chanson publiée dans le bulletin de la Fédération varoise de la Libre Pensée, novembre-décembre 2001, n° 4
En aqué lei jou, Prénguéroun la villo, N’aviè dé partou, Countavoun per millo. | En ces jours-là Ils prirent la ville, Il y en avait de partout, On en comptait des milliers. |
Météroun dédin. Un noumbré d’oùtagé; Et lei magasin Eroun où pillajé. | Ils enfermèrent Un certain nombre d’otages, Et les magasins Etaient livrés au pillage. |
Lei gèn counsterna, Fasièn dé préièro; Et s’éroun tourna Ver la bouano Mèro. | Les gens consternés Faisaient des prières, Et s’étaient tournés Vers la bonne Mère. |
“Vierjé, si métèn En vouasto tutèlo, Et vou proumétén Eici’no capèlo.” | “Vierge, nous nous mettons Sous votre protection, et Nous vous promettons Ici une chapelle. » |
La Vierj’énténdé Sa vill’alarmado, Sa mèn li mandé Dei sorda l’armado. | La Vierge entendit Sa ville alarmée, Sa main leur envoya Une armée de soldats. |
Per soun Vu rempli, Féroun diligenço. Fougué accoumpli, En récounouissenço. | Pour s’acquitter de leur voeu, Ils firent diligence. Cela fut accompli En reconnaissance. |
Fougué décida D’aji tout de filo. Va féroun creida Din touto la villo. | Il fut décidé D’agir aussitôt. On va le faire crier Dans toute la ville. |
Lei counvouqua Si rèndoun én masso. Moussu dé Biaca Councèdo la plaço. | Les gens convoqués Se réunirent en masse. Monsieur de Blacas Concéda le terrain. |
Moussou lu Cura Mando l’architéto Lei plan soun tira De façoun parfeto. | Monsieur le Curé Envoya l’architecte. Les plans sont tirés De façon parfaite. |
Tré rapidamen Si fan lei bastisso, De sei foundamen, Jusqu’à la tourisso. | Très rapidement On fit les bâtiments, Des fondements Jusqu’à la toiture. |
Ensin si tengué La santo proumesso. Pui si li digué La proumièro Messo. | Ainsi fut tenue La sainte promesse. Puis on dit La première messe. |
Dèspui si li vèn En pélérinajè, Dei villo tan bèn Coumo dei villajé. | Depuis on y vient En pèlerinage, Des villes aussi bien Que des villages. |
Leis Aupsoua suriou, L’amo tréfoulido Li cantoun toujou La Vierjé bénido. | Les Aupsois souriants L’âme très émue, Chantent toujours La Vierge bénie. |
Lou quinjé d’Avou, Lou poplé défilo. En aquéou beù jou, L’a touto la villo. | Le quinze août, Le peuple défile. Dans ce beau jour, Il y a toute la ville. |
Vén encar’eici, Lou vuè de Sétembre; Et li vèn aùssi, Lou vuè dé Décèmbre. | Ils viennent encore ici Le huit septembre; Et ils y viennent aussi Le huit décembre. |
Et bèn d’autrèi fé, Din touto l’annado Li mountro sa Fé A la Mèr’eimado. | Et bien d’autres fois Dans toute l’année, Ils montrent leur foi A la Mère aimée. |
Garda lei toujou, O Vierjé clémento Auran emé vou Uno vido santo. | Garde-les toujours, O Vierge clémente ! Ils auront avec vous Une vie sainte. |
Quan séran adaù En vouasto puissanço, Auran de tou maù Grando delivranço. | Quand ils seront là-haut, En votre puissance, Ils auront de tous les maux Grande délivrance. |
Alors cantaran Sa joua solennèlo, Car poussédaran La vid’éternelo. | Alors ils chanteront Sa joie solennelle, Car ils posséderont La vie éternelle. |
Encur vou pregan De sauva la Franço. Dei Bocho brégan Fè la délivranço. | Ils vous prient encore De sauver la France. Des Boches brigands Faites la délivrance. |
Douna-li la pas, Emé la vitouaro. V’oublidaren pas : Séra vouasto glouaro. | Donne-leur la paix Avec la victoire. Ils ne vous oublieront pas : Ce sera votre gloire. |
Nouastei vétéran Garda-lei en vido. Si-n-en souvendran, Mèro bénésido. | Nos anciens Garde-les en vie. Ils s’en souviendront, Mère bénie. |
Quan séran véngu, Dédin sei famihlo, Gardaran ségu L’amour dé Mario. | Quand ils viendront Dans leur famille, Ils garderont sûrement L’amour de Marie. |
Touti si réndrén A la Délivranço, Et li cantarén : “Vivo Nouasto Franço.” | Tous se rendront A la Délivrance, Et ils chanteront : “Vive Notre France.” |
N.B. L’auteur n’est pas félibre. Négligeant toute orthographe, il n’a veillé qu’à rendre le plus exactement possible la prononciation du dialecte provençal dans le Var.