Républicain comme Marius Debout !

Bulletin de l’Association 1851-2001, n°2, juillet 1998

 

Républicain comme un Marius Debout !

 

 

En 1950, la ville de Forcalquier, sur la proposition du maire, M.Espariat, décidait d’honorer la mémoire de Marius Debout. Une plaque était apposée sur sa maison natale.

 

La plaque d’origine étant illisible, la municipalité actuelle a décidé de la rénover ; c’est l’occasion de découvrir ou de redécouvrir un personnage clef de l’histoire de Forcalquier, dont le parcours exemplaire peut être reconstitué avec l’aide précieuse de Pierre Martel auquel ses descendants ont confié se papiers personnels.

 

Né en 1822, à Forcalquier, Marius Debout était avocat sous le règne de Louis-Philippe. Foncièrement républicain, il tenait des réunions clandestines avec de nombreux concitoyens. Dénoncé en 1846, il fut arrêté et incarcéré au Fort Saint-Jean, à Marseille, puis condamné à la déportation politique, envoyé en Afrique du Nord. Après les glorieuses journées de 1848, de retour à Forcalquier, avocat dans sa chère ville, il met sa fougue et son talent au service des humbles et participe activement à la résistance au coup d’État de 1851. Il embarque le 26 mars 1852 pour l’Algérie avec 700 autres prisonniers, jusqu’en 1853.

Le livret de transporté de Marius Debout nous a été communiqué par Jean-Yves Royer.

Un livret semblable, et complet, celui de Jean Delouche, est disponible sur ce site.

 

Les archives municipales nous apprennent qu’il deviendra maire de Forcalquier de 1871 à 1878, conseiller général du canton en 1871, réélu en 1874 jusqu’en 1880. Il meurt du choléra à Gap, où il a été nommé juge au tribunal, en 1884.

 

Sa personnalité ne se laisse pas aisément cerner. Prénommé « Marie, Joseph » pour l’état civil, il se fera appeler Marius. Aujourd’hui, on le qualifierait de « démocrate-chrétien », nous dit Pierre Martel, car cet homme qui rejetait l’Église, allait à la messe tous les matins, relisant inlassablement sa Bible. Ainsi, il était critiqué par ceux dont il partageait les idées républicaines, comme par ceux de sa classe sociale. Sous son mandat, au cours de la séance du 30 juin 1872, la Municipalité fait un vœu pour la séparation de l’Église et de l’État, ainsi formulé : « Le Conseil croit devoir ensuite, dans une pensée d’ordre, et dans l’intérêt bien entendu de la liberté de conscience, convaincu que l’ingérence de l’État dans le domaine des questions religieuses est contraire à cette liberté, émet le vœu de la séparation des églises et de l’État ».

 

Une figure qui illustre le passé républicain de Forcalquier, fidèle jusqu’au bout à ses idées généreuses et homme de foi. C’est un nom qui invite à l’action. Marius Debout mérite d’être mieux connu.

 

 

 

Eloïse MAGILANER

 

 

 

Eloïse Magilaner (Archives Municipales de Forcalquier) recherche témoignages et documents sur la vie de Marius Debout. Tel 04 92 70 91 00 poste 238)