René MERLE, Gentil n’a qu’un oeil

René Merle, GENTIL N’A QU’UN ŒIL

 

Un inclassable et violent roman initiatique. Le destin brisé par la guerre d’Algérie d’un jeune instituteur bas-alpin, et son périple de missionnaire rouge à la fin de l’été 1850. À travers Provence, Vivarais, Dauphiné, Lyonnais et Forez, une dépaysante aventure au ras du sol, dans les péripéties de l’engagement, les avatars du mysticisme et les inattendus quiproquos de l’Histoire.

 

Éditions de la Courtine, 1885 Route Nationale 8, 83190 Ollioules -19 euros + 2 port

Contacts auteur : René Merle, le Kallisté D, 267 bd Charles Barnier, 83000 Toulon renat2@wanadoo.fr

 

Vérité et fiction

“Dans un roman récent, Gentil n’a qu’un œil, j’évoquais l’événement de La Salette, auquel j’avais en son temps consacré une étude sociolinguistique. Un certain nombre de lecteurs se sont étonnés, voire émus, de la vision proposée de La Salette en 1850. Cette réaction m’amène à préciser que, hormis le “miracle” dont bénéficie mon héros, miracle dont je laisse au lecteur éventuel le soin de préciser la nature, je n’ai rien inventé. La totalité de la documentation de Gentil n’a qu’un œil est fondée sur un travail d’archives ”.

René Merle, “Un regard sur l’événement de La Salette (1846-1852)” ; Gavroche revue d’histoire populaire, 135-136 – mai-août 2004.

En effet, dans ce roman dont le cadre est la Provence et le grand Sud-Est, à la veille des événements tragiques de 1851, je n’ai utilisé que des éléments rencontrés dans mes recherches historiques et linguistiques*. J’ai cousu ensemble des épisodes souvent mal connus et parfois inconnus, mais tous bien véridiques, afin de faire passer à travers l’errance de mon héros les interrogations et les luttes de cette période, qui est un peu une matrice de la nôtre. Mais il s’agit ici d’un roman et non pas d’un cours d’histoire.

 

Le regard de P.Y.Collombat, sénateur du Var : 
« Gentil n’a qu’un œil » (36000 communes, Juillet 2003 
consultable sur le site collombat-py.fr/

 

quelques extraits de presse suivis d’un entretien avec l’auteur

 

Historien des usages linguistiques, René Merle a publié de nombreux ouvrages et articles sur les pratiques linguistiques dans le grand Sud-Est (Provence, Alpes, Lyonnais) et en Suisse.

René Merle est aussi président d’honneur de l’Association 1851-2001 pour la commémoration de la résistance au coup d’État du 2 décembre 1851.

Il a fait une entrée remarquée dans le roman noir en 1997-1998 avec Treize reste raide (Série Noire, Gallimard).  Il a poursuivi avec Opération Barberousse, L’écailler du Sud, 2001, Le couteau sur la langue, ed.Jigal, 2001, “La Belle de Mai”, in Marseille, du noir dans le jaune, Autrement, 2001, Damazarbo, Ville de Manosque, 2002.

 

“René Merle met son érudition d’historien au service d’un roman qui se situe dans le quart Sud-Est de la France, en 1850…. Il nous offre en même temps les charmes du polar, ceux du roman d’initiation et l’intérêt du roman historique”

(US magazine)

 

“L’historien et écrivain René Merle, qui est l’auteur inspiré et méticuleux de cette étrange et belle construction, quasiment ésotérique, Gentil n’a qu’un oeil”, nous entraîne derrière son héros modeste dans l’Algérie de 1848 où règnent répression et violence coloniale puis dans le Sud-Est méditerranéen et alpin depuis Digne, Toulon, et Marseille jusqu’à Lyon, Valence, Rive-de-Gier et Grenoble, entre 1848 et 1850.

(L’Humanité)

 

“René Merle nous enseigne que les pilotis de la Gauche actuelle sont dans cette histoire”.

(Michel Cardoze, émission Double Page)

 

“Ce roman est écrit avec la rectitude d’un historien jouant avec la complicité d’un poète”

(Var Matin)

 

“Nous sommes entre les joies de la Révolution de 1848 et les douleurs de l’insurrection de 1851, à un moment où l’histoire de France hésite. La richesse du roman tient également à la complexité du personnage qui surprend quand il affronte une réalité si mouvante”

(Point Gauche)

 

Gentil n’a qu’un œil : Déjà le titre met dans l’ambiance de ce livre à la confluence de genres bien différents. Enquête de roman presque noir dans la Provence et nos Alpes des années 1850 en suivant les pas d’un anti-héros décalé […] Son périple happe le lecteur sur les sentiers de la grande Histoire et de ses ricochets sur la petite des gens du peuple, croisés d’Algérie à Lyon en passant par la Salette, Digne, Aix, Gap… rencontres historiques en contre-jour saupoudrées de ce fantastique du quotidien qui s’impose sans s’expliquer”.

