Trois jours de généralat

L’orthographe est celle de l’éditeur (installé au Piémont), modifiée par les errata publiés en fin de volume.

 

Les notes sont de la rédaction du site.

 

 Trois jours de généralat

ou un épisode de la guerre civile dans le Var (décembre 1851)

par Camille Duteil

Savone, 1852, imprimerie de Félix Rossi

 

deuxième partie

A Salerne.

 

(7, 8 et 9 décembre)

 

 

Lorsque j’arrivai à Salerne tous les hommes étaient de garde ; toutes les femmes étaient de cuisine. Je fus me reposer un instant chez le citoyen Cotte où je dinai, puis le tambour m’annonçant l’arrivée de la colonne je fus la voir défiler. Le silence qu’elle observait m’indiqua qu’elle était harassée de fatigue. Les chefs la déployèrent en bataille et chaque Salernois amenant chez lui une escouade, en moins de cinq minutes, tous mes hommes furent abrités et à table. — Je montai à cheval pour donner le mot d’ordre et mes instructions aux différentes gardes, puis je fus établir les postes avancés et placer les sentinelles perdues ; enfin je poussai une reconnaissance sur la route de Draguignan jusqu’à un feu de bivouac placé à quelques kilomètres. Deux citoyens le gardaient ayant à côté d’eux leurs fusils et une grosse bouteille. Ils me dirent qu’on les avait placé là pour indiquer aux traînards la route de Salerne et les empêcher de prendre celle de Villecrose[1]. — Il était onze heures et demie, le temps était serein ; la lune devait éclairer pendant toute la nuit ; les sentinelles avancées voyaient à une lieue devant elles la route qu’elles surveillaient. — J’estimai ma position assurée autant que possible et je revins à Salerne demander à une ou deux heures de sommeil l’oubli de cette cruelle journée.

 

Le lendemain au point du jour j’avais déja fait deux fois ma ronde générale et je convoquais tous les chefs pour procéder à une organisation régulière. — Je pris pour secrétaires tous les maîtres d’école[2] qui avaient suivi leurs villages. Je leur fis tracer des cadres de compagnies. J’ordonnai qu’on procédat immédiatement à l’élection des officiers, sous-officiers et caporaux. Puis, dès que les élections furent à peu près terminées je convoquai en conseil les anciens et les nouveaux chefs et là je leur exposai franchement la gravité de notre position. Je déposai le commandement et les exhortai à choisir parmi eux le plus capable et le plus digne, déclarant que pour moi, si le commandement m’était continué, je ne l’accepterai qu’à la condition qu’il fut dictatorial, absolu. Je me retirai et lassai le conseil discuter et délibérer librement. — Il me nomma général et m’adjoignit un comité de défense qui formerait mon conseil de guerre toutes les fois qu’il s’agirait de prendre des mesures dont je ne voudrai pas assumer sur moi toute la responsabilité.

 

A chaque instant de nouvelles compagnies nous arrivaient et à quatre heures du soir nous étions trois mille cinq cents hommes à Salerne. — J’avais envoyé chercher Imbert qui nous avait quitté aux Arcs, je comptais sur son intelligence et sur ses connaissances militaires pour m’aider à fortifier mes postes, car avec des hommes qui n’avaient pas le temps d’apprendre la manoeuvre, je n’avais à faire qu’une guerre de tirailleurs et je ne pouvais être sûr de les rallier que derrière des fortifications passagères. — Comme nous avions fort peu de bayonnettes je donnai l’ordre de forger des piques dont je voulais armer les plus ingambes et les plus impétueux pour en former des colonnes d’attaque ou pour défendre les retranchements à l’arme blanche. Enfin après avoir fait fondre des balles de divers callibre, réunissant toute la poudre qu’on avait pu trouver à Salerne, je fis fabriquer des cartouches. Je nommai des maîtres armuriers capitaines d’armement, et leur recommandai de faire l’inspection de tous les fusils, car j’avais remarqué des hommes armés de vieilles patraques rouillées qu’ils avaient chargés jusqu’à la gueule et qui devaient infailliblement éclater si elles faisaient feu. Un corps de boulangers fut chargé de la manutention des vivres.

 

Après avoir tout ordonné, tout inspecté, j’allais me fortifier à Salerne, lorsqu’on signala l’apparition de soldats sur une montagne à droite et à un kilomètre de notre cantonnement. J’y envoyai une compagnie de La Garde-Freinet qui la gravit au pas de course. — Elle revint bientôt ; — il n’y avait pas de soldats ; mais seulement deux chasseurs, — l’un était décoré, — ils n’étaient pas connus dans le pays, — on les arrêta comme espions.

