La répression à Riez

article publié dans le n°88 du Bulletin d’information des Amis du Vieux Riez, mars 2003, pp. 1-24

La répression de la résistance au coup d’Etat de 1851

(dans la région de Riez)

 

 

À la mémoire des républicains de 1851

 

 par Maxime Amiel

 

troisième partie

La mission de Quentin-Bauchart

 

 

Le Prince-Président juge politiquement nécessaire d’atténuer un peu plus la rigueur des condamnations et charge le conseiller d’État Quentin-Bauchart d’une mission de clémence dans le Sud-Est. Quentin-Bauchard était l’un des représentants du peuple qui s’étaient moqués, lors de la séance du 17 juillet 1851, du représentant Victor Hugo – ou avait-il cru l’insulter ? – en s’exclamant : “ Ah ! Ces poètes ! ” quand celui-ci avait évoqué la création future des États-Unis d’Europe et marqué son opposition totale contre la peine de mort12.

 

Il est à Toulon au printemps 1852 où il suscite beaucoup d’espoir parmi les républicains emprisonnés sur les pontons ou dans les forts. Casimir Duchaffaut, fils de Jules, arrêté peu après le combat du 9 décembre, emprisonné d’abord aux Mées, puis transféré au fort Lamalgue à Toulon, condamné à Algérie+, écrit le 10 avril à son frère Léon5 :

 

 

“ On attend M. Quentin-Bauchart ce soir ou demain à Toulon , il fera les mêmes modifications de peines, accordera un aussi grand nombre de grâces qu’il a fait à Lyon, Valence, Marseille. Là il s’est rendu au Château d’If. Après avoir interrogé séparément chacun des détenus qui se trouvaient dans la prison, il en a mis en liberté 31 qui étaient condamnés à la transportation en Afrique pour 5 ans, gracié 2 condamnés à l’expulsion. Mais renoncer à ses idées politiques ou prêter serment de fidélité à Louis-Napoléon serait une condamnation beaucoup trop dure. ”

 

 

Quelques jours plus tard, Casimir écrit à Léon :

 

 

“ La mission de Quentin-Bauchart pour la révision des décisions des commissions mixtes des départements du Var et des Basses-Alpes est terminée depuis samedi, il a quitté Toulon. Les mises en liberté pour le Var ont été beaucoup plus nombreuses que pour les Basses-Alpes, le préfet Bouville a contrarié beaucoup les intentions généreuses de Bauchart. Bouville lui a dit qu’il ne pouvait appeler la clémence du Président que sur les paysans, sur ceux que leur défaut d’intelligence pouvait égarer. ”

 

 

(De Bouville estimera que Casimir Duchaffaut n’est pas assez “ pénétré des sentiments de reconnaissance ” que sa grâce devrait lui inspirer, et, par décision du 4 août 1853, “ il lui a fait connaître qu’il aurait désormais à se présenter tous les jours à midi, devant M. le commissaire départemental… Rien n’est négligé pour mettre les populations à l’abri des perfides suggestions ou des menées coupables, des ambitieux aveugles 15 . La haine du clan Fortoul-Prestat envers les Duchaffaut est tenace !).

 

 

 

“ Au cours de son séjour à Toulon – où se trouvent provisoirement réunis les 865 condamnés à la déportation du département des Basses-Alpes que l’on a pu arrêter – Quentin-Bauchart décide de gracier 425 d’entre eux3 ” , grâces prononcées expressément au nom du Prince-Président.

 

 

Pour le canton de Riez, ce sont 46 condamnés à la déportation en Algérie (dont 12 de Riez) qui bénéficient de la “ pensée généreuse du Prince ”, c’est-à-dire de la clémence de Quentin-Bauchart. Finalement 33 condamnés du canton (dont 13 de Riez) embarqueront pour “ l’Afrique ” et y séjourneront dans des conditions plus ou moins dures, et un condamné d’Albiosc embarquera pour Cayenne, jusqu’à ce qu’une grâce présidentielle capricieuse, au hasard des événements (voyage du futur empereur en Provence en 1852, son mariage en 1853) ou des anniversaires (Austerlitz et coup d’État le 2 décembre, fête de Louis-Napoléon le 15 août…), leur permette de rentrer dans leur foyer, sous surveillance étroite de la police. Encore faut-il faire acte de contrition et prêter serment de fidélité “ au gouvernement que la France s’est donné ”. Les dernières décisions de grâce sont consécutives au décret du 16 août 1859.