(Le Dauphiné Libéré)

 

“Avec Gentil n’a qu’un oeil, l’historien René Merle nous offre un roman initiatique où l’impuissance politique se reflète dans le miroir de l’impuissance sexuelle (l’amour impossible de Rambaud ne se prénomme-t-il pas Reine ?). Œuvre d’imagination sur la résistance tout aussi secrète que résolue des républicains à Louis-Napoléon Bonaparte, ce vrai-faux mémoire est également une solide leçon d’histoire tissée sur des faits réels (le complot de Lyon, l’apparition de La Salette, etc.) et irriguée par des personnages authentiques. Ecrit dans un style vif et dépouillé, composé de chapitres courts et très visuels, on se plaît à rêver du beau et instructif feuilleton télévisé qui pourrait naître du livre de René Merle”.

(L’Indépendant de Perpignan)

 

Gentil n’a qu’un œil… Es lo títol del roman novèl de Renat Merle. Fins ara, lo Renat Merle, qu’es istorian, mai que tanben l’agrada d’escriure, a publicat de poësias en òc (Lo radèu de la Medusa) e de romans “negres” (Treize reste raide, Opération Barberousse), que lo darrièr (Le couteau sur la langue) a per eròi, fin finala, la lenga d’òc. Mai es tanben, coma los autres, un roman en francés (maugrat un tirador plen de pròsa en òc !). En esperar un roman en òc, que de segur vendrà, parlem de Gentil n’a qu’un œil. Un còp de mai, lo R.Merle enrasiga son intriga dins l’istòria. Mas aquesta còp, es pas una enquèsta criminala que nos tafura dins l’anar e tornar del present e del passat. Es lo “road movie” d’un joine bas-aupenc, un mèstre d’escòla plegat per la guèrra d’Argeria, mas mèfi, pas la nòstra : sèm en 1848, e aquel òme, que desèrta, se retròba en França dins la bolegadissa granda de la Seconda Republica. Engatjat dins çò que le govèrn sonèt “le complot de Lyon”, son itinerari de missionari rotge, a travèrs del grand Sud-Èst, e d’una tièra de rescontres (de còps inesperats, coma la Dama de la Salette !), de mespresas e de descobèrtas, serà una espròva iniciatica. Lo libre es pastat de la conoissença istorica del Merle, e l’afogat de lengas e de grafias i trobarà son compte. Mas es pas un libre didactica, que non pas ! Una aventura e un destin de descobrir”.

(Lo Bram dau Clapas, Montpelhier, n°77, 203)

 

Gentil n’a qu’un œil, de René Merle, éd. de la Courtine, 2003. Ce roman, qui se déroule dans le grand Sud-Est, est pétri de la problématique de la langue et se joue entre le pays d’oc et les confins linguistiques du pays lyonnais. Un road-movie géographique avec les yeux neufs d’un jeune adulte de 1850”.

(GEO, Occitanie, juillet-août 2004)

 

Une chronique de L’Humanité, 14 avril 2003

« Détours de l’histoire

Gentil n’a qu’un œil, de René Merle, itinéraire imaginaire au milieu du XIXe siècle provençal, voisine avec la réédition du Robespierre, de Sieburg. La fiction n’est pas là où l’on croit.

L’histoire, quand on s’y adonne, réserve des émotions, des joies ou des colères rétrospectives qui ne dispensent pas, tout au contraire, de s’intéresser à l’actualité vivante. En rappelant le passé sans y chercher de prétendues  » leçons « , la curiosité historienne aiguise la réflexion, aide à remettre en contexte toute chose, favorise l’intuition, notamment politique, conduit à la circonspection analytique, ce qui est vertu. Et l’histoire peut se décliner sous de multiples formes et sous diverses écritures.

Voici par exemple, non à la marge mais à la périphérie sud-orientale de la France, un personnage de fiction dont on jugerait authentique la supposée  » autobiographie « . L’historien et écrivain René Merle, qui est l’auteur inspiré et méticuleux de cette étrange et belle construction, quasiment ésotérique, Gentil n’a qu’un œil, nous entraîne derrière son héros modeste dans l’Algérie de 1848 où règnent répression et violence coloniale puis dans le Sud-Est méditerranéen et alpin depuis Digne, Toulon, La Seyne et Marseille jusqu’à Lyon, Valence, Rive-de-Gier et Grenoble, entre 1848 et 1850. L’itinéraire en quelque sorte initiatique du personnage le fait rencontrer Albert Laponneraye en missionnaire républicain puis toute une série d’animateurs de sociétés secrètes républicaines, certaines  » rouges  » ou démoc-soc, d’autres modérées. Surveillé par la police, il croise aussi les adeptes de sociétés royalistes légitimistes, également suspectes, et se trouve même entraîné dans un pèlerinage jusqu’à La Salette où la Vierge apparut, nous dit-on, à deux jeunes bergers en 1846. Si René Merle nous parle avec tant de précision de cette France provençale, alpine, forézienne et rhodanienne ou dauphinoise, si rien ne lui échappe des coutumes culinaires, des moyens de transport, le coche d’eau sur le Rhône, le chemin de fer là où il arrive en ce temps, la diligence et la patache, c’est qu’il n’ignore rien des sources qui en fondent la connaissance : les dialectes d’oc et du franco-provençal, les pratiques sociales rurales et urbaines, la réalité des métiers, la crise politique et économique du milieu du siècle dernier.