 

La présence de ces deux hommes que je soupçonnais être des officiers en bourgeois, me fit craindre une attaque pour la nuit ou une surprise à l’aurore. J’envoyai un bataillon bivouaquer sur la montagne, et je plaçai les compagnies de La Garde-Freinet sur un monticule qui commandait la route de Draguignan, à portée de fusil de Salerne. Je recommandai aux capitaines de La Garde-Freinet de cacher soigneusement leurs feux dans des excavations et de masquer leurs factionnaires derrière les arbres pour laisser croire que cette position n’était pas occupée ; tandis que sur la montagne j’avais ordonné de préparer de grands feux et de les allumer à la moindre alerte.

 

A peine ces dispositions étaient-elles prises que la nuit arriva. J’allais mander près de moi les deux chasseurs arrêtés pour les interroger, lorsque deux coups de fusil firent crier : Aux armes ! et battre la générale. J’envoyai le bataillon du Luc au pied de la montagne où était déja le bivouac avec ordre d’allumer les feux. Je fis dire aux compagnies de La Garde-Freinet qui étaient sur le monticule de ne pas se montrer quoiqu’il advint et de ne faire feu qu’à bout portant, si la troupe venait pour s’emparer de sa position. Je me transportai avec deux ou trois compagnies sur la gauche du chemin de Draguignan en avant de Salerne et vis-à-vis le monticule ; j’établis mes hommes en tirailleurs dans des bois d’oliviers en leur recommandant le plus grand silence. Tout Salerne était illuminé. Le reste de nos hommes devaient tirailler dans les rues et battre la retraite vers la montagne.

 

Si la troupe était venue et qu’elle eut marché directement sur Salerne, je la laissais passer et alors La Garde-Freinet et moi nous la prenions à dos. — Si elle cherchait à prendre position sur le monticule, je l’attaquais en flanc ; enfin si, attirée par les feux, elle marchait directement vers la montagne, négligeant Salerne et le monticule, je la laissai s’engager avec le bataillon du Luc et réunissant toutes mes forces je la mettais entre deux feux.

 

Imbert qui était arrivé depuis une heure fut en avant et ne vit rien venir, nous comprimes enfin que c’était une fausse alerte. Je fis rentrer mes hommes et j’ordonnai de rechercher l’auteur des deux coups de fusil que je me proposais de punir sévèrement.

 

Je m’étais retiré chez le citoyen Cotte. Martel, capitaine des patriotes de Saint-Tropez, était avec moi, faisant des cartouches sur la cheminée où il avait déposé ses pistolets. Un individu à la figure riante entra et me dit que c’était lui qui avait eu l’idée originale de tirer deux coups de fusil parcequ’un passant lui avait appris que la troupe allait bientôt venir. — Je n’étais pas de bonne humeur, je lui fis de vifs reproches. — Au lieu de s’excuser, l’imprudent regimba contre mon autorité et, prenant à son tour un ton de maître, il me dit qu’au lieu de perdre mon temps à lui faire un sermon, j’eusse plutôt à m’occuper d’aller relever mes postes, car ses compatriotes les Salernois s’ennuyaient de monter la garde. — L’envie me prit de lui brûler la cervelle, — mais je me conteins et, pour éviter la tentation, je lui intimai l’ordre de partir, le prévenant que le lendemain il aurait à rendre compte de sa conduite devant un conseil de guerre. — Le jeune Cotte arriva, je lui donnai l’ordre de faire arrêter l’individu qui venait de sortir. Cotte avait été nommé du comité de défense en reconnaissance du bon accueil que nous avaient fait les Salernois. C’était un bon garçon qui ne comprenait pas du tout les nécessités de la discipline bien qu’il fut décoré du titre de colonnel. Il me supplia de ne pas faire arrêter et surtout traduire devant un conseil qui condamnerait, sans miséricorde, un homme qui après tout était un des meilleurs démocrates de Salerne et estimé de tous ceux qui le connaissaient. — Son arrestation aliénera toute notre population contre vous, me dit-il , et je vous en préviens à l’avance ! — La nécessité me faisant une loi de pardonner, j’ajournai la punition.

 

Je montai à cheval pour visiter les postes. Mon Salernois avait eu le temps d’aller lever toutes les gardes, il n’y avait plus que les compagnies des bivouacs. Je courus sur le champ rassembler quelques hommes et je placai un poste avancé sur le chemin de Draguignan , puis je fus sur le monticule prendre un renfort pour établir des sentinelles perdues et garantir ainsi la partie la plus exposée de Salerne, et je vins au poste avancé pour veiller moi-même toute la nuit.

 

A chaque instant il m’arrivait des émissaires de Cotignac. Grands curieux, grands bavards, grands marcheurs, une promenade de sept à huit lieues ne leur coutait rien. Ils venaient de la part de leur chef pour savoir où nous en étions, car ce chef nous avait écrit : « Amis et frères, si vous êtes vainqueurs vous pouvez compter sur Cotignac, nous volerons à votre secours ; mais jusqu’à ce que les événements soient parfaitement décidés nous nous tiendrons dans la réserve la plus absolue. » Cette missive signée d’un triangle égalitaire avec des virgules, et sérieusement écrite par un citoyen dont je connaissais d’ailleurs la poësie et les jambages[3], m’avait fait comprendre que nous ne devions pas plus compter sur Cotignac que sur Brignoles. Je renvoyai les Cotignacois dire à leur chef que je me recommandais au moins à ses prières.