 

 

Les mémoires d’Honoré Veyan7

 

 

Honoré Veyan dit Barcelonne passe les mois de janvier et février 1852 en prison à Digne. Il continue son récit :

 

[Au début de mars,] “ on nous fit partir, on nous a conduits aux Mées, nous y restâmes un jour. De là, on nous fit partir pour Manosque, nous y restâmes deux jours. C’est-à-dire que, quand nous partîmes de Digne, on nous attacha de deux en deux avec une petite corde, mais nos chefs, notre capitaine, notre commandant, quand nous sortîmes de la ville, il nous disait :  “ Mes amis, lâchez ces cordes, que je ne les voie plus devant mes yeux ”. De Manosque on nous a conduits à Quinson, on nous a fait faire cette étape dans un jour. Nous partîmes de Quinson, on nous a conduits à Barjols. Toujours coucher bien entendu dans les écuries. De Barjols à Brignoles. De là, nous partîmes ; quand nous arrivâmes à Forcalqueiret, on nous mis la corde au cou et aux mains, de deux en deux : mon collègue, moi, était Turrel, armurier de Riez. Nous arrivâmes à Cuers, mauvaise garnison pour les passants ! On nous mit dans un cachot, nous étions les uns sur les autres et on ne nous donna ni pain, ni soupe, même pas de l’eau pour boire.

 

 

 

Le lendemain matin, on nous attacha de deux ensemble, la corde au cou et aux mains, on nous fit monter sur des charrettes de six en six. Nous étions cent à ce convoi. Nous arrivâmes à Toulon, on nous dirigea au fort de la Margia. On nous fit rentrer dans des casemates. En entrant, il était nuit comme dans une cave. Cependant, le lendemain, on nous fit monter à la cour, depuis neuf heures jusqu’à quatre heures du soir. On ne nous donnait qu’une fois la soupe, mais de la mauvaise. Le soir, on nous vendait des haricots, de la morue, du bœuf en daube, les exploiteurs nous vendaient les aliments qui nous étaient dus par le gouvernement. Nous restâmes douze jours. On nous fit partir sur le ponton ou bien le bâtiment qu’on nomme le Généreux. Là, sur la mer, nous y restâmes deux mois.

 

 

 

Après les deux mois, on nous fit partir le quatre mai pour l’Afrique, nous restâmes quatre jours pour faire la traversée. Nous débarquâmes à Mers-el-Kébir, au camp Saint-André, province d’Oran. On nous mit dans un camp, dans des chambres tout en bois, de la contenance de quatre vingt un mètres de long pour huit de large. Il y en avait six, de ces chambres. Là nous étions bien couchés, nous avions un lit chacun, trois planches de tréteaux, une paillasse, une couverture et un sac de campement. Nous étions bien nourris : le matin, nous prenions le café à nos frais ; et puis à dix heures, nous avions la soupe de bœuf ; le soir, à quatre heures, nous avions la soupe au sucre, ou des haricots, ou des pommes de terre en rata ; tout cela, le gouvernement nous le donnait. Nous n’avions que le chagrin de ne pas voir nos enfants et nos femmes, autrement nous étions des petits bourgeois.

