Joseph François Louis Estève, résistant de Sérignan
Document Joseph François Louis Estève, résistant de Sérignan (Vaucluse)
La conférence de Jean-Marie Guillon à Barrême (Alpes-de-Haute-Provence) a été l’occasion de rencontrer une personne de Blieux venue nous apporter des documents sur son arrière grand-père, républicain vauclusien engagé dans le soulèvement de 1851, dont sa demande de réhabilitation dans laquelle il raconte son engagement. Patrick Lagoueyte avait, dans ses recherches, rencontré les événements évoqués. Il a transcrit ce document. L’auteur est donc Joseph François Louis Estève, dont la fiche établie par la commission mixte du Vaucluse en 1852 indique qu’il a alors 21 ans (il est né le 28 juin 1830) et porte comme surnom « Le Cavalier ». Il a été condamné à la transportation en Algérie avec la mention moins. Mais il bénéficiera d’une atténuation de peine après le passage dans le Midi de Quentin-Bauchard, le moins sévère des commissaires extraordinaires envoyés par Louis-Napoléon Bonaparte pour rectifier les sentences des commissions mixtes.
Sérignan, le 14 xbre 1880
Monsieur le préfet,
Puisque le gouvernement de la république pence (sic) à ces (sic) défenseurs qui ont été frappé (sic) par le bandit de décembre ci inclus les faits principaux des peines et pertes éprouvé (sic) lors du coup détat (sic) et pendant les vingt années que ce parjure à (sic) régné sur la France. Mon père ayant été nommé Maire par le peuple en 1850, destitué en 51 pour faire place au prépareur (sic) des coups détat (sic), cette commission municipale me trouva debout devant elle au guait-apend (sic) de décembre, fort du droit que nous a donné la Costitution (sic). Le 6 décembre comme président de la Montagne j’invita (sic) nos braves citoyen (sic) au nombre de 150 à aller ce (sic) reposer vue (sic) que depuis 3 jours et nuis (sic) nous étions en éveil les armes à la main, afin d’être mieux prêt (sic), quant (sic) tous fut (sic) partis du cercle, moi je ne me couchais pas de onze heure (sic) à minuit je vis défiler 30 à 35 monarchistes gardes en tête ce (sic) dirigeant vers notre cercle ou (sic) nous avions des armes. Je me suis mis en avant, nous nous rencontrons dans une petite rue et deux gardes viennent sur moi je les tombre (sic), je fais deux pas en arrière et me mais (sic) en garde épée à la main droite et pistolet à la main gauche et défence (sic) leur fut faite de rentrée (sic) dans notre cercle ; à 2 heures dépêche de M. Dézanobie [de Zanobis] président de cercle d’Avignon insinifiante (sic). Le lendemain nous délibérons à Orange que pour démolir le bandit il falait (sic) démolir les télégraphe (sic) ; il fut convenu que Serignan et Uchaux démolirait (sic) celui de Mornas, les citoyens d’Orange celui d’Orange. Et d’autre (sic) celui du Baris (sic pour Barry), le comité prévoyaient (sic) qu’avec ces trois thélégraphes (sic) aériens démolis, il n’y aurait plus de communication de Paris à Marseille. De là la révolution dont devait sortir la république triomphante ; un seul télégraphe fut démolis celui que j’aie (sic) présidé à l’exécution (sic). Cette opération fut si bien dirigeais (sic) que la police du parjure ne put rien découvrir ; si nous n’avons pas rejoint la colonne d’Apt la faute en a été aux chef (sic) d’Orange et d’Avignon. En dernier espoir je fus faire une tourné (sic) Valréas, Vaison, Rouaix (sic pour Roaix), St Roman, Cairanne, Camaret, où nous avons résister (sic) à la patrouille monarchiste avec le docteur Dugat [Dugat-Estubier, médecin à Orange, âgé de 49 ans et condamné à l’expulsion du territoire pendant 5 ans] et Peraut [Auguste Perrand, 45 ans, tailleur d’habits à Camaret, condamné à la transportation en Algérie –plus- mais qui a réussi à s’enfuir en Espagne], toujours propageant nos proclamations. Le 11 je fus à Avignon porter les proclamations pour tanter (sic) un effor (sic) suprême pour renverser l’otocrate (sic), je trouva (sic) une partie de nos amis sous