8 ans. Il y écrit de nombreux articles.
Son rôle sous la Seconde République Chute de Louis-Philippe et formation du gouvernement provisoire connus à Auch dès le 25 février par une dépêche de Ledru-Rollin. Des groupes se forment devant l’hôtel de ville commentant l’évènement ; le maire, Duran, démissionne ; le lendemain une foule envahit la mairie, une commission provisoire est nommée, formée de 7 membres dont Alem-Rousseau. Le préfet étant en congé, la Commission nomme Alem-Rousseau chef de l’administration départementale. Il convoque la Garde nationale pour le 27 et harangue la population. Le 28 la Commission proclame la République (proclamation rédigée par Alem-Rousseau). ▬ En tant que préfet par intérim (6 jours) il est efficace, il essaie d’agir par la persuasion et non par la force, il maintien la paix et prend des décrets : Canteloup est nommé président de la Commission municipale d’Auch. Le 29 février il envoie une circulaire à tous les maires leur enjoignant de proclamer la République et de réorganiser les gardes nationales. Il est suivi et, partout en même temps, s’installent des commissions provisoires. A Aubiet c’est dès le 29 février que la République est proclamée par le maire, Amade qui se retire après avoir remis les clefs de la mairie à la Garde nationale. Les gardes nationaux nomment immédiatement par acclamation une commission provisoire : Amade, l’adjoint Biane et Mouton. Le 5 mars ont lieu dans toutes les communes, les élections des officiers de la garde nationale (par les gardes eux-mêmes). A Aubiet cela s’envenime : une grande partie de la population conteste la nomination de la commission provisoire et manifeste bruyamment sous la halle. Les commissaires avertis essaient d’apaiser la foule et s’engagent à organiser des élections. En attendant Amade propose de nommer 6 autres personnes mais 5 refusent : ils ont réclamé le suffrage ils ne peuvent donc accepter une nomination. Le 25 mars le Commissaire de la République tranche en ajoutant à la commission : Bonnemaison, Alem, Martet, Dubos et Meau.
Dans le Gers comme partout en France des clubs se forment, clubs de réflexion et de débats ouverts à tous : les clubs sont des lieux d’émulation, mais surtout d’instruction pour tous. (Club d’Auch). Il s’en crée un à Aubiet d’après une lettre datée du 20 juin 1848, signée par l’instituteur communal, Contagnères ( ?) : immédiatement après l’avènement de la République un club s’établit à Aubiet, il fut très représenté jusqu’à l’élection des représentants époque à laquelle il a cessé d’exister. dans ce club je me permis de donner lecture de quelques numéros du bulletin de la République en soutenant que l’impôt des 45 centimes était d’une nécessité absolue et que l’acquitter au plus tôt était faire acte de patriotisme. Les adversaires de cet impôt, qui sont très nombreux ici, me poursuivent depuis lors de leurs sarcasmes et de leurs invectives… Le dimanche des Rameaux, environ 500 d’entre eux se ruèrent autour de mon domicile et voulaient m’en expulser. Dagnan donne cette précision : le club d’Aubiet offrait un spectacle original. Des tribunes étaient réservées aux femmes. On avait organisé des chœurs de jeunes filles et les discussions politiques étaient coupées de chants patriotiques. Si l’on en croit les clubistes, l’effet était charmant et la présence des femmes influait heureusement sur le langage des orateurs et le maintien de l’auditoire . Je laisse à Dagnan la responsabilité de ses propos concernant la place des femmes. Quant à moi je n’ai rencontré dans les documents que très très peu de femmes. J’aimerais savoir où se réunissait ce club..
Alem-Rousseau exerce ses talents de débatteur à Auch où il y a 2 clubs ennemis, l’un animé par Canteloup (le club Larée du nom du propriétaire de la maison) l’autre par Alem. Les débats sont brouillons, passionnés où mornes si un intervenant refuse de lâcher le crachoir. C’est pour cela que le Club général d’Auch rédige un règlement avec obligation de fixer un ordre du jour lors de la séance précédente. Ce club se réunit au théâtre ; tout citoyen peut y participer à condition de contribuer au paiement des frais. Les participants reçoivent une carte. A Auch, les femmes et les enfants en dessous de 18 ans ne sont pas admis. Il adhère aussi à l’Association démocratique des amis de la Constitution dès sa création au niveau national, le seul du Gers.
Le 29 février un arrêté de Ledru-Rollin nomme Joly commissaire général de la Haute-Garonne et du Gers. Joly délègue ses pouvoirs à Pégot-Ogier, avocat, membre de la Commission départementale de la Haute-Garonne. Celui-ci prend possession de la préfecture le 6 mars.