 

 

 

Après deux mois que nous avons resté dans ce camp, on nous fit partir de deux en deux cents, qui à Tlemcen, qui à Bouteli [Bou-Tlelis]. Moi, Bouteille Louis, Guigou, Soulies Manuel, Émile Marty, on nous fit partir pour Sidi-Brahim. Nous étions campés sous des tentes, comme les militaires. Nous y arrivâmes le six juillet. Le vingt-deux, je fus malade, j’ai resté quatre jours couché sur la terre sans boire ni manger. Le vingt-six, on m’emmena à l’hôpital avec un nommé Faivont de Sisteron. J’ai resté vingt-sept jours à l’hôpital. Nous avions un bon docteur, bien aimable. Il nous passait la visite trois fois par jour. Nous étions bien couchés, bien propres et bien nourris. Après que les fièvres m’aient passé, je me rendis au camp. Je travaillais treize jours, on nous donnait la nourriture du gouvernement, vingt sous par jour [soit 1 franc, la journée “ d’homme ” était payée à Riez 2 F, celle de “ maçon ” 3 F], du café et deux quarts de vin. Après ces treize jours de travail, je fus gracié le sept septembre, on m’embarqua le vingt-cinq septembre à midi et le vingt-huit je débarquai à Marseille. Là je vis l’empereur qui était de tournée. Je restais à Marseille deux jours pour viser mes papiers.

 

 

 

J’arrivai au sein de ma famille le premier octobre mil huit cent cinquante-deux. Arrivé à ma maison, il fallut partir pour Digne voir M. le Préfet. Il me visa mes papiers et je partis pour Riez. Voulez-vous savoir ce que je gagnais pour aller voir le préfet ? Je gagnais la surveillance de la police comme si je sortais des bagnes, comme si j’avais tué quelqu’un. Je ne fus pas seul, tous mes camarades étaient comme moi. Il y en avait qui étaient encore plus mal traités, il y avait Louis Bouteille qu’on avait interné à Saint-André, en haut à la montagne. Pour récompense, quand je [fus] au mois de mars 1853, les fièvres me prirent quatre mois. Quand j’eus passé l’été, à Saint-Michel elles me vinrent de nouveau et puis elles finirent.

 

 

 

Voilà mes chers enfants, la récompense que nous avons eue. Ainsi je vous engage que, s’il venait un Autre Gouvernement et que d’autres personnes vous disent de faire, il faut toujours promettre et puis faire à votre connaissance.

 

                                                                                    Veyan Honoré Barcelonne ”.

 

 

La soumission

 

 

À l’humiliation et aux souffrances d’avoir été emprisonné, jugé, déporté s’ajoutent les vexations de la “ surveillance de la haute police ”. En milieu rural, ce sont les brigades de gendarmerie qui adressent régulièrement au préfet des “ états nominatifs ”, avec quelques remarques : “ homme dangereux, conduite à surveiller de près…, Monges, Boulegon et Fabre, de Montagnac, n’ont pas voulu voter pour l’Empire 10”. La brigade de Riez surveille 56 individus en mai 1852 et 68 à la fin de l’année ; la brigade de Quinson aux mêmes dates, 31 et 35 individus, et se plaint d’en avoir beaucoup à surveiller.

 

 

Au xixe siècle, les gens se déplacent facilement, les commerçants pour affaires, les travailleurs saisonniers pour améliorer leurs faibles revenus, les uns à cheval ou en voiture, les autres à pied. Les mesures de surveillance vont entraver ces échanges, les Archives départementales nous en donnent quelques exemples10. Les autorisations pour se déplacer sont soumises au bon vouloir des préfets du département de résidence  et du département d’accueil, avec beaucoup d’arbitraire (le maire Maillet donne en général un avis favorable).

 

 

Le docteur Prosper Allemand est autorisé à circuler dans tout le canton et les cantons voisins où ses soins seront réclamés (4 mai 1852), et même dans le Haut-Var sur intervention du sous-préfet de Brignoles6.

 

 

Jacques Gasquet peut rouvrir l’auberge “qu’il tenait avant les événements de décembre, et qui avait été fermée par ordre de l’autorité militaire ” (13 novembre 1852). Son frère Antoine est autorisé “ à gérer l’hôtel du Lion d’Or près de la fontaine de Puimoisson ” (18 août 1853) et le mois suivant, il peut se rendre à Marseille pour acheter le mobilier.