 

A l’aurore je fis battre le rappel et établir les postes abandonnés.[4]

 

J’activais autant que possible la fabrication des piques et des cartouches. Je talonnais mes maîtres d’école pour qu’ils me donnassent enfin un état général des compagnies afin de pouvoir désigner les gardes à tour de rôle ; lorsque Campdoras, notre chirurgien-major et membre du comité de défense, qui était chargé du dépouillement des journaux et des correspondances interceptées, vint me dire que Paris ne s’était pas défendu, que les départements n’avaient pas remués et qu’il n’y avait en définitive que les Basses-Alpes et le Var en insurrection contre l’attentat du citoyen de Turgovie. — Je lui dis de brûler les journaux et de ne parler de rien à personne. J’assemblai le comité et lui demandai son avis sur le projet que j’avais d’aller me joindre à nos frères des Basses-Alpes. — On se trouvait bien à Salerne, on aurait voulu y rester, — mais il nous arrivait à chaque instant de nouvelles compagnies. Cotte qui craignait d’affamer son pays, me dit que, si nous ne partions pas dans la journée, nous n’aurions plus de vivres pour le soir. — Arrambide me proposa de dégager notre cantonnement en amenant avec lui douze à quinze cents hommes à Tourtoux[5] où il ramasserait tout ce qu’il pourrait de vivres, d’armes et de munitions pour venir ensuite me rejoindre à Aups où je voulais aller coucher. Comptant sur son patriotisme et son énergie, je l’autorisai à prendre mille à quinze cents volontaires. Il fut les chercher parmi les compagnies qui attendaient mes ordres en bataille, et il partit.

 

J’avais envoyé la veille à Aups le citoyen Alter de Draguignan avec un détachement d’avant-garde. Il en était revenu et ne me paraissait pas très-satisfait du patriotisme de cette ville. Je le renvoyai avec des renforts et tous les boulangers pour préparer le pain.

 

Pendant que je donnais l’ordre de marche aux capitaines, je rencontrai le citoyen Constant de Brignoles qui m’aborda d’un air piteux :

 

— Nous voilà ! me dit-il.

 

— Vous aussi, mon vieux camarade, il vaut mieux tard que jamais. Où est Cotignac?

 

Mais on vint me prévenir que le citoyen Giraud s’étant installé sans façon au conseil, semait des nouvelles alarmantes et se permettait de critiquer toutes mes opérations. C’était un moyen d’esquiver le reproche de n’avoir pas défendu Brignoles ou de ne pas être venu à Vidauban. — Je me rendis au conseil et je tançai vertement les porteurs de mauvaises nouvelles qui venaient décourager mes hommes et qui auraient mieux fait de rester chez eux à jouer au soldat. — Il fit très-bien de ne rien répondre. — Après avoir expulsé tout le monde, moins le comité de défense auquel je voulais donner mes instructions avant le départ, je dis aux factionnaires qui gardaient les portes du conseil de faire feu sur quiconque s’aviserait de vouloir entrer sans mon ordre. Mais au moment où j’exposai mon plan de campagne au comité, un individu bouscule le factionnaire, ouvre la porte, et tombe comme une bombe au milieu du conseil.

 

— Vous êtes notre général ?

 

— Oui. Eh bien, qu’y a-t-il ?

 

— Venez vite avec moi me faire changer cette paire de souliers qui me gênent et que le cordonnier ne veut pas reprendre.

 

Je n’avais pas le temps de rire, je fis jetter cet individu à la porte et mettre le factionnaire en prison.

 

L’homme aux souliers neufs était encore un envoyé de Cotignac.

 

En venant à Salerne, Brignoles avait apporté du lard et de la poudre. Je donnai ordre qu’on lui laissat son lard, mais qu’on lui prit sa poudre pour l’expédier immédiatement à Aups à nos artificiers qui, avec les balles qu’on avait déja fondues à Salerne, pourraient confectionner des cartouches que je ferai distribuer le lendemain matin. J’ordonnai en même temps la distribution des cartouches déja faites. — Brignoles ne voulut pas se dessaisir de sa poudre, c’était son bien, elle voulait l’escorter ; alors je dis à Brignoles de partir bien vite pour Aups.

 

Cotignac avait envoyé une escouade de curieux qui se mit à suivre Brignoles.

 

Laissant le commandement de l’arrière-garde à Amalric, homme énergique, et qui d’ailleurs, membre du comité de défense, avait à commander les compagnies de La Garde-Freinet sur lesquelles je pouvais compter, je m’occupai du départ des prisonniers que je prévins par écrit, à la hâte. — Si les nouvelles eussent été favorables je les aurais fait mettre en liberté ; mais je prévoyais la tempête, je dus les conserver comme bouées de sauvetage.

