Le duc de Persigny

article paru dans Latta Claude, Les résistances au coup d’Etat du 2 décembre 1851, Montbrison, Village de Forez, 2002 (commander cet ouvrage)

Le duc de Persigny (1808-1872)

 

 

Victor Fialin, plus tard comte puis duc de Persigny, était né à Saint-Germain-Lespinasse (Loire) le 11 janvier 1808. Ses ancêtres avaient vécu, aux XVIIe et XVIIIe siècles à Saint-Germain-Laval, Crémeaux et Saint-Germain-Lespinasse (Loire). Fils d’un soldat de la Grande Armée tué en Espagne, il fut d’abord officier de hussards, puis journaliste. En 1835, il fit la connaissance de Louis Napoléon Bonaparte exilé en Suisse auquel il lia désormais son sort. Il participa aux tentatives de coups d’Etat que le prétendant bonapartiste fit en 1836 à Strasbourg et en 1840 à Boulogne. A la suite de cette dernière tentative, il fut condamné à vingt ans de détention par la Cour des pairs et incarcéré à Doullens. Libéré par la Révolution de 1848, il devint député en 1849 et commença à organiser à l’assemblée un « parti du président », puis assura une mission diplomatique en Prusse avant de rentrer pour organiser le coup d’état.

 

 

Persigny fut, aux côtés de Morny et du général de Saint-Arnaud, l’un des principaux organisateurs du coup d’Etat du 2 décembre 1851. Seul et avec un certain courage, il tint à assumer, pendant tout le Second Empire, sa part de responsabilité dans le coup de force du 2 décembre, acte de « rénovation nationale ». Après le coup d’état, il poussa Louis Napoléon Bonaparte à rétablir rapidement l’Empire. Ministre de l’Intérieur (1852-1854 et 1860-1863), il fut un des hommes de l’Empire autoritaire : il organisa le système de la « candidature officielle » qui favorisait, lors des élections, le candidat du pouvoir et surveilla étroitement la presse. Favorable à l’alliance anglaise, il fut ambassadeur à Londres à deux reprises (1855-1858 et 1859-1860). En 1852, Napoléon III lui fit épouser Eglé Ney de La Moskowa, jeune fille de 17 ans, petite-fille du maréchal Ney et du banquier Laffitte : le mariage fut célébré dans la chapelle de l’Elysée.

 

 

Après 1863, l’évolution vers « l’Empire libéral » marqua la fin de son rôle national. Mais l’Empereur, voulant récompenser les services qu’il lui avait rendus depuis si longtemps, fit de Persigny un sénateur, membre du conseil privé, président du conseil général de la Loire et le titra officiellement duc de Persigny. Victor Fialin avait, en effet, affiché très tôt des prétentions nobiliaires en se faisant appeler comte de Persigny, du nom d’un hameau et d’une terre noble que son grand-père, notaire à Crémeaux, avait possédée.

 

 

A Montbrison, le duc de Persigny présidait le conseil général de la Loire et s’occupait avec intérêt des affaires de la région ; il fut à l’origine du percement du canal du Forez et, surtout, de la création de la Diana et de la restauration de la salle qui abrite, depuis cette date, la Société historique et archéologique du Forez. Il aurait voulu s’établir dans le Montbrisonnais en faisant construire un château au milieu d’un domaine de plus de quatre cents hectares qu’il avait constitué en achetant cinq fermes sur les communes de Chambéon, Mornand et Poncins. Il n’en eut pas le temps : la chute de l’Empire (1870) laissa désespéré cet « aventurier de la politique » qui avait tout sacrifié à Napoléon III et l’avait servi sans états d’âme et sans scrupules. Mort à Nice en 1872, il fut inhumé à Saint-Germain-Lespinasse.

 

Claude Latta