 

 

Gabriel Maurel peut se rendre à Valensole pour y ouvrir un magasin et dans diverses foires du département, et même à celle de Beaucaire pour quinze jours (9 juillet 1852).

 

 

La situation la plus difficile est celle des petits paysans, accoutumés à aller faire chaque année des travaux agricoles en basse Provence. Si Joseph Rigoard peut se rendre à Arles pour les moissons pendant quinze jours (1er juin 1852), on lui refuse le passeport, ainsi qu’à Maxime Veyan, pour la récolte de la garance au Thor (20 août 1852).

 

 

En juin 1853, les préfets des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse refusent à Joseph Augarde, Joseph Rigoard et Balthazard Fanguiaire l’autorisation d’aller faire les moissons et la récolte de la garance.

 

Honoré Guigou peut aller, en février 1853, dans les communes du canton pour se livrer au commerce des truffes et même, le mois suivant, à Marseille.

 

 

Les condamnés eux-mêmes ou leurs épouses écrivent de nombreuses lettres, très émouvantes, au préfet, au président puis à l’empereur pour implorer une grâce [voir Les Chroniques de Haute-Provence, 1er trimestre 2003], et les autorités municipales interviennent dans le même sens. Ainsi, le Conseil de Valensole émet le vœu suivant, le 10 février 1853 :

 

 

“ … le Conseil croit devoir exprimer à Sa majesté l’Empereur toute sa reconnaissance de ce qu’il a daigné rendre à leur famille les individus de Valensole qui avaient été transportés en Afrique.

 

Prenant en considération l’état de profonde misère de l’épouse et des quatre jeunes enfants de Jacques Jaubert, transporté à Cayenne par décision de la Commission mixte des Basses-Alpes,

 

Considérant que la peine infligée à Jaubert par arrêt de la Cour d’assise, fut le châtiment d’une faute due à la fougue de la jeunesse et non à des instincts pervers,

 

Considérant que Jaubert s’est toujours conduit dans sa vie privée en honnête homme, et qu’aux yeux de ses concitoyens la peine qu’il a encourue ne l’a point taché d’infamie,

 

Le Conseil adresse humblement à sa majesté par la présente délibération, une demande de grâce.

 

Elle espère que Mr le préfet s’associera aux vœux ci-dessus, daignera les déposer aux pieds de l’Empereur après les avoir couverts de son haut patronage16. ”

 

[suivent 11 signatures et deux croix des membres présents]

 

 

Le réveil et la revanche des Républicains

 

 

            Les Républicains ne se manifestent guère pendant les premières années de l’Empire et se font oublier en votant selon les désirs de l’administration bonapartiste.

 

 

À Riez, le premier signe d’un réveil de leur activité pourrait être l’élection de Prosper Allemand au Conseil municipal, le 14 juillet 1860, le maire étant alors son confrère Louis Pantaléon Victor Nicolas. L’année suivante, Allemand se présente à l’élection de Conseiller général, contre Auguste Chais qui semble inamovible à ce poste. Le préfet vient en personne soutenir la candidature de Chais et parcourt le canton pendant trois jours en faisant de grandes promesses. Prosper Allemand est cependant élu avec près de deux tiers des voix.

 

Puis c’est la préparation du plébiscite du 8 mai 1870, et le préfet est pessimiste. Il écrit au ministre, le 5 mars 1870 :

 

 

“ Des commissaires du parti républicain prêchent avec ardeur le non aux exaltés et l’abstention aux timides. Les journaux radicaux répandus à profusion [rappellent] des faits qui ne s’effacent guère de la mémoire des populations. En décembre 1851, 10 000 Bas-Alpins se sont soulevés et la répression a été des plus sévères. De là des rancunes et des inimitiés tout à fait irréconciliables. Les déportés, leurs fils, leurs parents pourraient bien voter pour les candidats de l’administration dans une élection ordinaire… Mais lorsque l’Empire lui-même est mis en question, il devient impossible de les faire renoncer au plaisir d’une revanche.