 

Je montai à cheval suivi de mon fidèle spahi qui ne me quittait pas et je partis pour Aups. A quelques kilomètres de Salerne je rencontrai un jeune homme qu’on appellait Cartier, qui se disait mon aide-de-camp et qui faisait son service en cariole. Je profitai de l’heureuse rencontre de mon aide-de-camp que je voyais pour la première fois depuis mon généralat, pour lui donner l’ordre de faire établir en avant d’Aups, sur la route de Draguignan, un bataillon de grand’garde que je disposerai à mon arrivée. Il partit mettant sa cariole à fond de train, enchanté de la commission et plus aide-de-camp que jamais.

 

 

A Sillans et à Aups

 

(9 décembre)

 

 

J’étais harassé de veilles ; mais le galop du cheval me ranima et lorsque j’arrivai à Sillans, petit village à moitié chemin d’Aups, j’eus encore besoin de toute mon énergie pour mettre à la raison les Brignolais et les gens de Cotignac qui s’étaient arrêtés pour boire.

 

En me voyant arriver, soit qu’ils voulussent montrer qu’ils faisaient bonne garde, soit qu’ils voulussent faire les braves, soit qu’ils eussent réellement peur, une nuée d’hommes accourut pêle-mêle armant ses fusils, me couchant en joue et me criant : Qui vive ! avance à l’ordre ! Je m’égosillai pour amener ces forcenés à reprendre leurs rangs et je demandai aux chefs pourquoi ils n’étaient pas à Aups où les artificiers attendaient la poudre pour faire des cartouches ?

 

— Cotignac n’avait pas voulu aller plus loin et Brignoles avait décidé de camper là.

 

M’appercevant que la position de Sillans était excellente, bien qu’un peu éloignée d’Aups, — mais puisqu’ils voulaient y camper, — je dis à Casimir, le seul officier de Brignoles qui se présentat, d’envoyer sur le champ la poudre à Aups après en avoir fait une distribution à ses hommes à qui j’allais envoyer des balles. Puis je recommandai d’établir une garde sur une hauteur boisée qui dominait la route de Salerne précisement à l’endroit où elle se biffurquait pour aller à Aups et je ne sais plus où[6]. Il y avait un chateau que je dis d’occuper militairement et enfin une petite chapelle et une écurie où on pouvait s’établir en les crénelant et balayer toute la partie du chemin qui se coudait pour venir au chateau. Avec un peu d’intelligence et de courage on eut facilement arrêté un régiment. Après avoir donnée toutes mes instructions et à Casimir et à un ancien militaire qui me dit avoir servi dans le génie, je laissai Sillans à la garde de Dieu, défendu par les Brignolais.

 

J’étais tellement extenué que je montai dans la voiture d’un médecin[7] qui allait du côté d’Aups. J’avais recommandé au spahi de prendre des chevaux frais, car les nôtres venus toujours au grand galop étaient fourbus. Je dormis dix minutes dans la voiture et je remontai à cheval. Mais hélas ! les rosses fraiches qu’on nous avait données après avoir galopé cinq minutes ne voulurent plus aller qu’au trot, à coups d’éperons, à coups de pointe de sabre nous ne pûmes obtenir que la plus grande vitesse d’une charrette. — Ma halte à Sillans et l’allure de nos exécrables coursiers firent que je ne pus arriver à Aups qu’à la nuit. Le commandant de Vidauban[8] qui faisait les fonctions de chef d’état-major de la place, était venu à ma rencontre avec mon aide-de-camp cette fois-ci à cheval. Nous passâmes devant le bataillon qui devait être de garde. Je dis à son chef de m’attendre, que j’allais venir placer moi-même les postes dès que j’aurais dîné, car j’avais oublié de manger depuis la veille. — Le commandant de Vidauban me dit alors qu’il connaissait une excellente cuisine où il s’était déja établi et que d’ailleurs il était chargé de m’inviter, son hôte[9] lui ayant dit qu’il serait glorieux de me recevoir.

 

Quand j’entrai à Aups les tambours battirent aux champs, un bataillon me présenta les armes, des vivats se tirent entendre. Le commandant qui m’avait préparé cette réception me demanda si j’étais content.

 

— Certainement, répondis-je, mais allons vite diner.

 

