Hommage à André Neyton
page mise en ligne le 20 février 2025
Notre Association perd un ami
André Neyton est décédé le 11 février 2025. Il avait 90 ans.
André Neyton était comédien, metteur en scène et auteur théâtral.
Depuis plus de cinquante ans, il a été une figure majeure de la vie culturelle de la région toulonnaise, et bien au-delà, avec son Centre Dramatique Occitan et son Théâtre la Méditerranée.
Dans cette production théâtrale foisonnante, l’exaltation de l’insurrection varoise de 1851 a joué un rôle important.
En 1974-1975 déjà, avec la pièce initiatrice de Gaston Beltrame, Lo Còp d’Estat de 1851. Vous en trouverez le texte sur notre site, ainsi que l’évocation des réactions à chaud. Cette pièce contribua grandement à remettre en circulation publique le souvenir de l’Insurrection.
Et encore, au moment de la commémoration de 2001, André Neyton donna La Farandole de la Liberté*, dont il fut l’auteur et le metteur en scène.
Ajoutons que André a souvent mis sa salle de théâtre à la disposition de nos rencontres associatives, et notamment en 2001, lors de notre rencontre de tous les membres de notre Association présentant et confrontant leurs initiatives de recherche et de commémoration.
René Merle.
René Merle, président fondateur de l’Association 1851, nous rappelle ci-dessus le lien important entre l’engagement de notre association et celui d’André Neyton.
Par ailleurs, nous devons à cet homme de théâtre, la mise en lumière d’un épisode de la première guerre mondiale appelé l’affaire du XVe corps à travers la création de la pièce « La légende noire du soldat O ». Nous pouvons dire que, grâce à ce texte, rendre justice est aussi résister.
Citons à son sujet le commentaire de René Merle dans le quotidien La Marseillaise « Il faut courir voir la légende noire du soldat O. Non seulement pour redécouvrir l’affaire scandaleuse du XVe corps, ce corps d’armée provençal injustement accusé de lâcheté en 1914 et le destin tragique du soldat Odde, fusillé pour l’exemple, mais pour comprendre comment un siècle d’hystérie ethnique et politique anti-méridionale put justifier la manipulation du Gouvernement et de l’armée. Avec une grande économie de moyens qui produit une efficacité théâtrale des plus grandes, servie par quatre comédiens de qualité, Neyton mêle la réalité et le rêve, le front et la maison, l’écrit raciste séculaire et le drame présent. Une réussite. »
D’autre part, André Neyton a écrit, mis en scène et réalisé plusieurs œuvres en rapport avec l’Histoire et en particulier la Résistance pendant la seconde guerre mondiale.
Parmi les œuvres engagées de cet auteur disparu nous rappelons les suivantes : « Du beurre dans les rutabagas-1943-Une famille sous l’occupation » et le long métrage « Il le fallait », documentaire à partir de témoignages de résistants du Var, accompagnés d’interventions de Jean-Marie Guillon. Ce film est visible sur youtube.
Colette Chauvin
*Avant-propos écrit par André Neyton :
« Cette pièce a été écrite et créée à l’occasion du cent cinquantième anniversaire de la résistance populaire au coup d’État de 1851.La Farandole de la Liberté porte au théâtre l’aventure exemplaire et tragique de républicains anonymes oubliés par l’Histoire.
[ … ] Au delà des faits historiques, la pièce tente de pénétrer dans l’univers complexe de la gestation d’un mouvement populaire. Ce sont ses enthousiasmes, mais aussi ses hésitations, ses contradictions, qui en nourrissent le déroulement. Elle s’attache autant à l’insouciance qu’au sacrifice de ces hommes et de ces femmes qui se donnent entièrement pour la liberté et la justice parce qu’ils croient aussi à l’humanité de l’adversaire. Le tragique naît autant de cette illusion que de l’impitoyable réalité.
L’occitan dans ses formes provençales populaires était, à l’époque concernée, la pratique linguistique majoritaire. Sa présence dans le texte intègre à la fois cette réalité et les limites de son usage actuel. »