Témoignage d’un voltigeur

Document

Un témoignage sur le coup d’Etat de décembre 1851 à Paris

 

Cette lettre adressée à un correspondant gardois par un jeune soldat de Paris, témoin direct de l’intervention de l’armée, est témoignage intéressant à bien des égards. Dans la première partie nous pouvons saisir la façon dont le coup d’Etat a été présenté à la troupe comme une riposte aux projets malveillants des représentants et comme une sorte de bon tour joué par le président à ces derniers. De même, on a attribué, au moins au départ, le déclenchement de la résistance à des manoeuvres venant de la bourgeoisie et des députés. Le thème du rétablissement de l’ordre (« l’hordre !») a été largement utilisé auprès des soldats. Dans la seconde partie de la lettre, la brutalité de la répression en particulier dans les quartiers populaires de Paris, apparaît en pleine lumière et l’auteur lui même s’en émeut. Enfin, Chazel est convaincu qu’il faut voter oui au plébiscite et sa lettre peut inciter son correspondant à faire de même. La lettre est aussi intéressante par son style et son orthographe que nous avons rigoureusement respectée. Mëme si l’on doit tenir compte que ce jeune homme a écrit au fil de la plume et qu’il pourrait sans doute faire mieux avec un peu plus d’attention, la lettre témoigne d’un niveau d’instruction élémentaire assez courant sans doute à cette époque. Chazel sait lire et écrire, a quelques notions d’orthographe en particulier pour le vocabulaire militaire. Il écrit en langage parlé de façon assez claire, mais il ignore toute ponctuation, l’usage des majuscules et le pluriel. Il maîtrise aussi très mal la conjugaison des verbes. Il est indifférent à la cohérence orthographique (le même mot peut être écrit de façon différente à quelques lignes d’intervalle). Ce jeune soldat est certainement allé à l’école, mais il a déjà oublié une partie de ce qu’il y a acquis. Malgré tout il n’est pas illettré et avec quelques efforts, il pourrait retrouver rapidement un niveau correct.

Raymond Huard

 

Lettre de Chazel, clairon au 6 ème de ligne, 1er bataillon de voltigeurs à l’Ecole militaire de Paris, à un correspondant du Gard (A.D du  Gard 4 U 5 27)

« Paris, le 15 décembre 1851

Du mème moment que j’ai Reçu ta lettre, cetet le moment ou on se batait le plus le coup etet petet sur ce moment là. Je pense que tu doit savoir comme tous ces passé mais cet égal je veux te raconter par Ecrit comme tout ces passé a paris pour le moment des affaires et commils se passe pour le présent

Les affaires se sont fait du 1er an tomban sur le deux du mois courant.Le 1er nous sommes couchés bien tranquilles a deux heures du matin il arrive un hordre que toutes la troupe de paris se trouve sur les armes, c était pour aller prendre le presidant de la Republique et aller le conduire en prison au for de Vincennes qu’elquesun  an ont averti le presidant allors  le presidan donne encor un ordre  que personne nan savais rien d’aller à la  samblé nationnalle et de l’antourer de se mettre dans les places et tous les rues de l’environ tous les rues et tous les place qui antouré la chambre de  deputée il y avait un régiment de soldats afin que du moment ou tout a ete bien ranger  et que toutes la troupe a ete bien ranger on fait rentrer  un Regiment de cavalerie et un Regiment d’infanterie de ligne afin que l’on prène  pour prisonniers tous les generaud et les representant qui etet rester car cetet tous ceux qui etet restes la qui voulais les faires prendre lui  et il les a fais tous prendre. il a fait rentrer des voiture on les a  mis dedans avec un regiment de lancier et un regiment de ligne et on les a tous conduit an prison au fors de Vincenne au lieu que l’on le fasse prendre lui ils les a pris eux

On a fait quelsques arrestation  ce jours là mais tout a étés bien tranquille  et bien comptant le landemen les Representant  on payer d’un cotée et de l’autre pour faire perdre Napoléon on a commencée  a former des barricades et se vanger sur la troupe la troupe etes la pour mètre le bon hordre et tombert les baricade qu’ils avaient fais les Bourgeoie on a fais des baricade dans plusieurs endroit ils on tirer sur les soldats par derière les baricade et des fenêtres toujours en cachette la troupe tomber de tous les cotée cetet un carnage cetet pitoyable de voir tous cela le landemain  tout a été tranquille si vous aviez vu derière kes baricade on passé sur les morts on ne peut  pas dire le nombre de civils qui etet mor des soldats il an est mort aussi quelques un de chaque Regiment

Mais pour mois je man suis sortie Bien tranquille apres on a recommencer encore On ne faisait plus de prisonniers on tué tous ceux qui tirer sur les soldats mêmes quand on voyer tirer des coups de fusils des chambre on montée dans les chambres et on tué tous ceux que l’on trouvé dedans enfin cetet un carnage cet orible de le dire.Tout a duré que 4 jours voici les quartier    ou il y a eu le plus de mal la porte St Martin, le faubourg St Antoine et quelques leger coup de fusils au panteon les boulets  on rouler.Mais a present dans paris tout est bien tranquille  Mais au premiers jours nous atendons qu il  recommencera encore les troupes on tous votée le peuple vas voter il faut que tous le vote soit fini.le 21 courant quand on fera le rasansement peut être que tout iras bien il faut le soiter…[….]

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