Nous entrâmes enfin dans la maison bénie : un bon vieillard affairé présidait au tournebroche, surveillait les casseroles et stimulait l’ardeur de deux servantes qui couraient comme des folles à droite et à gauche. — Dès qu’il m’apperçut et que le commandant eut décliné mes qualités, il me pria de lui pardonner le mauvais repas que j’allais faire. — Je lui dis que j’étais un général sans façon qui n’avait droit qu’au feu et à la chandelle. Comme on venait me relancer à chaque instant pour me demander des ordres ou pour me faire des réclamations, je pris le parti d’aller à la mairie où une municipalité démocratique avait remplacé la municipalité réactionnaire. Là je m’apperçus que mes maîtres d’école qui s’étaient mis en rapport avec elle étaient très-entendus pour la distribution des vivres s’ils étaient un peu négligents pour l’état général des compagnies que je leur reclamais depuis le matin. Je retournai à mon logement et mon hôte me fit encore ses excuses sur le mauvais souper que j’allais faire. — C’était d’ailleurs la seule conversation. — Comme le souper paraissait devoir encore se faire attendre, je demandai à être seul un instant : la nouvelle de mon arrivée avait été le signal d’une procession de plaignants et de solliciteurs. Les deux servantes prirent chacune un flambeau pour m’éclairer et mon hôte ne voulut pas me laisser sortir de sa cuisine sans m’avoir fait encore ses excuses sur le mauvais repas que j’allais faire. Je le lassai s’évertuer à activer les apprêts du souper et je montai dans une chambre haute où le couvert était mis et où l’on avait allumé un bon feu. Le commandant de Vidauban avait fait placer un factionnaire à la porte. J’ordonnai à ce factionnaire de ne laisser entrer personne. La manière absolue dont la consigne fut donnée arrêta ceux qui me suivaient et je pus enfin, brisé de fatigue et crachant le sang, me jetter dans un fauteuil. Les deux mains appuyées sur le pommeau de mon épée regardant le feu qui flambait, je pensai d’abord à la France. — Serait-il possible, me disais-je, que les vétérans de Juillet, que les hommes de Février et que les debris de Juin aient laissé un instant s’introniser le bas-empire ? Serait-il donc vrai, comme le dit Montesquieu, qu’une révolution retrempe un peuple et que plusieurs l’avilissent ! — Puis je me mis à maudire tous ces froids écrivains économistes, tous ces apôtres du bien-être qui avait préparé notre nation si fière à souffrir que l’on mit la patrie à l’encan. — Je savais qu’il n’y avait rien à espérer d’une armée dont l’honneur consiste à frapper, comme le bourreau, sans même demander si la victime est innocente ou coupable. Les officiers supérieurs habilement compromis par M. Bonaparte, avaient insolemment arboré le drapeau de la haute trahison, ils devaient aller jusqu’au bout et chercher à laver leur crime dans le sang du peuple, — leurs soldats n’avaient pas plus d’idées que leurs chevaux : ils avaient déja tué parcequ’on leur avait dit : tue ! — Je devais donc m’attendre à une rude, guerre, sans pitié, sans merci. — Engagé dans cette lutte desespérée dont aucun des miens ne comprenait la gravité, il me fallait, pour ne pas laisser s’évanouir une dernière lueur d’espérance, cacher mes craintes, feindre une assurance que je ne pouvais avoir et, pauvre général d’une poignée de paysans, me figurer comme eux que je pouvait sauver la République. — Il ne me restait qu’à m’établir sur les limites des deux départements en insurrection, joindre mes forces à celles des nos frères des Basses-Alpes, marcher tous ensemble sur Grenoble où le général qui commandait cette division n’avait pas, disait-on, sali ses épaulettes et en attendant, pour résister au premier choc, parquer mes hommes dans des retranchements où la nécessité transformerait en héros même les chanteurs de Brignoles. — Je me levai pour donner l’ordre du départ à minuit ; — mais je songeai alors que je ne pouvais abandonner douze à quinze cents hommes qu’Arrambide avait amenés à Tourtoux pour dégager le cantonnement de Salerne. — Attendre, c’était tout compromettre, — partir, c’était abandonner lâchement des patriotes dévoués. — Dans cette affreuse perplexité ne voyant qu’abîme autour de moi, ma pensée se reporta sur ma bonne femme et sur mes pauvres enfans que je n’espérais plus revoir, et, retombant dans mon fauteuil, je me cachai la figure dans les mains pour que le factionnaire n’apperçut pas couler mes larmes.

 

Un léger bruit me fit lever la tête. Une voix discrète demandait à entrer. C’était Édouard Charles[10], capitaine des patriotes de La Verdière et de Vinon. Je l’avais connu en allant à La Verdière faire des abonnements au journal le Peuple. — Il est des hommes avec lesquels il s’établit en deux jours des liens de sympathie aussi forts que ceux de trente années d’amitié. Charles Edouard était de mon âge, célibataire après une jeunesse orageuse, il s’était retiré dans sa campagne et s’était fait une famille des paysans. Devenu la providence des pauvres, le conseil et l’appui des malheureux, c’était la charité intelligente et la démocratie dans sa simplicité évangélique.

 

— Entrez, capitaine, lui dis-je, entrez, vous êtes le seul que je puisse recevoir en ce moment-ci.

 

— Je suis bien inquiet, me dit-il.

 

— Pourquoi ?

 

— Ce matin, au moment où j’arrangeais les effets que j’avais fait venir pour en faire la distribution à ma compagnie, Arrambide ayant demandé des hommes de bonne volonté pour former la colonne qu’il commande, les hommes de La Verdière l’ont suivi et je suis resté avec ceux de Vinon.

 

— Avez-vous des nouvelles d’Arrambide ?