 

Un exemple probant de cette vitalité des rancunes républicaines : M. le Dr Allemand, membre du Conseil général, avait été élu en 1861 malgré l’administration. Néanmoins il paraissait complètement rallié et on pouvait le croire dévoué à l’Empire. Mais en présence du plébiscite il s’est souvenu qu’il avait été arrêté en 1851 et jetant de côté ses apparences monarchiques il est rentré dans l’opposition. ”

 

 

 

Les résultats dans le département sont encore en majorité pour l’Empire : 29 674 Oui contre 6 092 Non. Mais Riez, avec 155 Oui et 502 Non, est la ville de France où l’opposition obtient le meilleur résultat. Dans le canton, les Non sont en majorité à Albiosc, Montagnac et Quinson. Est-ce la zone où Allemand a la meilleure clientèle ?

 

 

Riez restera marqué à gauche jusqu’à l’aube du xxe siècle, avec Prosper Allemand, maire et député, puis son fils César, maire et sénateur, ami de Joseph Reinach et dreyfusard. Des insurgés, Antoine Gasquet, ou fils d’insurgés, Victor Javelly, feront partie de leurs Conseils municipaux.

 

 

La troisième République réhabilite les républicains condamnés 30 ans auparavant et les indemnise par le décret du 20 septembre 1882. Une pension viagère est versée aux condamnés, ou à leur famille s’ils sont décédés, son montant varie de 100 F à 1 200 F. Pour les condamnés à la transportation par la Commission mixte, Maurice Bel indique dans son étude le montant de ces pensions, que j’ai fait figurer à la fin de la colonne “ Observations ” du tableau annexé. Il y a des lacunes, et il manque les pensions des condamnés à l’internement, l’expulsion, la surveillance.

 

 

La mémoire de la résistance au coup d’État

 

 

Dans le grand discours politique qu’il prononce à l’ouverture de la session du Conseil général de 1852, le préfet de Bouville termine ainsi : “ Pour éviter (les écueils heureusement franchis), il est digne de la France et du Prince Auguste qui nous gouverne, d’étendre le voile de la pudeur et de l’oubli sur des fautes regrettables ”…

 

 

Le souhait du préfet s’est réalisé : l’insurrection a laissé peu de place dans les livres classiques d’histoire. Jean Rambaud s’insurge contre ce silence :

 

 

“  … trois barricades à Paris font de l’Histoire de France, mais une population en armes, un gouvernement révolutionnaire qui légifère – dans une région – vingt ans avant la Commune, trois batailles rangées…, des centaines de morts au combat, des fusillés, des exilés, des emprisonnés, des milliers de déportés – un pour quarante-cinq électeurs dans les Basses-Alpes ! – des domaines confisqués, des villages entiers réduits à la misère par la répression, cela fait à peine quelques lignes dans les manuels17. ”

 

 

Il essaie de l’expliquer. “ En France, tout événement provincial est négligeable ”. L’insurrection rurale ne correspondait pas aux théories marxistes dans lesquelles l’avant-garde socialiste est le prolétariat des villes : Engels parle “ des excès commis par les paysans du Sud…, race de pillards barbares ”. Les écrivains du parti de l’ordre n’ont vu “ que des hordes rouges,… des partageux, des Jacques, des brutes à la tête tournée… De Morny demandait déjà aux préfets, en décembre 1851, de noircir la jacquerie au maximum.

 

 

Je pense aussi que les condamnés de 1852 ont été désorientés, ils s’étaient levés pour défendre la légalité : la République dont la garde leur était confiée par la constitution, et les tribunaux les condamnaient ! Légalistes comme ils l’étaient, les condamnations prouvaient qu’ils étaient coupables et ont pu faire naître un certain sentiment de honte dans certaines familles. Pour s’en défendre, Honoré Veyan, dans son cahier de notes, dresse une liste “ d’honnêtes modérés ” et de “ dévots de première classe ” coupables d’escroqueries, de vols et de viols.

