Pierre Girardot

Paru dans la presse départementale et dans le Bulletin de l’Association 1851-2001, n°13, décembre 2000 – janvier 2001

 

Pierre Girardot, inlassable mainteneur de la mémoire de la Résistance au coup d’État du 2 décembre

 

Sa disparition plonge notre association dans une profonde tristesse. Il en fut le promoteur, en accepta la vice-présidence et devint le président d’honneur en 1998.

Pour une partie de nos adhérents non bas alpins, précisions que Pierre Girardot (né en 1913) fut un militant politique, résistant, élu plusieurs fois député des Basses Alpes.

En 1932, il côtoie Maurice Bessand, petit-fils d’insurgé de 1851. À la suite du 6 février 1934, il participe à la grande manifestation antifasciste de Digne. Alors que fils et petits-fils d’insurgés étaient en tête du défilé. Il eut un premier choc en égard de cette page d’histoire.

En 1940, il est arrêté et emprisonné à Sisteron, puis à Fort Barraux d’où il s’évade. Il devient un dirigeant de la Résistance en Savoie et par la suite en Auvergne. Elu député à l’assemblée constituante en 1945, il donne un sens à ses activités citoyennes.

Cet homme engagé dans un combat aurait pu n’être qu’un activiste. Ce technicien agricole devient un humaniste dans un incessant aller et retour entre pensée et action.

Il va plus loin, lit, cherche, se documente. Ainsi en avril, mai et juin 1951, il publie une série d’articles dans l’hebdomadaire du P.C.F Le Patriote Bas Alpin. Sous le pseudonyme de Roger Moisson, l’intitulé de cette série est ainsi rédigé : « Il y a cent ans dix mille Bas Alpins prenaient les armes pour défendre la République ».

C’est à son initiative que le P.C.F commémorera le centième anniversaire de l’insurrection. Cela eut lieu le 8 juillet 1951 aux Mées avec Jacques Duclos.

Il vouait beaucoup d’admiration à l’égard d’André Ailhaud, le principal dirigeant de l’insurrection bas alpine. Mes souvenirs d’enfance sont précis, au printemps 1951, aux Mées dans l’appartement de Gaston Frésia, Pierre Girardot demanda que le boulevard des Tilleuls soit dénommé Boulevard André Ailhaud.

Sa détermination continua lorsqu’au début des années 1970, il fit demander au Sénateur Jacques Duclos où se trouvait la sépulture d’André Ailhaud à Cayenne.

L’histoire était sa passion. Ainsi en 1987, il présida une association sur le bicentenaire de la Révolution. Nous avons beaucoup travaillé ensemble à cette époque.

Il s’attarde alors sur les actions de deux députés bas alpins ; P.Dherbez-Latour et M.A.Savornin, deux montagnards proches de Robespierre. Pierre avait une affection particulière pour Dherbez-Latour. Tous deux ont sillonné le département, mobilisant les citoyens l’un à dos de mulet, l’autre à vélo ou en voiture.

Nous étions étonnés par l’extraordinaire éclosion des sociétés populaires en 1793 dans les Basses Alpes. Tous deux nous étions convaincus que cette fermentation républicaine a certainement préparé l’insurrection de 1851.

Rappelons-nous sa passionnante intervention de Château-Arnoux en novembre 1997. « A capella », sans micro, sans note, elle nous a emporté dans le lyrisme d’une mémoire ressourcée à la fontaine d’une citoyenneté retrouvée.

Merci Pierre.

 

Pour l’Association 1851-2001

Jean SIGNORET