 

— Non, mon cher capitaine, et c’est ce qui me tue, sans cela je partirai cette nuit ou au point du jour, car il ne fait pas bon ici pour nous, — je sais que les troupes sont en marche et je ne dissimule pas qu’il nous serait impossible de resister à une attaque n’étant pas encore assez bien organisés.

 

— Pardonnez si je vous interroge ; mais que prétendez-vous faire ?

 

— Demain matin si je n’ai pas de nouvelles d’Arrambide, je prends les seuls hommes sur lesquels je puisse compter en cas d’engagement avec la troupe, c’est-à-dire, La Garde-Freinet et le Luc, et j’en forme une colonne pour aller moi-même le chercher. — Pendant ce temps le reste de mes hommes filera pour aller sur les bords du Verdon , et Imbert à qui j’ai déja dit de recruter toutes les pelles et toutes les pioches qui sont à Aups, établira des têtes de ponts et des redoutes sur les points que je lui indiquerai, car ce n’est que derrière des retranchements que nous pouvons tenir.

 

— Je vous le demande en grâce, amenez-moi avec vous ainsi que les hommes de Vinon.

 

— Je vous le promets.

 

— Merci, car, voyez-vous, ces pauvres gens de la Verdière je les considère comme mes enfants, et s’il doit leur arriver malheur, je voudrais pouvoir mourir avec eux.

 

— Que j’aie seulement deux jours devant moi et je crois que je pourrai tenir. Digne est au pouvoir des démocrates, la garnison de Grenoble n’a pas adhéré au coup d’état, tout n’est pas donc perdu dans le midi quoique Marseille n’ait pas bougé et que l’Hérault se soit borné à quelques démonstrations isolées et par consequant insignifiantes. Mais quoiqu’il arrive, soyez sûr que je ferai tout ce qui dépendra de moi pour que notre cause triomphe ou tombe honnêtement.

 

— J’en suis bien convaincu, aussi en apprenant que c’était vous qui commandiez dans le Var, je me suis écrié : tant mieux !

 

— Quelle triste position, mon cher ami, que celle de chef d’une troupe indisciplinée et à peu près indisciplinable ! Je sais que l’Évangile veut qu’on ne commande qu’à la condition d’être le serviteur de tous ; mais puis-je satisfaire à tous les besoins, répondre à toutes les demandes ? vous au moins, vous avez songé à munir vos hommes de souliers, de chemises, d’habits, d’armes et de munitions, tandis que la pluspart des chefs qui m’arrivent de deux lieues seulement me demandent pour leurs hommes des souliers, des blouses, des fusils et des cartouches, comme si j’avais des magasins établis, comme si je pouvais faire des réquisitions arbitraires et dépouiller de pauvres marchands et de pauvres ouvriers pour vêtir et chausser des hommes qui, la pluspart, n’ont pris les armes que comme s’il ne s’agissait que de parader un jour ou deux et de faire ce qu’on appelle ici une bravade. — Pour assurer ses positions il faut de la cavalerie, c’est à peine si je peux trouver un cheval pour moi. Il faut trois choses pour faire la guerre, disait Caton, de l’argent, de l’argent et de l’argent ; j’ai onze francs, cinquante centimes !…

 

Charles Édouard m’interrompit et tirant sa bourse :

 

— Je me suis muni de tout l’argent que j’ai pu me procurer pour le besoin de la compagnie, le voici, prenez-le.

 

— Pour moi personnellement à quoi me servirait l’or que vous m’offrez ? il n’y a pas assez pour trois mille hommes. Gardez-le donc, ce que je voudrais qu’on me prêtat c’est une montre.

 

Charles Édouard me remit la sienne.

 

Mon hôte, entre ses deux servantes, se montra à la porte. Je crus que c’était le souper qui arrivait, le capitaine se retira.

 

— Pardonnez-moi, M. le général, le mauvais souper que vous allez faire.

 

— Je vous pardonnerai même le temps que j’ai perdu jusqu’à présent, si vous me faites servir un morceau de pain tout de suite.

 

Il retourna sur les pas en criant :

 

— Trempez la soupe ! sortez la broche !

 

Le citoyen Constant entra.

 

— Chargez-moi, me dit-il, de la garde des prisonniers, ils le demandent parcequ’ils savent que je suis un bonhomme incapable de faire du mal à une mouche. M. Maquan m’a dit qu’il espérait que vous lui rendriez sa liberté en sa qualité de journaliste[11].

 

— Comment, M. Maquan, le rédacteur de l’Union du Var, est prisonnier ?

 

— Oui, on l’a pris à Lorgues.

 

— On a donc fait des prisonniers à Lorgues ?

 

— Vous ne le saviez pas ?

 

— C’est la première nouvelle. — On n’ose plus prononcer le nom de Lorgues devant moi. Dites de ma part à M. Maquan que je le mettrai en liberté, ainsi que tous les prisonniers de Lorgues, dès que je serai où je dois aller demain, et demain je vous donnerai votre commission pour être le gardien des ôtages.