les verrous et puis je falis (sic pour failli) être pris dans la maison Barrillon. Le 16 décembre on vint pour me prendre, je pus me soustraire à leur griffe (sic) mais ils fouillèrent, insultèrent, menacèrent mes parents dont ma pauvre mère ce mit (sic) au lit et la mort vint la délivré (sic) apprès (sic) cinq années de soufrances (sic). A partir du 16 jusqu’au 9 janvier 52, jour où je fus pris par 16 gendarmes et 3 gardes champêtres dans les montagnes du grand Mon-méral (sic pour Montmirail), conduit à Vacqueyras, plusieurs citoyens m’ayant reconnus (sic) vainrent (sic) cantonné (sic) les gendarmes dans la cuisine de l’hôtel mouvre (sic) la croisé (sic) et me dise (sic) sauve-toi. Je les remercia (sic) de leurs (sic) dévouement de solidarité et leur répondit (sic) qu’il valait mieux que moi je resta (sic) à la disposition de nos ennemis que dans (sic) exposé (sic) 30 ou 40 ; je partis pour Vaison avec les gendarmes et je fus fais (sic) prisonnier, deux jours apprès (sic) conduit avec la chaîne et les menottes à la prison d’Orange en me fesant (sic) par Sérignan. Inutil (sic) de vous dépeindre le chagrain (sic) de ma famille, me voyant ainsi conduit ; trainé d’Orange, de là à Avignon avec la chaîne au coup (sic) et aux mains conduit par des dragons et des gendarmes au palais des papes en ch Avignon en chainé (sic) par ces derniers qui ne nous ménageaient pas les insultes et à la moindre observation nous resserer (sic) nos chaines à tel point qu’arrivant à la prison d’Avignon le sang jalissais (sic) de mes poignés (sic), lorsqu’un maréchal des logis indigné sécria (sic) : qui sont les barbares qui peuvent agir ainsi. Condamné à la déportation en Algérie on nous fit préparer pour partir. Libéré le 5 avril suivant par Qu’aintin (sic : Quentin) Bauchard commissaire extraordinaire à cet effet, mi (sic) sous la surveillance de la police locale, ne pouvant sortir du pays sans une permission du président de la commission municipale qui avait remplacé mon père qui avait été nommée (sic) par le peuple. La vengeance nétant (sic) pas assouvie, le 12 mai suivant on me ravit encore au toit paternel et du près du lit de ma pauvre mère, je fus interné à Pertuis ou je suis resté jusqu’au 16 février 1853 qu’ant. Le 26 juin je fus encore interné à Privas dont je vins en permission fermer les yeux de ma pauvre mère, permission qui dure encore n’ayant eu aucune libération que celle du peuple au 4 7bre [septembre] m’acclamant maire de ma commune. Voilà M. le préfet un apperçu (sic) de mes peines fisique (sic) et morale ; qu’ant (sic) au coté (sic) pécunier (sic), mon père n’avez (sic) plus que moi de fils (sic) dans la maison pour le représenter aux affaires du commerce d’épicerie, farine, grain, légume (sic) que nous vendions ; nous avions une maison commerciale des plus importantes du pays. Vierge de tout protêt et de tout retar (sic) de payement qu’ant (sic) par suite nous avons été ruiné (sic), et moi travailleur infatigable, jaie (sic) traversé 20 années d’empire en étant volé par ces satelites (sic), chaque fois que j’avais une affaire devant ces (sic) juges de commerces (sic) ou d’agriculture, et à travers toutes ces turpitudes , j’aie (sic) tenue (sic) le drapeau dans mon pays, élevé une famille de onze enfants élevé pour faire des défenseurs à la république dont j’en aie (sic) encore 7. Je me trouve dans la misère réduit à tenir un petit restaurant près la gare d’Orange sans être sûr de gagné (sic) le pain nécessaire à notre ecistance (sic), voilà la position que javais (sic) et jaie (sic) preuve à la puis (sic : à l’appui) Confians (sic) en le gouvernement de la république, j’espère qu’on voudra bien sur venir (sic) en aide pour acomplir (sic) ma tâche en maidant (sic) élever (sic) mes enfants dans les principes républicains. Recevez, Monsieur le préfet, les sallutations (sic) empresés (sic) d’un tout dévoué défenseur de la République.
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