▬ La Commission municipale d’Auch est divisée et démissionne mais Pégot-Ogier la maintient et nomme Alem-Rousseau maire provisoire en raison des services importants rendus au département. Cette nomination crée des divisions au sein du parti républicain et l’hostilité de Canteloup qui crée un journal dissident, Franc-républicain, géré par l’ouvrier Laborde ; il y met en doute le républicanisme d’Alem-Rousseau accusé de recevoir l’appui des Légitimistes et du clergé. ▬ Se préparent les élections pour la Constituante : Le 20 mars 1848, Alem-Rousseau veut créer à Auch un « club général » avec un ordre du jour et un règlement ; il dit avoir pris depuis 20 ans comme devise : liberté pour tous . Il échoue.
Le Comité d’Alem, soutenu par Pégot-ogier constitue une liste publiée le 1er avril : David, Gounon, Alem-Rousseau, Dupetit, Gavarret, Subervie, Boubée, Carbonneau. Cette liste est très discutée par les autres comités républicains, David étant jugé légitimiste et Alem-Rousseau trop proche de lui. Le préfet monte sa propre liste comprenant Alem-Rousseau et les sous-commissaires entament une tournée dans les campagnes pour la faire accepter.
En fin de compte Alem figure sur 2 listes républicaines. L’élection des 6 représentants de la République du Gers se fait au niveau départemental et les électeurs peuvent panacher. De ce fait sont élus ceux qui sont sur deux ou trois listes. Les « rouges » n’ont pas d’élu. Sont élus : Gavarret ; Alem ; le général Subervie ; David; Gounon ; Boubée; Carbonneau et 1 conservateur : Aylies qui élu aussi dans l’Orne opte pour ce département. L’élection partielle de juin donnera le siège à un légitimiste le marquis de Panat.
Alem Rousseau représentant du peupleAlem-Rousseau siège parmi les républicains modérés majoritaires à l’Assemblée constituante qui ne comporte que 60 républicains avancés dont aucun du Gers. Il intervient peu à la tribune disant qu’il est en mauvais état de santé. Comme la majorité des Républicains, il est effrayé par les journées de Juin et vote les pleins pouvoirs à Cavaignac qui écrase l’insurrection populaire de Paris. Il vote contre les mesures de répression, en vain. Dans son journal, « Le pays », il rend compte de ses votes. A propos du décret sur la transportation des insurgés de juin il écrit : en la compagnie de l’évêque de Langres, de M Victor Hugo […], réunis en comité de « fraternité » j’ai eu l’occasion de regretter bien amèrement que le décret ait confondu les grands et les petits coupables. Il vote contre, quatre fois, l’autorisation de poursuivre Blanc et Caussidière. Et il conclut l’article ainsi : Que maintenant chacun me classe à sa fantaisie ; qu’on fasse de moi un réactionnaire, un ministériel, un montagnard ou tout simplement un républicain modéré et résolu. (Dans « Le pays » du 16 septembre) Son journal nous permet de comprendre qu’il est très conscient des dangers qui s’amoncellent : Le pays du 23 septembre dans son éditorial (non signé) réagit à l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte : Républicains ! Prenez garde à vous ! Les élections de Paris ont donné la victoire au « citoyen » prince Louis-Napoléon Bonaparte. Il peut se créer un parti puissant, ne pas limiter son ambition aux vulgaires honneurs de la tribune, et escalader l’un après l’autre le consulat, la présidence et l’empire.
Pendant l’été, candidat au conseil général, il est battu ; les conservateurs ont repris la main dans le département.
Il soutient, avec le préfet, la candidature de Cavaignac pour les présidentielles. Canteloup lui, reste fidèle à Ledru-Rollin et organise un banquet, le 22 octobre pour populariser ce choix (dans la prairie du moulin de l’hôpital).
Le résultat du vote cause la stupéfaction : 72 000 votants sur 95 000 inscrits (12 000 de moins qu’en avril) : Louis-Napoléon Bonaparte : 57 253 voix ; Ledru-Rollin : 9125 ; Cavaignac : 5946 Donc écrasement des républicains modérés : leur candidat, Cavaignac, n’obtient que 8 % des voix A Auch : 1777 pour Louis-Napoléon Bonaparte ; 736 pour Ledru-Rollin ; 544 pour Cavaignac. A Aubiet : pour Louis-Napoléon Bonaparte : 614 ; 55 pour Cavaignac ; 25 pour Ledru-Rollin.