 

Le commandant de Vidauban qui avait suivi religieusement les apprêts du souper entra en m’annonçant solennellement que nous allions nous mettre à table.

 

Constant s’en fut. — mon hôte entra et m’adressa pour la vingtième fois ses excuses sur le mauvais souper que j’allais faire. Il me présenta sa fille, demoiselle très-majeure qui cherchait à dissimuler, en grimaçant un sourire, la terreur profonde que je lui inspirais. On servit.

 

Le commandant de Vidauban mangeait comme quatre et ne disait mot ; mon hôte, pour dissimuler sa peur, parlait pour quatre et ne mangeat pas du tout. Sa fille était raide et froide comme la statue du commandeur dans le festin de Pierre. Je m’apperçus alors que si j’étais chez un bon bourgeois je n’étais pas chez un patriote. — Je regardai le commandant d’un air qui semblait lui dire : Où diable m’avez-vous mené ? — Pour tranquilliser mon hôte et sa fille je leur parlai de ma femme et de mes enfans, du Musée des familles auquel ils étaient abonnés et dont j’avais été un collaborateur, je leur indiquai le moyen ingénieux de prévoir la pluie et le beau temps en renfermant une rainette dans une carafe. Mon hôte se rassurant petit à petit finit par me confesser qu’il allait tous les jours à la messe. Je pris texte de sa dévotion pour faire l’éloge de la religion pratiquée selon l’Evangile, j’exaltai sa morale si pure et ses préceptes démocratiques et sociaux. Enfin, au désert, j’étais parvenu à enchanter mon hôte et à rassurer entièrement la sévère demoiselle.

 

Le spahi vint me dire que mon cheval était prêt. Je me hâtai de descendre pour aller établir mes postes avancés. — Je rencontrai dans les escaliers un chef, je ne sais plus lequel, qui venait me prévenir d’un vol d’une douzaine de pipes commis chez un marchand de tabac. Pris en flagrant délit, les voleurs n’avaient voulu ni les restituer ni les payer, ce qui avait amené une sorte de dispute. — Comme je redoutais par dessus tout qu’on entâchat la démocratie du Var, j’étais bien déterminé à faire un exemple terrible du premier qui se permettrait de prendre quoique ce soit chez qui que ce fut. Je donnai ordre de chercher et d’arrêter ces misérables en déclarant que je les ferai fusiller le lendemain.

 

Mon hôte qui m’avait suivi jusqu’à la porte, en m’entendant parler de faire fusiller des voleurs, rentra chez lui tout éperdu.

 

Mon centre couvert par le poste de Sillans, ma gauche protégée par la colonne d’Arrambide qui devait être à Tourtoux, je n’avais qu’à garantir ma droite et plaçant ma grand’garde sur la route de Barjols et établir de petits postes avancés tout autour de mon cantonnement.

 

La première personne que je rencontrai fut Casimir de Brignoles.

 

— Vous ici ? lui dis-je, je vous croyais à Sillans où j’ai envoyé des balles.

 

— Les gens de Cotignac, après s’être disputées avec nous, ont voulu retourner chez eux et nous sommes venus à Aups.

 

— De sorte que le poste de Sillans est abandonné ?

 

— Il n’y a plus personne.

 

— Et la poudre ? l’avez-vous immédiatement expédiée comme je vous l’avais personnellement recommandé ?

 

— Nous l’avons amenée avec nous.

 

— Y a-t-il long temps que vous êtes à Aups ?

 

— Nous arrivons.

 

Il était neuf heures du soir. N’ayant rien à dire à cet excellent garçon qui d’ailleurs n’avait pas même l’air de se douter que l’abandon d’un poste avancé est un crime de haute trahison, je partis au galop pour aller rejoindre le bataillon qui devait être de garde ; — il était allé se coucher. — Je ne trouvai au feu du bivouac que le citoyen Giraud qui avait laissé filer ses Brignolais et qui se chauffait tout seul philosophiquement.

 

J’entendis le tambour dans le lointain, je m’élançai pour aller au devant d’une colonne que je présumais être restée en arrière et dont je voulais faire une garde de nuit. C’étaient les compagnies de Bras et de Brue qui venaient nous rejoindre sous le commandement du citoyen Flayols[12], ancien militaire, que je connaissais. Je les escortai jusqu’à Aups. Elles avaient des malades que j’envoyai à l’hôpital, et faisant former le cercle j’engageai ces nouveaux auxiliaires à commencer le métier de la guerre par une garde de nuit pour veiller à la sûreté du camp ; c’était en leur confiant un poste d’honneur que je voulais leur témoigner ma joie de leur arrivée. — Le capitaine-commandant me remercia avec effusion et engagea ses camarades à se rendre dignes par leur active vigilance de cette distinction honorable. — Je voulus lui donner mes instructions, mais il me dit au creux de l’oreille que pour lui il avait absolument besoin d’aller se coucher. — Dans la crainte que les soldats ne voulussent faire comme leur capitaine, je m’empressai de faire établir des corps de gardes dans les salles basses de la mairie et préparer des vivres pour les nouveaux arrivés. Puis je me mis en quête d’un officier qui put exécuter mes ordres et en qui je pusse avoir confiance.