À le lire, on feint de se demander qui l’emportera du prince-président Louis-Napoléon ou des républicains, mais l’on sent bien que coupé du  » prolétariat  » et des  » rouges  » qui dominent le milieu républicain à Lyon, à Saint-Étienne, en Matheysine, voire sur quelques rives provençales de la Méditerranée, la République est condamnée : quand les Basses-Alpes feront le coup de feu contre le coup du 2 décembre 1851, à l’exception de la Drôme méridionale et de la Gardonnenque, le  » Midi  » ne bougea pas autant qu’on l’avait espéré. Honneur à ces républicains dont la défaite est comme consignée dans le récit anticipateur de René Merle ! Et si ce dernier nous en parle avec tant de talent et d’émotion, c’est qu’il les connaît bien en tant que président de l’Association de 1851-2001 pour la mémoire des résistances républicaines dont les mérites depuis des années s’inscrivent ou devraient s’inscrire aux frontons de la République….

Claude Mazauric »

 

Entretien

PCA Hebdo Le Patriote Côte d’Azur, dec.2003 :

PCA – Avec Gentil n’a qu’un œil, et sous une forme romancée presque romanesque, le lecteur retrouve l’objet de toutes vos attentions : une relation historique aux langues de nos pays, un attachement profond ces terres et à ces hommes de Provence, enfin l’engagement républicain. Et peut-être aussi à la fois une admiration et un très grand recul par rapport à ces vies “sacrifiées” au service d’autrui ?

R.M – Je me retrouve entièrement dans ce que vous dites. Mais ces attachements ne prennent sens que d’une ouverture. Gentil n’a qu’un oeil est, entre Provence et Lyon, le road-movie déjanté d’un innocent enraciné qui découvre, sans pouvoir s’y retrouver, des ailleurs, géographiques, sociaux, religieux, et politiques. Le plus grand choc, pour ce fils de la terre bas-alpine, étant la rencontre des messianismes religieux et du mouvement ouvrier naissant. Quant au romanesque du destin individuel, de tout destin, je pense qu’il est l’élément fondamental du plaisir d’écriture et de lecture, sans lequel le “roman historique” ne serait que plat didactisme”.

PCA – On connaissait beaucoup le roman noir urbain. De votre côté, vous avez introduit une relation au passé des hommes et à leurs traditions orales avant que l’exode rural n’ait complètement fait son œuvre.

R.M – Je ne recherche pas du tout un effet mode, mais cet aller-retour entre des passés plus ou moins proches et notre présent structure en effet tous mes romans. Parce qu’il s’agit pour moi d’une sorte d’exorcisme de cette modernité glacée qu’on nous sert à toutes les sauces, pour diluer l’engagement collectif dans les délices de l’individualisme.

C’est une banalité d’une grande vérité que de fonder le présent sur les héritages du passé. A condition de mettre en valeur le fait que l’histoire n’est écrite que pour ceux qui considèrent ce passé. Ceux qui l’ont vécue au présent savaient ce qu’ils souhaitaient, mais ne savaient pas ce qui allait advenir.

Pour m’en tenir à ce dernier roman, Gentil n’a qu’un œil, j’ai été fasciné par le fait que cette période de la Seconde République a été celle d’une naissance brutalement suspendue. Nos “Rouges” du Midi, communiant dans la foi républicaine héritée de 1793, rêvaient d’une société de travailleurs indépendants, artisans et petits paysans propriétaires, et d’une industrialisation fondée sur l’association ouvrière. L’avenir les a brutalement démentis. Pour autant, leur engagement, même oublié, n’a pas été vain dans les situations radicalement nouvelles que la France a connues, de la Commune au Front populaire et à la Résistance. Au contraire. De même, aujourd’hui, alors que le mouvement démocratique naît chez beaucoup de jeunes de la conscience d’une situation radicalement nouvelle, au plan national et au plan international, l’apport des générations précédentes de lutteurs peut être extrèmement stimulant s’il ne s’englue pas dans une nostalgie inefficace et sectaire…

Propos recueillis par Pierre Chaillan ».

 

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