A l’Assemblée Constituante, Alem continue de siéger sans vagues. Les élections législatives du 13 mai 1849 se préparent toujours dans la division. Deux listes républicaines : – républicains modérés : Alem-Rousseau , Gavarret (1er élu), Carbonneau (2ème élu), Boubée, David, Gounon et le montagnard Duputz (élu). – La liste des montagnards présente Ledru-Rollin, Carbonneau, Gavarret, Duputz. Alem, battu en mai se représente pour les élections partielles de juin et échoue à nouveau. Devant les menaces de coup d’état, Alem-Roussseau opte pour un rapprochement avec les montagnards et fonde un journal Le démocrate dont le premier numéro paraît le 6 novembre 1851 ; il prêche l’union pour défendre la constitution. Raynal en est le rédacteur. Mais le député montagnard Duputz ne veut pas de l’union.
Alem-Rousseau face au coup d’État : Voici le récit par Dagnan de cet épisode : Le matin du 4 décembre quelques républicains modérés, Alem-Rousseau, Boubée…se réunissent rue Balguérie (actuelle rue Alem-Rousseau) à Auch dans les bureaux du Démocrate pour y rédiger une protestation Vers 7 h du matin le procureur reçoit les 2 protestations (celle du Démocrate et celle de l’Ami du peuple ) et donne l’ordre de saisie. Rue Balguérie, s’est regroupée une foule de 150 personnes haranguée par Alem-Rousseau, entouré de Boubée, Caubet gérant du journal … ; le procureur demande la dispersion ; refus d’Alem-Rousseau. Sommations. Le capitaine des hussards ordonne la charge : 4 cavaliers dans toute la largeur de la rue ; quelques hommes escaladent les murs voisins et lancent des pierres touchant le capitaine et un autre hussard. Alem-Rousseau roule sous les pieds des chevaux ; le capitaine de gendarmerie l’entraîne vivement pour lui éviter une blessure et tout le groupe se disperse ; le capitaine entre dans le bureau mais tous les journaux ont disparu. Les hussards et leur capitaine ainsi que le capitaine de gendarmerie et le procureur, accompagnés d’Alem-Rousseau, Boubée… faits prisonniers, se rendent sur la place devant l’Hôtel de ville où règne une grande agitation. Les montagnards se sont organisés en colonnes et essaient d’entraîner d’autres habitants. Le maire d’Auch, Soullier, et les adjoints vont porter leur démission au préfet puis la reprennent en contre-partie de la mise en liberté des républicains modérés. Insurrection dans le quartier de l’Oratoire à Auch.
L’État de siège est proclamé le 8 décembre dans tout le département et dure jusqu’au 7 avril 1852
Alem-Rousseau après le coup d’état Malgré les efforts de ses amis, Alem-Rousseau, en fuite, caché chez des amis, est toujours poursuivi : le procureur, défié devant le Démocrate le 4 décembre, s’acharne contre lui ; dès le 23 janvier la commission mixte l’inscrit dans « Cayenne » avec Canteloup ; puis la circulaire ministérielle du 3 février réserve Cayenne aux repris de justice ; ils sont alors classés Algérie plus ; le maire Soullier intervint toujours. On écrit qu’Alem est malade ; refus de clémence le 17 février par le nouveau préfet Féart. Des démarches sont faites auprès du Ministère de l’Intérieur qui ordonne la clémence. Le 28 août 1852 la peine est commuée en expulsion. Le 21 janvier 1853 le préfet écrit au Ministre de la police générale qu’Alem-Rousseau est rentré dans sa famille le 23 novembre dernier mais qu’il n’a pas reçu l’avis officiel de sa grâce par sa Majesté Impériale. Chose faite le 29 janvier avec cette précision : la transportation avait déjà été commuée en expulsion en août 1852 ; elle est commuée en surveillance depuis le 10 novembre 1852. Le 7 mars 1853 l’Empereur le gracie totalement. Alem a passé ces mois en Espagne, comme beaucoup d’autres condamnés en fuite.
En 1863 il fait partie du Comité électoral pour organiser les élections législatives ainsi que David. C’est son dernier acte politique. Il vit retiré dans la propriété de sa mère en Martinon à Aubiet où il meurt après une longue maladie. Il est enterré dans le cimetière d’Aubiet. En 1881 sa fille Louise Marie Joséphine Gabrielle reçoit une rente de 400 F. Et son fils Joseph Louis Antoine 200 F.
Voici tout ce que je sais sur votre concitoyen. J’aimerais en savoir plus et j’espère que certains d’entre vous pourront corriger des erreurs possibles, apporter des compléments et en particulier me dire s’il a des descendants.
Renée Courtiade
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