 

J’avisai, errant dans l’ombre comme une âme en peine, le citoyen Blanc de Brignoles. — Je ne sais pas, lui dis-je, ce que vous êtes dans la compagnie de Brignoles; mais vous êtes un ancien militaire, j’ai besoin de quelqu’un sur qui je puisse compter, je vous fais chef de poste et commandant provisoire des compagnies de Bras et de Brue ainsi que de la compagnie d’Aups de garde déja à la mairie. Je vais vous donner mes instructions par écrit et vous vous y conformerez strictement.

 

— Je ne saurais pas m’en tirer, cherchez-en un autre plus capable que moi.

 

Et il continua sa promenade mélancolique.

 

Je ne voulais pas fatiguer les officiers de La Garde-Freinet ou du Luc qui savaient obéir et se faire obéir, parceque d’abord ils avaient passé la nuit précédente au bivouac, et que je me proposais de les prendre le lendemain matin avec leurs compagnies pour aller à marche forcée chercher Arrambide et nous rendre sur les bords du Verdon dans la même journée. J’étais passablement en peine, avec trois mille hommes sous mes ordres, de trouver un officier, lorsque le capitaine qui commandait la garde d’Aups[13] vint à moi.

 

— Je suis un ancien militaire, me dit-il, vous n’avez qu’à me donner vos ordres et vous pouvez être sûr, général, qu’ils seront ponctuellement suivis.

 

— Vous formerez des sections de quinze à vingt hommes, lui dis-je, vous leur ferez prendre des haches et des serpes et vous les enverrez à deux kilomètres allumer des feux sur toutes les routes de manière que ces feux enveloppent Aups depuis la route de Draguignan jusqu’à la route de Barjols. Quand tous ces feux seront allumés vous ferez circuler continuellement des patrouilles à cinquante pas en arrière de manière à ce qu’elles puissent voir tout ce qui pourrait s’en approcher sans en être vues. — A la première alerte vous m’enverrez prévenir, vous ferez battre la générale et sonner le tocsin. — Dans tous les cas, vous viendrez me rendre compte de votre service à quatre heures du matin.

 

Le capitaine se mit immédiatement à donner ses ordres avec aplomb et intelligence. — Je me félicitai de l’avoir rencontré et je fus tranquille.

 

Je voulais voir cependant l’effet général de cette ruse de guerre qui devait faire croire que nous étions parfaitement sur nos gardes et j’entrai dans un café, sur la place, en attendant qu’on allumat les feux ; mais une fièvre de fatigue s’empara de moi et grelottant de froid je retournai chez mon hôte me mettre au lit. A peine fus-je couché que le bon vieillard vint avec ses deux servantes m’apporter une tasse de tilleul. Grâce à ce calmant et aux couvertures dont j’étais chargé, je m’endormis d’un sommeil de plomb.

 

 


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[1] On orthographie habituellement ce village : Villecroze.

 

[2] Plusieurs instituteurs ont participé à la colonne : Emmanule Icard et Alphonse Bus, de Draguignan ; Joseph Fabre, de Vinon ;Julien Andriou, de Pignans ; Bas, de Salernes. Joseph Nicolas Auvet, élève instituteur de Brue-Auriac, secrétaire du conseil de guerre à Aups, n’a pas encore rejoint la colonne.

 

[3] Peut-être le nommé Long qui a rencontré Duteil à Cotignac au cours de l’année 1851.

 

[4] Paragraphe ajouté par les errata.

 

[5] Lire : Tourtour.

 

[6] Certainement à Fox-Amphoux.

 

[7] Hyacinthe Monges, médecin de Baudinard.

 

[8] Honoré Maillan, marchand de tissu

 

[9] François Louis Pierre Marie de Gassier, gros propriétaire à Aups et Bauduen.

 

[10] propriétaire de La Verdière et ancien avocat. C’est lui qui pousse les Barjolais au départ en Décembre. Il impressionne la foule : « Il était bien vêtu et il parlait français. » Contumace, il se rend en 1854 à la police qui l’« interne » à Marseille. Peine commuée en surveillance le 6 août 1854. Il est nommé maire par Paul Cotte en 1870.

 

[11] Hyppolite Maquan, avocat légitimiste lorguais, rédacteur de L’Union du Var, journal dracénois, est l’auteur de L’Insurrection de décembre 1851 dans le Var. Trois jours au pouvoir des insurgés, Draguignan, Bernard, 1853, 279 p., qui fait suite à un premier récit publié en février 1852.

 

[12] Eugène Flayols, de Bras, futur membre de l’Internationale, maire du 4 septembre 1870, représentant l’arrondissement de Brignoles à la Ligue du Midi.

 

[13] Louis Bœuf, 37 ans, potier, sera condamné à l’Algérie moins.