 

 

Cependant, les familles des “ Bardots ” (républicains de gauche) de notre pays ont gardé leur admiration pour les insurgés : le souvenir de Prosper et César Allemand est encore conservé chez des personnes âgées. Elles sont restées fidèles à leur exemple et nous nous rappelons les convictions communistes du père Marty et la fierté de Maxime Javelly d’avoir eu deux arrières grands-pères condamnés en 1852 ; Kléber Veyan, l’arrière petit-fils d’Honoré Veyan dit Barcelonne, était libre-penseur.

 

 

Les historiens, chercheurs et romanciers du xxe siècle, l’Association 1851 pour la Mémoire des Résistances républicaines, Alpes de Lumière, la Société scientifique et littéraire des A. H.-P, les Conseils généraux, les Archives départementales, et bien d’autres s’efforcent de réveiller la mémoire des résistants de décembre 1851…

Annexes :

Les condamnés de Riez

Les condamnés d’Albiosc

Les condamnés d’Allemagne

Les condamnés d’Esparron de Verdon

Les condamnés de Montagnac

Les condamnés de Montpezat

Les condamnés de Puimoisson

Les condamnés de Quinson

Les condamnés de Roumoules

Les condamnés de Ste Croix

Les condamnés de St Laurent

NOTES

 

1-         La première partie de cette étude, AMIEL Maxime, La seconde République et l’insurrection de décembre 1851, est parue dans le n° 45 du B.I. des A.V.R., septembre 1991.

 

2-         Archives départementales des Alpes de Haute-Provence, 1F1 3/257.

 

3-            VIGIER Philippe, La Seconde République dans la région alpine, Paris, P.U.F., 1963, 2 vol., t. 2. C’est l’ouvrage fondamental pour cette période dans le Sud-Est.

 

4-            COMPAN André, Les réfugiés politiques provençaux dans le Comté de Nice après le coup d’État du 2 décembre 1851, Provence historique, t. 7, 1er trimestre 1957 (communiqué par J.-L. Nicolas).

 

5-         Du CHAFFAUT Jules, Les Amaudrics du Chaffaut Histoire d’une famille de Haute-Provence de 1480 à 1987 tirée de ses archives avec des notes par l’un des siens, Digne, 1987, 2 vol., t. 2.

 

6-            NÉGREL Frédéric, La société montagnarde d’Artignosc (1849-1851), 1851-2001 Association pour la commémoration du 150e anniversaire de la résistance au coup d’État du 2 décembre 1851, Les Mées, 2001. Voir également les publications et le Bulletin de cette association.

 

7-             VEYAN Honoré dit Barcelonne, Souvenir, manuscrit conservé par les descendants, Riez, publié dans le B.I. des A.V.R. n° 11, mars 1983. L’orthographe et la ponctuation ont été rétablies pour faciliter la lecture.

 

8-            BARBARIN François, Lettre du 22 août 1913  site des Amis des Mées.

 

9-             JAUBERT Eugène,  Souvenirs de décembre 1851, Bulletin de la Société Scientifique et Littéraire des Basses-Alpes, t. XII, no  96, Digne, 1905.

 

10-            Archives départementales des Alpes de Haute-Provence 3 M 1

 

11-            Annuaire du département des Basses-Alpes pour l’année 1853, Ve A. Guichard, Digne, 1953.

 

12-            HUGO Victor, Œuvres complètes Politique, Robert Laffont, Paris, 1925.

 

13-            Archives départementales des Alpes de Haute-Provence 2 U 91 (microfilm).

 

14-       BEL Maurice, Les condamnés à l’Algérie en 1852 dans le département des Alpes de Haute-Provence, Nice, 2e trimestre 1997.

 

15-       Recueil des actes administratif, Archives départementales des Alpes de Haute-Provence.

 

16-            Registre de délibérations du Conseil municipal de Valensole, communiqué par John Windsor.

 

17-            RAMBAUD Jean, Frédéric Arnaud 1851-1974, Stock, Paris, 1974 ; nouvelle éd. sous le titre La Provence insurgée, Autres Temps, Marseille, 1995.