La résistance républicaine en Aveyron

Annexe n° 26

Proclamation du préfet lors de la cérémonie de la célébration de l’Empire

 

« Habitants de l’Aveyron, c’est à vous que je m’adresse aujourd’hui en venant, au nom du gouvernement, sur la principale place du chef-lieu du département, proclamer l’empire et le nouvel empereur que la reconnaissance nationale appelle au devoir suprême.

 

« En remplissant cette mission, glorieuse pour moi, je ne peux mieux faire que de m’inspirer des paroles du chef de l’Etat, pour résumer devant vous, en quelques mots, la situation actuelle et les espérances de l’avenir.

 

« L’empire que la France entière a voulu, l’empire que vienne d’acclamer avec enthousiasme huit millions de suffrages sera le gouvernement de la paix. Aux incrédules, sur l’accomplissement de cette promesse, le gouvernement a déjà répondu par une mesure significative, par une première réduction de 30000 hommes sur l’effectif de l’armée.

 

« Il en sera de même, gardez-vous d’en douter, de toutes les autres espérances que nous donne ce grand programme de gouvernement pratique que le chef de l’Etat a lui-même tracé, qu’il soutien et dirige de sa puissance initiative, de son ardent patriotisme.

 

« J’en atteste l’année si féconde que nous venons de traverser et dans laquelle, indépendamment du retour aux principes d’ordre, de morale, de religion et d’autorité, nous avons vu s’accomplir tant d’utiles réformes, tant d’améliorations matérielles, dont nous recueillons déjà les fruits.

 

« J’en atteste cet élan, que partout on constate, cet essor imprimé à toutes les transactions commerciales, industrielles et agricoles, précieuses garanties du bien-être de tous et du maintien de la tranquillité publique.

 

« Et cependant, qui de vous a oublié que l’année dernière, à pareille époque, sur cette même place, vous en étiez réduits à vous préparer, dans un état de qui-vive plein d’anxiété, à la défense de la société sapée dans sa base et sérieusement en péril ? Que d’enseignements dans la comparaison de ces deux époques, pourtant si rapprochées l’une de l’autre ! Que d’espérances nous fait concevoir la stabilité donnée enfin au gouvernement d’un prince dont la puissance main a su conjurer de pareils dangers !

 

« Rallions-nous donc à ce pouvoir fort et régénérateur, qui n’a voulu changer de forme, ainsi qu’il nous la dit lui-même, que pour féconder les grands intérêts que l’intelligence enfante et que la paix développe ; qui ne voit dans sa nouvelle élévation qu’un devoir plus grand imposé par le peuple, qu’une mission plus haute confiée par la Providence. Concourons tous à le seconder de nos efforts dans l’œuvre si heureusement commencée et qu’il a tant à cœur d’achever, l’œuvre de la pacification, de la conciliation des esprits et la fusion de tous les partis dans un esprit commun, celui de la grandeur et de la prospérité de la France »[1].

 



[1] Arch. dép. Aveyron. PER 877. Journal de l’Aveyron ( 1852-1853). N° 98 de la 46e année en date du mercredi 8 décembre 1852.